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prairies verdoyantes, mais qui ne préferitent en-
fuite que des rochers graniteux & fchifteux; eiies
finifi'ent par verfer leurs eaux dans la rivière du
L o t , q u i, dans Ton cours, trace les limites du
Rouergue & de l'Auvergne.
Gn trouve à Teft-fud-eft du Cantal une grande
plaine haute, qui fe prolonge dans le Rouergue
6c le Gevaudan. La partie qui appartient à~ {^Auvergne
porte le nom de Planète. On voit aifément,
•lorfquon la parcourt, qu'elle n'eft qu'une luite
de la plaine haute dont nous avons parlé ; mais ce
qui la diftingue particuliérement, c'eft qu'elle eft
recouverte par les courans de laves que les montagnes
du Cantal, qui la bordent à l'oueft > y ont_
verfés.
La vallée du Lioran eft la feule qui defcende à
•l'eft du Cantal. Cette vallée prend fon origine pré-
cifément à l'extrémité de la vallée de C è r e , &
elles ne font féparées que par une petite colline
placée entre les deux groupes du Salers & du
^Cantal. On voit couler dans ces deux.vailles des
rivières confidérables, la Cère & l'Alagnon : la
première fe jette dans la Dordogne ; la fécondé ,
après avoir parcouru le Lioran à l'eft, fe réunit à
la Bleile, & gagne la Limagne pour fe joindre à
l ’Ailier.^
La Haute-Auvergne ne finit point au Cantal ni
aux vallées qui en recueillent les eaux : il y a encore
au-delà une étendue de pays d’environ quinze
lieues de circuit, dont la polîtion eft entre le midi
& le couchant. Ce pays eft coupé de vallons, dont
les eaux vent fe perdre en partie dans le L o t, 8c
en partie dans la Dordogne.
, Nous nous fournies attachés à donner, dans
cette defcription fuccinte de la Haute-Auvergne,
une idée des principaux malfifs qui s'y trouvent,
& des vallées qui les coupent en différens fens,
fuivant les pentes. On a dans cette courte defcrip-
tion un apperçu de 1 hydrographie de cette partie
de Y Auvergne., & on peut juger par-là de la quantité
d'eaii que recueillent & que verfent toutes
ces montagnes. Si l'on comparoir leur étendue
fuperficielle à une égale étendue de plaine, il fe-
roit facile d’ eftimer la différente quantité des eaux
courantes que fourniffentTes pays de montagnes
& les pays, de plaines.,, à en juger par les canaux
:de difiribution où ces eaux circulent avant d'aller
joindre les rivières.principales.
i Les pays de montagnes font les réfervoirs des
vapeurs & des exhahifons qui flottent dans Tat-
mofphère, par la raifon que le&fommecs elevés
les fixent fous les formes de nuages, & les font
réfoudre en pluie : d’où réfultent ces grands amas
d'eau,.qui font les fources des principales rivières
auxquelles les montagnes à’Auvergne donnent
naiffàoce : auffi rencontre-t-on à chaque pas de
ces. fources, de ces épanchemens d’eau , qui ne
font vifiblement que les produits des pluies; &
ces fources font d’autant plus abondantes , d’autant
plus fréquentes, que ces Commets font plus
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couverts de productions volcaniques qu'on trouve
diftribuées par couches, & au milieu defquelles
l’eau eft retenue, & circule plus aifément que
dans les malfifs de granit.
En parcourant un circuit d'environ trente à
quarante lieues , on rencontre environ une vingtaine
de rivières, parmi lefquelles j’en diftingue
huit très-confidérables : à l ’oueft, la Dordogne,
la rivière de Saint-Thomas, ceile de Vendes} au
midi, là Jordane, la Cère & la Thruyère > à l’eft ,
l ’AUagnon, & enfin, au nord, laSiouie.
Ce qui rend ces rivières confidérables , c’eft le
grand nombre de ruiffeaùx, de correns & même
de fources dont elles recueillent les eaux, donc
le cours eft fort accéléré par les pentes des montagnes
du premier 8c du fécond ordre, 6c furtout
vers les principale^ fources. On doit bien penfer
que le premier ufàge qu’on fait de ces eaux élevées
8c abondanteseft de les employer à l’arro-
fement des différentes fortes de pâturages & de
prairies qui fe trouvent fur les montagnes.
La plupart des fources 8c des épanchemens
d’eau font peu profonds, & il eft aile de.reconnaître,
par l'examen du fyftème de diftributiôn
8c de circulation des eaux, qu'elles font le produit
des pluies^ D ailleurs, la plupart des fources
abondantes ont leurs réfervoirs multipliés à la
furface & dans les fentes des granits, ou bien
fortent de deffous les courans de laves, qui les
recouvrent fouvent pendant une ou deux lieues ;
enfin, ces épanchemens d’eau primitifs font plus
ou moins abondans, fuivant que k s pluies tombent
plus ou moins abondamment fur ces montagnes.
Les fontaines des hautes montagnes donnent des
eaux très-claires & très-limpides, parce qu'elles
traverfent les fables , débris des granits , ou bien
les courans de laves, où fe trouvent des amas de
feories réduits en poudre.
Vents , météores aqueux.
L'atmofphère de la Haute-Auvergne eft en générai
froid 6c fec ou bien froid & humide, fuivant
les faifons ou les états de l'air. A un ciel beau,
ferein, & toujours un peu froid , fuctède un ciel
nébuleux, couvert de brouillards, & toujours
froid. On éprouve affêz fubicernent ces variations
de l atmofphère , qui font concentrées, fur certaines
parties des Commets, 8^qui ne s’étendent pas
même fouvent fur les demi-hauteurs.
Quoique l'air foit humide fur les hauts Commets
des monts D.or, du Cantal 8c de Salers, fur la
haute plaine de la Planèze, fur le large plateau
qui fépare le Cantal des monts D o r , fur le plateau
du Puy-de-Dôme , cette humidité de Latmofphère
ne contribue pas à relâcher les corps, cornmé elle
le fait dans la Limagne, atufi que dans les plaines
baffes qui y communiquent.
Les. v^n-ts qui régnent dans la Haute-Auvergne
font
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Pont pour la plupart très-forts 8c très-vioîëns,
particuliérement fur les Commets & dans certains
paflages étroits ou gorges , qui forment la communication
d’une grande plaine ou plateau à une
plaine à mi-côte. Ces vents fouflent ordinairement
dans une grande étendue à la fois; mais j’ai remar-
ué fouvent qu’en m'élevant fur les différens or-
res de montagnes, je rencontrois fur les fommets
élevés, des vents totalement différens de ceux qui
régnoient dans les régions baffes. On trouve dans
ces trajets, des vents oppofés : l ’un inférieur, venant
de l’eft, & froid j l ’autre fupérieur, venant
du fud-oueft, & fort tempéré, i
' Souvent les vents d’oueft ou de traverfe amènent
des nuages qui couvrent les montagnes , &
qui s'abàiffent jufque fur les plaines hauces, qui
refident pour lors dans les brouillards, & jouif-
fent du bénéficé des pluies pendant que la Limagne
refte fans pluie, & continue à jouir du beau
tems ou bien à être défolée par la féchereffe.
On ne diftingue guère que trois faifons dans la
Haute-Auvergne hiver', qui dure fix à fep.t mois;
Tété & l’automne : 1 hiver'coinmeficè ordinaire^
ment vers la fin de. feptembre. -Les, vents d'oueft
ui régnent le' plus Tréqüemïhen’t pehdant le cours ;
e l’année, commencent pour lors à fou fier, vers
la fin de feptembre, avec plus de violence &c de
durée ; ils amènent une grande quantité de'nuages
qui groftîffènt & s’abaiffent'de plus en plus,
& finiffentpar couronner les montagnes des pfe- î
mièrés-ftèiges j ils ofcillênt enfuite vers le fud &
vers le nord; ils laiffent quelques beaux jours en
ôâob re , 8c ramènent les pluies ou les neiges en
novembre.
. Les vents de nord & de nord-eft fuccédent dans
les mois de décembre, .& pour lors Tatmofphère
eft fec & froid : lorfque ces vents traverfent les
lieux couverts de neiges & de glaces, ils entretiennent
un froid fort v if dans la Haute-Auvergne.
Tant que ces vents fubfiftent, il .gèle ; mais fi les
vents paffent à I’oueft ou au fud , on a, vers h fin
de janvier, des pluies douces & abondantes, avec
des brouillards,: les neiges ne fondent cependant
guère que dans les régions les plus baffes,
/, Vers la mi-février les vents tournent au fud &
au fud-eft y .■ & ne reviennent au fud-oueft & à
Toueft qu’ à la fin de février & au commencement
de mars le nord & l’eft reparoiffent par intervalles.
Comme :à;peu :près ce mêmeTyftème, dans
laffuccefl.îon..des vents, a lieu .en mars 8c en avril,
ces mois font froids par intervalles.
Dans le mois, de mai les vents montent à l'eft-
nord-eft, enfuite*fe-portent à l ’e ft, puis à Teft-
fud-eft : c’ eft particuliérement l’étendue de cette
région qu’ils occupent; aülfi la température qu’on ■
reffent dans la Haùte-AüVérgiie y eft mêlée Tu ccef-
fivement, & ;affez rapidement, ; de Chaud & ’ de
froid : ce font cés chaleurs qui commencent à délivrer
les montagnes des neiges ou du moins à les
Géagrapkie-Phyjique. Tome II.
dégeler un peu , 8c à leur rendre une première
verdure.
. Ce n'eft guère que vers la mi-juin que les chaleurs
un peu confiantes commencent à régner, 8c
que les fommets des montagnes, qui avoient conr
fervé la neige depuis le commencement de l'hir
v er, achèvent de s’en débarraffer ; mais les. nuits
font encore froides jufqu'à la fin de mai & à la mi?
juin. Les rofées du matin font très-abondantes
dans les vallées adoffées aux groupes des montagnes
au commencement de juin. Depuis cette époque,
toutes les traces de l ’hiver dilparoiffeiK : le
vent s’établit à l ’eft pour ne plus foufler que de
cette bande pendant la plus grande partie de l ’é té ,
-8c les pluies ne Te montrent que par quelques intervalles
de courte durée ., 8c par le vent d’oueft
ou bien à la fuite des orages. ■'
C ’eft furtout fur les montagnes qu'on peut fui-
vre plus en détail les progrès de l'accumulation
des nuages qui viennent former un orage : on les
voit arriver.de loin, & fe réunir fur un fommet
qui devient le centre de la nuée, avec un bruit qui
retentit dans k s vallées voifines, &qui effraieto.it
ceux qui n’y feroient pas accoutumés. Les vachers
qui font charges de la garde des troupeaux font
fort attentifs aux premiers lignes de ces orages,
8c ils tâchent d'en prévenir les effets en ralïem-
blané leurs troupeaux dans les parcs.
Dès que le.mois de feptembre éft arrivé, après
jes chaleurs vives de la canicule, 8c furtout après
de grands orages, on jouit' dans les montagnes
d’un ciel doux & tempéré. Les vents d’eit & de
fud-eft reviennent encore ; mais les rolées commencent
à fe montrer , font de plus en plus abondantes
, & même apiès quelque tems plus froides,
à mefure que les nuits font plus longuss ; enfin ,
: lès gelées blanches amènent les pluies dans les montagnes
comme partout ailleuis, & ces pluies re-
froiditient confidérablement l’atmofphère. Après
ces pluies, l ’eau qui tombe dans les ihontagaes eft
de. Ja neige , q u i, lorfqu'eüe gèle la nuit, refte
quelques jours, & oblige fouvént ies beftiaux à
defeendre & à quitter les pâturages élevés ; tuais
fi elle fond, le mois d’octobre eft encore fuppor-
table fur les hauts fommets ou les fômmets du fécond
ordre.
Outre les vents généraux, dont je viens de parler
& d’ indiquer la marche & les effets les plus
ordinaires, il y en a d ’autres, qui fouflent dans
certains tems de l’année , & furtout pendant les
mois de mai & de juin : ce font des brifes , qui
régnent entre le nord-eft & le fud-eft depuis le
lever du foleil jufqu'à midi, 8c qui reprennent:
après fon coucher jufqu’ à dix heuris du foir. Ces
mêmes brifes reparoiffent vers la fin d’août 8c
dans le mois de feptem.br'? ,& ont un cours réglé
à peu près de même que celles du printems.
Dans certaines gorges de montagnes & dans
certaines vallées on éprouve des courans d'air ,
T t t t t