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l ’affcmblage qui en réfulte, a peu de confiftance :
de là réfulte la facilité de leur défunion, de là
déeompofition des tous , & de la réparation des
feuilles.
Les lits qui fuivent les bancs de cojfe font les
plus confidérables en épailTeur : aufli les parties
élémentaires qu’on peut en détacher , ne font pas
en petites maffes comme celles du banc précédent
> elles ont quelquefois quinze pieds de hauteur,
& même vingt, au lieu que les pierres du
lit de cojfe n’ont quelquefois que deux ou trois
pouces de longueur, fur quatre à cinq d’épaif-
feu r , & les plus grandes n’ont guère qii’un pied
fous toutes leurs dimenfions.
Après cette forme rhomboïdale que nous offrent
les ardoifes, nous devons nous occuper de
certains accidens qui leur font extérieurs , & qui
méritent qu’on en parle avec quelques détails.
Les plus firiguliers font les empreintes des plantes
, des poiffons & des animaux marins crufta-
c é s , & c .
Les ardcifes d’Angers méritent d’autant plus
notre attention, que les plantes auxquelles ces empreintes
font dues, étoient des fucus de mer, &
que celles des poilfons repréfentent différens cruf
tacées ou des animaux marins de la clafle des écre-
viffes, dont les, empreintes font plus rares que
celles des poiffons ordinaires & des coquillages,
Les fucus font de différens genres : il y a des
tremella, des fucus proprement dits , & de ceux
q:i’cn connoît plus communément fous le nom de
moujfes de mer. Quelques tremella ont un pied &
quelques pouces de haut, fur près d’un pied dans
leur plus grande largeur j ils fe divifent en plaideurs
branches vers la moitié de leur hauteur, ou
plutôt elles font découpées en franges, dont les
bords font eux-mêmes frangés très-délicatement.
Au refte y ces mêmes empreintes fe trouvent fur
plufieurs autres ardoifes, -avec quelques variétés
& quelques différences qui n’en défigurent point
la reffemblance. Toutes ces.empreintes, au refte,
quelles qu’elles foient, font deffmées par une teinte
de rouille de fer.
C ’ eft encore la couleur d’ une autre forte d’empreinte
, qu’on doit aufli regarder comme une efÎ
>èce de tremella cette empreinte a un pied de
ongueur fur neuf pouces de hauteur j elle repréfente
plufieurs lignes courbes circonfcrites les
unes aux autres, & qui ont comme un centre: commun,
qui paroît être l ’empreinte du pédicule eu
de l’attache de la plante. L’irrégularité .des contours
des lignes ne vient que des plis que prend
cette plante lorfqu’ elle n’eft pas étendue dans
l ’eau ; elle fe chifone en quelque forte alors 5 ce
qui d o it, lorfqu’elle fe trouve comprimée entre
deux corps capables de recevoir des empreintes,
former des traces contournées irrégulièrement,
quoiqu’avec une certaine uniformité.
Malgré la reffemblance qu’il y a entre ces empreintes
& certaines tremella, on pourroit peut-
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être ne les confidérer que comme des accidens
dus à des diffolutions ferrugineufes, qui fe feroient
introduites entre les lames de l’ardoifes mais ce
qui prouve que ces accidens font des empreintes
dans toute la force du terme , c’ eft que les contours
qu'elles préfèntent, ont quelque peu de profondeur}
& que les fur fa ces des ardoifes en font
fillonées, comme on peut penfer que l’interpofi-
tion d’un corps organifé auroit pu produire cet
effet, au lieu que les dépôts ferrugineux qui maculent
les pierres, ne font que s’ y étendre fans
les creufer en aucune manière. Il eft vrai que ces
Allons font très-fu per fi ciels, & cela ne pouvoit
être autrement, les plantes qui les ont occafion-
nés étant fort minces, au point même que* lorf-
qu’elles font fèches, la feuille de papier la plus
mince ne l’eft pas plus que ces plantes. Quant aux
couleurs des empreintes, il y a grande apparence
que la couleur des plantes a dû être plus foncée
que celle du fond , parce que les plantes ont dû
conferver plus de principes colorans.
Ce qui achève de prouver l’exiftence des empreintes
des tremella, c ’eft qu’elles fe trouvent fur
des ardoifes qui poitent aufli des empreintes, non-'
feulement d’efpèces de fucus, différentes des précédentes,
mais encore de crabes, de chevrettes
& d’autres cruftacées.
Une autre ardoife.ne peut pas offrir une empreinte
moins frappante que les précédentes : non-
feulement elle fait voir la figure, les ramifications,
les. découpures de certains fucus 3 mais elle montie
encore l’empreinte de certains petits corps ronds,
qu’on a regardés comme renfermant les parties de
la fleur, & qui font répandus le long des tiges &
des branches de ces fucus.
Sur un fond jaune font répandues çà 8c là ,
prefque dans route l’étendue de la pierre, des
empreintes de pieds entiers ou de branches réparées
d'un petit fucus, découpé allez finement. La
maffe la plus confidérable , 8c qui paroît être un
pied entier, peut avoir fix pouces de haut fur trois
de large. Les branches difperfées fur le refte de la
pierre ont environ un ou deux, pouces de haur
teur, fur un peu plus ou un peu moins de largeur.
Les corps globuleux dont on a parlé, font défi-
gnés par de petites taches d’un jaune rouille de
fe r , rondes, 8c répandues le long des tiges , des
ramifications 8c des découpures de la plante.
. Ce font ces petites taches, qui prouvent d’une
façon inconteftable que ces empreintes font celles
d’un fucus : on ne peut, lorf qu’on connoît ces
plantes, fe refufer à cette idée. 11 y a plufieurs de
ces empreintes où l’on trouve ainfi difpôfés les
corps qui ont formé ces taches : la manière dont
les exrrémités des découpures fe terminent, en
eft encore une preuve. Dans les plantes terreftres,
ces extrémités font ordinairement moins larges
que le bas, au lieu que c’eft le contraire dans les
fucus : c’eft cette différence qui fe remarque fur-
tout dans l ’empreinte dont il eft préfentement
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queftîon. Ainfi, d’après tous ces cara&ères de reffemblance
, on ne peut pas douter que ce ne foit
l’empreinte d’une el pèce de fucus.
Une de celles fur laquelle il n’ y a pas de doute,
eft celle d ’un crabe, ou plutôt d’une écreviffe de
mer : l ’im^reflion des grandes pattes ou des ferres
que ces animaux ont par-devant, en eft une preuve
fans réplique : le contour arrondi de l’empreinte,
les côtes tranfverfales dont elle eft relevée , appuient
encore cette idé e, & il ne faut que jeter
un coup d’oeil fur la figure entière, pour la rapporter
aux véritables animaux qui y ont laiffé leur
impreflion totale.
I Cette empreinte eft confidérable par fa grandeur
, le corps ayant fepe pouces de longueur, fur
fept & demi environ de largeur i elle eft coupée
tranfverfalement au moins de huit ou neuf anneaux
arrondis, dont la courbure regarde la partie
antérieure. Anrérieurement & latéralement on
remarque l’empreinte de deux grandes pattes ou
ferres , qui font tournées l’une vers l’autre, dans
l'attitude où l’animal les met lorfqu’il veut pincer
une chofe > elles font divifées en deux portions
ou deux pinces, rapprochées de la façon qu’elles
le font lorfque l’animal ferre quelque corps,
i Une fingularité qui fe remarque dans une autre
empreinte , eft celle d’une efpèce de patte ou nageoire
courbe, gravée de huit ou neuf filions fins:
c’eft celle d’ une patte ou d’une nageoire, car on
connoît beaucoup de cruftacées dont la queue fe i
termine par des efpèces de nageoires ainfi for- i
mées.............
Enfuite viennent les empreintes de chevrettes j
elles font en très-grand nombre fur plufieurs morceaux
des ardoifes d’Angers, au lieu que les autres
crabes qui précèdent, n’en ont qu’un ou deux.
Effectivement, ces fortes de cruftacées font très-
communs dans toutes les mers : il y en a par millions.
Il n’eft donc pas étonnant de trouver les
ardoifes chargées d’empreintes multipliées de chevrettes
qui fe. croifent & qui empiètent les ;ünes
fur les-autres, comme on le voit fur plufieurs de
ces pierres. Un morceau qui n’a pas plus d'un pied
en longueur & en largeur , eft empreint de plus
de quarante de ces chevrettes., plus étendues &
plus parfaites lés unes que les autres.
: Une réflexion qu’on ne doit pas paffer fous
filence , regarde la grande quantité de ces fofliles,
& l’abondance qu’on en voit fur les ardoifes d'Am-
gérs.
i Une fingularité qui au refte ne regarde pas plus
ces ardoifes que celles des autres pays., tombe fur
le grand nombre de s empreintes de poiffons ou de
cruftacées, & de certaines plantes dans les ardoh-
fis » & la rareté de celles des coquilles & des-au- î
très fofliles de cette même nature dans ces mêmes
pierres, tandis qu’elles font fi communes dans les
pierres à chaux ordinaires. Ces obfervations ne
peuvent s ’expliquer que par les faits mêmes : ils
ne pourront trouver leur folution que,lorfqu!on f
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] aura une connoiffance générale de la.diftribution
j des fofliles dans telle ou telle partie de la terre ,
& qui peuvent correfpondre aux lieux que les animaux
occupent dans le baflin de la mer. On fait
que certains cantons abondent en efpèces ou familles
particulières de foflilës.
ARDOISIERE. Les naturaîiftes réunifient fous
le nom d’ardoife troisfubftances pierreufes, q u i,
quant à leur forme & à leur ufage, peuvent fe
rapprocher, mais qui diffèrent furtout quant aux
acct ffoires qui accompagnent leurs maflifs.
Les premiers maflifs d’ardoifes , dont nous traiterons
ici , font ceux que nous confïdérerons
comme appartenans à la plus ancienne formation $
les féconds font ceux qui offrent les ardoifes proprement
dites i enfin , les ardoifes bitumineufes.
Les premiers maflifs ne contiennent pas le moindre
veflige des corps marins organifés , au lieu
que les féconds offrent fréquemment des empreintes
de poiflons, de cruftacées & de plantes exotiques.
Les ardoifes bitumineufes, qui fervent de
toit aux couches de charbon de terre, offrent des
empreintes de végétaux en grande abondance.
Premiers majfifs d*ardoifes.
Nous confïdérerons ces fortes d’ardoifes comme
des fehiftes argileux qui fe trouvent dans une fitua-
tion très-inclinée, & même affez fouvent verticale.
Leurs bancs ont rarement une épaîffeur confidérable.
Le banc que l’on rencontre dans la carrière
de.Çharleviile a jufqu’à, foixante pieds d’é-,
paiffeur : les feuillets de ces ardoifes font toujours
parallèles au plan général du banc qui les ren-r
fermé.
Ç e s premiers maflifs n’offrent dans leurs environs
aucun veflige de corps organifés comme les
maflifs dt^ fécond ordre , vu que ces maflifs du
premier ordre datent du même tems que tes anciennes
roches fehifteufes.
On a trouvé dans Jes Alpes & dans les Pyrénées
un très-grand nombre de bançs d’ardoife du premier
ordre, qui font exploités, comme carrières
d'ardoifes dans les principales vallées des Pyrénées:
ces ardoifes ne font ni de la même nature ni de la
même couleur, & plufieurs fout enveloppées d’une
grande quantité de matière calcaire, & d’autres
de fubftatiçes quartzeufes.
11 y ,a d’ailleurs , dans d’autres contrées de la
Franqè ,des carrières d’ ardoifes du premier ordre >
particuliérement aux environs de Cherbourg 8c
de Saint-Lo , en la ci-devant province de Normandie
> mais les plus conlidérables Sc les plus
connues font celles voifines de Charleville fur
la Meufe. -
„--Ces dernièr-es ne font point exploitées a ciel
ouvert comme les ardoifieres du fécond ordre »mais
par^ galeries fouterraines, comme des bancs de
fehiftes quartzeux très-durs & fort épais, qui fer