
préfente: on le nomme Umcr-loch. C'efl une galerie
fouterraine, pratiquée dans le ro c , de ficoft
qu'un homme peut y pa/fer à cheval. On a pratiqué
dans ie_ milie u pne ouverture pour donner du jour.
Cette roche eii toute de granit, ainfi que toutes
celles qui font aux environs du pont dp Diable.
» Ep fortant de ce paffige obfcur on eft furpris
d entrer dans une plaine ouverte & couverte de
verdure, & de voir couler à côté de fon chemin
une rivière limpide & tranquille. Cette plaine eii
unie, de forme ovale, offrant plufieurs prairies,
au milieu defqupllés ferpente doucement la Reuff.
Sur fes bords il y a quelques buiffons 8ç des aulnes:
des chalets i foies & foliraires font répandus çà &
là au milieu de la plaine. Dans le fond on voit le
bâtiment de l'hôpital, fitué.fur lé penchant d'un
coteau. Les montagnes de Saint-Gothard fervent
d,e fond au tableau; elles font trop éloignées pour
laiffer appercevoir leur aridité. Des. montagnes
nues, couvertes d'une verdure légère, fansjarhres
& fans buiffons, bordent leç deux côtés du vallon.
. Ce vallon offre des objets, de remarque intéref-
fans pour l'hiftoire naturelle : fa pofition, fa forme,
fon nivellement, ne laiffent aucun doute que cet
emplacement n'ait été le féjour des eaux. En examinant
les bords du lit de la Reuff, on reconnoît
que le terrain de ce vallon eft, par couches horizontales,
de pierres argileufes. Le pied des montagnes
qui entourent le-vallon eft de pierres calcaires
grifes. A la même hauteur & à mi-côte fur
la gauche on trouve de la pierre oliaire. Voilà
encore une circonftance où il ferait intéreifant de
connoître la hauteur exaéte de cette pierre calcaire,
& de pouvoir comparer fon niveau avec
celui de beaucoup d'autres ma.flifs. femblables, que
nous avons vus dépofés au pied des hautes montagnes
, dans de petits vallons qui parodient cor-
refpondans à celui dont il eft ici queftïon.
Une autre chofe remarquable dans ce vallon,
c'eft qu'au fortir du paflage fouterrain qui eft
creufé dans le ro c , il y a tout à c ô té , fans interruption
& formant la même mafle de rocher, de
la pierre fchifteufe , micacée , mêlée de quartz,
dont les lits font perpendiculaires à 1 horizon ,,fe
fendant & tombant par morceaux qui. ont la forme
de poutres ou de bois équarris. Cette roche eft
aulii élevée que celle de granit, & compofée ,
dans des proportions différentes, des mêmes parties
intégrantes que le granit.
C e valloB eft d'une bonne lieue de longueur,
fur une demi-lieue de largeur. Ait haut de la montagne
qui eft au deflus du village A'In-dtr-Mau, il
y a un petit bois de fapins , auquel il ejft défendu de
toucher fous peine de la vie, parce qu'il eft réfervé
contre les avalanches : ce font les feuïs arbres
qu'on voie fur les hauteurs environnantes. Derrière
ce bois on apperçoit un glacier, d'où fort
un torrent qui va fe jeter danslaRenff:il entraîne,
ainfi que les autres qui defcendent de ce côté, des
pierres fchifteufes, micacées , mêlées de quartjz
de même nature que celle qui eft à côté du paf-
fage fouterrain.. On monte par un beau chemin
au village de\Lhôpical j qui dépend au(ïi du pays
A'Urferen. Tout ce canton eft renommé pour fes
excejlens fromages. II. n’y a que des pâturages &
point.de cultures. Le bois qui eft de première
néeeffité çlans un .pays auftà froid, auffi élevé &
toujours entouré de neige, y manque totalement.
Nous indiquerons comme des reifources quelques
brouffailles qu'on trouve entre les villages de
Lhopital ôc de Zum-Dorff les ha bit ans s'en fervent
, ainfi, que. du rk'çdodcndron ferrugineum. Ojî
fait qu’ ify avoit autrefois des fo.rêts dans la vallée
d Urferen , & fur.toùt au pied de ia Fourche i, mais
elles^ ont été détruites, foit par lamauvaife économie
des habitans , foit par les avalanches, qui,
même aujourd'hui, y font des ravages considérables.
Le village Ae Lhôpital eft fi tué fur des >roche$
‘ fchifteufes, melées- de mica & de quartz ; elles
font bleues, verdâtres grifes..Gîeft àLhooital
| qu’eft la rencontre de différées chemins pour pafc
fer le Saint Gothard : il. y.en a un qui» venant dii
Vailars , palfe à côte du glacier du Rhône & par
la montagne de la Fourche > un fécond, qui vient
des Grifons , pâlie par: Difentis & Chjamutj.,
entre les fourc.es .du Bas-Rhin : ce fiant des rentiers.
Sur la droite du village de Lhôpital eft un vallon
pu eft Ie yiilage .de Zum-Dorjf 3 à une grande
uemi-lieue. Il y régné une couche de pierre calr
caire à la même hauteur qu’ au bas de la montagne
qui renferme le vallon- Il faut remarquer que cette
pierre calcaire eft auffi fur la droite comme dans
ce premier endrqit, 8c que fur la gauche il y a de
la pierre oliaire. Une mafle énorme de cette pierr
e , fous laquelle on travailloit pour en tirer de
quoi faire des poêles „ayant perdu fon équilibre,
eft tombée fur le côté. Les rochers qui dominent
ces deux maffes ,font fehifteux, micacés & mêlés
de quartz. Le village de Zum-Dorjf fait partie de
la vallée^ A* Urferen. Ç ’eft le pzys habité le plus
élevé qu'on conuoiffe en Suiffe, &; les habitans
en font forts & robuftes. Les montagnes de ce
canton étant'nues, arides & fort roides, les avalanches
y font fréquentes.
ALTUR ou A L FO R , ville, maritime de l'A rabie
pétrée, en Afie : elle eft au couchant du
mont Sinaï, vers l'extrémité la plus occidentale
de la Mer-Rouge. Ses, maifons font bâties de corail
blanc, que les vagues du golfe Arabjquè amè^
nent fur fes bords. Les moines du mont. Sinaï y
ont un couvent. Son port , pareil à celui de Suez,
ne peut recevoir aucun grand vaiffeau : ïl'n’y entre
que des nacelles dont.les planches, font liées avec
des cordes de chanvre goudronnées.. C ’ eft dans
ces frêles;parques, que les marchandifes dès Indes
viennent du port de Dfchedda vers la Mecque,
jufqu’ a celui ûAltur.
ALTOMON'Î’E , bourg du royaume de Naples/
dans la,Calabre citérieure,fitué au piedde l'Appen-
nin i c’eft à un mille de là que fe trouvent des
mines de fel marin, qui font en pleine exploitation.
On ne p eu t, fans admiration, vifiter les
longues galeries qu’on a creufées dans la montai
gn e , & dont quelques-unes ont jufqu’ à deux
milles de longueur. C ’eft dans ces fouterrains qu’on
extrait le fel qui fe trouve par couches horizontales.
A LV AR ED O , rivière de l’Amérique méridionale
, fituée. à vingt lieues de la pointe de terre
u’ on nomme de Saint-Martin, à quelque diftance
e la Vera-Cruz. Cette rivière a plus d’un mille
de largeur à fon embouchure ; outre cela , fon
canal eft plein de bas fonds qui fe prolongent fur
une longueur dé plus de deux milles à quelque
diftance du bord de la terre-ferme , & qui font aif-
tribuésd’ un rivage à l’ autre. Il y a d’ailleurs deux
lits ou canaux qui.réparent ces terres baffes. Celui
du milieu eft le plus commode pour la navigation 5
car on y trouve douze à treize pieds d’eau le long
des deux rivages : dans le voifinage de l’embouchure
il y a des dunes qui ont environ deux cents
pieds de hauteur.
La rivièreid’Alvaredo coule dans cette contrée,
divifée en trois branches qui fe rejoignent à fon
embouchure , où elle eft fort profonde.
11 feroit bien à defirer que tous les canaux de
cette rivière , ainfi que la difpofition de fes rivages
, fulTent bien connus & décrits , & qu’en
particulier toutes les circonftances qui contribuent
à ia formation de fes dunes, fulfent obfervéeis 8c
expofées avec foin.
ALVENEW , gros village de Suiffe , au bord
de la rivière Albula, aux frontières de la ligue de
Caldée. Près de ce village il y a des bains d’ eau
foufrée. Cette eau eft froide & abondante : on la
conduit dans une chaudière, où l’on chauffe l’eau
pour fervir de bain. Le foufrë qui y domine , fur-
liage en filamens , & s’attache aux parois du canal,
de même qu'aux autres corps folides qu’il trouve
dans ce trajet.
Outre cela, dan? la chaudière où l’on fait chauffer
cette eau foufrée, il s’amaffe un tuf blanchâtre
& infipide, femblable aux autres tufs des eaux
minérale?. Au refte, le foufre fe fait fentip à l’p-
dorat y à une certaine diftance de la fôurce 8c du
canal.
ALUMINIÈRES de la Tolfa. I. On compte
onze milles de Civita- Vecchia aux carrières d’alun
de la Tolfa : on monte .conftamment e,n traverfant
des bois , & l’on rencontre fucceflïvement fur
cette route les terrains fuivans :
i° . Près de Civita-Vecchia, du fehifte marneux,
d’un gris blanc & rougeâtre y
2°. Plus loin, de la pierre calcaire, d’un gris blanchâtre
j
30. Du fehifte marneux , d’ un gris bleuâtre ou
couleur de perle j
40. De la pierre calcaire ;
y°. Un vrai fehifte argileux, gris noirâtre 8c gris
bleuâtre j il eft en quelques endroits pénétré de
parties ferrugineufes ;
6°. De la marne blanche ou rougeâtre, aflez
ferme & plus ou moins calcaire j
70. Et enfin des collines très-hautes, blanches,
argileufes, compactes , non fchifteufes. A peine
y, remarque-t-on quelques fentes horizontales :
c’eft de cette argile blanche que l’ on tire l’alun de
Rome.
On peut voir , d’après ces détails, que tout le
trajet depuis Civita-Vecchia jufqu’à la Tolfa , eft
calcaire, & qu’ il eft plus ou moins mêlé d’argile.
Il n’y a guère que le fehifte argileux du n°. y, qui
foit abfolument dépourvu de toute partie calcaire.
Les montagnes alumineufes du n®. 7 contiennent
elles-mêmes fi peu de principes calcaires , qu’ on
ne peut point les regarder comme parties confti-
tuantes de ce ma/Tif argileux. Le peu de terre à
chaux qu’ il contient, fe décèle à la T o lfa , dans là
fabrication de l’ alun 5 elle fe fature.d’acide viui©-
lique, & produit un peu de félénite.
Il n’eft guère poffible d’obfefver les différens
rapports de la difpofition de ces couches entrellesà
ni de voir fi elles font placées au deflus ou à côté
les unes des autres. On ne peut pas plus recon-
noître fi la manière dont elles fe fuivent à Ja fu-
perficie du terrain , ne proviendroit pas de quelques
variétés dans les mélanges , ou s ’il en feroit
de même dans cette contrée , que dans d’autres
d’ Italie, où la pierre à chaux eft pofée fur le
fehifte argileux ou fur l’argile blanche alumineufe,
& fi les argiles que l’ on vient de décrire ne s’é lè-
veroient pas par accident, & en quelques endroits
feulement, au deflus de la pierre calcaire. Cette
dernière conjecture m’a toujours paru la plus vrai-
femblable.
Les montagnes alumineufes , difpofées en rochers
blancs comme de la craie, & très-élevés, font
féparées^par un vallon qui a plufieurs petites iffues
fur les côtés, & qui ne doit fon origine qu’à l’im-
menfite de pierres alumineufes qu’ on en a tirées
de la même manière qu’on tire les pierres des carrières.
Les mineurs, foutenus par des cordes, fur
les bords efearpés de ces rochers auxquels ils font
adoffés, font, dans cette fituation, des trous qu’ils
chargent de poudre ; ce qui étant fa it , on les hiffe
en haut. Ils allument des paquets de feuilles f i ches,
qu’ils ont l’adreffe de jeter à la place où il
faut mettre le feu. Le coup étant parti, ils redef-
cendent & détachent avec le fer ce que la poudre
a fait éclater.
L’argile alumineufe eft d’un gris blanc ou entièrement
blanche comme la craie, très-compaàe &
affez duÇe. En la raclant avec le couteau, on U