
de ces animaux, que parce qu’ils paroiflent plus 1
légers & plus propres à h courfe. Quant aux dro- .
madàires à deux bofles , ils font fi grands & fi 1
lourds, qu’on pourroit les ranger fous une efpèce :
■particulière de chameaux , plutôt que de dromadaires.
Les boeufs & les vaches a Arabie ont à
l’épaule , au delTus des jambes de devant, une
élévation ou morceau de graifl'e qui, comme aux
chameaux, eft plus grande à'proportion que ces
animaux font plus gras.
On trouve des bufles en Orient dans toutes les
contrées-marécageufes & voifines des fleuve?, 8c
fouvént plus multipliés que des boeufs ordinaires.
Les femelles de ces bufles donnent plus, de lait
que les autres vaches. Il y a des bufles en Egypte,
dans l’île de Bombay, près de Surat, fur les bords
de Y Euphrate , du Tigre, de Y O route , mais il n’y
en a point en Arabie> parçe que ce pays a trop peu
d’eau pour cet animal.
Il y a des linges, 8c quelquefois par centaines à
la fois, dans les bois de Y Yemen ; ce qui engage
les propriétaires à faire veiller fur leur cà.fé & fur
les autres fruits. Il y a aufli des caméléons 8c plu-
fieurs fortes de léfards.
Dans les contrées fertiles en grains dë Y Arabie,
on rencontre beaucoup de volaille d’un aufli bas
prix qu’en Europe. Les poules pintades y font à
la vérité fauvages, mais fi nombreufes dans les
montagnes près du Tehama , que les enfans les
tuent à coups de pierre. Les bois font aufli pleins
de tourterelles. II y a de même des autruches dans
les défer ts de Y Arabie.
On trouve une grande quantité dé poifions dans
le golfe arabique : l’on'pêche aufli des moules à
perles à Loheia. Elles ne font nulle part plus abondantes
dans cette mer, que près de Dahhlak, île
voifine de la côte d’Afrique. Il y a aufli des tortues
$c d’autres animaux marins de ce golfe.
Les fauterelles font rrès-abofidantes en Orient.
On en voit en décembre & en-janvier des nuées,
q u i, par un vent de fud-oueft, fortent du défert
de Libye. Elles traverfent aflez fouvent, près de
Dsjidda, le golfe arabique, qui eft fort large à
cette hauteur , 8c un grand nombre fe noie dans
ce partagé. Lorfque les dattes commencent à mûrir,
plufieurs eflarms de ces animaux arrivent à
Mokka de l’oueft f t du fud au-delà du golfe arabique,
8c aflez foüvënt ils s’en retournent le jour
fuivant. On a remarqué également, dans la même
ville, la marche de femblables eflaims du fud au
nord, 8c le lendemain leur retour du nord au fud.
Quoique le golfe ne foit pas fort large près de
M ikka 5 on trouve que,-dans ce retour, le rivage
étoit couvert de fauterelles mortes.
On a vu une grande étendus de pays , près de
Tel & Hoiia, fur le chemin de Moful à Nijfehin,
couverte de jeunes fauterelles, qui-n’étoient pas
plus grofles que dts mouches. Leurs ailes fe
voyoiënt à peine, 8c elles paroifloient ~n? avoir que
la moitié fupérieuce des longues jambes quf leur
fervent à fauter. Suivant toute apparence , ces
jambes étoicnt bien entières, mais ployées 8c
couvertes d’une peau. Elles atteignent leur grof-
feur naturelle très-promptement,
a La fauterelle de partage eft la même que les
Arabes mangent, & la même qu’on a vue en
Allemagne. II y a aufli la fauterelle rouge, qui eft
très-maigre en arrivant**, & qui, après s’être en-
graiflee au grand dommage des habitans, fait un
morceau friand pour les Arabes. La fauterelle légère
eft aufli très-maigre quand elle arrive iLackfa.
Après qu’elle s’eft refaite 8c qu’elle a pris le nom
de fauterelle grajfe, elle eft également recherchée
par les Arabes. A Bafra on nomme mukn celle que
les habitans aiment le plus, & l’on croit d’ailleurs
que la-femelle, qui eft fort erafle 8c pleine d’oeuts,
eft un mets fortifiant pourles hommes.
Les Européens ne comprennent pas comment
les Arabes peuvent manger avec plaifir des .fauterelles.
D’un autre côté , les Arabes ne veulent
pas croire que les Chrétiens mangent, comme des
mets délicats , les huîtres, les crabes, les chevrettes,
les écreviffes, &c.
On accommode les fauterelles de diverfes façons.
Les Arabes commencent à les faire griller
fur des charbons ardens, 8c lorfqu’ils les croient
fuflifamment grillées, ils les prennent par leurs
longues jambes & par la tête, 8c ne font qu’une
bouchée du refte. Quand on en a une grande
quantité, on les fait griller ou fécher daris un
four, ou bien on les fait bouillir & on les mange
avec dû fel. Les Arabes du royaume de Maroc,
après les avoir fait bouillir légèrement, les font
fécher fur les toits de leurs maifons, 8c on en
‘ expofe en vente de grandes corbeilles-remplies.
Dans toutes les villes à’Arabie, depuis Babel-
Mandel julqù’à Bafra, on enfile les fauterelles
pour les porter au marché. On ne dit nulle part
que les fauterelles (oient une nourritüre ma>-fàine,
8c qu’elles engendrent la vermine. Les Juifs de
Y Yemen mangent des fauterelles j ce qui les engage
à croire que les oifeaux dont Dieu favorifa les
Ifraélites dans le défert, n’étoient autre chofe que
des fauterelles. Les Juifs italiens d’Haleh croient
au contraire que Dieu avoit nourri leurs ancêtres
de perdrix. Les Turcs ne paroiflent pas avoir pris
goût aux fauterelles j c’eft pourquoi , dans les
villes frontières d'Arabie, on ne les mange pas,
& elles ne fervent de nourriture qu’aux Arabes.
Quand les fauterelles font tombées quelque
partielles fe multiplient dans la terre, & y reftent
pour l’ordinaire trois à quatre ans. Pendant ce
féjour elles endommagent beaucoup les dattiers,
dont les habitans tirent leur principale fubfiftance.
Il y a des lieux où elles ne féjournent pas plus de
fept à huit jours , parce qu’elles y rencontrent des
terrains humides qui ne leur conviennent pas.
D’ailleurs, on fait des efforts pour les chaffer, &
les forcer d’abandonner ces lieux avec des draps
attachés au bout de grands bâtons.
Pour
Pour compléter la defcriptian de cette contrée
intéreffante, je renvoie aux articles où je traiterai
des différentes provinces de Y Arabie, qui font:
i°, Y Yemen ; 2°. l’Hadhr.amut ; 30. Y Oman ; 40. les
Etats indépendans aux environs du golfe Perfique y
50. le pays de Lachfa y 6°. la province de Nedsjed;
y0, la province d’Hedsjas y 8°. les tribus de Be- •
douins ou d’Arabes errans 59°. le défert du mont
Sinaï.
N o t e s fur la conjlitution phyfique de l’Arabie.
Dans toute la péninfule de Y Arabie, on ne con-
noit que deux faifons , la fèche 8c la pluvieufe.
Celle-ci commence, pour la province d’Yemen,
vers le milieu de juin, & finit en feptembre.^ A
Mafcat elle dure depuis le 21 novembre juiqu’au
20 février, 8c dans l’Oman, depuis le 20 février-
jufqu’au 20 avril'. ■'
La châleu’r n’eft pas moins fujète aux variations
que le froid. A Sara le thermomètre n’a jamais été
au-delà de quatre-vingt-cinq degrés de Fahrenheit
du 18 au 20 juillet, tandis qye dans le Tehama,
qui eft. à un niveau plus bas que l’Yemen, on l’a
vu au quatre-vingt-dix-huitième du 6 au 21 août.
Les Arabes donnent le nom. de famum à leur
canicule, ainfi qu’à un vent mortel qui foufle
pendant les grandes chaleurs dans le défert, entre
Baflora , Bagdad, Alep1 8c la Mecque. Pour fe
garantir de ce vent y les voyageurs & les habitans
fe couchent par terre, pour ne pas refpirer un air
brûlant que ces vents promènent partout.
- Les peuples de l’île de Chared 8c de Mardin
n’ont ri;n à redouter du famum. ( Voye^ cet article.
)
Je dois renvoyer aufli à l’article Absorbant,'
où j’indique, d’après la carte de Danville', toutes
les eaux qui fe perdent dans le Tehama, 8c particuliérement
le long des bords de la Mer-Rouge.
Cette bande de fables indique des plages que la ,
mer a quittées. La partie montueufe qui domine |
& qui eft. coupée par des vallées -, verfe des eaux- ;
courantes, qui ne font remarquables que dans
cette partie, mais qui difparoiflent au milieu des
fables du Tehama.
Niebuhr a fuivi & figuré un grand nombre de
ces torrens, qu’il appelle vadi y ils font fujets à
diminuer beaucoup pendant les grandes féche-
refies , 8c à éprouver des crues confidërâblës pendant
les pluies j mais dans le Tehama ils n’ônt plus
,de cours fenfible pour la plupart, 8c ce n’eft qu’en
très-petit nombre qu’ils gagnent la Mer-Rouge,
même après les grandes crues.
Ce ne ,font pas feulement les fables du Tehama
qui abforbent les eaux des ruiffeàux : il me
.paroît qu’une grande partie de;ces eaux éprouve
une forte imbibiuon dans les rochers qui bordent
les vallées de la partie montueufe, 8c que le
,refte eft .difperfé dans les fables, car une petite
partie arrive au golfe. On doit compter encore
Géographie-P hyfique. Tome II,
pour quelque chofe la partie qu’on emploie aux
arrofemens.
On doit juger, d’après l’expofé de toutes ces-
circonftances, à quelle difpofition des chofes on
' doit rapporter l’état des parties de l’Arabie, qui
n’offrent ni eau ni rivières j ce ■ font, ou des
rochers difpofés de. manière à imbiber l’eau pluviale,
ou des fables au milieu defquels les eaux
courantes mêmes difparoiflènt.
Une troifîème caufe. fe-réunit à celles-ci. Il eft
vifible que l’ëta-c de fécherefle du pays éloigne les
nuages, 8c diminue ce qu’ils peuvent fournir par
■ leurs chutes en pluie. Avoir expofé ces circonftances
, c’eft avoir fait connoïtre là conftitution
phyfique du fol de Y Arabie pétrée.
Je vais en rappeler ici la deferiprion telles qu’uw
de nos derniers voyageurs nous l’a donnée dans le
Mercure,
ce C’eft une contrée où il ne pleut jamais, où un
fol brûlant fe prefente.de toutes parts à la furface
de la terre ; où il n’y a prefque point de terre
végétale 5 où le peu de plantes qui s’y trouvent,
languiflent. Il n’y a pas de climats plus brûlans que
les déferts-de l’Egypte:.l’air qui foufle, eft un feu
dévorant. Comme il n’y pleut jamais, il n’y a pas
une goutte d’eau ni un arbufte dans un efpace de .
, Trente lieues, 8c le fable eft compofé de petits
; cailloux anguleux , qui doivent être tes produits
; de la décompofition des rochers. Par un contrafte
; bizarre de ce climat, les nuits font prefqu’aufli
froides que les jours y font chauds, & quand on
a échappé aux exhalaifons fuffocantes du jour, il
; eft prefqu’impoflible de réfifter , fans de forts vê-
j temens & fans précautions, au froid de la nuit. »»
( Mercure, 19 février 1780.)
..Cette prefqu’îje eft féparée du nord au fud par
une chaîne de montagnes moins ftériles 8c plus
tempérées que le refte du pays. Sur la plupart il
pleut deux oii trois mois au plus chaque année,
mais à des époques différentes, fuivant leur expo-.
fition. Les eaux qui en tombent » après avoir formé
quelques torrens , fe>-perdent dans-les fables des
vallées ou des bords de la mer. On peut voir, à
l’article Absorbant , ce que nous avons dit de
la marche définitive de ces eaux. .
. On divifie communément ce pays en trois parties
: Y Arabie pétrée, l’Arabie déferte 8c Y Arabie
keureufe, dénominations relatives au fol de ces
différentes contrées.
L’Arabie pétrée eft la plus occidentale 8c la moins
étendue des trois > elle eft généralement inculte,
8c prefque partout couverte de rochers. On ne
voit dans Y Arabie déferte -que de vaftes plaines
arides, couvertes de fables que le vent accumule
au difperfe, 8c des montagnes efearpées, que la
verdure ne.couvre point faute de terre végétale.
Les fources d’eau y font fi rares, qu’on.fe les dif-
pure les armes à la main.
L’Arabie keureufe doit moins ce titre impofant
1 à fa fertilité, qu’au voifinage de?, deux contrées
Xx x x