
d’après elles s’éteignent & s’évanouiffent fubite-
menc, en laidant'après elles une étendue l'ombre
& uniforme. Bientôt ce forabre efpace s’éclaire &
.s’illumine de nouveau pour s’éteindre encore, &
ne laiffer que le même fond obfcur. & ténébreux.
Dans certaines nuits elles s ’élèvent en valtes colonnes
, qui d’un côté préfentent le jaune le plus
charge, tandis que l’autre, par des ombres graduées
j le confond avec le firmament. En général,
elles ont d’une extrémité à l’autre un mouvement
de tremblement qui dure jufqu’à ce qu’elles s’é-
vanouiflent. Souvent elles fe teignent de fang, &
prennent l’afpeèt le plus terrible : c’eft alors que
les fages des campagnes deviennent des prophètes,
& fèment parmi le peuple les terreurs de la
guerre, de la pefte & de la famine.
Les Anciens les nommoient trabes, bolides, fuî-
vant leurs formes de poutres enflammées ou de flambeaux
allumés. Il paroit que , dans les tems an ciens
, ces phénomènes étoient rares, & peut-être
parce que les peuples obfetvateurs étoient plus
éloignés du nord, qui en paroit être le foyer.
Depuis Plutarque jufqu’au fiècle dernier, ils ont
paffé pour xies préfages d’ événemens défaftreux.
L’imagination craintive fe figuroit y voir des combats
en l’air, des guerriers menaçans * rangés en '
efcadrons réguliers de bataille, & combattant fur
les nuages.
En 1715 & 1716 elles parurent avec un grand
éclat, môme à la latitude de la France. Les physiciens
y firent attention } mais depuis, le phénomène
a perdu fa nouveauté & fan caractère impo-
fant, & ne frappe plus que les peuples du Nord.
Vaurore ‘boréale eft -aufli commune en Sibérie
qu’en Europe, & préfente ordinairement les mêmes
changemer s de formes & de couleurs : il y en •
a cependant d’une efpèce particulière, qui paioît <
régulièrement entre le nord-eft & i’e it, comme
un arc-en-ciel lumineux, avec nombre de rayons
de lumière. Sous la courbure de l’are eft une teinte
fombre Scténébreufe, fur b fond de laquelle cependant
les étoiles brillent avec un certain éclat.
Il en eft une autre efpèce : elle commence par
certains rayons ifolés , dont les uns partent du
nord, & les autres du nord-eft; ils augmentent
peu à peu, jufqu’ à ce qu’enfiu ils rempliliènt tout
le c ie l, & jettent une lumière très-vive & très-
variée en couleurs. Les phénomènes qui l’aeè osi-
pagnent , frappent d’horreur les fpedtateurs, par
“le craquement, les éclats, le fifflement , dont un
vafte feu d’artifice n’ eft qu’ une foible imitation.
Tous les animaux en font tellement épouvantes,
que les chiens des chaffeurs les plus aguerris au
bruit- des armes fe jettent ventre à terre;' & y
reftent fans mouvement jufqu’à c e que la caufe de
leur effroi cefTe.
Dans le Groenland, le long hiver eft un peu
égayé par l ‘aurore boréale , qui forme là le fpeéta-
cle que nous avons décrit ci-devant, à l’article
des I l e s S c h e t l a n d : outre c-ela, on a remarqué
ici qu’elle ietèït des rayons d’un grand éclat, St
extraordinairement agités dans la f^ifon du prin-
tems Se vers 1e terris de la nouvelle lune , où ces
phénomènes font les plus appareils.
Dans la baie d’Hudfon on jouit à peu près dij
même fpçdticle. La nuit eft éclairée par 1*aurore
boréale , qui répand mille St mille couleurs différentes
St variées fur toute la voûté du firmament.
& que la. fplendeur même de la pleine lupe n’ ef-
face pas ■: alors les étoiles font d'un rouge enflammé.
A u r o r e ( lie ). Cette île eft une de celles qui
compofent le groupe des Nouvelles-Hébrides. Sur
la bande noni-ouell, la côte forme une petitp
baie ; mais lafonde ne rapporte pas moins de quatre
vingts brades d'eau , fond d'un béai) (M e
brun, St à un demi-mille de ia grève. Il eft'a croire
cependant que plus près de la terre il y a moins
de profondeur, & un ancrage fûr. Cette terré
s'étend l'efpace de onze lieues ; elle n'a pas plus
de deux lieues ou deux lieues & demié de largeur
; elle eft allez haute : la furfacé en eff mon-
tu ufe , Se depuis les bores de la mer jufqu’au
fômmet dqs montagnes , î'ile entière paroït couverte
de bois, Sc tomes les vallées y font coupées
St abreuvées deruiffeaux. Son afptâ eft dès plus
agréable : on y voie une belle grève, St la végétation
la plus abondante qu’on puifié concevoir.
Des tirerons & des lianes s’entrelacent aux arbrqs
i!ies plus élevés, & forment des guirlandes 8f dés
i' fcftoiis qui embelliffent lafcène. ( Voyez, pour les
| produirons & le çataélère phyfique & moral dqs
infuiaires, le mot H é b r id e s (Nouvéllès).)
[ AUSON, village du département du Gard ,
arrondiftemenr d’Alais. Près de ce vil âge eft une
fontaine qui répand une forte odeur de foré d,e
foufre ; l’eau cependant en eft.claire St fraîche’,
& fort d’un grand & large baflin : IJ s’élève tops
les matins , a la fur face de cette eau, une efpèce
d’écume blanchâtre, qui s’épaiffit & fp durcie
comme du foufre ordinaire. On s’én fert à Aufcm,
qui n'en eft pas éloigné faux mêmes pfages que du
véritable foufre, Se furtottt pour guérir lés,mglj-
dies cutanées dés troupeaux. Depuis un certain
nombre d’années, les habitans de çe lieu ont’qom-
mencé à boirede ces eaux en été; elles ont à pqu
près lès mêmes propriétés que celles d'Euzet «u
Youftt dans le ci-deyant diocèfe d’I zès, ç'efi-
àfdire, qui lies lotit bonnes pour les maux (Je poitrine
; l’afthfn.e &'la phthifie, fur 19« lorfque ces
maladies n ont pas fait epeore certains progrès •
elles purgent aufli par les urines, & fondent quelquefois
de gros graviers & de petites pierres.
,AE?STP>ALES (Terres’). Deppis quelques apnées
on a fait de nouvelles tentatives pour ab.op-
jdèr aux terres avfirales , & 1 on en a découvetc
quelques points a^rès être parti, foit du Cap de
Bonne-El*pérânce, foit de l’Ile-de-France ; mais
<&s nouveaux voyageurs ont également trouvé
des brumes, de la neige & des glaces dès le 46e.
& lé 47e* degré’ 5 ils s'accordent tous fur cê fait ,-
que l’on rencontre eonftammenc des'glaces à des
latitudes beaucoup moins élevées- que dans l’hé-
mifphère boréal ; ils ont auflî tous trouvé des hommes
à ces mêmes latitudes, ou ils ont rencontré1
des glaces, & cela dans la faifon même de l’été de
ces climats. Il eft donc très-probable qu’au-delà
du yoe. degré on chercherok en vaini des terres-
tempérées dans cet hémifphère auftral, où la
maffe des glaces s’eft étendue beaucoup plusloi'V
que dans l’hémifphère boréal. La- brume eft un
effet produit par fa préfence & le voifinage des1
glaces : c’eft un brouillard épais, une efpèce de
neige très-fine qui flotte dans l ’air, St qui le rend
froid & obfcur; elle-accompagne foiwent les grandes
glaces flottantes, & elle eft perpétuelle furies
plages-encombrées de glaces.
• Les Anglais ont .fait tout nouvellement le tour
de la Nouvelle-Hollande &- de la Nouvelle-Zélande
: ces terres font d’une étendue pîusi grande
que l’Europe entière. Celles de la Zélande font
divifees en plufieurs îles ;• mais la Nouvelle-Hollande
doit plutôt être confîdérée comme une partie
du continent de l’Afie, que comme une île
du continent auftral, car elle rr’eft- féparée que par
un petit détroit de la terre des Papous ou- Nouvelle
Guinée, & tout l'archipel qui s’étend, depuis
les Philippines -vers le fud , jufqu’à la terre
d'Arnhem dans 1-a Nouvelle-Hollande, & jufqu’à-
Sumatra & Java vers l’occident &. le midi, paraît
autant appartenir à la Nouvelle-Hollande qu’au
continent cie l’Afie méridionale.
: M. Cook à non-feulement donné la carre des
côtes de là Nouvelle-Zélande & de la Nouvelle-
Hollande , mais il a’ encore reconnu une grande
étendue de mer dans la partie auftrale voiline de
l’Amérique ; il a parcouru un grand efpace fous-
le 6ce. degré farts avoir rencontré des terres. Sa
route démentie que s’il exifte des terres dans- ces
parages immeiifes, qui ont plus de deux mille
lieues d’étendue , elles font fort éloignées du
continent dt l'Amérique.
fl ré fuite aufli de ce que nous a appris le capitaine
Cook, que la furface de l’hémiiphère auftral
piefente beaucoup moins de terres;que' celle
de l’hëmifbhère boréal. Cette -différence paroic;
avoir contribué à ce que ce premier hémifphère
fott plus froid que le dernier; aufli trouve-t-on
des glaces, dès le 47e. & le yo67. degré dans les-
mers auftialés, au lieu qu’on n’en rencontre qu’à
20 .degrés plus loin: dans rhémifphère boréal. On
voit d’ailleurs que prefque tout eft mer fous le
cercle polaire antàrÂique : entre le cercle' polaire
a-rétique & le tropique du Cancer il y a beaucoup
plus de terre' que de mer, au lieu qu’entre l'e cercle
polaire antarctique & le tropique du Capricorne
il y a-peut-être douze fois- plus de mer que
de terre. Àifîfi cet hémifphère auftral a en de totie
tems une difpoficion fort grande à devenir plus,
froid que le nôtre, en-fe bomantrà fiqqrofer que
le principe du réfrcfldilfement local qu'epi tnivent
certaines contrées de la terre, vient des maff-s de
glacés qui peuvent- s’y former & y prendre de
l ’sccroinement'. 11 n’y a- donc pas d’apparcncS
qu’ air-dëià du yoe. degré l’on y »trouve jamais des
terres renvpérées, où les habitans puilfent.y vivre
heureux. Il eft certain aterefte, que les glaces ont
envahi1 une plus-grande Calotte fous 1er pôle auf-
trâl, & que cette eif conférence s’étende beaucoup
pltis loin que- celle des glaces dit pôle arétique.
Il nous refte à faire connaître ces vaiies contrées,
fok relativement à leurs* produ&ions, (oit
,àü‘x moeurs & à la manière-de vivre de fes ha-
bi!ta?!is.
Par la relation de Qu-iros on voit que les Indiens-
«d*une île fituée à treize degrés de latitude fud ont
à peu près- les- mêmes moeurs que les Otaïtiens ;
qu’ils font blancs, beaux & bien faits ;, que les
femmes font fort blanches-, & vêtues de la ceinture
en bas- d’ une fine natte de palmier, & d'un
petit manteau de même tiffu fur les- épaèles.
Sur- la côte Orientale de la NouvellêvHoîlsnde,
que QuirOs appelle Terre du Saint -Efprit s il die
avoir vu des habitais de trois couleurs, les uns
entièrement noirs, les-autres fort;blancs, à cheveux
& à barbes rouges, &• les autres, mulâtres';
ce qui l’étonna fort', & lui parut un indice de lar
grande étendue de cette contrée. Les foupçons de
Quiros ont été confirmés depuis par fes nouvelles»
découvertes du grand navigateur €ock. L’on fait
maintenant que cette contrée eft aufli grande que
l’Europe entière. Sur la même cô te , Quiros vit
une autre nation déplus haute taille & d'une couleur
plus grifâtre ; avec laquelle il né fut paspof-
fible de conférer.
Ab;el Tafmaiî trouva dans les terres voifines
d’une baie de la Nouvelle-Zélande, à 40- degrés
yo min. de latitude fud, & à L91 degrés 41 min.
de longitude , des habitans qui a voient une voix
rude & une grofle taille : ils-étaient d’une couleur
entre le brun & le jaune; ris avoient- lies, cheveux
noirs, à peu près aufli-longs & aufli'épais
que ceux des Japonnois. Le milieu du corps était
couvert de nattes pour les uns , de toiles de coton
pour les autres; mais le refte étoit entièrement
nu.
La taillé des habitans de la Nouvelle-Zélande ,
füivanc les ohfér votions plus récentes de M. Cook,
eft en générai égale à celle des plus grands Euro* -
péens : ils ont les membres charnus, forts & bien
proportionnés , mais ils ne font pas aufli gras que
les oififs-infulaires de la mer du Sud ; Ils font alertes,
vigoureux & adroits des mains. Leur teint
eft en general brun : il y en a peu qui l’aient plus
foncé que celui d’un Efpagnol qui a été expofé
au- foleil, & celui du plus grand nombre {’eft
.beaucoup moins. Ceci #’ eft. pas-étonnant , puifque