
parties. Celle qui coule entre l’île & l'Irlande , y
forme un courant terrible , qui produit une contre
marée de l’cft à l’oueft, tout lg long des côtes
d ’Antrim% de Londonderry & de Donegal. On voit
ainfi, fur une largeur de quelques milles, deux
courans parallèles & contigus, dont les directions
font totalement oppofées. Les vents Tqui faufilent
ici prefque conftamment de l'oueft, augmeniPht
encore la force du courant principal, & il arrive
fréquemment que la marée monte pendant neuf
heures entières.
Bengore.
C è grand promontoire, à huit milles à l’ oueft
de celui de Fair-Head, eft un affemblage de divers
caps moins confidérables, tous pareillement coupés
à p ic , & formés de prifmes de bafalte, prefque
partout dans un^ fituation verticale.
Pleaskin.
Le plus remarquable de ces caps préfente, fur
une hauteur de près de quatre cents pieds,
1°. Sous la terre végétale, bafalte informe &
compaCte , épais de dix à douze pieds >
•2°. Grands prifmes réguliers, flacés verticalement
, hauts de plus de foixante pieds j
3°. Seconde maffe de bafalte in fo rm e avec de
petites cavités & quelques prifmes irréguliers, fur
une épailïeur de près de foixante pieds ;
4Ç. Seconde colonnade de prifmes , plus beaux ,
mieux terminés, moins gros, & d'un grain plus
fin que ceux de la première t leur hauteur eft de
quarante à cinquante pieds ; ils repofent fur une
pierre ocreufe, rouge, fous laquelle le terrain,
couvert de rocs & de verdure , forme, jufqu’ à la
mer, une pente d’environ deux cents pieds de
hauteur. "
On voit fous les eaux des prifmes en place, qui
ne peuvent appartenir qu'à une colonnade différente
des deux autres : le bafalte en eft plus fin ,
les arêtes plus vives, les articulations plus nettes,
& toujours convexes & concaves , tandis qu'aille
urs elles font fouvent plates.
Giands caufeway.
La chauffée des Géans proprement dite appartient
, par fa fituation & par fa nature, à cette
colonnade inférieure : c'eft un môle q u i, du pied
d'un cap coupé verticalement, s'avançant à quelques
centaines de pieds dans la mer, eft comme
un pavé régulier & ferré,-formé par des prifmes,
dont les plus gros n’ont guère plus d'un pied de
diamètre ; ils font à quatre, cinq, fix, fept ou huit
côtes : ceux à fix font ernplus grand nombre, que
tous les autres pris enfemble ; ceux à huit font fort
rares, & il ne s'en trouve aucun à neuf côtés ,
quoi qu'en ait dit M. Mollineux.
Les anciens habitans, frappés de la régularité
de ce môle, & fachant qu'on voyoit quelque chofe
de femblablè fur les côtes de l'Ecofle, le prirent
pour un refte d'une chauffée qui communiquoit autrefois
d’une île à l’antre, & de là le nom qu ils
lui donnèrent de Chauffée des Géans,
Dunluce- Cafile.
C'eft furtout fous ce château que le filex fe trouve
engagé dans la fubftance de la partie des prifmes,
qui touche à la pierre calcaire.
Les autres lieux de ce canton où fe trouvent
des prifmes de bafalte, font la montagne de Dun^
mull & fes alentours, où l’ on en voit deux rangées
l'une fur l'autre} celle de Dunluce; le lit de
: la Bush , auprès du pont de Bushmills ; le fommet
de Çroagmore, éleve dNsnviron fix cents pied$ au
deffus de la mer; la plaine haute, voifine de Bal-
lintoy, où les prifmes font généralement courbés,
& divers endroits de l'île de Raghery , où on les
voit fous différentes inclinaifons.
Le bafalte informe fe fait remarquer dans une
étendue de terrain plus confidérable : on le trouve
jufqùe fur le bord fepteutriônal du lac Neagk
( Lough-Neagh) , & dans les montagnes du comté
de Londonderry; il forme en plufieurs endroits des
prifmes imparfaits, & s'étend ainfi fur un efpace
de quarante milles en longueur, & de vingt milles
en largeur.
Dans les parties où \e bafalte informe eft contigu
aux prifmes, il eft toujours cellulaire,.renfermant
dans fes cavités-, ou de la zéolite, ou de l'argile,
ou de la ftéatite. Les gros priÇmes font auffi cellulaires
, & il en eft de même encore de la partie
convexe ou fupérieure dés articulations, même
dans celles des prifmes les plus compa&es, tels
que ceux du Pavédes Géans : la couleur de ceux-
ci eft noire; ailleurs, on en voit de bleuâtres, de
rougeâtres & de gris.
M. Hamilton ne penfe pas qu'il y ait dans tout
ce canton, aucune bouche d'éruption ni aucune
montagne de forme volcanique ; mais j’en ai dit
la raifon dans mes Epoques.
Les minéraux qu'il .cite comme accompagnant
le .bafalte , font l'ocre , diverfes mines de fe r , la
ftéatite verdâtre, la zéolite, un mélange friable
d'argile durcie, de fer & de zéolite, femblab’e au
pépérino d’ Iflande , &. fous le nom ht pierre-ponce ,
une pierre d’un noir-foncé , agi fiant fur l’aiguille
aimantée, qui fe trouve quelquefois fur le rivage
de Raghery.*
Il obferve que, quelque compare que foit le.
bafalte , il s'altère & fe ramollit fur les fur faces
expofées à l'air ou à l’eau de la mer.
Voilà maintenant à quoi me paroiffent fe réduire
les obfervatioias de M. Hamilton fur l’état de cette
contrée yo}çanifée. C e que j’ai dit d’aille urs d'après
lu i, confirme bien ce que j'avois annoncé d’après
u\es obfervaîfans faites en Auvergne.
Nature du bafalte ; principales variétés de cette pierre ,
avec la note des fubflances qui l'accompagnent.
Le caractère extérieur des bafaltes du comté
d*Anirim , & furrout de la chauffée des Géans , fuf-
fit pour les faire diftinguer de toutes les autres
fubftances minérales connues; mais comme cette
fubftance fe préfente fouvent fous des formes irrégulières
& confufes, il eft néceffaire d’en indiquer
d’autres caractères, qui la faffent reconnoître
lorfqu’elle fe trouve en maffes folides & informés.
Le bafalte de la chauffée des Géans eft une pierre
noire, très-pefante, d'un grain ferré, ne raifant
point effervefcence avec les acides.
La pefanteur fpécifique de ce bafalte, relativement
à l’eau, eft tomme 290 eft à 100.
La contexture de ce bafalte, quoique très-com-
paCte , n’ eft pas tout-à-fait homogène , & fa fur-
face , lorfqu'elle eft parfaitement polie, préfente
toujours quelques légères porofités.
Ses parties conftituantes font le fer en état métallique,
combiné principalement avec la terre
filiceufe & l’argile. La préfence du fer dans le bafalte
fe manifefte par l'aétion qu'a cette fubftance
fur le barreau aimanté ; ce qui prouve que le fer
s’y trouve en état métallique.
La contexture & la pefanteur du bafalte excèdent
de beaucoup celles d'un grand nombre de
pierres : de là vient fa propriété d'ufer les métaux
plus que toute autre : c'eft par conféquent la meilleure
pierre de touche. Sa couleur noire le rend
auffi plus utile, car les traces du métal s’y diftin-
guent plus facilement que fur les autres pierres.
Par l'état métallique du fer contenu dans le ba-
1 faite, on en a conclu avec raifon que les colonnes
prifmatiques de la ckauffée des Géans étoient autant !
de barreaux aimantés, dont la partie inférieure
repréfentoit le nord, & la fupérieure le fud. C ette 1
vertu magnétique , qui prend le fer lorfqu'on le
tient dans une polïtion verticale , s’obferve.effe&i-
vement dans toutes les colonnes de la chauffée des
Géans, même dans les morceaux qu'on en détache.
M. Hamilton a eu lieu de vérifier cètte propriété
près des promontoires qui fe trouvent dans
le voifinage de la chauffée des Géans, de même qüe
dans la baie deBengorehad, où l'aiguille aimantée
a éprouvé de grandes variations.
La vertu magnétique de ces promontoires eft
affurément un phénomène très-curieux.
Nous allons donner maintenant la defctiption
des différentes variétés du bafalte.
1°. Relativement à leur forme 6* a leur grandeur.
Les colonnes de la chauffée des Géans ont rarement
plus d’un pied de diamètre, & trente pieds de longueur;
leurs angles font tranchans, & les articulations
bien fenfibles, de même que les concavités
& les convexités. Ofi trouve fur les promontoires,
& en plufieurs endroits de la c ô te , des co lonnes
d’un plus grand volume, mais fort imparfaites
& irrégulières, avec des articulations très-
plates. Les colonnes de Fair-Head, par exemple,
font d’une grandeur coloffale : il y en a qui ont
plus de cinq pieds de diamètre, fur cent pieds
de longueur, fans aucune articulation remarquable.
Il y a des endroits où le bafalte n'offre aucune
forme régulière ; il y eft en blocs ou maffes
informes.
2°. Relativement a fa fituation.. Les colonnes de
la chauffée fe trouvent exactement fur le bord de
la mer : depuis ce niveau on les obferve par degrés,
jufqu'à la plus grande hauteur qu'on rencontre
le long de la cô te , près de l'ancien château
de Dunmull & fur la pointe de Croagkmore; ce qui
donne une élévation de fix cents toifes au deffus
du niveau de la nier.
3®. Relativement a leur pofiiion. Les colonnes de
la chauffée des Géans, auffi bien que celles qui font
difperfées fur la c ô te , font pour la plupart perpendiculaires
à l'horizon. Sur plufieurs promontoires,
furtout près’ de la rade d’ Ushet, dans l'île
de Raghery, les colonnes font dans une p.ofitidn
oblique ; iDoon-Point, dans la même île , elles font
, fouvent courbées très régulièrement.
La difpofition des bafaltes de Doon-Point eft fift-
gulière , car on y voit à la fois des colonnes perpendiculaires
à l ’horizon; d'autres fyftèmes font
horizontaux ; enfin, il y a plufieurs paquets de
prifmes courbes. Ce petit promontoire offre dans
fa bafe des prifmes verticaux, fur lefquels repofe
immédiatement un fécond rang de colonnes courbées.
L'inclinaifon très-variée de ces colonnes
donne lieu de croire qu’elles ont gliffé deffus les
autres avant d’être parfaitement endurcies : d'autres
fe trouvent enfin couchées horizontalement,
furtout celles qui font proche des bords de la mer.,
& dont les extrémités s’y prolongent affez avant.
4°. Relativement a la couleur & au grain. Le ba-
fàlte de la chauffée des Géans eft pour l’ordinaire de
couleur noire : il y a cependant quelques maffes
qui font bleues, rougeâtres ou grifes. Quant au
grain, on en trouve qui l’ont très-ferré & fort
fin ; d’aùtres font graveleux comme des granits de
fécondé formation : ces maffes renferment beaucoup
de fchorl criftallifé, & prefque toujours avec
la nuance de noir.
J 5°. Relativement a la contexture. Quoique le ba-
j faite de la chauffée des Géans puiffe être confidéré
| comme une pierre eh général compacte & homogène
, on obferve cependant que les premières
! articulations de chaque colonne font ordinàire-
| ment remplies de porofités : il en eft de même* à
l'égard des grands-prifmes des deux promontoires,
i Elles préfentent un grand nombre de cellules, qui
I pour l’ordinaire renferment une argile très-finê,
1 & quelquefois d’autres corps étrangers : ces cellules
contiennent auffi de la zéolite criftallifée, de
. l'argile brune, de la ftéatite très-pure, & quel-
! quefois de petits fragmens de filex, fournis par la
I craie de cètte contrée.
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