
On trouve ici toutes fortes de combinaifons de
dépôts colorés, & les couleurs en font vives &
franches.
7°. Orientait venato, agatato. Oriental veiné,
agaté. \
C ’eft le même fond de pâte agatée, avec des I
rubans colorés.
8°. Orientale agatato, venato a rofa. Oriental
agaté, rubané avec rofes.
C e t albâtre eft rubané, & les lignes colorées
font alfemblées autour de plufieurs centres.
9 ° i Orientale fiorito a vena. Albâtre oriental
fleuri & veiné.
C ’eft le même fond coloré que le précédent.
On remarque là , comme dans tous les albâtres à
rofes, que tous les rubans qui font diftribués autour
d’un centre poûr former la rofe , ont la même
teinte dans tout le contour.
IO°. Orientale falino, venato a rofa. Albâtre
oriental faim, rubané avec rofes.
Le fondeft falin, avec des rubans colorés toujours
femblablement, foit que ces rubans foient
diftribués par lignes parallèles & droites, foit
qu’ils décrivent des lignes qui forment des rofes.
11 °. Orientale falino, agatato fiorito a vena.
Oriental falin agaté, fleuri avec rofes.
C e qui précède doit fervir à expliquer ce bel
échantillon, où fe trouvent réunis beaucoup de
cara&ères des albâtres.
12°. Orientale a pecorella. Oriental à floccons
de laine.
- C ’eft un dépôt de rouge & de blanc mêlés,
comme feroient des floccons de laine de deux
couleurs : ce mélange eft bien orientai.
130. Orientale a pecorella venato. Oriental à
floccons de laine r rubané.
Dans cet échantillon les parties, colorées en
rouge & blanc, font diftribuées par bandes.
140. Orientale a pecorella venato. Oriental à
floccons de laine, en rubans contournés.
C ’eft une autre diftribution des mêmes matières.
15e. A pecorella falino. A floccons de laine,
falin..
Cet échantillon a été pris fur les extrémités des
morceaux précédons.
I G9. Alabafiro commune agztato, venato. Albâtre
commun agaté & rubané.
C ’ eft uh albâtre à lames, comme font les centres
des colonnes de ftalaélite ordinaire : les rubans
font couleur d agate.
170. Commune , agatato a vena. Commun, agate
& rubané.
170. bis. Alabafiro commune, agatato a vena. Albâtre
commun) agaté & rubané.
Cet albâtre a des rubans ou lignes colorées,
plus marquées & plus fuivies que le précédent.
18°. Orientale agatato a occhi. Oriental agaté ,
rempli d’yeux.
C ’eft le même fond agaté, avec des points ronds.
190. Alabafiro a tartaruca venato, agatato. A lbâtre
à tortue, agaté & rubané.
Le fond du travail eft d’ une couleur agatée,
avec des vides comme les écailles à tortues, &
rubané.
20°. A tartaruca venato. Albâtre écaillé, rubané.
On vo it, dans cet échantillon, les cara&ères
de l’albâtre à tartaruca ou écaillé : ce font vifible-
ment des lames de gros falin, diftribuées de manière
à former des cloifons femblables aux intervalles
des écailles des tortues. Le fond de couleur
eft auifi propre à cette efpèce.
2 i°. Di Caferta moderno. Albâtre de Caferte
moderne.
Cet échantillon préfente, fous deux couleurs,
des additions fucceffives & rubanées.
22°. Commune agatato. Commun agaté.
i Ceci eft encore un affemblage de lames arran-
. gées par trapézoïdes, lefquels occupent ordinairement
le centre des ftala&ites par colonnes.
230. Salina venato. Salin rubané.
Ceci eft l’affemblage des différentes additions
qui fe font autour du centre du numéro pré-
! cédeht.
240'. Salino venato. Salin rubané.
C ’eft lé même travail que ci-deffus;
Les trois dernières efpèces,avec celles des numéros
40. , 160. & 17°-, préfentent la bafe des
j albâtres de toute efpèce, qui font dès ftalaélites
& des dépôts faits par l ’eau-fous formes de co-*
I lonnes.
A lbâtres fa&ices aux bains de Saint- Philippe
en Tofcane.
Cette manufacture eft unique en fon genre, &
une de celles qui prouvent le mieux combien les
objets les plus Amples peuvent devenir utiles
lorfque leurs propriétés ont été apperçues par .un
obfervateur ,induit,rieux.
Le do&eur de Vegni, Tofcan, eft le premier
qui ait conçu les moyens de tirer, un grand parti
d’une fource d’eau bouillante, chargée d’une fubf- •
tance terreufe, très-fine & très blanche. Cette
fource’ eft fituée dans une montagne qui forme
un des côtés de la partie inférieure de celle de
Santa-Fiora, voifine deRadicofani en Tofcane, &
fe termine à la petite rivière de la Paglia. L’eau
de cette fource eft très-chaude, & fort continuellement
à gros bouillons, chargée de la terre dont
on vient de parler, & qui paroît n’êire qu’une
diffolution d’un mélange de parties calcaires &
fulfureufes, dont tout le fond de cette partie de
la montagne doit être compofé à une grande profondeur
: une odeur allez vive de foie de foufre fe
répand à plus d’un mille aux environs 5 elle paroît
être entièrement femblable à celle de Yacqua-^olfa
de T ivo li, & des bulicames de Viterbe. L’ eau,
en fortant de la fource, coule en vaftes nappes
fur le penchant de la montagne, en.iérement couvert
d’une couche profonde d’un dépôt d’ une blancheur
éblouilfante, d’une dureté & d’ une compacité
plus ou moins confidérable, félon la rapidité
de l’eau & l’obliquité de la chute.
C ’eft l’afpeét de ces dépôts, joint àTobferva-
tion des circonftances qui produifent leurs différences,
qui a donné l’idée au doCteur de Vegni
de demander au grand-duc de Tofcane la permif-
fion d’établir, fur cette montagne, une manufacture
d’albâtres faiïiees. Cette manufacture eft extrêmement
curieufe par fes réfultats, par la fîmplicité
de fes procédés, & par la Angularité, tant des matières
premières qu’elle emploie, que du lieu où
elle eft établie. V o ic i, en abrégé, en quoi con-
fiftent fes opérations. Le doCteur de Vegni fait
venir des moules en plâtre des meilleurs auteurs
en bas-réliefs de Rome & des autres endroits de
l’ Italie 5 ces moules fervent à en former d’autres,
tous en creux, avec le foufre.
Pour cet effet on frotte d’huile de lin cuite
le modèle de plâtre, & on en enveloppe la circonférence
d’un petit-rebord de plâtre d’ environ
un pouce ou plus, félon l ’épaiffeur que l’ on veut
donner aux bas-reliefs.. On verfe enfuite fur le
moule en relief du foufre fondu, & qui n’ait été
chauffé que pour le mettre précifément au point
de fuAon : le rebord de plâtre empêche qu’ il ne
fe répande tout autour. Jufqu’ ici ce n’eft que le
procédé connu de tous les modeleurs. Le moule
en foufre étant fait, on le porte dans une efpèce \
de cuve de bois groflîérement faite de pièces de ;
rapport, & dont le diamètre du fond eft moins
confidérable que celui de l’ouverture 5 de forte -
que cette cuve ou tonneau eft un cône tronqué
renverfé, & ouvert par fes deux bafes. Au dedans
du tonneau font des traverfes de bois en croix ,
qui fe terminent à fa furface intérieure, & qui ont
environ trois pouces de largeur, pour que l’eau,
qui vient frapper deffus, puiffe .rencontrer affez
de furface. Au deffus de ces traverfes, le long
des parois, font des chevilles pofées pour fuf-
pendre lès moules de foufre, qui s appliquent fur
de tonneau par toute leur furface poftérieure : on
place le tonneau fous une chute d’eau qui provient
de la fource bouillante, & de manière qu’elle
tombe au centre des traverfes. Pour éviter que
le vent ne la porte ailleurs, le tonneau eft place
dans une cour très-baffe & environnée de murs
fort élevés. Cette eau rejaillit contre la furface
intérieure du tonneau, & y laiffe, en coulant
deffus , une portion de terre compofée des principes
qu’elle contient, & propres à former un
dépôt ; de forte qu’après un certain tems, non-
feulement le creux des moules eft rempli, mais
qu’il fe forme encore au deffus une couche de
FépailTeur qu’on juge convenable. Cette couche
eft formée par une fuite d’ondulations plus fen-
fibles & plus régulières que celle des autres dépôts.
Le grand fecret de la dureté de ces efpèçes
de ftalaCtites artificielles.3 réduites à la forme qu’on
veut leur donner, confifte dans le degré d'obliquité
du moule deftiné à recevoir l’eau qui rejaillit.
Plus le moule approche de la fituation horizon-
-tale, moins la matière eft dure; de forte que le
plus grand degré poffible de dureté doit fe trouver
dans la pofition verticale, parce que, dans ce
dernier cas, l’eau, tombant plus rapidement, entraîne
avec elle les parties les plus groffières de la
terre qu’elle tient en diffolution, & ne iaiffe après
elle, fur le moule, que ce qu’ il y a de plus fin. Il
eft à obferver de plus que, dans le même degré ,
d’ obliquité du moule, le degré de dureté de la
couche additionnelle eft en raifon de la rapidité
de l’eau dans fa chute. C ’ eft pour fe procurer une
eau plus épurée, qu’on la fait paffer par différens
circuits , & qu’on creufe même des foffes de dif-
tance en diftarice, aux points principaux de changement
de direction, pour qu’étant arrêtée, elle
dépofe fes parties terreufes les plus groffières.
Une autre obfervation effentielle, c ’eft que plus
les matières moulées ont de dureté, moins elles
font blanches 5 de forte que, pour procurer à ces
ouvrages un certain degré de blancheur, M. de
Vegni eft obligé de ne leur donner qu’une dureté
moyenne j mais celle-là même eft fupérieure à
celle du marbre de Carrare le plus dur, & de plus
a l’avantage de.le. furpaffer en blancheur} ce qui
feul doit faire fentir l’importance de ce nouvel
art. On dit nouveau, parce que, quoique le fond
du procédé que l’on vient de décrire fût connu,
il reftoit à en faire une application auffi heureufe
pour les beaux-arts. Le tems cju’exige la fabrication
de ces bas-reliefs, varie félon l’épaiffeur