
Canada, mais ils fourni flent les meilleures fourrures
du pays. Les renards noirs font fort eftimés
& fort rares , mais ceux des autres couleurs font
très-communs : il y en a fur le Haut-Miflifljpi, qui
font de couleur d'argent, & d'ailleurs très-grands.
Ils fe nourriflènt d'oifeaux aquatiques.
Le putois du Canada a l'eau de la plus grande
blancheur. La nature ne lui a donné aucun autre
moyen de défenfe que fon urine, qui eft d’ une
odeur infupportable. Lè rat des bois du Canada a
une belle couleur d'argent, avec une queue touffue
j il eft deux fois auflî gros que celui d'Europe :
la femelle a fous le ventre une poche qu'elle ouvre
& ferme à volonté, & quand elle eit pourluivie
elle y met fes petits.
Il y a trois efpèces d'écureuils. Celui qiii a le
nom de volant faute de quarante pas d un arbre à
l ’autre : ce petit animal s'ap.privoile aifement. Le
porc-épic eft un peu au delfous d’un chien de
moyenne taille. Les lièvres & les lapins diffèrent
très-peu de ceux d’Europe; feulement ils deviennent
gris dans l’ hiver.
Il y a en Canada deux efpèces d'ours, l'un rougeâtre
, & l'autre noir ; mais la première eft la plus
féroce & la plus dangereufe : il n'y a rien que les Indiens
ne faffent avec plus de folennité que la chaffe
aux ours, & l’alliance d'un fameux chaffeur d'ours,
qui en a tué plufîeurs en un jour, eft fort recherchée
: la raifon en eft que cette chaffe donne à une
famille de la nourriture & des vêtemens.
Les oifeaux qui dominent dans ces contrées
font des aigles, des faucons, des vautours, des
perdrix grifes, rouges & noires, & des outardes.
Les beccaflines & autres oifeaux aquatiques y font
très-abondàns : on y diftingue vingt-deux efpèces
de canards, auxquelles il faut ajouter un grand
nombre de cignes, d'oies, de farcelles, de poules
d 'e au , de grues & d’autres oifeaux de même
genre. On y trouve des grives & des chardonnerets
5 mais le principal oifeau qui brille pour le
chant eft Y oifeau blanc, remarquable comme notre
roffignol, en ce qu’il annonce le retour du prin-
tems. i 3 '
Parmi les reptiles de ce pays, il fuffit d'indiquer
le ferpentàfonnettes, quieft connu & redouté en
Amérique comme la vipère la plus dangereufe.
Quelques voyageurs penfent que les pêches du
Canada, dans des tems favorables, fourniroient
aux habitans de plus grandes reffources que le
commerce des peaux. Le fleuve Saint-Laurent eft
peut-être le fleuve du Monde qui renferme la plus
grande variété & la plus grande abondance des
meilleures efpèces de poiffons. D ’ailleurs, les autres
rivières & les lacs en font également pourvus.
Mais en général nous pouvons dire que, tant fur
les bords de la mer que dans l'intérieur du pays,
on peut pêcher des loups de mer, des vaches
marines, des marfouins, des lencornets, des plies,
des faumons, des truites, des tortues, des écre-
viffes,des efturgeçns, des archigaux, des dorades,
des thons, des alofes, des lamproies, des éper-
lans, des congres , des maquereaux, des foies ,
des harengs, des anchoix & des pélamides. La
vache marine eft plus grolle que le loup de mer :
elle a deux dents de la groffeur & de la longueur
du bras d'un homme,qu’on peut tourner comme
l'ivoire..,Les marfouins du fleuve Saint-Laurent
donnent beaucoup d'huile, & de leurs peaux on
fait des veftes qui font à l’épreuve des balles de
fufil. L ’efturgeon eft à la fois un poiffon de mer
& d’eau douce, que l’on prend fur la côte du
Canada & dans les lacs ; il a huit à douze pieds de
longueur, & eft gros en proportion. L’archigau
& la dorade font des poiffons qui fe pêchent fur-
tout dans le fleuve Saint-Laurent.
Quelques rivières de ce pays ont une efpêce de
crocodile qui ne diffère que tort peu de celui dii
Nil.O
n y a tranfporté plufîeurs efpèces de quadrupèdes
& d’oifeaux d’Europe, & ils y ont réufli.
Vers la fin de mars le poiffon commence à
frayer, & il remonte dans les rivières en grandes
troupes. Le hareng vient en avril, l’efturgeon &
le faumon en mai. Mais nous devons citer i c i ,
relativement aux pêches de la Nouvelle - E coffe,
la côte du Cap de Sable, le long de laquelle eft une
chaîne continue de bancs de fable, où l'on pêche
la morue.
Quant à ce qui concerne les îles voifines de
l’Amérique anglaife, nous renvoyons à leurs articles.
( Voye^ Terre-Neuve, Cap-Breton &
Saint-Jean. )
ÉTATS- U'N I S DE l' A M-É RIQÜE.
États- Unis du nord.
II. Ces Etats comprennent :
La Nouvelle-Angleterre.
I Vermont.
New-Hampshire.
Main.
MaffachuffetsT'
Rhode-Ifland.
Connecticut.
Nouvelle-Angleterre. Cette contrée eft
fituée entre le 4 1 r. & le 46*. degré de latitude nord,
& entre 1 degré 30 minutes, &8 degrés de longitude
eft de Londres î elle eft bornée au nord par le Bas-
Canada; à l’eft, par la province de Nev-Brunfvrick
& l’Océan atlantique, qui la termine auffi au fud,
t & à l'oueft elle a pour limites l’Etat de New-
Yorck.
Le climat de la Nouvelle-Angleterre eft très-
Fain : il y a beaucoup de vieillards. Les vents
d'oueft, de nbrd-oueft & de fud-oueft font ceux
qui y régnent le plus fouvent ; les vents d’eft &
de nord-eft foufflent le plus fouvent fur les côtes :
ils font pefans & défagréables*
Les
Les vents foufffant des mêmes plages n’ont point
le même caractère météorologique dans l’ Amérique
feptentrionale & en Europe. Dans la Nouvelle
Angleterre les vents d’eft & de nord-eft font
pefans & défagréables, c’ eft-à-dire qu’ils ont le
caractère des vents d’oueft d’Europe, lefquels à
leur tour, & particuliérement le fud-oueft , font
pluvieux en France. La caufe de,cette différence
■ eft facile à concevoir; elle dépend certainement
de la Situation relative des mers, par rapport aux
continens. Le vent d'eft & de nord-eft eft un vent
de mer pour l'Amérique & ce vent, au contraire,
ne fouffle en Europe qu’après avoir parcouru un
vafte continent. Le vent d’oueft & de fud-oueft
apporte en Europe les vapeurs de l’Océan & de
la Méditerranée ; mais il eft pour l’Amérique feptentrionale
un vent de terre auffi fec que le nord-
eft doit l’être en Europe, parce qü’ il ne leur arrive
qu’après avoir traverfé tôut.le continent de FA-
mérique feptentrionale.
Le tems, dans la Nouvelle-Angleterre,quoique
plus variable qu’en Canada , l'eft fenfîblement
beaucoup moins que dans les Etats du centre, &
furtout que dans peux du fud. Le thermomètre de
Réaumur varie depuis 9 degrés au defious de la
g'ace, jufqu’à 30 au deffus de z é ro , c ’eft-à-dire,
depuis 20 degrés de Farenheit au deffous de la glace,
jufqu’à 100 au deffus; & la moyenne de la température
eft de 48 jufqu’ à 50 degrés, c*eft-à-dire,
7 & demi & au deffus du thermomètre de Réaumur.
L’atmofphère eft habituellement d’ une féche-
refle remarquable, & l’on attribue à cette circonf- *
tance la facilité avec laquelle on y fupporte les
grandes chaleurs.
Il tombe annuellement dans cette contrée quarante
deux pouces d’eau, tandis qu’en Angleterre
il n’en tombe que vingt-quatre, & en France, que
dix-huit. Cependant on s’y plaint plus de la féche-
reffe que dans les contrées de l’Europe. L ’hiver
commence ordinairement au milieu de décembre,
& les beftiaux font nourris dans les étables, depuis
Je 20 novembre jufqu’au 20 mai, dans les contrées
feptentribnal.es de la Nouvelle-Angleterre, & un
peu moins long-tems dans les méridionales. Dansv
ce pays on à obfervé des gelées légères tous les
mois , pris fur différentes années.
La Nouvelle-Angleterre eft un paj's inégal,
montueux & fort élevé au deffus du niveau de la
mer ;' cependant les montagnes n’y font pas hautes,
& la direétion de leurs chaînes fenfîblement parallèles
paroït affez conftamment du nord au fud.
Les vallées qui varient en largeur, depuis deux
milles jufqu’ à vingt, font traverfées par de fort
grandes rivières où viennent fe joindre de nombreux
ruiffeaux.
Les inégalités du terrain , dans celles de ces
grandes vallées qui font encore couveftês de bois
épais, préfentent du fommet des montagnes un
fpeétacle qüi, aux yeux d'un naturalifte inftruit,
annonce le travail des eaux courantes. Il n'y a que
Géographie-Phyjîque. Tome IL
les ignorans qui peuvent y vo ir , d'après les idées
de Buffon, les effets d’une mer orageufe. En général
le fol des ^allées eft gras & productif; les
plaines du voifînage de la mer font fablonneufes.
Plufîeurs montagnes offrent de grandes reffources
aux cultivateurs, pour un grand nombre de productions
, par la variété des abris : on voit de ces
montagnes q u i, dans ces circonftances, font cultivées
jufqu’ au fommet.
Les grandes rivières de la Nouvelle-Angleterre
font, la Penobfcct, laKenebeck, l ’ Amerifcoggin, la
SucOj la Merimack, la Connecticut 3 la Houfatonick
& la rivière d’ Onion.
Les prairies font une très-grande partie de la
culture de la Nouvelle-Angleterre : prefque tous
les bords des ruiffeaux nombreux qui fe jettent
dans les rivières principales des vallées, font garnis
de riches prairies. Les terrains plus élevés produi-
fent des trèfles & des pâturages excellens : auffi
là Nouvelle-Angleterre fournit-elle les plus beaux
beftiaux de l ’Amérique feptentrionale; caron a
tué des boeufs dans Rhode-Ifland & ConneClicut,
qui pefoient jufqu’à deux mille cinq cents livres.
L’éducation des .moutons devient chaque jour
l’objet des habitans de ce pays.
VERMONr . Les bornes de l’Etat de Vermont
font, au nord, le Bas-Canada; à l’eft, la rivière
de ConneClicut ; au fud, Maflachuflets; à l’oueft,
l’Etat de New-Yorck. Les montagnes vertes,,
dont le pays tire fon nom, le féparent en deux
parties prefque égales.
La ligne des montagnes vertes fe prolonge à
diftance à peu près égale, c’eft-à-dire, de vingt à
trente milles entre le lac Champlain & la rivière
de ÇonneCficut. Les parties les plus élevées con-
fervent de la neige jufqu’au mois de mai, quelquefois
en juin, pendant que leur pente du côté
de l’oueft eft couverte d’arbres toujours verts.
La neige tombe quelquefois dans ces contrées
dès le commencement de novembre ; mais ce n'eft
que vers le 10 décembre qu’elle couvre la terre
d ’une manière permanente, 8ç empêche la gelée
de pénétrer à une grande profondeur. La neige
fond au retour de la faifon & au mois d’avril, &
pour lors les progrès de la végétation fe montrent
d’une rapidité furprenante.
Les rochers font auffi rares dans l’Etat de Ver-
mont, que les montagnes & les collines y font
communes. La culture ne s’étend guère à une grande
diftance des rivières; ce qui prouve que la température
néceffaire à la végétation ne fe trouve
a&uellement que dans le fond des vallées. C ’eft
cette considération qu'il ne faut pas perdre de
vue fi. l’on veut prendre une idée générale de la
température des contrées de l'Amérique feptentrionale,
à mefure que la culture & la population
y prennent des accroiffemens fucceflifs.
NEyv-HAMPSHiRE. Cet Etat eft borné au nord
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