
qu'ils puiffent embraffer la correfpondauce générale
delà diftribution des eaux par les rivières des
difrêrens ordres , & juger par-là de toutes les
pentes qui ont pu contribuer à leur direction. Ils
pounonc reconnoître tous ces beaux détails en
coni'ultant les cartes de Danville, & furtout celle
d'Arrowfmith , copiée par Tardieu. Ils y trouveront
d'ailleurs la marche & l'allure de la plus
grande partie des chaînes de montagnes qui fervent
de point de partage des eaux , çc dont j'ai
cru devoir donner ici une defcription plus ou moins
raifonnée., fuivant que les favans des Etats-Unis &
les voyageurs français nous les ont fait connoître.
Nouvelle-Angleterre.
La Nouvelle-Angleterre eft, dans quelques endroits
3 couverté’de montagnes qui font comparativement
petites 3 & courent prefque du nord
au fud fur des lignes parallèles. C'eft entre ces
chaînes que nous avons vu les grands fleuves couler
majettueufement, & recevoir les ruiffeaux &
les rivières nombreufes que verfent les pentes des
montagnes qui bordent leurs plaines j c'efl^du haut
de ces montagnes qu’on peut contempler les vallées
où ces eaux font raffemblées 3 & ont une
marche régulière.
Il y a quatre principales chaînes de montagnes,
qui traverfent la Nouvelle-Angleterre j elles font
compofées de chaînes parallèles avec plulïeurs
embranchemens qui fe détachent de la chaîne principale,
8c offrent un grand nombre d'inégalités à
la furface de cette province. Les principales chaînes
fe terminent quelquefois par une defcente
graduelle dans l'intérieur des terres, 8c d'autres
fois elles font bornées par de hautes falaifes qu'offrent
les bords de la mer.
Ver mont.
Une chaîné^ de montagnes élevées traverfe le
Vermont du nord au fud. La grande quantité d’arbres
toujours verts dont cette chaîne eft couverte
en plufieurs endroits, lui a fait donner le-
nom de Green-Montain, d’où l’on a formé Ver-
mont ou Verdmont. L'extrémité fud, appelée W eft -
Rock3 à environ'une lieue de Newhaven, dans le
Conne&icut, s’élève en hauteur, 8c fe prolonge
à traveis le Connecticut, le Maffachuffets & le
Vermont, jufqu’aux environs du lac de Menphre-
magog, & va fe terminer au milieu d’une plaine
élevée jufque dans la province de Québec. Enfin
toutes ces fommités fe réunifient près la vallée du
fleuve de; Saint-Laurent. Ces contrées font couvertes
de montagnes difpofées parallèlement en-
tr’elles, & au cours de la rivière de Conneéticut.
La chaîne de l’oueft, qui fe continue prefque
fans interruption à travers l’Etat, eft en général
la plus élevée de celles dont nous avons fait mention.
A l’eft ces fommités décroiffent, au con- 1
traire, & font coupées par des rivières qui fe
jettent dans la Gonnedficut, & qui fuivent une
direction du nord-ouelt au fud-eft. Les montagnes
les plus remarquables, font, le Mont-Antoine, Stra-
ton , Danby ÿ\ç pic Keliington, le Mont-Kinpfton ,
Munsfidd.
Les collines 8c les montagnes font couvertes
de bois durs fur leurs pences orientales, 8c de
bois toujours verts le long de- leurs faces occidentales.
NtW-Hampshire.
On n’apperçoit de la mer, dans cet E ta t, aucune
terre élevée plus près qu’ à fix ou dix lieues.
Les îhontagnes les plus confidérables font les
montagnes bleues 3 qui traversent Rochefter * Ba-
rington & Nottingnam, & dont les fommets dif-
férens ont reçu des noms particuliers. La Mona-
dock 3 ficuée à cinq lieues au nord de la limite
fud de cet E ta t, 8c à fept üeues de la rivière de
Connedficut, eft , d’après un calcul exaét, de
trois mille deux cent cinquante-quatre pieds au
deffus du niveau de la mer. Sa bafe a environ
une lieue deux tiers de diamètre du nord au fud,
& une lieue de l’eft à l’oueft. Son fommet eft un
rocher nu, & fes flancs ont quelques apparences
d’une explolion des feux fouterrains. De fem-
blables apparences font plus fenfibles dans la montagne
de la rivière de l’oueft, qui joint le Con-
neélicut dans la juridiction de Chefterfield. En
1750 la garnifon du fortDrummer, éloignée d’une
lieue &'demie de la montagne, fut alarmée par de
fréquentes exploitons de flammes & de fumée
qui fortoient de fon fein, 8c depuis les mêmes
phénomènes ont encore reparu.
Les montagnes Ojfopy 8c Moeftehillock font les
plus hautes après les montagnes blanches. Ceux qui
vivent près.de ces montagnes, qu’ils appellent
leur almanach, peuvent porter un jugement exaét
fur le tems qu'il fe ra , en obfervant la différente
difpolïtion des nuages fur le fommet de la montagne
, laquelle précède les orages ou les changer
mens de tems de plulïeurs heures.
Mais les montagnes blanches font les plus remarquables
de cet Etat & peut-être dans les Etats-
Unis. Lés vaiffeaux qui abordent les côtes de l’eft
les découvrent les premières lorfque le ciel eft
ciair : on les voit au fud ou au fud-eft à la diftance
de vingt- lïx lieues ; elles paroiffent plus hautes
lorfqu’on les examine du nord-eft. On croit que
le fommet le plus élevé eft inacceflible, à caufe
du froid extrême qui y règne.
Les montagnes blanches font les parties les plus
élevées d’ une chaîne qui s'étend nord-eft & fud-
oueft à une diftance très-confidérable. L'aire de
leur bafe a une figure irrégulière, dont tout le
contour n’a pas moins de vingt lieues. On n’a pas
pu reconnoître le nombre des fommets compris
dans cette aire, parce que le pays eft, aux ènvi-
rons, un défert très-peu àcceflîbie. Dans trois des
plus élevés , il en eft un qui a très-grande apparence
le long du rivage, occupé par les comtés
orientaux du Maffachuffets : on le diftingue par •
le nom de-Mont- Wafengton.
Pour arriver au pied de cette montagne le voyageur
monte continuellement pendant quatre lieues,
depuis la plaine de Picwacket3 entre les rivières
Saco 8c Amerifcoggin. A cette hauteur le terrain
eft aplati dans un mille carré. Quoiqu’é le v é , le
voyageur fe trouve au mi’ieu d'une profonde vallé
e , qui eft à plus de trois milles pieds au deflïis
du niveau de la mer. A l’eft eft une montagne
efcarpée, de laquelle fortent plufieurs fources, ;
entr’autres celle qui donne naiflance à la rivière
d'Ellis, branche.de la rivière de Saco, qui coule
au fud 5 & une fécondé, qui eft l'origine de Prea-
body, branche de l ’Amerifcoggin, qui coule au nord.
La furface de la montagne offre du granit mêlé de
quartz 8c de fchifte : on n'y trouve point de pierre
à chaux, & dans quelques endroits l’aiguille aimantée
décline beaucoup j ce qui paroît indiquer
la préfençe de quelques mine« de fer. Ce côté
oriental de la montagne s’élève fous un angle de
quarante-cinq degré*, & il faut fix ou fept heures
pour atteindre le fommet, en ufant de grandes
précautions} car les précipices.font fi fréquens,
qu'on eft obligé à chaque inftant de s'attacher aux
arbres qui, à un certain degré de hauteur, ne font
plus que de foibles arb rifle aux rabougris, en con-
féquence du froid qui y règne. On a eftimé la hauteur
de la montagne au deifus de la vallée, de
cinq mille cinq cents piedsy & à plus de dix mille
pieds au deffus du niveau de la mer, que l'on ap-
perçoit à plus de vingt lieues de diftance.
Virginie.
. Les montagnes Apalaches divifent la Virginie
en parties haute 8c baffe : elles font la continuation
de celles qui traverfent la Géorgie & les deux
Carolinesj elles forment plufieurs chaînes, auxquelles
on a donné les noms de Montagnes bleues,
Montagnes du nord9 du fud, de L'orient ,• de Montagnes
vertes , de Laurel-Montains. Elles féparent
les eaux de l'Atlantique de celles duMifliflïpi. Les
pics à'Otter font les montagnes les plus hautes de
la chaîne des montagnes bleues, 8c quelques-uns
même prétendent qu’ ils furpaffenten hauteur tous
les autres fommets de l’Amérique feptentrionale.
M. Jefferfon nous dit que le principal pic eft élevé
de quatre mille pieds au deffus de fa bafe. Nous
réfervons pour l’article particulier Virginie les
autres détails d’hiftoire naturelle qu’offre cet Etat,
tels que le pont naturel, les grottes, les coupures des
montagnes par les fleuves, &c.
Géorgie.
La partie orientale de cet E ta t, entre les montagnes
8c l’Océan, 8c entre les rivières Savanah
8c Sainte-Marie 3 offre un terrain plat, fans un
feuî coteau & fans une pierre, ayant plus de cinquante
deux lieues du nord au fud , 8c quatorze
à dix-fept de l’eft à l’oueft. A cette diftance la
terre commence à s’é lever, les hauteurs fefuccè-
dent & augmentent considérablement. Cette vafte
chaîne, qui commence aux Kattskill} près de la
rivière d’Hudfon , dans l ’État de la Nouvelle-^
Angleterre, connue fous le nom d' Alleganys 8c
d’Apalaches,, fe termine dans cet Etat, à environ
vingt lieues au fud de fes limites feptentrionales.
Tenejfée.
La montagne de Cumberland, dans toute,fon
étendue, depuis le grand Kanhava jûfqü’à la Tenejfée
3 eft compoféé dé ma fies de rochers brifés
8c efcarpés-, telles qu’il ne s’en trouve guère dans
aucun autre pays de l’oueft : elle eft, dans plufieurs
endroits oc même pendant des lieues entières
, inacceflible aux Indiens. Dans, un endroit,
particuliérement près du fommet, il y a une chaîne
remarquable de rochers, d’environ dix lieues de
longueur fur deux cents pieds d’épaiffeur, qui
préfente un front perpendiculaire au fud-eft, plus
grand, plus majestueux qu’aucune fortereffe artificielle
du Monde connu, & qui offre en apparence
autant de régularité. On penfe affez communément
que' k s eaux courantes'les plus élevées de
l’Etat ont été obligées de fe faire un paffage à travers
cette mafie énorme de rochers. •
La montegne enchantée, fituée à environ trois
quarts de lieue au fud dé Braff-Town eft remarquable
par plufieurs empreintes de pieds de che vaux
8c d’hommes, qui font d'un affez grand vo-
I lume. 11 paroît que c’eft un ouvrage de l'art,.par
lequel on aura voulu perpétuer la mémoire de
quelqu'événement. De grands amas de pierres,
voifins de cet endroit, & qu’on dit être les tom •
beaux de guerriers tués en combattant, confirment
cette hypothèfe, laquelle écarte toute idée
d’un travail naturel. Au refte , la matière des rochers
eft tendre, & les parties expo fées au foleil
peuvent fe couper au couteau , Sc paroiffent être
de la terre à pipe.
Montagnes des latitudes moyennes.
Nous voyons les montagnes \ dans les latitudes
moyennes de l’Amérique feptentrionale, affeéter
fur une étendue de trois cents lieues un parallé-
lifme très-marqué, qui femble indiquer l’adtion
d'une caufe commune. Il eft à remarquer de plus
que leur direction s'écarte fenfiblement de la ligne
méridienne en Courant du nord-eft au fud-oueft.
On a cru qu'en Europe, fous les mêmes latitudes
moyennes, certaines, parties des Alpes, le Jura &
les monts Krapack arfeétoîent le même parallé-
lifme 8c à peu près la même obliquité ait méridien.
Enfin on a prétendu que les mêmes difpofitions fe