
de cette embouchure. Le Napo eft un aiïemblage
d’eaux affluences, dont la tige s?étend jufqu’atix
montagnes voifines du Quito , & qui reçoit à droite
la rivière de Curaray, prefqu’auttî prolongée que
cette tige j & à gauche les rivières de Coca & d'A-
guarieu , d’ un cours femblable , fans compter un
grand nombre de ruiffeaux intermédiaires, & qui
s’abreuvent du produit de plufieurs vallées plus ou
moins fûivies & étendues.
Le Maragnon reçoit auffi, du côté du nord, dans
cet intervalle, deux grandes & célèbres rivières.
La première eft celle d’ ic a , qui defcend des environs
de Pafio, au nord-gft de Quito, & au nord
des Miffions francifcaines de Sucumbios, où elle fe
nomme Putu-Mayo. Elle reçoit aufli un embranchement
confidéable fous le nom de Caqueta , également
prolongé & enrichi de cinq affluentes à fa
droite.
C ’eft à cette rivière de Caqueta que s’embranche
la rivière d’Jniricha, qui fe réunit à l’Orénoque,
ainfî que le Rio-Yupura & Rio-Negro.
VYupura ou Caqueta a fes fources vers Mocoa ,
encore plus au nord que celles de Putu - Mayox.
Quant à fes embouchures dans l ’Amazone, on en
voit jufqu’ à huit formées par autant de bras qui
fe détachent fucceffivement du lit principal, & fi
loin les uns des autres, qu’ il y a foixante à quatre-
vingts lieues de diftance de la première bouche à
la dernière. Tout le pays qu’ils arrofent eft fi bas,
que dans le tems des crues de l’Amazone il ell totalement
inondé.
Si nous paflonsà la droite du fleuve des Amazones,
dans tout ce trajet, nous trouverons lei?/o-
Yahuar, Yutay , Yurva , puis Tefé, Cayamé, Catoa
& Coari, dont les embouchures ne laiffent pas d’avoir
trois cent foixante-deux toifes. Toutes courent
à peu près parallèlement du fud au nord , &
defcendent des montagnes de la Cordillière, à l ’eft
de Lima & au nord de Cufco.
Plus bas font, du même cô té , les bouches de la
rivière appelée Rio-Puru£. Gette rivière n’eft pas
inférieure aux plus grandes, qui grofliffent le Maragnon
de leurs eaux. Sept à huit lieues au deflous
de l'entrée de Puru% dans l’Amazone, oùlè fleuve
eft fans îles & large de mille a douze cents toifes ,
M. la Condamine ayant fondé fon l i t , ne trouva
pas de fond à cent trois brades : quelie immenfe
quantité d’ eau courante !
Au deflous de cet endroit on rencontre Rio-
Negro ou. la Rivière noire , autre mer d’eau douce
quel’Amazone reçoit du côté du nord j elle vient
de l’oueft , & elle court à l ’eft en inclinant un peu
vers le fud. Telle eft fa dire&ion : plufieurs lieues
au defîus de fon embouchure dans l’Amazone, où
Rio-Negro entre fi parallèlement , que fans la tranf-
parence de fes eaux, qui le fait nommer Rivière
noire, on le prendroit pour un bras de l’Amazone,
féparé par une île.
Quand on a remonté, pendant quinze jours ou
trois fem ai nés., la JUvière noire, ou la trouve enccre
plus large qu’à fon embouchure , à càtife du
grand nombre dîtes & de lacs qu’elle forme. Dans
tout cet intervalle, le terrain des bords eft é le v é ,
& n’eft par conféquent jamais inondé. Les bois y
font moins fourrés que fur tes bords de l ’Amazone.
De toutes les notions combinées qu’on a recueillies
des navigateurs les plus intelligens , qui
ont remonté & defcendu l’Amazone & la Rivière
noire , & que Danville a fi bien mifes à profit, il
réfulte qu’un petit village indien donne fon nom
de Caqueta à une rivière fur les bords de laquelle
il eft iîtué. Plus bas cette rivière fe divife en deux
bras, dont l’un coule au fud-eft & fe réunit à Rio-
: Ica ; & l’autre , plus confidérable, fe dirige au
nord-eft : c’ eft le fameux Orénoque, qui a fon em-
| bouchure vis-à-vis l’île de la Trinité. Ce bras fe
fubdivife d’abord dans Rio-Yupura, & enfin dans
! Rio-Negro. Cette dernière rivière a plufieurs affluentes
à droite & à gauche de fon lit principal ,
dont quelques-unes fe réunifient à d’autres fources
de l’Orénoque , qui viennent du lac Parimabc de
fes environs. Tous ces détails ont été déjà décrits
d’après Danville , & je dois y renvoyer.
Les eaux claires de la Rivière noire ont à peine
perdu leur tranfparence en fe mêlant avec les eaux
blanchâtres & troubles de l’Amazone , lorsqu’on
rencontre du côté du fud la première embouchure
| d’ une autre rivière qui ne le cède guèr^ à la précédente
: on la nomme Rio de la Madeira ou Rivière
du bois t peut-être à caufe de la quantité
d’arbres & de racines qu’elle charrie dans le tems
de fes débordemens. C’eft allez pour donner une
idée de l’étendue de fon cours , que de renvoyer
aux divers ruiffeaux qui forment le baflin de fes
premières fources aux environs de Santa- Cru% de
la Sierra la Veja, de Ckuquifaca & de Cockabamba.
Dans le milieu de fon cours on rencontre un grand
nombre de fauts ou rapides de différentes grandeurs.
L’Amazone, au deflous de la Rivière noire & de
celle de Madeire , a communément une lieue de
large, & quand elle forme des îles elle en a quelquefois
deux & trois, & dans le tems des inondations
elle n’a plus de limites. Outre cela, les ruiffeaux qui
s’y jettent fur la gauche , au nombre de cinq ou
fix , jufqu’au détroit du Pauxis, & ceux qui s’y
réunifient fur la droite, au nombre de cinq, jufqu
à Tapajos, fe terminent le plus fouvent par un
grand nombre de lacs affez étendus , bc qui font
lesreftes de fes inondations. C ’eft parmi ces différentes
étendues d’eau irrégulières que fe trouvent,
à gauche de l’Amazone , la rivière & les lacs de.
Jamundâs. Un peu âü defloûs eft , cb'mmé nous
l’avons déjà d i t , le fort portugais de Pàùxi's , o"ù
1e lit du fleuve eft refferré dans un détroit de neuf
cent cinq toifes de large: c’ eft à ce détroit que le fliix
& le reflux de la mer parviennent,ou que du moins ils
forttfenfîbles par lé gonfl ; raeri t dès eaux du fleuve ,
qui s’y fait remarquer dè douze en douze heures;,
Ôê qui retarde chaque jour comme fur lés côteè.
La plus grande hauteur du flux n’eft guère que de
dix pieds & demi dans les grandes marées. Quant
à ce qui concerne le jeu du flux bc du reflux dans la
partie de l ’embouchure de l’Amazone , comprife
entre le Cap de nord & Pauxis, nous croyons qu’il
convient d’en renvoyer le détail à l ’article Pa u x i s .
De Pauxis on parvient aifément à Topajos, à
l’entrée de là rivière du m.êmenom , qui s’y réunir
à l’Amazone , & qu’on peut confidérercomme une
de celtes du premier ordre. Elle defcend des mines
du Bréfil, en trayerfant des pays inconnus, habités
par des nations fauvages.
C ’eft dans ces.environs qu’on commence à voir
diftinéfcement des montagnes du côté du nord , à
quelques lieues dans les terres. Ce font d’abord
des collines antérieures d’une chaîne de montagnes
qui s’étend de l’ oueft à l’eft, & dont les fommets
font les points de partage des eaux de la Guiane,
Celles qui ont leur pente du cô té du nord, forment
les rivières de la côte de Cayenne & de Surinam j
& celtes qui coulent vers le fud, après un cours fort
peu étendu, viennent fe perdre dans l’Amazone.’
De Paru on fe rend, par un canal de navigation,
dans la rivière de Xingu, dont l’embouchure n’a
pas moins d’ une lieue de largeur. Xingu eü le nom
d’ un yillage indien qu’on rencontre à quelques
lieues en remontant cette belle rivière. Elle defcend
, ainfî que celle de Topayos, des mines du
Bréfil. Elle a un faut à fept ou huit journées de fon
embouchure.
Dans la rencontre de Xingu avec l’Amazone,
la largeur de celle-ci eft fi confidérable, qu’ elle
fufflroit pour empêcher de voir un des bords de
l ’autre , quand les grandes îles qui fe fui vent de
fort près, permettroient à la vue de s’étendre.
Depuis Curupa, où le flux & le reflux fonttrès-
fenfibles, les.pirogues ne marchent plus qu’à la
faveur des marées, quelques lieues au deflous de
cette place. Un petit bras de l’Amazone, appelé
Tagipuru, fe détache du grand canal qui tourne au
nord, & , prenant une route toute oppofée vers le
fud , il embralfe la grande île de Joanes ou de Ma-
rajo ; de là il revient au nord par l’eft , décrivant
un demi-cercle , & bientôt il fe perd dans une.
mer formée par le concours de plufieurs grandes
rivières qu’il rencontre fuccellîvement. Les plus
confidérables font, premièrement, Rio de dos Bocas3
formée de la rencontre de la rivière de Guanapu
& de Paedjas, largq, de plus de deux lieues à fon
embouchure 5 en fécond lieu , la rivière des 7b-
cdntins, plus large encore que la précédente, qui
fe" remonte au moins auffi loin que celles de Topayos
& de Xingu, & qui defcend comme elles des
mines du Bréfil , dont elle apporte quelques frag-
mens parmi fon.fable j & enfin la rivière de Muju3
ui a deux lieues au, dedans des terres , eft large
e. fept cent quarante-meuf toifes.
C ’eft fur 1e bord oriental de Muju qu’ eft fîtuée
laviliede.Para, immédiatement au deffousdelem-
bouçhyréjde.la rivièjre. de Cftf'm3 <pj vient d’en.
recevoir une autre appelée Guama. Si l’on confî-
dère la largeur du canal formé par les rivières réunies
de- Bocas, des Tocantins & de Muju , & qui
fépare la terre-ferme du Para d’avec l’île de Joanes,
on jugera qu.e cette mafle d’eaux courantes ne feroit
pas diminuée fenfiblement, quand même fa communication
avec l’Amazone feroit interceptée par
Tobftruétion du petit bras de Tagipuru. C ’eft un
fimple canal de communication ou les marées entrent
par les deux bouts, où elles fe rencontrent
vers le milieu, fe refoulent mutuellement, montent
& defcendent alternativement. Tagipuru n’étant
pas, comme on v o it , un bras de l’Amazone,
à plus forte raifon la rivière de Para ne peut être
confîdérée comme appartenant à ce grand fleuve.
Si l’on prend, d’une part, le Cap de nord dans
le continent de la Guiane, & de l’autre la pointe
de Magnari dans l ’île de Marajo, pour la mefure
de la bouche de l’ Amazone, on voit que la ligne
droite tirée d’un de ces points à l’autre , eft-d’un
peu moins de 2 degrés & demi, près de cinquante
lieues de vingt au degré. Si l’on vouloir y comprendre
la bouche de la rivière de Para, elleauroit
dix à douze lieues de plus 5 ce qui feroit foixante-
deux lieues.
B a s s i n d u R i o d e l à P l a x a , e t s o n
H Y D R O G R A PH I E .
Si nous examinons maintenant en détaille baflin
du Rio de la Plata , nous verrons qu’il occupe la
plus g> an de partie deJ’Amérique méridionale j ce
qui nous prouve que la furface des terres y eft af-
fujettie à des pentes immenfes, qui toutes, tant
par les cours du Paraguay, du Paran.a & de l’Ura-
guay, que' par ceux de Rio-Pilco-Mayo , de Rio-
Vermejo & de Rio-Salado, ont une tendance marquée
vers l'embouchure de Rio de la Plata.
D’après cette confidération générale, nous allons
fuivre en détail chacun, de ces différens fyftèmes
d’eaux courantes fi étendues , & nous commencerons
par le Paraguay. Ce fleuve prend fa fource
entre le 5e. & le 6e. degré de latitude , & par
conféquent dans, une contrée fort voifine du Maragnon
5 enfu'te cette tige reçoit à gauche deux
affluentes qui ont leur origine dans le Mato^GroJfo,
chaîne de montagnes qui réparent; ce baflin de celui
où fe.rafiemblent les premières eaux de.la tête de
Xingu. Plus bas, à droite, elle:reçoit le trop plein
de la lagune de los Xareycs.y abreuvée par quatre
grands ruiffeaux, & réunie au lac Vaiya. A gauche,
ce fleuve fe trouve grofliconfidér,abiementpar feize
rivières affluentes, dont les plus élevées fortent encore
du Mato-Grojfb, & les-, fui-vantes viennent de
fes prplongemens au fud. Quatre de ces rivières,
contenues dans le Maracayu , ont plufieurs fauts
ou chutes. A droite il acquiert très - peu , car il
ne s’y jette que trois petites rivières & trois grandes
, dont les embranchemens primitifs vont fe for-
•merjufque dans les montagnes des Andes , mais