
attefte l’umverfalité de cette révolution, dont
nous ne pouvons déterminer l'époque 5 mais le
nombre des couches & des feuillets dont elles
font eompofées, peut nous donner une idée fur
fa durée. Ainfi l’on doit penfer par la confédération
du nombre de ces couches & de ces feuillets,
que ces accidens n’ont point été des accidens paf-
fagers & d’une faifon comme les autres inondations
, triais que la terre a du être pendant des fiè-
cles comme le domaine du feu , ou au moins pendant
bien des années, & qu’ il a fallu néceflaire-
ment des marées fans nombre pour dépofer ces
innombrables feuillets.
De cette conféquence prefque certaine , & de
cette fituation du globe, nous ne devons point
fuppofer que la terre ait été alors un fole il, une
comète ou une planète inhabitée & inhabitable,
comme quelques phyficiens l’ont imaginé. Mille
manumens nous inftruifènt du contraire, & nous
apprennent clairement que les animaux & les v é gétaux
qui exiftent actuellement fur la terre, dans
lès fleuves & dans la mer, ont exifté pendant ces
révolutions comme avant & après, car nous trouvons
dans nos a r d o i f i e r e s des analogues d’ une partie
des êtres que nous connoiffons préfentement.
Leurs efpèces fubfiftoient donc avant ces incendies,
& une partie a fubfifté pendant leur durée,
puifque ceux qui vivent aujourd’hui n’ont pu def-
cendre que de ceux qui ont fùrvécu à ces fiècles
d’incendies. D’ailleurs, tous les poiffons foffiles
que nous1 trouvons dans le fein de ces mines ne
font point enfevelis dans le même banc : ils n’y
ont donc été entraînés & dépofés que les uns
après les autres, & fucceffivement ; & puifqu’ ils
font difperfés & dépofés à différentes hauteurs,
lès uns nous difent qu’ ils font morts long-tems
avant les autres , & çeux-ci, qu'ils ont furvecu
quelque tems aux premiers , & ne font morts que
les derniers. Il en eft de même de tous les arbres
& végétaux que produifent encore nos continens.
Nous trouvons tous leurs analogues dans ces magasins
des débris & des anciennes produirions de
h nature : ils fubfiftoient donc auparavant, & ont
fubfifté en partie pendant ces embrâfemens, puif-
que leur efpècè s’eft multipliée depuis, & perpétuée
jufqu’à nou$.
11 en eft fans doute de même des animaux ter-
reftres : il eft virai qu’il eft bien plus rare d’en trouver
des reliques dans les minés dé charbon & dans
les ardoifieres; mais enfin on en a trouvé quelques
veftiges. Leur rareté doit feulement nous faire
préfumer q ued an s ces tems de révolution, l’efpècè
humaine ëtoit fort peu nombreufe, & qu’une
partie s''eft réfugiée, autant qu’elle a pu, dans les
régions les plus tempérées & les moins incendiées.
Au moins, puifque nous exilions, c’eft tout c e
que nous pouvons entrevoir fur le fort de-nos ancêtres
& fur celui, de .tous les êtres dont la terre
étoit alors couverte, & qui habitoient à fa ’fur-
face.
Avant cette révolution, U terre n’étoit donc
point un aftre brûlant ni une comète inhabitable ;
elle étoit ce qu’elle eft encore aujourd’hui, à l’exception
cependant de ce que-les accidens de cette
révolution y ont ajouté , c’eft-à-dire, d’abord les
maffifs des charbons de terre 8d.des ardoifieres ,
enfuite les couches horizontales qui environnent
ou recouvrent ces dépôts à lits & a bancs inclinés
, comme nous l’avons remarqué ci-devant,
avec toutes les circonftances qui ont préfidé à ces
dernières opérations de la nature, auxquelles nous
devons borner toutes nos difcuffions lur les objets
qui nous ont occupés dans cet article.
ARDE S , ville de Lancien duché de Mercoeur,
en Auvergne.
Le 9 mars, à neuf heures du matin, ms écroula
une montagne prodigieufement élevée dans le voi-
finage de cette ville. Les matériaux précipités par
cette chute au fond de la vallee de la C ou fe , y
ont formé une digue qui a fufpendu près de vingt -
quatre heures le cours de la rivière, quoique très-
confîdérable.
La hauteur du rocher écroulé étoit d’environ
quatre cents toifes, & la chauffée formée par çet
éboulement avoir cent cinquante toifes de longueur
fur quatre-vingts de largeur. L’eau de la
rivière, foutenue par cette chauffée , a reflué à
plus de quatre cents toifes dans la partie fupé-
rieure de la vallée} en forte que la maffe d’eau
avoit près de cent pieds, autant quon en a pu
juger par la hauteur des arbres qui fe font trouvés
plongés dans cette eau. Après quelques jours,
l’eau de la Coufe s’ouvrit une iffue .d’environ
vingt pieds de largeur au milieu de la chauffée ,
par où elle a pris fon écoulement, & la quantité
d’eau qui fortoitpar cette ouverture n’étoit pas
plus confidérable que celle que la fource de la rivière
fourniffoit le plus fouvent.
Dans les environs de la ville à’Ardes 3 plufîeurs
volcans ont verfé des courans de laves confidéra-
bles, qui, mai établis fur les pentes des montagnes
, ont donné lieu aux eboulemens. Les eaux
qui pénètrent deffous ces laves entraînent ces produits
volcaniques, & occafionnent divers accidens
aux environs de Mercoeur &r du baffin d’Ardes :
il eft aifé d ’en fentir les raifons.
ARD R A , royaume fur les côtes occidentales
d’Afrique 5 il s ’étend furtout dans les terres. On
rie trouve point fur fes côtes de ports ni de havres
commodes, mais de bonnes rades, vu que les
tempêtes fur la côte font rares : il n’y a point
d’autre1 incommodité pour le débarquement, que
h violenté & continuelle agitation de la met près
du rivage ; auffi c’eft cette agitation qui fait que,
dans toute rétendue de cette c ô te , qui corref-
pond aux royaumes d’Angola, de Congo & de
Bénin , l’embouchure de toutes les rivières eft fi
large & fi chargée de fables & de vafes, qu’on y
voit des îles nombreufes. J’ ai déjà dit dans plu-
fieurs articles, que les côtes occidentales de l ’Océan
atlantique étoient plus battues par les vents
d’oueft que les côtes oppofées, & que les embouchures
des rivières s’y élargiffoient en baies.
( l ^ o y e [ l 'a r t i c l e C O R SE & c e lu i ^’É C O S S E .)
Le pays eft plat, uni, & en général très-fertile :
on y recueille une quantité prodigieufe de mais,
de millet, d’ignames, de patates, de limons, d’oranges
, de noix de cocos, de vin de palmier ; il
produit auffi beaucoup de fe l, qui fe forme dans
des étangs voifins de la mer : une partie en eft
exportée dans le royaume de Bénin.
L’air de cette contrée eft très-mal-fain pour les
Européens, qui réfiftent rarement à fa maligne
influence ; mais les naturels du pays jouiflent d’une
faricé robufte..
Le climat paroît cependant peu favorable à la
population, car il eft rare que les femmes aient
beaucoup d’ enfans. ^
ARENDILLO, forte de montagne fort élevée ,
à quelque diftance des fources de l’Ebre. Les
couches de fon fommet fe décompofent de manière
qu’ il offre maintenant une vafte plaine, couverte
de prairies très-fertiles. La compofition de
cette montagne eft très-fingulière : au bas elle eft
formée de gypfe , au fommet, de pierre de fable,
& au milieu de pierre calcaire , empreinte de cor-
nes-d’ammon de différences grandeurs, & de l ’e’f-
pèce de coquilles appelées p e i g n e s , qui fe trouvent
dans l’ intérieur de la roche. Sur le chemin de
Reinofa, lieu peu éloigné des fources de YEbre ,
on rencontre beaucoup de marbre noir avec des
veines blanches : il y a d’ailleurs vers ce même
endroit'des montagnes d’ardoifes, dans lefquelles
©n remarque beaucoup de fentes obliques : d’où
il réfulte des maffes trapézoïdales fort nombreufes.
Vis-à-vis A r e n d i l l o , & à deux lieues a-u fud,
un coteau -élevé eft couvert de l’efpèce de plante
qu’ on nomme m y r t i l l e . C ’eft dans cet endroit
qu’on trouve une mine d’émeri, qui eft mêlé dans
de la pierre de fable.
ARENDSÉE ( Lac d’ ). Ce .lac de la Vieille-
Marche eft de figure ovale-j il a deux mille cent
vingt -arpens de fuperficie, rmefure ‘du pays; il
eft -entouré d’un terrain élevé d'environ trente
pieds : on ne conncît aucun endroit par lequel
l’eau y entre ©u>en force. Son baffin s’augmente
tous, les jours. On ne voit le fond du lac que jufqu’à
trente pieds.de larive , & , depuis cette diftance.,
fa profondeur’augmente tout à coup , &
va jufqu’à cent.cinquante pieds du Rhin. Dans les
endroits où le lac eft profond ., fes-eaux paroîflent
noires : dans -lestempête selless’élèventprojdi-
gieufement, & .-forment des vagues effrayantes.
Le poidsSpécifique des:ea.uix de ;ce lac varie con-
fidérablement, Suivant qu’on les puife à une profondeur
différente.. A quarante pieds de.profon-
Heur,, par exemple, l ’eau pèfe de treize à quatorze
grains de plus que celle de la furface} à foixame-
dix pieds, trente grains de plus > à quatre-vingt-
dix pieds, quarante grains de plus, & enfin, à
cent vingt-cinq pieds, cinquante-deux grains de
plus.
A quarante pieds de profondeur, l’eau devient
trouble & chargée de principes onctueux, &Ton
penfe.que fi elle augmente en pefanteur fpecifi-
que dans le fond, c’ eft à caufe de pli fie ut s principes.
huileux ou terreux , dont elle le trouve
[ chargée. Ce qui confirme cette opinion , c’eft que
[Je-lac contient toutes fortes de^matières qui s’ y
font pétrifiées ou plutôt incruftées, & qu’ il jette
dans les tempêtes fur fes bords.
En 1685 il s’eft formé un grand trou à côté dp
lac : beaucoup d’arbres ont entièrement difparu
dans ce trqu , & l ’on foupçonne que c’ eft le bois
de ces arbres qui fe fera pétrifié dans le lac.
A l’ ou e ft du la c o n v o i t , fu r fo n b o r d , d es p ie r res
q u i p è fe n t d e d o u z e à t r e i z e q u in tau x . V o i c i
l’ o r ig in e d e c e s d é p ô t s . L o r fq u ’en fé v r ie r le la c
fe g è l e , la g la c e q u i fe for-rae fu r le fo n d du lac
fo u iè v e c e s p ie r r e s & le s tran fp o r te fu r la r iv e . U
p a ro ît par c e f a i t , qu e l a g la c e fe fo rm e fu r le fo n d ,
& en fé c o n d lie u q u ’ e lle a a f fe z d e fo r c e p o u r
fo u le v e r & tran fp o r te r d e s p o id s c o n fid é r a b le s .
J e .p o u r ra i c i t e r p a r la .fu i t e b e a u c o u p d e la c s hm
p r é fe n ten t le s m êm e s ph én om èn e s fin g u lie r s q u e
l 'Arendfée. ( Voye£ à c e fu je t G l a c e DES R i -
i VIÊRES. )
Gn prétend que ce lac éprouve des agitations
très-violentes à la -veille des tempêtes, & l'on
attribue ces effets à des cavernes foutertaioes qui
font au fond de fon baffin. Je n’ai qu’une obfer-
v.ation à faire au fujet de cette prétention ;& de
cette conjecture. Nous favons , d’ après des obfec-
vations multipliées, que tout amas d’eau un peu
confidérable eft fufceptible-de recevoir, à la veille
des tempêtes , une agitation qui devient de ;plus
en plus violente par l’effet du vent qui précède
ces tempêtes, & qui augmente inCenfiblement de
forcedmefune que l’accès approche. J'ai donné des
détails très-circomftanciés à ce fujet dans l ’article
d’un grand'lac du Canada, dont les eaux s’agitent
pendant près de trois jours progreffivement avant
d'arriver au dernier période. Ces faits comparés
font difparoître le merveilleux ramènent tout
;a la marche,fimple'&.uniforme de la nature.
L ’Areidfée .je t te fu r fe s b o r d s d e s .co q u ille s -for-
file s q u ’ il t ir e d e fo n fo n d ‘.'.ce fo n t d es n a u t i i i t e s ,
des é ch in i te s &He s^ alctons j c e q u i:p ro u v e q u e fo n
b a ffin e f t a u 'm i l ie u d e s c o u c h e s h o r iz o n ta le s o u
in c lin é e s .
A R E N E , amas de débris de pierres calcaires
au vitrefcibles., .-plus ou moins dégroffis par les
■ eaiYX. Gravrer.y arène & fable ,• tel eft l’ordre de .ces
j débris, confidérés relativement à leur volume.
* _ Les effets de rhuraidité & de ia féchereffe, ceux
D d d d d 2