
ferges & des droguéts à la. Flèche. Les toiles
occupent beaucoup de métiers , particuliérement
à Chatéau-Gontier, à Beaufort, & furtout à Cho-
let. Quelques-unes s’exportent par Saint-Malo 5.
les autres par la Rochelle, par Bordeaux, ou fe ''
débitent dans le Poitou & dans les contrées voi-
fines.
C e département a environ vingt lieues de long,
fur dix-neuf de large. Le fol y-eft agréablement
varié de coteaux & de plaines. Ses pâturages nour-
rilfent un grand nombre de beftiaux. On y trouve,
en plufieurs endroits, des mines de fe r , de plomb,
de charbon de terres des carrières de belles pierres
& de marbre. Elle renferme beaucoup d’ eaux minérales
, & quantité de falpêtrières difperfées fur
les bords de la Loire, au deflus & au delfous de
Saumur. 11 y a enfin de belles forêts peuplées-en
chênes 8c en hêtres.
ANNÀMOOKA ( Ile d’ ). C ette île , une des plus
confiderâbles du groupe des Iles des Amis dans j
le grand Océan, a été découverte par Tafman,
qui lui donna le nom de Rotterdam. Elle eft d’ une
forme triangulaire, & chacun de fes côtés a trois
ou quatre milles de longueur. Un lac qui eft dans
Je milieu, occupe une grande partie de fa furface,
& coupe en quelque façon l’angle du fud-eftÆlle ;
eft fituée par 20 aeg. 15 min. de latitude fud, &
.174 deg. 31 min. de longitude oueft (méridien de
Greenwich).
Annamooka eft un peu plus élevée que les autres ]
petites îles qui l’environnent, mais on ne -peut la ;
compter parmi les terres d’une hauteur modérée.
La cô te , à l’endroit où mouillent les vaiffeaux,
eft un rocher de. corail efcarpé & haché , de neuf
ou dix pieds d’élévation, excepté toutefois deux
grèves de fable, où l’on trouve un récif.de la'
même éfpèce de rocher , qui les borde &. les met *
à l’ abri de la fureur des vagues. Le lac qu’on ren- i
.contre dans l’îïe a environ un mille 8c demi de
Jargeur, & le fol qui l'environne s’exhauffe peu !
à peu ; mais on ne peut fuivre la communication
,qu’ il doit avoir avec la mer. Le terrain qu’on tra- \
vetfe pour y arriver, depuis la grève fabloneufe
la plus grande , eft aplati, bas & fabloneux : il eft
probable que la ligne de communication étoit autrefois
de ce côté. Le fo l, dans, les cantons qui
sfëlèven.t un peu ,-& particuliérement vers la mer,
eft une efpète d'argile rougeâtre, ou un terreau
noir & friable.,
v Tous les rochers & toutes les:pierres paroiflent
être de la nature du corail, excepté néanmoins un
rocher de vingt ou trente pieds de hauteur , fitùé
,à droite d’une, des grèves fabioneufes. Celui-ci eft
d’une-piérre calcaire jaunâtre d’untiflu très-
ferré} & même dans cet endroit, qui eft la:partie
•la plus élevée de !’i!e, ori voit que de gros mor-
.ceaux dU même roc nende: corail forment la côte.'
Excepté un petit nombre d’éndroks , l’îîe eft
très-bjènrçultivé.è. Les environs Mp,la mer.Sc du
lac font couverts d’arbres &c d’arbiifleaux, dont
la végétation eft très-forte. Près du lac on voit
une multitude de palétuviers, & les rivages deTa
mer produifent une quantité confidérable-de l’ar-
.bre appelé fàitanoos. Il y a plus de fruits à pain &
de pimplemoùfes, 8c tous les végétaux y viennent
mieux qu’à l'île d3Amjlerdam ou Tongataboo. Voilà
pourquoi les terrains ne font point enfermés da
haies aufli nombreufes, auili régulières & aufli
foigneufement faites. Les longues allées d’arbres
fruitiers, & la délicieufe verdure qui eft au def-
fous, pourroient fe comparer aux plus charmantes
retraites de l’île de Middelbourg ou Eooa. Les berceaux
touffus qui couvrent les chemins, étalent de
belles fleurs qui embaument l’air de parfums : de
fertiles boccages ajoutent à la beauté de cette
fcène enchantereffe. Les fîtes multipliés que forment
les petites élévations, & les diffère ns groupes
des maifons 8c des arbres , contribuent encore
à l’ornement de cette terre. Les volailles & les
cochons qui rodent autour de chaque café, la
quantité prodigieufe de pimplemoùfes qu’on voit
au de flous des arbres, 8c auxquels les naturels ne
paroiflent pas faire d’attention , tout enfin offre
le fpeélacle d’une riche abondance, 8c l’obferva-
teur qui le contemple, éprouve en même tems
un fentiment d’admiration 8c une impreflion de
plaifir.
Les productions Ü Annamooka 8c des îles voi-
fines font à peu près les mêmes qu’ à Tongataboo.
Les cochons & les volailles n’y font pas moins
rares pour ceux qui abordent fur ces terres fortunées
: ils obtiennent des ignames & des pimple-
moufesen abondance} mais il n’éft pas fi facile d’y
avoir d’autres fruits.
Au nord & au nord-eft d’ Annamooka, 8c fur la
route qui mène, directement à Rapace, la mer eft
parfemée d’un: grand nombre de petites îles. Quoique
les naturels naviguent au milieu dès bas-fonds
8c des rochers, on ne peut avoir la certitude d’y
trouver un paftage libre 8c fur pour des bâtimens
confîdérables : elles Tout répandues çà & là à dés
diftances inégales, & en général elles font: pref-
qu’aufli hautes qu Annamooka; mais elles n’ont que
deux ou trois milles, de longueur , 8c quelquefois
même un demi-mille feulement ou moins encore.
Leurs côtes préfentént, ainfi qui Annamooka, des
rochers efearpés ou dès dunes rougeâtres. Quel-
.ques-unes ont dés grèves de fable, qui fe prolôn-
.gent furtoute la longueur' de la' bandé. La plupart
fe trouvent entièrement couvertes d’arbres, parmi
lefquels on diftingue un grand nombre de cocotiers,
8c chacune d’elles offre à l’oeil un joli jardin
placé au milieu de la mer. Lorfqu’ il fait un beau
•t'ems, on ne peut exprimer le plaifir que caufe ce
charmant payfage : on croit voir ces terres habitées
par les Fées que décrivent lès romans. On
en apperçoit une qui n’eft compofée que de fable,
8c une fécondé fur laquelle il n’y a voit encore-,
.en juin 1774, qu’ un afbrifleau cm un arbre; ce
qui,
qui, d’après le capitaine C o o k , prouve leur formation
nouvelle. ( Voyez ce que dit cet auteur , a
l’article ^a l m e r s t o n (île ), fur la formation des
lies.)
Les naturels d'Annamooka, ainfi que ceux des
îles voifines, font à peu près les mêmes qu’à Tongataboo
pour la conflitution phyfîque & les qualités
morales ( voyeç T o n g a t a b o o ) ; mais ils
femblent plus fujets à la lèpre ou à d’autres maladies
de la peau, que partout ailleurs : leur vifage
eft beaucoup plus affeCté que le refte du corps.
On en voit plufieurs à qui la lèpre a rongé le vifage
& fait tomber le nez. Les habitans paroiflent aufli
plus pauvres , c’ eft-à- dire qu’ ils ont moins d’étoffes,
moins de nattes , moins d’ornemens, ,&'c. ;
ce qui conftitue la majeure partie des richefles des
naturels de la Mer Pacifique. /
Les maifons des infulaires d’Annamooka font
d’une forme fingulière; elles ont à peine huit ou
neuf pieds de haut. Les parois*, proprement faites
de rofeaux , q u i, loin d’être perpendiculaires ,
convergent beaucoup vers le fond, ne s’élèvent
pas à plus de trois ou quatre pieds du terrain. Le
toit forme un faîte au fommet, de forte que le
corps de la maifon reflemble à un pentagone : elle
eft couverte de branchages, 8c le toit fe projette
au-delà des parois penchées de la maifon.
Leurs pirogues refllmb'ent à celles qu’on voit
parmi les Iles des Amis; elles font bien faites, &
fuffifent à la navigation que font ces différentes
peuplades.
Des maffues, des piques, compofent à peu près
leurs moyens de dérenfe. La quantité nombre-ufe \
qu’on y en trouve paroît démentir la bonté de leur
naturel & de leur caractère ; mais peut-être que ,
fans fe battre entr’ eux, ils ont fouvent des dif-
putes avec leurs voifins. Ce qui fait croire qu’ ils
n’en font pas un fréquent ufage, c’eft qu’ils paflent
un tems infini à les orner de fculptures.
Parmi les avantages dont jouit cette île fuperbe,
& qu’ on a détaillés plus haut, on ne doit pas négliger
de dire qu’elle renferme dans fon fein une
eau d’affez bonne qualité ; mais on ignore fi lés
fources font affez abondantes pour l’approvifion-
nement des vaiffeaux. On peut aifément embarquer
du bois dans la rade qui eft fur la bande nord
de l’île , précifémenr au fud de. l’ anfe la plus méridionale,
car il y en a deux de ce même coté de
l’île- Cette rade eft d’ une étendue affez confidé-
fable. On trouve , à la diftançe d’un ou deux milles
du rivage, vingt-cinq 8c trente b.raffes d’ eau , fond
de fable, fans mélange de roche. ( Second & troi-
fieme Voyage de Cook. ) ,
ANN ATOM ( Ile d’ ). Cette île eft une de celles
qui compofent le groupe des Nouvelles-Hebrides.
C ’eft la plus méridionale de toutes ces terres. Elle
gît par 20 deg. 3 min. de latitude fud, & 170 deg.
4 min. de longitude. Elle eft au fud 30 deg. eft ,
à onze ou douze lieues du Port de la Réfolution.
Gïograpkie-Phyftque. Tome U,
Elle eft haute 8c montueufe ; c’ eft tout ce qu on
en peut dire, n’ayànt point été examinée en detail.
( Voyez 3 pour le climat, le fol, les productions
& le caraéîère phyfique 8c moral des habi-
tans, le mot H é b r i d e s ( Nouvelles). )
ANNECY. Suivant mon plan, je vais faire con-
noître les environs de cette petite ville , & lès
décrire comme je les ai obfervés.
Premier voyage.
En partant de Genève, on côtoie-le pied du
montSalève, 8c l’ on parcourt le fond de cette,
vallée | qui eft couvert de fable, d’argile 8c de
cailloux roulés. , .
Un peu au-delà du Chabre, on s eleve fur le
mont Sion , dont le fommet eft dé deux cent douze
toiles au de (fus du lac de Genève , ou de quatre
cent quatre au deffus du niveau de la mer.
On trouve, fur le plateau qui couronne cette,
colline , un grand nombre de blocs graniteux,
étrangers à cette montagne, comme le fable 8c les
cailloux roulés qui les accompagnent. Comme ils
font plus abondans du côté du (ud-o:^eft, on croit
qu’ils ont été voitures fur cette direction.
. U fi peu au .de flous de la cime , après qu on a
paffé le village de Saint-Biaife, on découvre, au
fud-oueft , le Mont-aux-Vaches , & d autres montagnes
de la Savoie 8c du B u g e y . Toutes ces montagnes
font de pierre calcaire ccmpaéle, 8c font
entre-mêlées de collines de grès. -
A une demi-lieue du mont de Sion, on rencontre
des grès tendres, ado fiés contre la montagne
de Salève.
On traverfe enfui te une ramification du mont
Salève par une gorge que domine le château de
Croifille , fitué fur un roc ifolé , efcarpé, & o»m-
pofé de lits calcaires & horizontaux.
On voit, fur les flancs de ce roc , plufieurs vef-
tiges indubitables de l’a&ion des eaux, qui ont
approfondi cette gorge : ce font des filions profonds
8c arrondis.
Au-delà du village de Croifille, on voit encore
des grès tendres, inclinés comme les précédons.
Vient enfuite la defcente rapide de la Caille, au
bas de laquelle le torrent des Ujfes s’ eft creufé un
lit profond entre des rochers calcaires, dont les
bancs font horizontaux.
Lorfqu’on eft parvenu au village de Lr Caille,
on defeend toujours fur des grès tendres , inclinés
contre la pente, de la montagne du côté du midi
8c du fud-eft. On paffe, fur le pont de Brogny, le
torrent de le Fier3 qui s’ eft creufe un lit profond
entre des aflifes horizontales d’ un grès tendre ou
brafier..
De ce pont on fe rend , prefque toujours en
plaine , à Annecy. Cette ville en agréablement
fituée fur la rivière de Fier, au bord du lac à1 Annecy.
Ce lac a environ quatre lieues de longueur,
fur uns lieue dans fa plus grande largeur. Sa dicec-
M m m m