
bafe aux Cordillières } enfin le troifième, celui des
cimes qui pyramident fur cette bafe élevée.
Le fable domine dans les terrains bas du bord
de la mer, 8c même fur une largeur confidérable :
on ÿ voit aufii quelques parties de terres •maféca-
geufes. Comme ces baffes contrées ont des collines
ou montagnes difperfées ça & là , il s'y
trouve des carrières & dès terrains de différente
nature j de meme que dans les autres pays qui ont
line certaine étendue. La partie haute , prife en
totalité 3 à pareillement d’affez grands terrains Sablonneux,;
d'ou l’on doit conclure que les grands
pays couverts de fables ne font pas toujours dus
au voifihafge de la mer. La terre haute s’élève &
s’étend en fe différenciant peu de la baffe, fe portant,
depuis les parties qui Correfpondent aux
côtes de Caraques, de Sainte - Marte, de Car-
thagène , au Choco & même jufqu’ au détroit
de Magellan. Mais on remarque aufii cette cir-
conftance, que, comme la partie la plus large
de l’Amérique fe trouve fous l’ équateur & les
degrés de latitude adjacens, de même la partie la
plus élevée a plus de largeur dans ces parages :
toutes ces parties fe rétréciffent à mefure qu’on
avancé vers le fud. Il eft encore un autre phénomène
remarquable , c’eft que, depuis le 30*. degré
de latitude fud, jufqu’au détroit de Magellan,
les climats correfpondent aux changemens de la
zone tempérée pour la dHifion de l’hiver & de
l'été. La partie haute, depuis ce point, peut être
regardée comme une chaîne- de collines, qui s’a-
baiffent & fe rétréciffent à proportion qu’elles fe
portent plus vers le détroit de Magellan. Par cette
difpofition toute cette partie de l’Amérique méridionale
fe trouve dans un rapport exaèt avec les
autres parties du Monde, autrement elle eût été
inàcceflible pendant les froids-dé l’hiver, qui y
àuroient été exceffifs. En effet, fi les terrains qui
font fous lequateur éprouvent un très-grand froid,
à caufe des hautes montagnes dont les cimes font
éonftamment couvertes dè neige, à plus forte rai-
foil les terrains fitüës fous lazôneternpérëë'éprou-
vèrôient-ils un plus grâhd Froid èrieore fi deux,
caufes s’y rëuniffoient pour le produire} favôir:
l’élévation des maffes au deffus du niveau dé la
mer, & l’obliquité des rayons folaires. 11 s’ enfui-
vrôit que les neiges & les frimats y feroient continuels
, & n’admettroient pas l’alternative de
l ’été. Si donc les chaînes de montagnes qu’on voit
dans les provinces fituées entre les tropiques font
■ praticables en tout tems, celles qui feint au-delà
du 30ei degré de latitude fud ne'doivent plus l’être
en hiver, à caufe des rîëigés qui couvrent ce fol.
Dans la partie élevée de l’Amérique, la bafe
des montagnes eft coupée par de vaftes profondeurs
ou vallées qu’on homme Quebradas ; c ’eft
l’èfpace quelaiffent entr’elles lès plaines hautes &
les môhtagnes qui font réparées les unes:des autres,
f Voyel les articles Q ue b rad a s , A n g a r a e z ,
G u a n ç a v e l ic à . )
On peut vo ir , par tous les détails qui concernent
les quebradas, & par ce que nous avons dit
ci-devant, à quelle élévation eft la partie haute
&mantagneule de l’Amérique, relativement à la
partie balfe, & quelle eft la profondeur des que-
bradas elles-mêmes} car elles on t, comme nous
l ’avons remarqué-, mille Sept cent foixante-neuf
vares de profondeur perpendiculaire, & même
■ davantage } & malgré cela elles ont affez de fur-
face & dé largeur pour fournir un local propre à
des habitations nombreufes 8c fort peuplées, où
les hommes trouvent toutes les denrées néceffaires
à la vie. Parmi ces quebradas il en eft de plus
étendues & de moins profondes que les autres.
( Voye^ les articles P é r o u , Q u i t o , P a r a m o s ,
P u n a . )
Considérât ions • fur les terrains plats 3 bas &
élevés, des deux Amériques.
Si nous quittons maintenant les Cordillières,
dont nous venons de nous occuper, & que nous
cônfidérions les contrées qui, voifines de l’équateur,
fe prolongent dans la partie du nord, nous
trouverons une différence très-remarquable avec
quelques caractères de reffemblance affez frap-
pans.
Les terres fontpiates & baffes dans les environs
de Guayaquil, dont la baie eft fituée à 2 degrés
11 minutes 21 fécondés de latitude auftrale. Le
, fleuve qui fe jette dans cette baie, & qui porte le
même nom, eft un des plus confidérables des côtes
de la mer du fudi Dans le tems des pluies, que
' l’on y appelle l ’hiver > les terrains y font inondés
à plufieurs lieues de difiance de les bords : ces
inondations commencent en décembre., iorfqus
le Soleil eft au tropique du capricorne > & c’eft la
fituation du pays qui-en eft la caufe, car les rivières
.m'ont pas de pente fenfible : groffiès par les
eaux dès pluies, elles;lortent bientôt de leurs lits ,
. & , pour peu qu’elles fur montent leurs ri ves ou leur
niveau ordinaire, cela luffit pour qüe la terre Soit
'couvérte j comme je l ai diti On éft doue obligé
de faire route à cheval, & de prendre avec foi des
| guides expérimentés. Mais l’éàu-n’êft jamais plus
haute dans un endroit que dans l ’àutrê. La terre
eft couverte d’un grand nombre d’arbres qui, par
le moyen de l’humidité & de la chaleur, croiflent
rapidement, 8c font bientôt garnis de tout leur
feuillage. On- ne remarque pas la même égalité
dans la partie des autres terrains bas, qui font plus
; loin vers le fud : ils y font aufii un peu plus élevés}
ce qui les empêche d’ être pareillement inondés.
En général, c’eft un folSablonneux} le plus ouïe
moins d’élévation du fol & la nature du fol font
des circonftances qui les différencient.
Les hautes Cordillières ;fè prolongent prefque
jufque dans le voifinage dé la mer du fud, le long
■ des côtes -qui s?étèndén t dë 'Cuiwanà à P or to-Bèiô,
& tournent autour de la baie de Honduras. Mais
dans la contrée où elles finiffent, jufqu’au bord
même de la mer, le terrain eft bas à une alfez
grande diftance, & en partie expofé aux inondations,
& en partie affez élevé pour en être totalement
garanti* Néanmoins les terrains qui avoifi-
nent les grandes rivières, telles, que l’OreuoqueJa
Madelaine, le Sinu, le Choco, forment des plaines
de plufieurs lieues d’étendue, dont les cotés
commencent par des côtes très-baffes , qui c©n-
fervent à peu près le même niveau. Pour peu qu’on
ait obfervé les grandes rivières, furtout vers-leurs
embouchures, on voit qu’elles ont contribué à
donner plus d’étendue aux- continens avec les limons
& les autres matières qu’elles transportent
pendant leur cours, & qu’elles dépofem fur tout
le long des bords de la mer, qui avoifinent leurs
embouchures , de forte que, par ces dépôts, les
eaux de la mer fe trouvent de plus en plus éloignées.
C ’eft par ce travail continuel des eaux colivrantes
que la partie la plus voifine deda mer eft la
plus baffe, & qu’ à la diftance àe quelques-lieues
les terres s’élèvent un peu au deüus de ce niveau.
Au refte, il eft a-ifé; de reconnoître ces différentes
fortes de terrains, tant par la nature des matériaux,
que1 parieur difpofition & leur arrangement.
Il eft confiant, au refte, que les grands fleuves de
cette partie du Monde traverfenr, avant d’arriver
à la mer > de vaftes contrées très-plates & très-
régulières, dont les niveaux font fi bas qu’elles fe
trouvent bientôt fubmergé'es à la moindre crue
de ces eaux courantes.
. 11 en eft de même des centrées orientales de
cette partie de l’Amérique, depuis l’Orenoque
jufqu’à la rivière de la Plata. La partie haute de
cette contrée eft environnée d’une vafte circonférence
de terrains bas, qui s’étendent fort loin}
car ils correfpondent exactement aux plaines de
Buenos-Ayres, ainft qu’à celles du Paraguay 8c
du Tucuman,qui font fi vaftes. Mais tous ces pays,
étant fort éloignés de la mer, ne font pas inondés,
parce qu’ils ofit un certain degré d’élévation.
L ’î'e de Curaçao s’élève en forme de pain de
fucre : celle delà Jamaïque eft compofée d’une chaîne
de montagnes affez élevées} mais comme elle
o’eft pas loin de Cuba, les terrains qui avoifinent
la mer au fud font fort bas & fort plats} aufii iont-
ils en grande partie couverts d’eau lorfqu’il lur-
vient quelque pluie d’orage. L ’île Saint-Domingue
eft compofée, en grande partie, de terrains* élevés
& même efearpés à l’oueft; On trouve les mêmes
inégalités dans les autres îles- du golfe du Mexique
, quartt> à1-la* forme ■ ■&- à la nature du terrain,
les articles de ces îles,. A n-t il le s , ôic.)
La Floride & les terrains qui s’étendent au-delà
vers le nord, en-y comprenant la Nouvelle-Angleterre,
jufqu’au fleuve Saint-Laurent, font en général
dtes pays plats. Ces terrains s’étendê-nc fous
cette forme à plufieurs'lieues dans f in-cérieur du
continent, jufqu’ aux montagnes des Apalaehes,
qui vont-du fud au notd, &- qui font féparées
d’ environ vingt-cinq à trente lieues des côtes de U
V irginie & de la Caroline, Les terrains,qui répondent
au golfe du Mexique, dans;toute fa circonférence,
font bas 8c plats. Les pays élevés font en
général; éloignés de la mer, & les pays bas fe prér
l'entent tellement le long des côtes de la mer,
qu’ils femblent en fortir : il y en a même beaucoup
qui fe trouvent fubmergés à de très-grandes dif^
tances lorfque la marée monte , 8c qui ne font a
découvert que quand la mer s’eft retirée. C ’eft^ce
qui arrive ordinairement à la Hav.anne, du côté
qu’on appelle les'Cayes; mais cette difpofition des
terrain s-le remarque plus fenfiblement dans la baie
de Penlacola & à la Louifiane. Les terrains font û
bas à l’embouchure du Mijfijfipiqu’ij y en a une
grande partie fous l’eau, de forte qu’ on ne peut
iés difiinguer que par les. joncs qui s’élèvent au
deffus 5 c’eft ce qui en rend d’ un difficile abord
toutes les. côtes voifines. En effet, la mer les.cour
v-re totalement, & il eft impoffible de les diftin-
guer de loin. D’autres terrains fe trouvent Cous
Teau à marée montante, 8c au deffus lorlque la
mer eft retirée} ce qui fe remarque jufqu’à quinze
lieues dans l ’intérieur des terres. Il y a même fi
peu de différence dans le niveau des terrains, der
puis cette limite, en remontant le fleuve,.que.les
habitans n’empêchent les crues d’eau d’inonder le
pays totalement, que moyennant les digues, .de
terre qu’ ils élèvent à la hauteur la plus confidérar
ble où les eaux peuvent monter, fuivant l’expé*-
rience qu’ils en ont.
La même chofe arrive, à peiide différence prèsj,
dans les pays que ce fleuve parcourt au nord au-
delà- des cinq cent cinquante,lieues connues.de fo»
cours. Néanmoins il elt facile de voir que les-pays
s’élèvent à proportion qu’ ils font éloignés de la
mer. D’ailleurs, la pente du fleuve, quelque foible
qu’elle fo it, prouve une certaine élévation dans
les terrains : aufli ne font-ils pas, à mefure qu’ils
s’éloignent des côtes, fi fujets à être fubmergés ,
quoique les eaux s’élèvent, à marée montante,
prefqu’à la hauteur des digues.
11 en eft de même du vafte efpace qui s’étend à
l’oueft 8c au nord} ce font de grands pays plats:,
coupés par des rivières qui, réunies à d’autres,
vont enfin fe jeter dans le Mijfijfipi, & dont la
furface. eft parfemée de quelques montagnes ifo-
lées', qui n’ont pas de fuite. Ge-s plaines s’étendent
de la même manière au fud, où elles vont rencontrer
les montagnes de l'Amérique feptentrionale .,
dont la chaîne fe porte-jufqu’à la mer de Californie
& aux pays qui font au nord de celle-ci. Ainfi ©n
trouve, dans ces contrées, plufieurs centaines de
lieues de plats pays , depuis les Apalaehes jusqu'aux
montagnes-occidentales de cette partie de
l’Amérique.
■ 1 En-conféquence , on peut confidërer I'efpace
qui s’étemi depuis le -25 e. d’cgré de'latitude nord ,
•comme divifé-en deux- parties ; favoir. : la prt miè-
r-e-j l’a 'plàsétendue-, du fud au nord, & de l’eft à