de la gelée , des eaux courantes, réduifent peu à
peu les-pierres en débris plus ou moins fins : les
plus grofiiers forment les graviers ; enfuite viennent
Y arène 3 puis le fable. On a divifé outre cela ces
débris ^en fojftles , en fiuviatiles Sc en marins, & je
penfe que ces diftinêtions font utiles, parce qu’ elles
peuvent fervir à faire connoïtre plufieurs opérations
de la nature, qu’ il ne faut pas confondre.
Ainfi l’arène fojftle eft d’ une époque bien antérieure
à Celle de 1'arène fluviatîle & marin ; car Y arène fof-
file eft de l’époque des maflifs au milieu defquels
on rencontre ces amas diftribués par lits , au lieu
que les arènes fiuviatile & marin appartiennent à
cet ordre d’événemens qui ont été produits par
les eaux courantes des rivières ou des fleuves, ou
par les vagues & les flots des bords de la mer.
Au refte , ces différentes fortes de débris fe
trouvent fouvent mêlées enfemble 3 & pour qu’elles
foient bien réparées, il eft néceffaire que le
lavage des eaux ait opéré cette di vifion, ce qu’elles
ont pu faire dans les divers endroits où on les
trouve , car , comme je l’ai d it , ce font vifible-
ment des dépôts formés par les eaux en mouvement
; ainfi Y arene fojjile a été bradé par les eaux
de la mer au milieu de fon baflin > Y arene fiuviatile
dépofé par les eaux courantes des fleuves le'long
de leurs vallées, comme Y arene marin a été dif-
tribué par les vagues & les flots de la mer à dif-
férens niveaux des côtes, fuivant le volume & le
poids de ces débris. ( Voye[ G r a v i e r , S a b l é .)
AREQU1PA , ville de l’Amérique méridionale,
dans le Pérou , fur une.rivière & dans un terrain
fertile. L ’air y eft tempéré, fort pur ; ce qui forme
un féjour agréable ; mais elle eft dans le voi-
finage d’un volcan fort redoutable par fes éruptions.
ARÊTES. Ce font des parties détachées de la
furface de la terré, qui le plus fouvent fuivent
certaines dire étions ou pentes remarquables fur le.
fond de l’horizon. ‘
Lorfque l’on confidère ces arêtes prolongées à
la furface desmafiifs de l’ancienne terre, on voit
qu’elles ont une allure bien plus décidée des
pentes plus rapides que dans la nouvelle. J’ajoute
que fouvent les arêtes de la moyenne terre fe réunifient
aux premières.
Souvent les arêtes dé tous les maflifs précédons
- fe trouvent coupéès par les rivières latérales per-
, pendiculairement à la ligne du prolongement de
ces arêtes. Nous ferons connoïtre ces accidens.
> On peut fuivre fur les cartes topographiques
de la France, des obfervations qui peuvent donner
une idée des formes, des directions & des
: allures des differens ordres a arêtes à la furface de
nos çontinens. Ce font les principales circonftan-
ces qui président à tout ce qui concerne lès arêtes,
qu’ il m’importe de faire connoïtre ici avec toutes
les variétés qui peuvent nous donner une idéeivéritable
de leurs caufes comme de leurs effets, tous
| objets qui font entièrement du reffort de la géo-
graphie-phyfique.
Confidérations générales fur fes arêtes.
Ce font des chaînes de fommets prolongés dans
«les différentes parties des çontinens, & qui n’ont
aucune largeur déterminée. D’après ces premières
vues', lorfqu’ on envifage les arêtes de l’ancienne
terre, on reconnoît facilement qu’elles ont des
pentes beaucoup plus marquées que dans la nouvelle
, & que d’ ailleurs ces pentes y éprouvent
plus d’interruption j elles font plus arêtes dans
l’ancienne terre, parce que les dégradation opérées
par les eaux ont prefque toujours entamé les
mafïes fur les deux côtés des ados. Dans la nouvelle
terre les arêtes font très-longues, ont une
pente, douce , fuivent une feule direction, & n’ é-
proùvent prefque point d’interruption : ces arêtes
ne fe détachent à l ’horizon que comme les extrémités
d’ une plaine ou les grandes fuites des bords
de nos grandes vallées principales. Ces bords font
les reftes du maflif primitif entamé par les tor-
rens & les eaux courantes, & qui ont été abandonnés
par ces eaux à mefure qu’elles fè font fait
un lit.
Les eaux ont eu une marche plus irrégulière
lorfqu’ elles ont circulé dans l’ancienne terre, car
-les courans formés de la réunion des eaux pluviales
, plus abondans dans ces contrées , ayant
.leur origine fur plufieurs pentes, y ont eu d’abord
une marche indécife j mais enfuite ils ont été plus
réglés dès qu’ ils ont eu atteint les vaftes parages
de la nouvelle terre. Cette différence dans l’orga-
nifation fuperficielle eft très-remarquable & très-
facile à faifir, & s’ offre conftamment aux obfer-
vateurs attentifs dans le paflage de l’une à l ’autre
terre.
Les-eaux courantes, qui étoient torrentielles
lorfqu’ elles fuivoient les plans inclinés, dont les
arêtes de l’ancienne terre offroient la coupe,
avoient une vitefle bien plus grande que lorf-
qu’elles ont eu atteint les Superficies plus uniformes
des plaines de la nouvelle'terre : d’où il fuit
qu’il y a eu ralentiffement & extenfion dans ces
eaux lorfqu’elles ont occupé ce paflage. Par conséquent
dépôts .confidérables fur les limites de
■ l’ancienne & de la nouvelle terre , dnt des matériaux
venus d-amont, que des autres fubftances
que l ’eau rencontroit fur les lieux , & ces dépôts
fe trouvent fur une * et end ne de quinze à vingt
lieues lorfque les eaux ont eu une vitefle très-
modérée ; mais ils s’étendent beaucoup plus loin
lorfque cette vitefle a été plus confidérable , ainfi
-que les maffes d’eaux elles-mêmes.
- Il faut bien diftinguer les matériaux entraînés
& dépofés par les eaux lors de la" formation des
- arêtes des matériaux dépofés fur les limites de l’an-
,; -cienne, de la moyenne & de la nouvelle terre
lorfque la mer réfidoir. dans ces lieux , car alors
c’eft à cette époque qu’on doit rapporter les pierres
& les cailloux roulés, polis & arrondis par
les flots de cette ancienne mer; ce qui n’a pu
avoir lieu lors de l’époque des eaux courantes torrentielles,
qui ont entraîné des fubftances un peu
■ ufées, mais nullement arrondies, ou bien même
des cailloux roulés tout formés. ( Voye% C a i l l
o u x r o u l é s , B o r d s d e l ’ a n c i e n k e m e r .)
Si nous revenons maintenant aux arêtes & à leur
formation , nous verrons que leurs pentes ont été
d’abord l’effet de l ’eau en malle > qu’enfuite les
premières penres ayant été .une circonftance favorable
, qui a contribué à l ’accélération de là v ite
fie des eaux, toutes les arêtes doivent être confédérées
comme des effets des inégalités fuivies
de la furface de la terre , dont il a été queftion.
Il eft vifible que ces pentes ont été taillées dans
le maflif total de l’ancienne terre, élevé au deflus
de la nouvelle, même dans les hauteurs de certaines
parties du centre defancienne terre, comme
fur les bords du même maflif, 8vc. On peut faire
de femblables remarques dans le paflage de la
moyenne terre à la nouvelle : ces pentes graduées
fonr même des moyens de reconnoître chacun de
ces trois maflifs, & fiirtout leurs limites. ( Voye^
L im i t e s d e s m a s s i f s , )
Manière d’obferver les arêtes.
J’ai déjà dit ce qui confliruoitles dtâévensprofpeiïs
des arêtes, & j’ai envifagé pour lors en général ces
apparences naturelles d’après ces confidérations ;
mais à préfent je crois devoir m’ attacher à des polirions
particulières, tant pour contempler ces formes
de terrain à la furface de la terre, que pour les indiquer
aux autres. Ainfi lorfque je me trouvois placé
dans une-partie intérieure d’une belle & large
vallée, telle que celle de la Seine, & fur le fom-
met d’ un plan incliné un peu élevé au deflus du
lit de cette rivière, & que de ce point je jetois
les yeux fur les cimes apparentes des croupes de ■
la vallée qui bordoit mon horizon , je pouvois
reconnoître les arêtes de la vallée de la Seine.
Ainfi lorfque , fur le plateau du bois de Boulogne,
je contemplois les cimes qui fe préfentoient depuis
Çhâtillon jufqu’au-delà du mont Valérien,
j’avois devant mes yeux une arête intércjfante, formant
un demi-cercle fuivi.
Comme obfervateur de cette perfpeêlive vraiment
inftruélive, je remarquois d’abord que cette
arête fe montroit fur la même ligne tant qit’ elle
faifoit partie d’ une plaine haute qui régnoit le long
des bois de Verrières & de Meudon, & qu’ il n’y
avoit d’interruption que lorfqu’on étoit parvenu
au vallon latéral de Fleury , & qu’après'cette cou-
lée 3 Y arête reprenoit jufqu’ à la vallée deSèvre, où
je trouvois une coupure avec plan incliné & bord
éfearpé ; qu’enfin tout fe relevoit jufqu’au vallon
de Garches. .C’eft alors, que le fommet dominant
de la plaine qui couvreic Saint-Cloud , effroit une
hauteur qui , après une vallée de débordement,
remonroit au niveau du mont Valérien.
D’après ces détails on fent que ces arêtes ne
peuvent intérefl'er les obfervateurs de la perfpec-
tive qu’autant qu’ils ont parcouru la même ligne,
tant pour connoïtre la nature du fo l, que Ls cir-
conftances qui-ont.concouru à en modifier les
apparences par l’approfondifl'ement des vallées &
des vallons latéraux de differens ordres.
On fent bien que ces fommets de croupes fe
prolongeront , & que leurs afpeéts varieront à
mefure que l’ on changera de centre d ’obferva-
tion dans les parties baffes de la vallée de la Seine,
comme dans les parties hautes.
• En concentrant les centres d’obfervation dans
les vallées un peu larges & profondes, les arêtes
feront circonfcvites dans un éloignement qui permettra
d’en faifir tous les détails qui peuvent in-
térefler la géographie-phyfique, dès-lors on aura
des occafions fréquentes de contempler les arêtes-3
& de faire des applications très-;multipliées de ce
que nous en avons d i t , & de reconnoître par-là
les différentes formes de terrain régulières & irrégulières
que la terre nous préfente à chaque pas,
&.particuliérement en fuivant le cours des grandes
rivières.
Si je fors des vallées & fi je gagne certains plateaux
qui foient voifins des fommets & de leurs
croupes, je rencontrerai alors pour arête?iés poirirs
de partage des eaux, qui font affez fui vis & détachés,
d’une manière très-remarquable, entre deux
grandes vallées voifines & parallèles. Ainfi, après
avoir vu les cimes des croupes de la vallée de la
Seine ou de la Marne, je rencontrerai à l’norizon
les arêtes élevées entre la Marne & l’ Aube, entre
la Seine & l’A u b e , & enfin entre la Seine & la
Loire, &rc.
Je vais plus loin encore, & je trouve que la fur-
face de nos çontinens, furtout dans les traclus de
la moyenne & de la nouvelle terre, doit offrir une
certaine fuite d’arêtes affujetties aux vallées qui
parcourent ces grands traflus , & c’eft furtout dans
les vallées de la nouvelle terre qu’il y a plus d’uniformité
dans les croupes des vallées, & par con-
fëquent dans les arêtes qui en offrent les bordures
élevées dont les efearpemens font couronnés.
Lorfque j’indique les arêtes comme .affujetties
aux bordures des croupes des vallées , .je veux
qu’on fâche diftinguer les bords efearpés dès plans
inclinés. On a même vu que ; c’étoit fur certains
points de ces plans ihelinés que je plaçois les obfervateurs
des arêtes qui appartiennent aux vallées.
Je dois dire cependant que, relativement à l’ob-
fervation des arêtes, on y rencontre de grandes
irrégularités, & même des fuites fingulières dans
la moyenne terre comme dans 1 ancienne. C ’eft
dans ces deux maflifs que j’ ai reconnu d’abord ces
arêtes. Ainfi l’ancienne terre du Limofin offre dans
ce genre de fort grands fpeélacles qu’on peut