
11 eft a fiez, difficile de rendre raifon du fol de la
plaine de Saint-Denis. On y trouve effectivement
partout des terres remuées , qui ne tiennent aucu-
nement à l’organifation des buttes & des collines
voifines. Ges terres remuées paroiffent les pro- 1
duits des tranfports des eaux pluviales d’abord ,
enfuite des eaux courantes des rivières qui y ont
circulé. On pourroit reconnoïtre tout ce travail
des eaux en remontant le long du bord efcarpéde
la Seine, & en fuivant fes débris & ceux que les
rivières latérales y ont entraînés & dépofes dans
leurs anciennes valléês, qui ont occupé une grande
partie de cette vafte plaine.
ARG ENTIÈRE , île dé l’ Archipel q u i, anciennement
connue fous le mon de Cîmolis (voye%
ce mot') j a reçu le nom qu’elle porte aujourd’hui
fur nos cartes, d’une mine d’argent qu’on prérend
y avoir été exploitée pendant long-tems avec fuc-
cès j mais, quoique rien ne prouve ni cette exploitation
ni ces avantages, cette île a confervé
ce nom. f .
L’hiftoire civile de cette île & fon hiltoire naturelle
fe confondent avec celles de M ilo, dont
elle a fuivi le fort, & dont elle eft d'ailleurs fort
voifine. ( Voÿc^ Milo & Les cartes de ces deux
lllll . n. ,1 \J Argentïefe y qui nous occupe actuellement, n a
guère que dix-huit milles de circuit. Aride, chargée
de quelques montagnes fous formes de collines
volcaniques, on n’y remarque ni plaines élevées
, ni vallons profonds, ni terres arrofées dans
toute fon étendue 5 en un mot, rien qui en puiffe
rendre le féjour agréable aux habitans. On y voit
quelques vignes éparfes, fort peu d’oliviers 8c de
mûriers, de grands trajets de terres incultes, très-
peu qui foient propres à la culture de l’orge, du
froment & du coton 5 mais la trace des feux fou-
terrains qui ont agi dans fon maflif & à fa furface,
tantôt avec lenteur, tantôt avec violence au dehors,
méritent fans doute de fixer l’attention des
naturaliffes. Nous avons dit qu’il n’y avoit point
de terres arrofées dans cette île , parce que les
produits des feux fouterrains qui fe trouvent dif-
perfés à fa furface, ne font pas de nature à contenir
les eaux pluviales, & à contribuer à leur circulation,
foit intérieure, foit fuperficielle.
La ville & Argentiere 3 oü plutôt le village, eft
fïtuée fur une roche de porphyre rouge, très-peu
altéré par l’ aétion du feu. Ainfi la pâte ou le fond
de cette fubftance pierreufe eft encore très-dure
& fufceptible d’un affez beau poli ; mais le feld-
fpath qu’ on y voit difféminé en petits points blancs,
eft en partie décompofé. On trouvé aux environs
d ’autres porphyres d’ un vert-clair & foncé, moins
durs que le précédent. A l’oueft & au fud de la
v ille , on voit partout dè ces maffifs de porphyres
blancs & rougeâtres plus ou moins déçompofés.
Enfin, dans leur dernier degré de décompofition,
çes porphyres font friables ; leur pâte eft douce
au toucher & peu pefante; elle fe délaie facilement
dans l’eau, 8c paroît avoir, fur le linge 8c
fur les étoffes, les propriétés de la meilleure terre
à foulon. C ’ eft celle que les Anciens ont connue
& défignée fous le nom &t-terre cimolée ou terre de
Cimolis. M. Vauquelin en ayant fait l’analyfe, a
trouvé fur cent parties, 79 de filice, y d’alumine,
4 de chaux, 1 de muriate de fonde, 8c 10 d’eau.
Les marins qui abordent à cette île font, à l’imitation
des habitans, ufage de cette terre en guife
de favon, & en obtiennent les mêmes avantages.
Ils préfèrent cependant celle qu’on tire du fond
de la mer & dans la rade même, comme plus pure
& fe délayant plus promptement dans l’eau ; enfin
comme plus propre*à nétoyer le linge, que celle de
la terre ferme. Celle-ci, au refte, ne lai fie aucun
doute fur fon origine, car 00 peut la fuivre, dans
toutes les altérations qu’elle a éprouvées, depuis
l’état de porphyre rouge prefqu’ intaêt, jufqu’au
dernier état de décompofition dont on vient de
parler.
En .général, aucun rocher ne paroît avoir été
bouleverfé par l’aélion du leu : ceux qui.font coupés
jufqu’ à une certaine profondeur & mis à découvert
, fe montrent toujours en grande mafle
fans offrir ni couches ni bancs , tandis que dans les
autres parties de l’îlç , au nord-oueft, par exemple,
on voit partout des couches régulières, des frag-
mens de rochers de diverfes natures, plus ou moins
altérés, 8c mêlés de cendres volcaniques, de laves
lolides ou poreufes j enfin, des lits de pierres-
ponces,-dont la plupart font fous forme pulvérulente.
De tous ces détails il femble qu’on peut conclure
qu’une partie de l’île d’Argentiere a été jadis
travaillée & altérée par l'aCtion lente 8c infenfible
des feux fouterrains , ou par les vapeurs qui fe
font élevées de leurs foyers, pendant que l’autre
partie a été recouverte par les matières que certains
centres d’éruption ont vomies 8c verfées au
dehors par couches régulières & fuivies, ainfi que
nous le ferons voir aux articles de M i l o & de
SANTORIN. ( Voye% ces articles & celui de Po-
LINO. )
ARGENTINE, bourg du département du Mont-
Blanc. Il y a une forge qui rend annuellement trois
cent vingt-cinq milliers de fer, Les environs renferment
plufieurs filions de mines de plomb 8c argent,
qui donnent de quarante à cinquante livres
de plomb par quintal , 8c près de quatre onces
d’argent par quintal de plomb.
ARGENTOLE, marais defféché, à une lieue de la
y ille de Troyes, au nord-eft, département de l’Aube.
Ce marais étoit originairement un étang abreuvé par
la réunion de deux ruiffeaux, dont l’un a fon origine
zBouranton , & l’autre, après avoir abreuvé une file
de quatre étangs au deffus de Tenntliere, fe réunit
au premier. Le marais à’Argentole s’eft trouvé enr
vafé par la végétation de plufieurs plantes aquati- j
ques, qui ont fini par y former des amas tourbeux,
& ce font ces amas que le defféchemenr, conduit
avec intelligence,a mis à découvert. Quelque tems
après que la tourbe eut été expofée à l’action du
foleil, elle prit feu , comme cela eft arrivé de ma
connoiffance à plufieurs autres marais. Ainfi ayant
vifité ce marais defléché pendant un voyage que
je fis à Troyes, il me fut facile de reconnoïtre les
effets de cet incendie, & de me confirmer dans
l’opinion que j’ avois déjà prïfe fur ces incendies
fpontanés, dont j’avois vu les défaftre's au marais
de Saint-Simon, fur les bords de la Gironde, près
la ville de Blaye ; enfin en Bretagne, dans les environs
de P ai mb oeuf. ( Vcye[ S a i n t -S im o n (marais
de) & P a im b oe u f . )
ARGENTON-LE-CHATEAU, ville du département
des Deux-Sèvres. La terre, malgré les
défaftres'furvenus dans ce beau pays, femble produire
comme par enchantement. Les moiffons y
font rares ; mais les environs fourniffent beaucoup
de bois. On y recueille des v ins , tant rouges que
blancs, fort eftimés dans les environs furtout, où
ils ont leur principal débit. Il s ’y fait un commerce
affez confidérable de chanvre 8c de verrerie.
A r g e n t o n -l è s -Eg l i s e s , ville du département
des Deux-Sèvres. On y recueille quelques vins
rouges & beaucoup de blancs, généralement eftimés.
On y fait auflx un commerce confidérable de
beftiaux 8c de farines, lequel eft favorifé par les
productions du fol. - V j
> ARGENTON. Je prendrai cette ville de l’ancien
Berry, 8c maintenant du département de l’In- :
dre, comme centre de deux ordres de dépôts ,
dont les premiers appartiennent aux eaux torrentielles
de l'ancienne terre du Limofin, qui ont couru
fur les limites de la nouvelle terre du Berry, &
dont les féconds conftituent la vraie limite de cette
nouvelle terre.
Je commence par la defcription des contrées
qui appartiennent à l’ancienne terre du Limofin.
En partant du Fayr, j’y ai rencontré des granits
& furtout de leurs débris quartzeux, mêlés à ceux
de leurs autres principes : c’eft ce mélange qui a formé
la terre végétale : on y voit auflï des jafpes dont
la décompofition a fourni quelques élémens à ce
mélange. Enfin, de grands amas de cailloux roulés,
difperfés fur les croupes du rtuffeau torrentiel
â* Ab loux y annoncent que la mer s’eft étendue jufque-
la ; & .ce qui achève de le prouver, ce font les bancs
horizontaux de pierres calcaires -qui fe trouvent.
dans le voifinage j car, après un petit trajet dans
lequel le fol fe montre encore comme appartenant
a l’ancienne terre graniceufe, on trouve ces bancs
au village de Celon, au fond du vallon de Sofne.
C'eft à ce point intéreffant que les lits de la nouvelle
terre recouvrent vifiblement les granits 8c •
les jafpes ainfi que leurs débris. Ces lits offrent dé
grands & petits peignes à cô te s , de petites huîtres,
des nautilites, des poulettes liffes & à groffes
côtes, descornes-d’ammon & des bélemnites fort
nombreufes. Il m’a paru que de grandes parties
de ces lits laiffoient voir des pierres trouées par la.
deftruCtion de ces bélemnites. Comme il entre
d’ ailleurs dans la compofition de ces lits beaucoup
de petites huîtres, le grain de la pierre en eft
fort gros : on y v o it, outre cela , des veines dé
fpath fort blanc, qui occupent les vides accidentels
de ces lits, produits parla deftruCtion des foffiles.
En montant la côte au-delà du village de Celon ,
on trouve des bancs calcaires en décompofition ,
avec des veines de filex & des amas de cailloux
liés par des infiltrations calcaires 8c ferrugineufes:
fur la cime de la côte, on découvre une large
bande de pierres de fable,"dont certaines parties
renferment de nombreux débris de quartz.
En approchant d’Argentan, on trouve des pierres
calcaires à grain fin, ou cos en grandes ma fies,
lefquels renferment les coquilles foffiles de l ’âmas
dont nous avons fait ci-devant l’énumération, c’eft-
à-dire, des poulettes, des gryphites , des bélern-
nites, &c. On y remarquoit des taches blanches
fpathiques : c’ étoient les effets des vides de ces
coquillages détruits,remplis par la matière lapidi-
fique j au deffous de ces bancs de cos font des
couches horizontales farcies de filex.
En même tems qu’on obfervoit le changement
des principes qui conftituoient la terre végétale,
on étoit frappé agréablement par celui des'grains
cultivés; ainfi, aux feigles 8c aux blés noirs, fuccé-
doient des fromens , de beaux trèfles, 8cc.
Il étoit aifé de v o ir , outre cela, que les terres
végétales, débris des maffes de l’ancienne terre,
avoient anticipé fur les débris des couches calcaires,
parce que les rivières torrentielles qui def-
cendent de l’ancienne terre du Limofin, 8c dont
le cours eft parallèle à celui de la Creufe, avoient
entraîné & dépofé ces premières terres végétales.
Les poudingues , formés de cailloux roulés 8z
de filex, étoient prefque tous infiltrés par des
dépôts ferrugineux.
C ’eft à la ville àlArgenton qu’on rencontre la
belle 8c profonde vallée de la Creufe, avec bords
efearpés 8c plans inclinés alternatifs.
Si l’on fuit la croupe du bord efearpé de la
Creufe 3 par lequel, on defeend à la ville baffe,
on v o it , en commençant par la bafe, un lit d’argile
bleue 8c fèche ; au deffus, une couche de
pierres calcaires, farcies de peignes, de boucar-
dites, de moules, de groffes viffes, de bélemnites,
de cunolithes, de madrépores branchus & à ré-
feaux.
Ce banc, qui répète l’hiftoirede l’amas de coquilles
propres à cette limite, eft couvert d'un
autre banc oü font difperfés des filex à formes
bizarres , dont quelques-uns ne font pas complètement
agatifes : c’eft autour de ces derniers cen