peut diftinguer l'embouchure de Rio Grande de
la Madalena, & la rivière qui abreuve ,1a lagune
de Maracaïbo.
Je ne ferai pas ici l'énumération de tous les
golfes que nous offre cette cô te , golfes qui font
Cernés de caps plus ou moins profonds. Toutes ces
dentelures me femblent les réfultats de raction
des eaux qui fe font introduites dans cette partie
de la mer intérieure des Antilles , foit par les cou-
ràns de l’Océan atlantique, foit par les rivières du
continent.
En revenant au golfe de Terre-Ferme , nous
devons dire que fon principal débouché fe préfente
entre la Jamaïque & Cuba d’un côté , &
Saint-Domingue de Fa litre. C ’ eft par ces deux
canaux que fon trop plein fe réunit au courant
général de Bahama. *
Je ne puis quitter cette mer intérieure fans con-
fidérer cette partie comme un appendice des trois
golfes que nous avons décrits, & qui eft terminé
au fud par la côte dont nous avons fuivi les inégalités
, à l’eft par la chaîne des Antilles ou lies
fous le Vent s enfin au nord par l’archipel des Vierges
& les quatre grandes îles de Porto-Rico , de Saint-
Domingue , de la Jamaïque & de,Cuba.
A en juger par les formes que préfente le fond du
badin de cet appendice, il eft aifé de voir par où
il fe décharge de fon trop plein, qu’ il doit, & au
courant de la Guiane, & au vent d’eft qui y pouffe
continuellement les eaux de l’Océan atlantique,
furtout par les grandes iffues qui fe trouvent entre
la Grenade & la Trinité.
; Je me réfumé, & je confîdère cette mer intérieure
des Antilles comme bornée à l ’oueft par une 1
bande de continent fort étroite , & féparée à l’eft
de la mafïe des eaux de l’Océan atlantique par la
longue chaîne des Antilles ou Iles-du-Vent, qui
ouvrent entr’ elles plufieurs iffues & communications
entre la mer intérieure & l’Océan. Outre
cela , je dois rappeler le courant général, qui a
fon débouché par.le canal de Bahama qui verfe
le trop plein de la mer intérieure. Cette double
marche des eaux de l’eft à l’oueft & de l’oueft à
l’e ft, eft favorifée par le vent d’eft, par le courant
de la Guiane , & en même.tems parles éaijx qpe,
de gfarids fïeuyes y verfent , tels que le Miffiffipi,
le Rio-Salâdo, le Rio de la Madalena,. l’Oréno-
q ue, &c.
JI. A ntilles. Leur difiribution dans la mer inté-
ricurè. '-
Après avoir donné la defcription la plus détail
Véë de'la mer, intérieure des Antilles en fui van^
la carte de.Danvirié, il .fie, merefle.plus qu’à faire
l ’énumération raifonnée de toutes les îles qui s’y,
trouvent'diftribiiéës. Par la connoiffance que j’ai
acquife de leurs bafes.i il,me, paroît que les Antilles
ou lies-du- Veut, font établies à l’entrée de ;îa mer
intérieure j fur une grande fnaffe qui Cp trouva
maintenant hachée par lés eaux de l’Océan atlantique.
Il n’én eft pas de même des deux chaînes
des lies fous le Vent. Quant aux lies Lucayes, elles
fe préfentent fous une ligne fort confîdérable, &
très-remarquable par la fuite des maffes montùeufes
cachées fous les eaux, comme je le ferai voir dans
une defeription particulière de cet archipel.
Pour oflrir ici une connoiffance méthodique des
Antilles, diftinguées fous le nom â'Iles-du- Vent ,
je crois qu'il convient de les diftribuer par archipels
3 tels qu’ils doivent être confédérés comme
formant autant de groupes que la correfpondance
des montagnes femblables nous autorife à défigner
d’après certaines îles principales & centrales,, &
qui d'ailleurs font féparées par des iffues fort ouvertes
entre la grande mer Atlantique & la mer
intérieure.
Archipels.
En conféquence je compte fîx archipels , dont
le premier eil celui de la Grenade, à laquelle je
r éunis les Grenadïlles , Y Ile aux Oifeaux & Saint-
Vincent-de- Caribes.
Le fécond eft celui de la Martinique, accompagnée
de Sainte-Lucie & de la Bar.bade, ' ■
Le troifième eft celui de la Guadeloupe , à laquelle
il convient de réunir la Dominique , la Marie-
Galante & la Defirade , toutes terres fîtuées dans
la partie du vent d’eft , & qui ne préfervent pas
‘ cependant de fon aétion la Guadeloupe ni la Grande-
; Terre.
Le quatrième eft celui de Saint-Chrïfiophe , au-
! tour duquel centre j’ indiquerai Montferat, Redonda
& Nieves au fud , & au nord Saint -Eufiache 8c
Saba.
Le cinquième eft celui de Saint-Martin, accompagné
de Saint - Barthélémy au fud-oueft , & de
XAiguille au nord, avec quelques écueils à l’oueft.
Le fixième , celui des Vierges , eft compofé de
fîx îles principales, avec cinq à fîx petits rochers.
J’en fépare avec raifon l’îie de Sainte-Croix comme
occupant à une certaine diftance le fud de ce
; groupe nombreux. .
Ijfues entre ces grôupes ou archipels,
f Entre ces fîx groupes d’îles j’ai compté fept
î ijfu'es ; fort ouvertes & remarquables, au moyen
î çiefquelles l’Océan atlantique pénètre avec Force
I 8^,violence à travers cette chaîne d’î l e s , p r o duit
j fur les faces orientales de chacune d’elles,
diffërens effefsque nous ferons’Connoîfre , furtout
I ,eji décrivant, d’une manière particulière l’archipel
de la Guadeloupe.
: La première\ijfue bien ouverte, & même très-
; profonde , fe trouve entre Tabago & la Grenade.
La fécondé eft entre Saint - Vincent & Sainte-
1 Lucie
La troifième , qui eft très-confîdérable, fe remarque
entre Sainte-Lucie & la Martinique.
' ■ . La
La quatrième fépare la Martinique• de la Dominique.
En s'avançant vers le nord , on trouve la cinquième
iffue ouverte entre la Guadeloupe d’ un
côté', Montferat & Antigoa de l’autre.
La fixième eft fort alongée entre Saint - Chrif-
tophe ySaint-Eufiache & Saba , rivages méridionaux,
& entre Saint-Barthélémy & Saint-Martin, rivages
feptentrionaux. Je dois faire obferver que l'ouverture
.de ces differentes iffues eft dirigée de l'eft à
l’oueft, qui eft la marche confiante de l’Océan
atlantique lorfqu’il fe porte contre ces îles. Il me
refie à en indiquer une feptième, qui fe trouve
entre Y Anguille & les Vierges, & qui eft dans la
direction du fud au nord. G'eft un d.ébouché pour
la mer intérieure.
Je crois devoir diftinguer fix îles bien féparées
des groupes dont je viens de donner l’ordre, la
fuite & la compofition. Quatre de ces îles, détachées
des archipels expofés au vent de l’Océan
atlantique , font Tabago , la Barbade, Antigoa & la
Barboude. Deux autres, Sombrero & Sainte-Croix,
ont une pofition différente :1a première occupe le
milieu de l’ilfue entre VAnguille & les Vierges, &
la fécondé fe trouve au fud/& à un intervalle affez
confîdérable des Vierges.
Iles-fous-le- Vent,
' Je paffe maintenant aux Iles fous le Vent, que
je partage en deux chaînes, celle des petites & celle
des grandes. Les petites, diflribuées le long des
côtes méridionales des Caraques, font: la Trinité ,
Tifiigos 3 Cola , la Marguerite , Coche , Cubagna ,
les fept Ages , Blanca , Tortue falée , Orchilla , Roc a ,
Buen-Ayre, Çurafao , Aruba , Herradura.
Lés grandes font : Porto-Rico, Saint-Domingue,
la Jamaïque & Cuba. Dans leur indication , je m’attacherai
à trois objets qui m’ont paru les plus remarquables
: i° . à leurs formes particulières j z°. à
leurs formes relatives j $°. à leur direction prife
d’après leurs plus grandes dimenfions , c’eft-à-dire ,
d’après leur longueur.
Porto - Rico.
C'eft la plus petite des quatre grandes îles : elle
eft comme les trois autres ,*quant à fa longueur ,
difpolée de l’eft à l ’oueft. Elle tient un peu au
groupe des Vierges pat fon extrémité orientale,
& par fon extrémité occidentale elle correfpond
à Saint - Domingue ; elle en eft féparée par un
canal dont, les bords font parallèles ; ce qui me
paroît préfenter les veftiges de l’ànciennè jonction
coupée par un courant. Je remarquerai ici que ce
canal aboutit à l’extrémité fud-eft des Lucayes.
. Saint - Domingue.
Si nous paffops maintenant à l’extrémité occidentale
de Saint-Domingue, nous trouverons que
Géographie-Phyjtque. Tome 11.
[ fes deux bras correfpondent aux deux autres îles 5
car l’un femble rechercher une pointe égale la
fienne dans Cuba , & l’autre préfenter une côte
plate, modifiée parallèlement avec celle de la Jamaïque
par un courant maintenant bien fenfible.^
Cette belle correfpondance entre ces trois îles
m’a toujours frappé comme offrant les veftiges de
leur ancienne union-j & d’ailleurs, les deux ouvertures
qui les féparent maintenant, verfent les eaux
de la mer intérieure dans le long canal des Lucayes
; ce qui contribue à la marche des eaux courantes
qui entretiennent la réparation des îles telle
qu’elle fubfifte.
Cubât
Les caps San-Antonio & de Correntes, qui fe
préfentent à l’extrémité occidentale de Cuba, annoncent
une tendance marquée pour fe reunir à
Boca-del-Conil, & au cap Catocne de l’Yucuan,
& en même tems la marche des eaux qui ont ouvert
ce débouché au golfe du Mexique.
Je ferai remarquer ici que Porto-Rico, Saint-
Domingue , la Jamaïque & Cuba ont toutes quatre
la même direction de l’eft à l’oueft , direction de
la marche connue des eaux qui d’abord pénètrent-
dans les golfes , & de celles qui en débouchent
par le canal de Bahama. Il eft évident que toutes
ces~cïdfes a&ives ont dû modifier les formes des
quatre grandes îles qui viennent de nous occuper.
Archipel des Lucayes.
Après l’ examen des. différées fyftèmes d’île s ,
que nous avons cru devoir fuivre dans la mer des-'
Antilles, il bous refte à nous .occuper de Y archipel
des Lucayes , qui fe trouve placé en dehors'de
cette mer , & qui mérite également notre étude
& notre attention, tant par la forme des îles, que
par leur difiribution fur une certaine ligne. Elle
m’a paru tracée, furtout par le mouvement combiné
des eaux de l’Océan atlantique dans ces parages,
avec celui des courans que fourniffent les
débouchés ouverts entre Porto-Rico & Saint-Domingue,
& entre Saint-Domingue & Cuba ; à quoi
il faut ajouter le couvant du golfe du Mexique ,
qui, comme nous le ferons voir par la fuite, coule
avec énergie entre Cuba comme rivages du fud ,
& les côtes de la Louifiane & de la Floride, rivages
, feptentrionaux , & q u i, doublant le cap , a détaché
de l’Amérique l’extrémité nord-oueft par le
canal de Bahama. Tels font les agens des Lucayes3
que la nature a mis & met en oeuvre pour déterminer
la direction & la difiribution des îles nom-
breufes qui compofent cet archipel. .
Quant à leurs formes très-variées , je ferai d’abord
remarquer que celles qui font placées à l’extrémité
nord-oueft, font furtout fort alongées &
fort étroites : telles font Bahama , Lucayonéque,
! AndrosCigateo OU A l eh a fier, Guanahani & Long-
Ifiand. Qn doit confîdérer çelje. ci comme p r o