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Une fubftance calcaire nommée dolomie, quoique
primitive, fait le paflage des marbres primitifs
aux fetfoiidaires : elle eft compofée, fur ioo
parties, de 46.1 d’acidè.çarbonique, de 44*29 de
chaux, de 5.86 d'alumine, de 1.4 de magnéfie &
de 0.7^ d'oxyde de fer j elle a le grain fin , & ne
fait qu une lente effervefcence avec l'acide nitrique
5 enfin, elle eft phofphorefcente par la collision
& le frottement.
La dolomie fe trouve en couches prefque verticales,
qui s'étendent depuis labafe jufqu'au fom-
met des Alpes du.Tyrol. On en rencontre une variété
fehifteufe à Campo-Longo, dans la vallée
Levantine, au nord du lac Majeur.
Les brèches calcaires doivent être rangées parmi
les marbres primitifs, dont les couches ont été bou-
Jeverfées par une caufe quelconque.
Elles fe trouvent prefque partout où il y a des
marbres primitifs j ainfi, par exemple, la brèche
de Saraveçça fe retire d une carrière voifine de
celles du marbre de Carrare, près de la côte orien-
»alede Gênes. La brèche verte, dite marbre vert
^Egypte, fe trouve auffi près de Carrare.
. Nous allons donner ici l’énumération des marbres
primitifs ou fecondaires de France, & celle
àos principaux marbres étrangers.
Marbres de France (1).
Dans le Hainaut, le marbre de Brabançon eft
noir, veiné de blanc.
Les marbres noirs de Dinan & de Namur répandent,
par 1 adion du f e u , une odeur bitumi-
neufe.
Celui de Rance eft rougeâtre , mêlé de veines
grifes & blafiches.
Celui de Givet, connu fous le nom de brèche de
Flandre, eft noir ■> veiné de blanc..
En Picardie , le marbre de Marquiie, près de
Boulogne, eft une efpèce de brocatelle à grandes
taches jaunâtres, mêlées de filets rouges.
La Champagne fournit des. marbres nuancés de
blanc & de jaunâtre j c'eft auffi une efpèce de brocatelle
: il y en a un qui eft parfemé de petites
taches grifes, comme des yeux de perdrix.
Le marbre de Caen yen Normandie, eft rouge,
mêlé de veines & de taches blanches : il y en a de
fembiable près de Canne en Languedoc.
Les communes de Grimonville, Regneville,
Mont-Martin & Hauteville font fituées fur un plateau
entièrement compofé de marbre gris.
On trouve encore le marbre à Camprond, près
de Coutances , aux environs d’Aiglande, fur la
V i r e , & près de Leftre, entre Montebourg &
Saint-Vaft.
En Bourgogne, le marbre de la Louère, près
Mç>ntbar, eft à fond gris, femé de taches brunes,
(1) Hift . nat, dcsMin.par Patfïn, tom. z, p. 3î-o.
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t e marbre de Dromont eft une brèche jaune j
qui approche du jaune antique.
La brèche de la Hochepot| près de Beaune,
eft rouge & blanche, elle fut découverte en
J 7S6- .
Le marbre de Bourbon-Lancy eft gris, veiné de
blanc & de jaune doré; ce marbre étoit connu
des Romains. qui en ont fait un grand pavé qui
fubfilte encore dans la falle des bains.
Le marbre de Tournus eft mêlé de rouge & de
jaune : la pâte en eft belle, mais les couleurs n’eil
font pas vives.
On a tiré du Bourbonflois les marbres blancs &
colorés dont on a refait le pavé de Notre-Dame ,
à Paris. La carrière fut découverte par Caylus.
en 176a. . - .
On découvrit en 1776. dans le Poitou, près
de la Bonardelière. une carrière de fort beaux
marbres : 1 un eft d’un rouge foncé. mêlé de taches
jaunes ; 1 autre eft en grands blocs, d’une couleur
uniforme, ou grife ou jaune . fans aucun mélange.
Dans le pays d’Aunis, on découvrit, en 177/,
près de Saint-Jean-d’Angely, un marbre coquillier
compofé comme les lumachëlles, d’une infinité
de petites coquilles ; ce marbre offre deux variétés,
l'uneà fond gris & l’autre à fond jaunâtre :
l’une & l’ autre prennent un beau poli.
Le ci-devant Languedoc eft riche en beaux
marbres qui méritent d’être employés à la décoration
des édifices.
On en rire furtout une grande quantité des environs
de Canne, à quelques lieues de Narbonne.
Il y en a qui eft couleur-de chair, avec des veines
blanches; d'autres dont le fond eft d’un bleu
foncé. avec des taches d ’un gris clair. On trouve
encore aux environs de Canne, le marbre griotte,
qui eft rouge foncé, mêlé de blanc, & le marbre
cervelas, qui a de petites taches blanches fur un
fond rouge.
En Provence, le marbre de Sainte’-Baume eft
renommé : il eft taché de rouge, de blanc & de
jaune ; il approche de celui qu’on appelle brocatelle
d’Italie. C ’eft un des plus beaux qu’il y ait
en France.
En Auvergne, on trouve du marbre rougeâtre,
mêlé de gris, de jaune & de vert.
Les Pyrénées offrent un grand nombre de carrières
de marbre : il eft en général gris, d’une
feule couleur, oùmêlé de blanc. Il y en a quelques-
uns qui ont des couleurs plus brillantes. sf
le Le marbre de Sarrancolin vient dans la vailée
d’Aure ; il eft d’ une belle couleur rouge, mêlé
de jaune & de gris. La carrière eft voifine de la
Nefte, qui fe jette dans la Garonne; elle eft aujourd’hui
à-peu-près épuifée : on en a tiré des
blocs d’ un très-grand volume, pour la décoration
des maifons royales.
Le marbre de Campan vient des environs des
fources de l’Adour, à dix lieues fud-eft de Tarbes.
Le
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Le plus connu eft celui qu’ on nomme vert-campan j
il elt d’ un beau vert veiné de blanc. D’autres variétés
du même marbre font mêlées de blanc , de
rouge, de vert & d’ifabelle. On a tiré des blocs
de vert-campan allez, confidérables pour faire des
colonnes de quinze à dix-huit pieds d’une feule
pièce.
Les autres marbres des Pyrénées fe trouvent
dans l ’ordre fuivant, en prenant la chaîne du coté
de Bayonne :
Près d'Arrêtes, vallée de Barretons, marbre
gris.
A Sarrance, vallée d’Afpe, marbre gris veiné de
blanc.
A Sevignac, vallée d’Offau, marbre gris ce-
quillier, parfemé de nufmimales, qui forment des
taches rondes de couleur blanche.
A Loubie , même vallée d'Oflau, marbre blanc
primitif 5 il eft quelquefois mêlé de gris.
Toute la vallée de Barège offre, de diftance en
diftance, des rochers de marbre gris : on en exploite
quelques-uns, & notamment à Saint-Sauveur.
Dans la yallée de Baftan , près les bains de Ba*
rège, eft un marbre blanc veiné de vert,
Campan eft dans une vallée voifine de celle de
Baftan.
Serrancolin eft à l’eft de Campan.
A Saint-Bertrand, fur la Garonne, eft un marbre
vert, mêlé de taches rouges & blanches.
A Saint-Béat, vallée d ’A rran, marbre gris &
blanc.
A Seix, fur le Salat, plufieurs variétés de beaux
marbres gris d'une feule couleur, vert & blanc,
violet & blanc, & c . tous mêlés de feuillets fehif-
teux verdâtres, comme le marbre de Campan. On
les appelle marbres de la taule. Les carrières font
maintenant prefque épuifées.
A Villefranche en Rouffillon , marbre blanc,
vert & rouge.
Marbres étrangers (1).
Entre les différens marbres étrangers, ceux d’ Italie
fe font remarquer par leur grand nombre &
par leur beauté. Les principaux font :
Ceux de Carfare, près la côte de Gênes ; de
Saravezza & des autrôs carrières des environs
( ce font les marbres ftatuaires blancs & les marbres
dits vert d’Egypte & vert de mer ),
On tire encore du territoire de Gênes le marbre
-porte-or > qui fe trouve dans le voifinage de
Porto-Venere.
Le marbre appelé pol^evera^ fe trouve auffi fur la
cote de Gênes} c’eft un mélange de ferpentine
verte & de marbre blanc par grandes veines,
comme celles du vert-campan.
(1) Patrin, hift, des Minér. tom. III, p. 4.
Géograpkie-Phyjtque. Tome U.
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Sauffure a obfervé quelques beaux marbres en
Piémont & dans le Milanais, entr'autres un marbre
ftatuaire parfaitement blanc, qui a été découvert
peu d’années avant 1780, à Ponté, dans le
Canavois, .à cinq lieues de Turin.
On trouve à Buflolin, dans la vallée de Sufe, un
marbre vert approchant du vert antique. .
On trouve auffi, non loin d'Alexandrie, à Gaf-
fino, près de la Superga, un marbre gris de la nature
de la.brèche.
Près de Mergozzo, au bord du lac Majeur ±
font des carrières de marbre primitif, veiné de gris
noirâtre, dont la cathédrale de Milan eft conf-
truite.
On trouve à Sainte-Catherine, dans l’île d’Elbe
une carrière abondante de marbre blanc, veiné de
vert noirâtre.
En Sicile, on trouve plufieurs marbres : le plus
beau eft d'un rouge foncé, mêlé de blanc & d'ifa-
belle : fes couleurs font très-vives, & difpofées par
grandes taches longues & carrées.
Le marbre primitif de Paros fe trouve non-feulement
dans l ’île de ce nom, mais encore dans
celles de Naxos & de Tinos.
En Efpagne, comme en Italie & en Grèce, il y a
des collines entières de marbre blanc. On voit
près d'Alméria , ville maritime du royaume de
Grenade, une montagne que Bov/les décrit ainfi:
|§ Pour fe former une jufte idée de cette mon-
» tagne, il faut fe figurer un bloc de marbre blanc,
» d’une lieue de circuit & de deux mille pieds de
99 hauteur, fans aucun mélange étranger. Le fom-
» met eft prefque plat : on y découvre le marbre
» en plufieurs endroits, & l’on voit qu’ il n’é-
» prouve aucune altération des injures de l’air......
». Il y a un côté de cette montagne coupé prefque
» à p ic , qui paroît comme une énorme muraille
» de mille pieds d'élévation, toute d’une feule
» pièce, où la plus grande fiflure n'a pas fîx pieds
» de longueur, & à peine deux lignes de largeur. »
Aux environs de Molina, on trouve un marbre
couleur de chair & blanc'} un autre qui eft rougeâtre,
blanc & jaune , dont le grain eft auffi beau
que celui du marbre de Carrare.
Le marbre de Naquera, près de Valence, fe
trouve à fleur de terre, en couches qui ont peu
d’épaiffeur, mais beaucoup de Tolidite 3 il eft d’ un
rouge obfcur, orné de veines capillaires noires,
qui lui donnent une grande beauté.
Dans le Guipufcoa , & dans Ja province de
Barcelonne en Catalogne, on voit des marbres
femblables au ferrancolin.
Il y a fûrement en Afie encore plus de marbres
qu’en Europe j mais ils font peu connus.
Le doéteur Shavr parle d’un marbre arborifé du
Mont-Sinaï, & d’un autre qu’on tire près des
bords de la Mer-Rouge.
. Chardin dit qu’ il y a plufieurs fortes de marbres
en Perfe, du blanc, du noir, du rouge, & d’autres
qui font mêlés de blanc & de rouge.
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