
En revenant de Tivoli à Rome, j’ài revu avec
foin toutes les carrières de travertin en dépôts
horizontaux affez fuivis. Les premières couches
font en differens états de deftruétion, & paroilfent
avoir été primitivement formées par les eaux fous
forme de ftalaétites. Ces couches ne fe prolongent
point vers Tivoli , & après un certain intervalle
elles fe retrouvent dans des collines fort éloignées
de cette ville.
C ê ft l’Acqua-Zolfa qui dépofe ces grains fans
liaifon, où font ces vides femblables aux ruches
des abeilles j mais la pierre paroît plus fondue.
Les ondulations, les tuyaux de ruches, & c.
font moins fenfibles dans les couches inférieures,
qui ne fe trouvent pas à plus de quinze pieds de
profondeur, du moins dans les fouilles où ^excavation
ne s’étend pas plus avant.
Quelques obfervateurs ont penfé que tout le
travertin qu’on rencontre fur le chemin de Tivoli
à Rome , devoit fon exiftence aux eaux foufrées.
J’aurai occalîon de montrer par la fuite dans quelles
circonftances doivent fe trouver ces eaux pour
opérer des dépôts d’ une étendue aufli confidéra-
b fe , 8c d’une qualité de grain femblable à celui
qu’offrent ces couches, furtout a une certaine profondeur,
& avec la diftinétion régulière qu’on y
remarque : c’eft là furtout où le grain ferré du
travertin m’ a paru vifïblement l’effet d’une infiltration
long-tems continuée.
Aux environs du canal du Teverone, précifé-
ment fur la route de Rome , on trouve des amas
de gravier calcaire fous des terres cuites, qui ont
été amoncelées & dépofées bien poftérieurement
à ce dépôt de rivière. Ceci eft une preuve que les
eaux torrentielles ont beaucoup travaillé dans la
plaine de Rome, & que les matières cuites &
tondues y ont été difperfées à une époque plus
récente, particuliérement dans les parties voifines
des vallées du Tibre & du Teverone.
Jl me refte à parler de la confluence de ces deux
rivières. C ’ eft à la Cafcata que l’Anio fe réunit
avec bruit au T ib r e , à une diftance prefqu’égale
de Rome & Guibileo. Je ne puis quitter cette
rivière fans revenir à la qualité pétrifiante de fes
eaux., & annoncer définitivement les foupçons
qu’elle m’ a fait naître d’avoir contribué , pour fa
part, i la formation du travertin. ( Voye^ l'article
T r a v e r t i n . ) ;
J’ai eu occafion de fuivre la culture des environs
de T ivoli ; ce qui m’a fait connoîrre en même tems
celle de la plaine de Rome. La charrue de Tivoli
eft un fimple foc qui ouvre la terre. Après fdn
travail on cafte les mottes 5 ce qui fait une double
opération néceflaire pour ameublit le terrain. C e lui
qui tient le manche marche deflfus le train pour
enfoncer plus avant la pointe du foc. Des effaims
de travailleurs fe difperfent, en certaine faifon,
dans la plaine des environs de Rome, & y •'cultivent
les jachères des années précédéntes, lesquelles
font remplies d’ herbes 8c infe&ées de chiendent.
Après les travaux de la journée, ces cultivateurs
fe retirent fur les hauteurs à Tivoli ou à Frafcati.
lis ne reftent pas pendant h nuit à côté de leurs
cultures, dans la crainte d'être pris du mauvais air
qui y règne pour lors, du moins on le croit. C ’ eft
cette crainte qui^empêche les propriétaires d’y
établir des habitations fixes. Dans les endroits
élevés au deflus de la plaine, où l'on n’a plus cette
crainte du mauvais air, il y a plus de cultures fui-
vies. On y plante aufli la v igne, qu’on élève fur
des échafaudages de cannes. C ’eft: pour fervir à
cet ufage furtout qu*il y a de grandes cultures de
cannes dans la plaine.
ANJOU , ou département de Mayenne & Loire,
C e département comprend à peu près toute l’ancienne
province d'Anjou. C ’eft pour cela que je les
réunirai l’ un 8c l’autre dans cet article, où je me
bornerai à la fimple potamologie, furtout après
avoir fait connoître à l’ article A n g e r s , qui précède
la partie la plus intéreffante du fol de cette
grande contrée, qui confifte en des carrières d’ardoifes
fort abondantes 8c également curieufes par
les dépôts d’empreintes de végétaux 8c d’rnimaux,
que les feuillets d’ ardoifes nous ont offertes de
toutes parts, 8c qui annoncent un bord de l'ancienne
mer très-intéreffant.
Les principales rivières de Y Anjou font la
Mayenne, la Sarthe, le Loir & la Loire. Nous
allons fuivre leur hydrographie particulière, en
faifant l’énumération de toutes les rivières latérales
qui verfent leurs eaux dans ces troncs principaux.
Ce fera pour moi, dans le même tems,
l’occafion d'annoncer les pentes des terrains qui
ont offert à ces eaux courantes les moyens de fe
réunir 8c d’approfondir leurs belles vallées.
Je commence ces confidérations par la Mayenne,
qui a fon origine aux environs de Mortain, pafle
à Ambrières, Mayenne, Laval, Château-Gontier,
où elle commence à porter bateau, enftiite entre
dans lé département de Mayenne & Loire, & ,
après un cours de cinq cents toifes , elle reçoit
l’Oudon, rivière latérale 8c fecondaire, qui parcourt
une grànde étendue de pays fort plat , & fe
trouve groflie, dans ce trajet, par la réunion des
eaux des trois rivières qui ont leur cours au milieu
de plaines fort étendues ; ce font l’Hommée,
l’Argas, la Ve r fé e , qui n’offrent rien de particulier
dans leurs lits, que la longueur de leurs
embranchemens primitifs. Au deflous de la confluence
de l’Oudon, la Mayenne continue fa marche
uniforme jufqu’à Montreuil-Belhoy, où elle
commence à éprouver quelques ofcillations & des
fubdivifions de fon canal par l'interpoficion de
quelques îles, à l’approche de fa réunion avec la
Sarthe, \àû village d’Ecouflant. C ’eft là que la Sarthe
& le Loir réunis fe rendent dans la Mayenne ,
deux lieues au deflus d'Angers. D’abord la Sarthe
a fa fource à Somme-Sarthe , à deux lieues de
Mortagne, dans le département de l’Orne, atrofe
les villes d’Alençon, de Beaumont, du Mans, de
Sablé j elle eft flottable depuis le Mans.
Quant au Loir, il prend fa fource aux étangs de
l’Abbaye-du-Loir, dans le département d’Eure 8c
Loir , pafle à Illiers , Bonneval, Châteaudun ,
Vendôme, Château-du-Loir, la Flèche & Durerai.
Je dois remarquer que ces deux rivières, particuliérement
à la partie inférieure de leurs cours,
offrent de fort grandes ofcillations , 8c des fubdivifions
au milieu defquelles font des îles fort longues
H fort larges. On peut obferver, furtout
dans deux ofcillations du Loir & dans fa con
fluence avec la Sarthe, des efpèces délies terref-
tresi, qui font modifiées non - feulement par les
rivières principales, mais aufli par des ruiflèaux
latéraux plus ou moins alongés. Enfin la Mayenne,
au deflous d’Angers, a un lit très-uniforme jufqu’à
la Loire, dans laquelle cette rivière tombe fous
un angle aigu, lequel, fuivant mes principes,
annonce une pente combinée entre le nord &
l ’ouefl.
Nous allons d’abord nous occuper de la vallée
de ce grand fleuve , ainfi que des différentes af-
fluentes qui s‘y jettent aux deux côtés de fon
canal.
Depuis Saumur jufqu’à Saint-Florent4e-V ieil,
le lit de cette rivière eft rempli d’iles, parmi lesquelles
je diftinguerai l’ïle Blaifon , puis les îles
des Buiflons 8c de Belle-Poule. Cette dernière,
formée par la confluence de l ’Authion, a un cours
fort divifé 8c alongé dans la direction de la Loire.
J’indiquerai enfuite l’île aux Grands-Champs, les
Grandes-Iles, fermées au fud par le haut & le
bas Louet, & donc la première eft coupée par les
Ponts-de-Cés. Plus bas eft l’Ile-Baffe, fort longue,
& à la tête de laquelle fe trouve l'affluence du
Layon, qui fe jette dans la Loire après trois ofcillations
, à la dernière defquelles contribue la confluence
de deux ruiffeaux, dont celui du Jeu a
huit embranchemens, fur un tronc d’une grande
étendue. En fuivant la Loire, on rencontre Taie
Ménard 8c les îles marécageufes de Boules 8c de
Belle-Croix. La bordure feptentrtonale de cette
dernière île eft formée par l’ affluence de cinq
ruiffeaux.
Nous ferons maintenant l’énumération des rivières
que la Loire reçoit fur la droite , après
l’Authion & la Mayenne dont nous avons parlé.
Au deflus des cinq ruiflèaux comptés ci-devant,
s’en préfentent huit autres, & les.rivières de Rome
& d’Auxences réunies , q u i, avant leur jonction
à la Loire, fuivent les bords marécageux de fa
vallée.
Si nous paffons à la gauche, nous trouverons Je
Thouet & la Dive réunis,.qui fe jettent dans la
Loire au deflous de Saumur. Plus bas on voit Lau-
banci, formé par deux grands embranchemens
réunis à Briffac,& qui fe jette dans la Loire, en face
de Sayennières, après cinq ofcillations affer fortes
entre Sainte-Melaine 8c Mur. Enfin l’Evre, qui
réunit trois grands embranchemens, tombe dans
la Loire au deflous de Saint-Florent-le-Vieil , 8c
forme la bordure méridionale des îles de Boulas
&c aux Bergères. C ’eft plus loin qu’ un ruiffeau,
d’ abord parallèle à la Loire, fortifie par l'affluence
de quatre autres, forme la bordure méridionale
de longs marécages qui côtoient la Lo ire, & qui
s’étendent depuis l’île Boulas jufqu’à Champto-
ceaux.
Je reviens aux pentes du terrain, qui ne peuvent
être ni connues ni déterminées que par le cours
des rivières. Ainfi je vois qu’une partie des pentes
du fol de Y Anjou 8c du département qui corref-
pond à cette ancienne contrée, eft du nord au
fud, avec les pentes latérales de l’oueft à l’eft, &
de l’eft à l’oueft. C ’eft là ce que m’apprennent
d’abord la dire&ion des cours de la Mayenne &
de la Sarthe, 8c enfuite ceux de 1* Ou don & du
Loir.
Je retrouve enfuite, au-delà dè la Loire, d’autres
pentes bien déterminées du fud-oueft ou du
fud au nord, au moyen de quoi la Loire me préfente
un berceau du nord au fud, & du fud au
nord, avec la pente principale de l’eft à l’oueft.
En conféquence je fuis étonné q u e , dans une
Géographie de la France, on ait donné à ce département
une direction du nord-eft au fud-oueft ; qu’il
n’a pas plus qu’une indinaifon fimple de l'eft à
l’oueft,puifque ces pentes ne font indiquées que d’après
le coursdes rivières que j'ai notées ci-devant.
Je le répète : tous ces détails de direction & d’ in-
clinaifon ne peuvent être annoncés d’une manière
aufli obfcure jil faut , pour nous inftruire à ce fujet,
des lignes aufli marquées que les lits des rivières
principales qu’on retrouvera dans la potamologie
qui précède, & à laquelle il convient de fe borner.
j le commerce de ce département confifte en
vins, en lins , chanvres, grains, beftiaux T fau-
mons, alofes, confitures fèches , pruneaux, eau-
de-vie , vinaigre, huile de noix , miel ». toiles ,
blanchifferies de toiles & de c ire, bougies, merceries
, étamines & droguets , chaux, ardoifes ,
mines de fer 8c de charbon de te ire , raffineries de
fucre & de falpêtre, forges & verreries.
Les vins vont à Nantes par la L o ire, & une
partie fe vend à l’étranger : il y en a aufli qui fe
brûlent en eaux-de-vie, qui paffent à Paris par le
canal de Briare. Les carrières d’ardoifes, qui s'exploitent
en grande partie pour Paris, font principalement
à Angers & aux environs. Les mines de
fer & de charbon de terre font dans les commu-
Ines de Courton, de Saint-Georges, & c . Les verreries
à Chenu > les raffineries de fucre à Angers-
& à §aumur j. le falpêtre dans cette dernière ville,
de même que les blanchifferies > les étamines fe
fabriquent principalement à Angers : elfes font d e
i laines fur foie. On y fait aufli des raz ,d e s came—
I lots & d’autres ferges }■ des droguets & des étar-
J raines à Lude , deseroifés à Château-Gontier P de*