
à cet effet , 8c qu'il ne refte beaucoup d'ob-
fervations à faire dans les fouterrains acceffibles ,
& cela dans des vues réfléchies 8c relatives aux
phénomènes finguliers dont nous venons de hasarder
l’explication.
ABISSINIE, grand royaume dans la partie orientale
de l’Afrique. 11 eft borné au nord par la
Nubie, à l’oueft par la Nigritie , au fud par la
Cafrerie, & à l’eft par la côte d’Abcx 8c d’ Ajan.
C et état renferme les provinces de T ig re , Dam-
bea , Bagamedri, Goyame , Amahara , Narea ,
Mage fa, Ogara, Salaït-Holcaïr, Semen, Segueda,
Sa!ao , Ozeca , Doba & Gao. Ce pays eft entrecoupé
à chaque inftant de montagnes 8c de rochers
, fur le fommet defquels on trouve quelquefois
des fources d’eau vive , des terres-icul-
tivées, des bois 8c des prairies. Le fol eft affez
fertile en différens endroits, 8c produit plufieurs
fortes de grains, principalement du millet 8c des
légumes. La boilfon ordinaire des Abijfins eft
le cidre fait avec des pommes fauvages. .Outre un
grand nombre d’animaux inconnus en Europe, il
y a des boeufs d’une prodigieufe groffeur, & des
brebis dont la queue donne une grande quantité
de laine. La chaleur de ce climat eft très-forte,
furtout dans les vallées, car l’ air n’eft bien tempéré
què- fur les_montagnes,.
Les Abijfins én général font bien faits, vigoureux,,
adroits 8c ne manquent pas d’intelligence,
mais-iis font pareCTeux d'habitude. feul commerce
qu’ ils raflent entr’eux, eft celui du fel, dont
ils ont de grands amas. Leur tein e ft, ou noir,
ou fort bafané. Leur fouverain, entouré d’une
garde nombreufe, campe, ainfi que fes fujets, fous
des tentes neuf mois de l’année ; comme trois
ou quatre autres mois*de l ’année font ceux des
pluies périodiques de la Torride, dont le Nil fe
groflïr, iis les paffent à Gondar, capitale de Y A b if-
finie ÿ ce n’eft'guère qu’ un gros village. 11 n’y a~
pour ainfi dire aucune ville dans ce grand empire,
car toutes les habituions ne font- que des amas
de chétives maifons, femés dans les diverfes provinces.
Leur naturel êft fort doux.
C ’eftdans le milieu de Y Abijfinieque les Millionnaires
portugais découvrirent les fources du N il,
fi long-tems inconnues. Lés Hollandois font les
feuls Européens qui aient des établi ffemens dans
ces contrées. Ils en tirent, ainfi que les Juifs
& les Arabes, de l’o r , de l’argent, des épiceries,
des plantes médicinales , des aromates 8c
des .dents d’éléphant.
A B L E , Ablet ou Ablette. ( Cyprinus Al-
burnus. Linnée.) C ’eft un petit poiffon de quatre
à fix pouces de longueur, de l’ordre des Abdominaux
& dujnême genre que la carpe. Il eft
recouvert d’écailles tenues, peu adhérentes, &
d’une couleur blanche argentée fur les côtés &
fous le yentre feulement. Cette couleur eft due
à une pellicule argentine, extrêmement mince,
dont le corps de l’écaille eft garni en deflou<.
Par le lavage on en détache cette pellicule, qui ,
prélèrvée de la corruption par des moyens connus
du fabricant de faillies perles, porte le nom à'Ef-
fence d‘ Orient ou d'Ejfence de perles,
VEjfence de perles, mélangée avec de la colle
de poiffon, fert à enduire les parois intérieures de
petits globes de v erre, 8c c’eft ainfi que fe font
les perles fauffes.
L’Able fe trouve dans la Seine, le Rhône , le
Rhin, le Mein, le P ô , dans plufieurs rivières
d’Anglererre 8c dans les lacs du nord de la Hollande,
8cc.
ABOUGRI, bois de mauvaife venue, 8c dont
lés troncs font tortueux & les branches mal
développées. Nous ne parlons de cette forte de
production Végétale, que parce qu’elle fe trouve
communément à une certaine hauteur lur les
montagnes 8c dans les régions froides 8c fouvent
voifines de celles; où réfident les neiges 8c les
glaciers. Cette pofition nuit à la végétation, qui
demande une certaine température chaude, pour
avoir un grand développement & un plein fuccès.
( Voye[ Rabougri. )
ABREUVER, forte d’opération par laquelle
on dirige les eaux .de fource ou autres fur certains
terrains, ou cultivés, ou produifanc fans
culture des pâturages. On ne fauroit rendre un
plus grand fervice aux différens terrains que nous
venons d’indiquer, qu’en leur procurant des
arrofemens convenables. On fait que les beftiaux
qui cultivent les terres, 8c les fumiers qui les
fertilifent , font toujours en raifon des fourages
qu’on recueille* Au moyen de prairies abreuvées
fouvent, on fait des élèves, on engraiffe des
boeufs pour la confommation , on entretient des
troupeaux de vaches qui fourniflent des veaux
8c toute forte de laitage ; on nourrit de grands
troupeaux de moutons, qui donnent les matières
premières des manufactures de draps; on fe procure
des cuirs , des fuifs , 8cc. pour l ’ufage do-
meltique 8c pour les ventes.
C ’ eft en abreuvant les prés par principes &
avec un grand difeernement , qu’ on augmente ,
avec les moindres frais poflibles , une récolte
abondante de fourage ; car les prés abreuvés
ainfi donnent fouvent trois 8c même quatre récoltes
par année , fi l’on a foin d’en éloigner les
beftiaux; 8c alors il n’ eft pas rare de tirer d’ un
arpent quatie ou même huit milliers de foin fec:
8c de bonne qualité. C ’ eft par une pareille jef-
fource que, dans les pays de montagnes furtout,
on décuple le produit de plufieurs domaines, fur-
tout en beftiaux.
Le premier moyen qu’ on doit employer dans
ce fyftème d’amélioration, c’eft de fe procurer
des eaux de fource , des réfervoirs , des eaux de
ruiffeaux 8c de rivières, ou même des- égouts de
grands chemins.
Vitruve eft entré dans quelques details fur les
fignes qui peuvent diriger dans la recherche des
eaux fouterraines. Il doit être utile de donner
ici le précis de fes inftruCtions à ce fujet, en y
ajoutant ce que Palladius > Pline le riaturahfte,
Caflîodore, -le P. Kircher , le P. Jean-François
8c Belidor ont publié dans ces vues.
Ils ont dit, i ° . que f i, en fe couchant un peu
avant le lever du fol i l , le ventre contre terre,
8c confidérant la furface de la campagne voifine,
on apperçoit en quelqu’endroit des vapeurs s’élever
en ondoyant, on peut hardiment y faire fouille
r , 8c que la faifon la plus propre pour cette
épreuve eft le mois d’août, parce que c'eft le
temps de la féchereffe.
i° . Lorfqu’après le lever du foleil on voit
comme des nuées de petites mouches qui volent
vers la terre, 8c qu’elles foient aflez conftam-
ment attachées' à un même lieu , on doit conclure
qu’ il y a quelqu’amas d’eau intérieure.
3°. Sitôt que, fur ces indices ou fur d’autres,
il y a lieu de foupçonner qu’il réfide ainfi de
l eau intérieure en quelqu’endroit, il fau t, pour
s’en aflurer encore davantage, faire une fofle
de cinq à fix pieds de profondeur , fur trois à
quatre pieds de largeur, 8c mettre au fond,
fur la fin du jour, un chaudron renverfé , dont
l ’intérieur foit frotté d’huile, enfuite fermer
l ’entrée de cette forte de puits avec des planches
couvertes de gazon : fi le lendemain on trouve
des gouttes d’eau attachées au dedans du chaudron
, c’eft un ligne certain qu’ il y a au deflous
une fource. On peut aufli mettre de la laine fous
le badin, qui fera juger, lorfqu’on la preffera,
fi la fource eft abondante.
4°. On peut encore pofer, avec le même fuccè
s , en équilibre dans cette fo fle , une aiguille
fiifpemîue fur un p iv o t, à une des extrémités de
laquelle on aurait attaché une éponge : s’ il y a de
l’eau ^l’aiguille aura bientôt perdu fon équilibre.
yQ. Les endroits où l'on rencontre fréquemment
des grenouilles fe tapir 8c fe prefler contre
la terre , fourniront fans doute quelques filets
de fource. 11 en eft de même de ceux où l’on I
remarque des joncs, des rôfeaux 8c des plantes
aquatiques.
6°. Un terrain de craie fournit peu d’eauy, 8c j
de mauvaife eau; dans le fable mouvant, on n’en
trouve guère qu’en très-petite quantité ; dans les
terres noires, félidés, non fpongieufes , elle eft
plus abondante. Les terrains fabloneux donnent
de bonnes eaux, mais peu abondantes : elles le
font davantage dans les graviers; elles font excellent?,
s 8c abondantes dans l’argile.
Pour connoître la nature des terrains, on fe
fert. de tarières ; 8c .fi avec ces moyens on rencontre
fous des couches de terre, de fable ou
de gravier, des lits d’argile, de marne ou de
terre franche 8c compacte , on obtient très- façi-
| lement une fource ou quelques filets d’eau.
7°. Au pied des montagnes, parmi les rochers,
8c furtout au milieu des rmflifs de fehifte 8c de
! granit, les fources font plus abondantes , plus
j communes, 8c les eaux plus faines 8c plus faSu-
I bres que partout ailleurs : l’eau furtout y réfide
; principalement au pied des pentes qui ont leur
: ex pofition au nord ou plutôt aux vents qui amè-
! lient la pluie, comme ceux du midi 8c de l’ oueft
; dans nos contrées. Les montagnes dont les pentes
; font douces 8c couvertes de plantes , paroiffent,
en cet état, abreuvées par des fources aflez multipliées.
Il en eft aufli de même dans les montagnes
qui font coupées par de petites vallées
fort étroites, placées à différens niveaux les unes
fur les autres : on a particuliérement remarqué
que les afpeéts de l’oueft 8c du nord-oueft font
ceux qui font le mieux abreuvés par les pluies, 8c
où les arrofemens fe font plus facilement.
Dans ces recherches on n'a indiqué que d e s ,
moyens fondés fur la nature apparence des fols
8c de leur organifation : on doit en écarter tous
les fontainiers charlatans qui ont recours à la
baguette divinatoire , 8c qui l’emploient avec
autant de confiance que d’abfurdité.
On ne fe borne pas à fe procurer des eaux
d'inigatio.n par le moyen-des fources 8c des fontaines
qu’on tire du fein de la terre ; on fe forme
aufli des amas d’eaux confidèrables, en conftrui-r
faut des bail!ns 8c des étangs à l ’extrémité de
quelques vallées où elles fe raffemblent par quelques
ravins et quelques conduites aflorties aux
différentes formes de terrains.
On ne doit pas négliger non plus de conduire
les eaux des grands chemins furies prairies qui
les avoifinent : une rigole , un fimple foffé qu’on
renouvelle autant qu’il eit néce flaire, (uffifent
pour entretenir une diflrîbution aufli utile.
Les eaux des égouts, qui font graffes 8c chargées
de principes terreux, font trop précieufes
pour rie pas les réunir à propos, 8c les diriger vers
dés cultures de jardins ou même des prairies.
Il y a des circonftances où l’ on pourroit profiter
, avec quelqu’ induftrie, de l’eau de certains
ruiffeaux 8c rivières , lors même que leurs eaux
coulent dans des canaux dont les niveaux font
égaux à ceux des prairies : il n’eft queftion que
de les prendre dans les parties fupérieures de
la vallée, 8c de profiter des pentes favorables,
ou bien d’élever le lit des ruiffeaux par des machines
qui font peu coûteufes, foit pour être
établies,; foit pour être entretenues. Enfin, on
peut obtenir les mêmes avantages en barrant le
courant de la rivière, 8c procurant une inondation
générale fur toute l’étendue des prairies.
On trouve dans Vitruve 8c dans fon commentateur
Perrault,, plufieurs fignes extérieurs pour
reconnoître les bonnes eaux : il fera fort utile dô