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Tousleshabitans des côtes de la m er, foit dans
les pays chauds , foit dans les climats froids , mangent
plus de poiflon que de chair. Les habitans
des îles Orcades , les lflandais , les Lappons , les
Groènlandois ne vivent pour ainfi dire que de
poiflon. Le lait fert de boiflon à quantité de peuples.
Les femmes tartares ne boivent que du lait
de jument. Le petit lait tiré du lait de vache elt
la boiffon ordinaire en Iflande.
ALISÉS (Vents ). Ce font certains vents réguliers
qui loufflent , ou toujours du même côté ,
.ou bien alternativement, pendant certains mois,
d*un c ô té , & pendant d’autres mois du côté oppofé.,
& c . Comme dans cet article , nous em-
braflerons ce grand, phénomène météorique dans
toute fon étendue , que nous.fuivrons fes variations
& leurs, caufes , que nous indiquerons les
zones, du globe que ces vents parcourent, & les explications
phyfiques que d'habiles phyficiens nous
en ont données, & celles que nous avons cru devoir
y joindre pour former un enfemble inftru&if,
nous avons cru- devoir divifer tout ce travail en
trois feétions, La première contiendra tous les détails
qui fë ;trouvent dans l ’ouvrage d’Halley fur
. ces yents. La fécondé , après une expofition méthodique
des phénomènes , renfermera une explication
nouvelle, fubftituée à.celle du phyficien anglais.
Dans la troiffème enfin ,.je déterminerai par
. le calcul l’étendue des différentes zones où régnent
ces vents , les modifications qu’y produit l’aélion
du foleil par fa marche annuelle, & c . -
On pourra trouver des redites, des répétitions,
mais nous n’avons pas cru devoir fupprimer, dans
chacune de ces fe r io n s , des faits qui entrent né-
ceflairement dans les difcuflions quelles renfcr-
, ment.
I. A iisés. ( Vents ). Nous nous attacherons à
fa ire , dans cette feétion , l’hiftoire de ces vents
périodiques, conftans , telle que nous l’avons
tirée des obfervations des gens de mer & des
voyageurs. Il n’ eft queftion ici que des vents qui
régnent fur les différentes parties de l’Océan, car
il y a tant de variation & d’inconttance dans les
vents de terre , qu’on ne peut en rien conclure
rie confiant.
Avant tout, il faut divifer l’Océan en trois grandes
parties } i° . la Mer atlantique 5 i Q. l’Océan
indien 5 30. la grande Mer , ou la Mer du fud &
pacifique : puis il convient de décrire par ordre
les vents qui régnent en général dans chacune de
ces mers.
I. Le vent d’ eft règne toute l’année dans l’Océan
atlantique, 8c de manière cependant qu’ il éprouve
quelques détours vers le fud ou vers le nord , fui-
vant la difpofition différente des lieux. Tel efl
l ’ordre de ces changemens.
i°. Les gens de mer qui habitent le long des
côtes d’Afrique , ©bfervent que quand. ils ont
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fait voile par-delà les îles Canaries , à environ
vingt-huit degrés de latitude nord, le vent fouffle
fortement du fud-efl. Ce vent les accompagne,
dans leur route , vers le fud , jufqu’ à ce qu’ ils
parviennent au dixième degré de latitude nord *
pourvu qu’ ils fe foutiennent à cent lieues ou plus
de la côte de Guinée , & entre ce degré de latitude
nord il y a des calmes & des ouragans qui
fe fuccèdent fréquemment.
20. Ceux qui naviguent aux îles Antilles, s’apper-
çoivent, en approchant des côtes de l’Amérique*
que le vent de nord-efl décline de plus en plus à
l’e f t , de forte qu’ il devient quelquefois eft plein.
Quelquefois aufli, mais rarement, il tourne un
peu au fud , 8c ces navigateurs remarquent que
pour lors ce vent va toujours en diminuant.
30. A l’égard des vents conftans, ils ne s’étendent
pas à une diftance plus confidérable de vingt-
huit degrés de latitude nord jufqu’à la côte d’A frique
, & près des bords de l’Amérique ils vont
jufqu’à trente , trente-un & trente-deux degrés.
On peut faire la même obfervation au fud de l’équateur
, où les limites de ces vents , près du Cap
de Bonne-Efpérance , font de trois ou quatre degrés
plus éloignés de la ligne équinoxiale, que fur
la côte du Bréfil.
40. Depuis le quatrième degré de latitude nord,
jusqu’aux limites dont je viens de parler au fud de
l’équateur, on a remarqué que le vent fouffle dés
parties intermédiaires du fud & de l’eft, quoique
le plus fouvent entre l’eft 8c le fùd-eft. Cependant
ceux qui naviguent près de la côte de l’Afrique' ,
ont le vent tourné plutôt vers le fud ; mais ils ôb-
fervent qu’auprès de l’ Amérique il décline fi »fort
à l’e fl, qu’il devient ell prefque plein. Les voyageurs
qui ont féjourné quelque tems fur c< tte partie
de l’Océan, parmi lefquels je puis citer le doéteur
Halley, ont trouvé alors des changemens fi fré-
quens , qu’ils ont employé beaucoup de tems à
ces obfervations. Ils ont donc, trouvé que le vent
occupoit prefque toujours le troifième ou le quatrième
point du compas , à partir de l’efl. Ils ont
reconnu que toutes les fois que le vent s’appro-
choit de l’e f t , il fouffloit avec plus de force &
devenoit orageux , mais qu’ il étoit beaucoup plus
doux, & qu’il nétoyoit l’atmofphèrélorfqu’il fouffloit
des points fitués plus au fud.
y°. Ces vents font fujets à quelques changemens
qu’on attribue aux différentes faifons de l’année ;
c a r , quand le foleil efl lin peu au-delà de l’équateur
vers le nord , ce vent de fud-efl décline un
peu plus au fud , comme celui de nord fe dirige
plus à l’e f l , furtout dans le trajet de mer étroit
qui eflentre la Guinée & le Bréfil. De plus, quand
le foleil entre dans le tropique du C ap r ic o rn e le
vent de fud-efl s’approche plus de l’e f l , ainfi que
celui du nord-efl du nord.
6 °. On trouve dans l’Océan atlantique un certain
efpace de mer, q u i, près de la côte de
Guinée , s’étend l’e fp a c ed e cinq cents lieues
depuis
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depuis le mont Léo jufqu’à l’île Saint-Thomas, où
les vents de fud & de furi-oueft foufflent conflam-
ment ,car le vent de fud-efl,. ayant une fois pafle
l’équateur , devient confiant. On a vu ci-devant,
dans la quatrième obfervation , qu’il fouffloit au
fud de l’équateur. A environ quatre-vingts ou-cent
lieues de la côte de Guinée, il décline infenfi-
blement au fud, ; & après qu’on a pafle ce point,
il décline vers ceux qui s’approchent de l’oueft >.
jufqu’à ce que, touchant lai cote , il atteigne ou le
point de fud-oueft, ou celui qui efl immédiatement
entre celui-ci ôc l’oueft plein. Ces fortes de vents
font fixes fur cette côte , quoique fouvent interrompus
par des calmes qui régnent indifféremment
dans, tout l’atmofphère. Aufli les marins, y trouvent
ils quelquefois, malheureufement pour eux,
les vents de l’eft, qui font très-mal - fains, parce
q.u’ilsf font accompagnés de nuages & de- brumes
très-épaiffes.
T9. Entre les dixième & quatrième degrés de
latitude nord, dans l'efpace borné par les méri-
diensdu Cap-Yerc & celui des îles; qui y font adjacentes
, on ne fait fi l’on peut dire qu’ihrègne un
vent réglé ou variable, car le calme y eft prefque
perpétuel., les tonnerres 82 les- éclairs fréquens ;
les pluies fl abondantes , que çattatraverfcc en a-
pris le nom de pluvieufe.. Sül s’y trouve quelques
vents,,, ils ne foufflent que par bouffées & d’une
manière fi inconftante , qu’ils, ne durent pas une
heure, fans calme, & que les. vaifléaux de la-même
flo tte , qui font tous* a la vue les uns des autres-,
ont chacun un vent particulier. À ce compte, il
eft fi difficile de naviguer dans ces. lieux, que quelquefois
les vaille aux ont. beaucoup de peine à. cra-
verfer ces fix degrés en un.mois entier..
Les trois obfervations précédentes doivent expliquer
derçxchafes. que les marins éprouvent en
voguant entre KEurape, la Guinée & l’ Inde.
En premier lieu, quoique cette mer, dans la
partie la plus,étroite entré la Guinée & le.Bréfil,
ne s’étende pas.moins de cinq cents lieues , nous
fjwons que les vaiffbaux o,nt beaucoup de peine,
en gouvernant au fud , à paffer ce trajet, furtout
dans les mois de juillet & d’août} ce qui nous pa-
roît venir de ce que durant ces mois le fud-eft,
qui fouffle au. fud de l ’équateur, paffe fes bornes
ordinaires de quatre degrés de latitude nord, &
que de plus il tourne tellement au fud, que quelquefois
il part précifément de. ce point, & quelquefois
des points moyens, entre le fud l’efl.
Quand donc il faut voguer contre le venriSic’ eft
vers le furi-oueft, on a un vent qui tourne.de plus
en plus à l’eft à. mefure qu’ on s ’éloigne du continent
d’Afrique} mais.le plus grand danger que
les navigateurs puifiènt courir, fe rencontre dans
le cas ou ils paflent la côte du Bréfil, où l’ on
trouve des bancs de fable fort fréquens. Mais
fi l’ on veut aller vers le. fu d -e ft , il faut néf
ceflgirement s’approcher de la côte, de Guinée ,
d’où l’on ne peut fe retirer autrement qu’en fai-
Géographie-Pkyjique. Tome 11,
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faut route à-, l’eft jufqu’à l ’île de Saint-Thomas.
2q. Ge qu’il nous importe de favoir, c’eft ce'
que les vai fléaux qui paflent de Guinée en Europe
font.obligés de faire, fuivant les raifons expofées
dans la fixième obfervation} car il fouffle près de
la côte un vent de fud-oueft avec lequel ils ne
peuvent ni voguer, là terre s’y oppofant, ni aller
contre ce vent pour diriger leur route au nord ,
afin de fe. rendre en Europe. Ils tiennent donc une
route toutrà-fait différente de celle qu’ils vou-
droient tenir, c’eft-à-dire qu’ ils vont’ :, ou au fud,
ou vers le point le plus proche du fud-eft. En fui-
vant cette route-, en vérité, ils s’éloignent de la
c ô te ,. mais ils ont de plus en plus le vent contraire
, & font obligés de gouverner encore plus
à l’e ft, jufqu’ à ce qu’ ils gagnent l’île de Saint-
Thomas ou le Cap Lopès , où-, trouvant un Vent
qui décline du fud à l’eft, ils font voile avec ce venE
vers l’oueft, jufqu’à ce qu’ils arrivent au quatrième
degré de latitude fud;, où ils trouvent un vent de
fud-eft qui fouffle continuellement.
Attendu ces vents conftans-, tous les navigateurs
qui vont en Amérique ou à la Yirginie gouvernent
d'abord au Cudî, afin de pouvoir être portés
à l’oueft àv l’aide ds ce v-ent réglé d’eft. Par la
même rai fon , ceux qui. viennent de ces pays-là
pour, fe rendre est Europe, prenant leur route au
nord, tachent , autant qu’il eft poflible , d’arriver
au troifième degré de latiuds nord; car ils y trouvent
d’abord des vents variables, qui cependant
foufflent plus, fréquemment des points du fud-
oueft.
II. Dans la. mer- Atlantique auffi bien que dans
l’Océan indien, les. vents font en partie conftans
& en partie périodiques-, ç’ eft- à-dire, qu’ ils foufflent
d’un point pendant fix mois, & d’un point
tout oppofé les fix mois fuivans. Ces deux points*
& les faifpns dans lefquelles les vents fautent d’ un
côté à un autre, tout oppofé, diffèrent fuivant les
lieux } 8d quoiqu’ il foie fort difficile d’obfcrver
comment on peut définir les trajets de mer quand
ils font fujets à chaque vent périodique ou niouf-
fôjis, comme on les appelle, cependant les obfér-
vateurs qui ont donné beaucoup d’application à
eés di(polirions, n’ont pas héfité à-croire aux particularités
fuivanres :
i°. Entre: les. dixième & trentième degrés de
latitude, fud, dans tout l’efpace dé mer borné par
l’île Saint-Laurent & la Nouvelle-Hollande, le
vent de fud-efl règne toute l’année, de façon cependant
qu’il approche un peu plus de Teft que
du fud, comme nous avons fait voir qu’il étoit à
peu près à la même latitude dans l’Océan atlantique.
2°. Ce vent de fuck-eft fouffle depuis le mois de
mai jufqu’ en novembre au fécond-degré de l’équateur,
& au mois de novembre les troifième &
dixième degrés de laritudè fud près du méridien
qui' paffe par la partie feptentrionale de l’re de
Saint-Laurent* ainfi qu’entre le deuxième Ôc le
N n