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qui fert d'engrais aux terres, offre des couches dif-
tméles ; ce qui prouve qu'il eft le réfultat de plu-
fieurs dépôts fucceflifs , & qu'il eft iRconteflable-
ment l'ouvrage du féjour confiant & durable d'une
mer tranquille fur le fol qu'il occupe.
Outre certaines efpèces les plus communes de
la côte du Poitou ( telles que les palourdes ,, les
levignans, les huitres ordinaires), cet amas abonde
en efpèces inconnues, telles que les mères-perles,
la concha imbricata , les huîtres différentes de celles
qu'on pêche fur nos côtes, certains madrépores &
retépores j enfin, les champignons de mer.
Il eft vifible que ces corps, à mefure qu'ils ont
féjourné fous les eaux dans leur premier éta t, &
qu’ils ont reçu les eaux pluviales jTe font décom-
pofés & réduits en une pouflière qui a fervi à lier j
enfemble ceux qui font reftés entiers. C ’eft ainfi
qu’ ils ontformé un maffif fans inégalités, fans vuides
intérieurs, fans aucune fente de déification. ( Voyez
FALUN EE ToURAINEr )
Nous profiterons de l ’occafion de cet amas ,
pour annoncer , fuivant le voeu de l’hiftorien de
l’Académie des Sciences , qui en a rendu compte
dans les Mémoires de 1710, les grands avantages
qu’on retireroit pour les progrès de l'Hiftoire naturelle
de la T e r re , de recueillir toutes les obfer-
vations qu’ on pourroit faire fur les amas des corps
marins dépofés par l’Océan , & de les raffembler
fur des cartes particulières, où l'on en circonfcri—
roit leslimites, de manière à réunir les débris de
yes coquilles & les bancs de pierres qui font les
produits de ces débris , aux amas de ces coquilles
entières. C ’eft le réfultat de ce plan de travail que
nous avons effayé de faire connoître dans cet article.
C'eft la marche que nous indiquent les principes
delà géographie-phyfîque, d’après lefquels toutes
nos recherches ont toujours tendu à mettre en évidence
des faits généralifes fans effort.
Sixième amas. Ç et amas renferme un grand
nombre de madréporesbranchus,dont la plus grande
partie eft dans l’état de filex plus ou moins avancé.
Je me contenterai d’en indiquer ici fuccinâement
les principaux gîtés que j’ai reconnus dans mes différentes
courfes. Le premier eft celui des environs
de Lifieux, département du Calvados. Ces efpèces
de corps marins y font fort variées & très-nom-
breufes $ elles ont été recueillies & décrites par
J’abbé Bacheley, correfpondant de l’Académie des
Sciences} elles s’étendent jufqu’aux environs d’E-
vreux & delà Rocheguion, département de l’Eure.
On trouve à peu près les mêmes foffiles entre Tours
& Sainte-Maure, département d’ Indre & Loire j
enfin, département de la Dordogne, entre Bergerac
& Périgueux. J'ajouterai ici que j’ en ai
rencontré de grands tas & murgées a Montmo-
rreau* à Mareuil, àRibérac, à A vailles, la plupart
déplacés des couches au milieu defquelles ils
étoient primitivement diftribués. Ils font en général
accumulés fur pîufieurs plateaux élevé s, où 1
les cultivateurs paroiffent les avoir dépofés après
la deftruélion des lits de marne dans lefquels ils
étoient enfévelis. H en eft de même des madrépores
filifiés, fitués au milieu des craies de la Rocheguion.
( Foye^ M u rgées .) Il feroit fort utile
qu’on déterminât avec foin la marche & l'étendue
de ces différens gîtes d'un amas, dont peu de natu-
raliftes fe font occupés jufqu’à préfent.
Septième AMAS. Cet amas eft celui desnumifi-
males. Ces corps, dont les analagues marins ne font
pas encore bien connus, fe trouvent diftribués en
très-grande abondance à la fuperficie de la terre ,
aux environs de Compiegne, de Liancourt & de
Clermont, département de l’Oife. C ’eft dans ce
département que j’ai obfervé les circonftances les
plus remarquables de la difpofition de ces corps fin-
goliers par couches bien fuivies. Il feroit beaucoup
plus avantageux à l’Hiftoire naturelle de la Terre ,
de déterminer l’étendue & les limites de cet amas
& de fon épaiffeur, que de s’occuper , comme on
l’a fait jufqu’à préfent fans grand fuccès, de la recherche
des animaux dont ces corps organifés, fi
nombreux, font vilïblement la dépouille.
R é f l e x i o n s s u r les a m a s de
COQU I LLES FOSS ILRS;
Première confidération.
Il nous manque une fuite d’obfervations fur tous
les amas de coquilles foffiles. Ces amas une fois
bien caraélérifés par les efpèces de coquilles dominantes,
& (ce qui eft très-important pour la Géo*
graphie-Phyfique) très-exa&ement circonfcrits,
il ne nous refteroit aucune difficulté, ni fur les époques
qui leur conviennent, ni fur les .maffifs qui
les renferment. C ’eft d’ après ces principes que j'ai
reconnu l’amas des bélemnites & des cornes d'am-
mon, & fon premier gîte fitué le long dés rivages
de la m er, qui fervoit de limites à l’ancienne terre
du Morvan ; que d’ ailleurs j’ai fuivi ce même af-
femblage dans les dépôts de la pleine mer, où
l’on ne retrouve pas de maffifs graniteux, mais des
fédimens calcaires & argileux qui fervent, dans
certaines contrées, de limites à la craie de la ci-
devant province de Champagne ; enfin , que j’ en
ai vu le prolongement jufqu’à Mézières , dans le
voifinage de l’ancienne terre. Il feroit à defirer
qu’on eût pu faire fur cet amas des recherches
affez étendues pour déterminer le nombre des foffiles
qui compofent la famille, leur difpofition &
la nature des matériaux qui les enveloppent & les
environnent.
Seconde confidération.
Peut-on comparer comme gîtes correfipondans les
amas compofés des mêmes coquilles foffiles, lorf-
qu’ ils diffèrent relativement à leur niveau ? Ainfi ,
lorfqu’oa
îorfqu’on trouve les bélemnites & les cornes d’ am-
mon au fommet du Mont-Perdu dans les Pyrénées,
41’eft-il pas inconteftable que ces foffiles ont été
dépofés dans le baffin d’ une mer qui n’a rien de
commun avec celui de la mer où fe font formés
les dépôcs des amas du Morvan, des Vofges &
de la Vendée? Je préfume que ces trois derniers
dépôts, tels que je les ai reconnus, diftribués fur
les limites de l’ancienne & de la nouvelle terre,
font placés aux mêmes niveaux, & appartiennent
aux femblables dépôts littoraux. ( Voyeç ce mot. )
Mais lorfque les niveaux diffèrent, comme ceux
que nous avons indiqués ci-deffius, pourroit-on
rapporter les amas au même ordre de dépôts ,
& les confidérer furtout comme appartenans aux
mêmes époques?
Troisième confidération.
Dans l’examen de ce que renferment la moyenne
& la nouvelle terre, j'ai trouvé qu’il étoit fort
intéreffant de difiinguer les efpèces de plantes &
les familles de coquilles foffiles qu’on rencontroit
dans' chacun de ces deux maffifs. En même tems
que j’ ai reconnu, par exemple, que telle famille
de coquillages appartenoit à la nouvelle terre, je
me fuis convaincu que telle autre s’offroit au milieu
des couches inclinées de la moyenne 5 & cette
double obfervation m’a été quelquefois d’autant
plus facile, que les amas étoient en recouvrement
l’un de l’autre, les lits fupérieurs^ renfermant ce
qui me paroiffoit de la dépendance de la nouvelle
terre, & les bancs inférieurs s’annonçant
par tous les caractères que j’avois toujours confi-
dérés comme appartenans à la moyenne terre.
Il eft vrai cpie, dans- beaucoup d’autres circonftances,
les gîtes d'un même amas fe font offerts à
moi à de grandes diftances les uns des autres, &
d’ailleurs dans les limites des deux maffifs bien
déterminées par d’autres caractères auffi remarquables
, furtout par le grain des pierres qui dévoient
leur compofition aux débris de ces corps
marins. Il eft donc fort utile de reconnoître les
ama-s de coquilles qui fe trouvent dans un grand
nombre de contrées de la moyenne terre, et qui
font étrangers à la nouvelle. Mais en même teins
il eft également important de favoir difiinguer
dans quelles circonftances un même amas fe rencontre
dans la moyenne comme dans la nouvelle
terre. C ’eft ainfi, par exemple, que les ofiracites
chambrés de l’Angoumoïs, qui fe trouvent aux
environs d'Angouîême, en Saintonge^ dans l’Au-
nis & le Périgord, contrées qui appartiennent in-
conteftablement à la nouvelle terre par tous les
caraCtèïes les'plus marqués-, fe font offerts à moi
aux environs d’Uzès &< d'Alais, dahs les Corbiè-
res & dans les montagnes de l’Apettnin, voifines
du mont Caffin. Ces dernières contrées renferment
les ofiracites au milieu de couches calcaires incli-*
nées & à grain fin, qui appartiennent à la moyenne
terre. Mais en même tems qu’on reconrtoît dans
Géographie-Phyfique. Tome II.
ces deux circonftances les mêmes élémens de la
compofition des pierres, on diftingue facilement
leurs différens degrés d'élaboration & d’infiltration,
& par conféquent on ne peut pas conclure,
d’après l'identité des amas, celle des maffifs qui
préfentent d’ailleurs des caractères de diftinCtion
très-nombreux & très-remarquables. D'ailleurs,
les avantages qui réfulteht de l’étude & de la cir-
confcription des amas, tels que nous les avons ir-
diqués ci-deffus, & dont nous pourrions augmenter
le nombre, ne feront pas raifonnablement
conteftés ; car les, limites des deux maffifs dont
nous venons de parler, offrant un contrafte marqué
entre l’état des coquilles foffiles comme entre
celui des .autres fubftances qui les environnent,
on ne peut redouter aucune méprife*à ce fujer.
Effectivement, en comparant les amas de coquilles
avec les bancs au milieu defquels ces corps
marins fe trouvent réfidans, on trouve aifément
| la correfpondance de deux produits naturels, je
veux dire entre les dépôts de coquilles entières &
confervées avec les réfui tacs de leurs débris j con-
fidérations qu’ôn n’a pas réunies avec affez de
foin. Cependant on ne peut conrefter les avantages
qui rduitent de cette réuniony car une fois
qu on fait que tel amas a donné tel grain de pierre,
on pourra réciproquement conclure de tel grain
un certain amas compofé de telles & telles efpèces
de coquilles. ( Voye{ par la fuite grain des pierres,
où nous faifons connoître fa dépendance, non-
feulement avec les amas que nous avons décrits
ci-deffus, mais encore avec beaucoup d’ autres qui
réfident dans les différentes contrées de la France,
& que nous expoférons en détail.)
Quoique j’aie indiqué pîufieurs gîtes dans un
amas, & quelquefois affez éloignés lés uns des
autres, cependant je n’ai pas prétendu que ces dépôts
de corps marins fuffent1 féparés entièrement
les uns dés autres, furtout lorfque ces gîtes paroi
floientappartenir au même maffif. Ainfi je fuis'
très-porté à croire que l'amas des environs de
Paris ri’éprouve pas d’interruption marquée. C e
qui m’autorife à penfer ainfi, ce font les carrières
de pierres qui, dans l’intervalle & dans le voifi-’
nage de ces différens gîtes, m’ont paru offrir lé
même grain, produit de la cdmminution des coquilles
femblables qui fe rencontrent bien cônfer-
vées dans les gîtes dont j’ai fait mention. Il en eft
de même de l’amas des bélemnites, cornes d’am-
mon,; nautilités, petites huîtres, & c . dont les
gîtes ont été défignés ci-deffus, d’abord le long
des bords de l’ançienne terre du Morvan, enfuite à
Bar-fur-Aube & ï Soulaines 3 & enfin aux environs
deMézièrès. J’en ai fuivi la liaifon, non-feulement
par l ’obfefrvatiotr du grain des- pierres qui forment
les couches qu’on rencontre dans les intervalles1
des gîtes, mais par la plus grande confervation
des corps marins & de leurs noyaux difféminés fur
la même ligne en affez grand nombre pour faire'
connoître la continuité dù dépôt fous-marin. Au
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