
élevée. Depuis ce point', & même avant le baflin
du la c, la defcente le long du revers oriental de
l'Apennin recommence, & la plaine s’évafe après
le village. Nous èffuyâmes dans cette traverfée
lin froid aflez v i f , car les fommets voifins de la
route étoient encore couverts de grandes bandes
de neiges.' On y voyoit auifi les cuvettes latérales
des croupes que la fonte des neiges avoir creu-
féesj car les bandes de neiges rélidoient fur les
bords fupérieurs de ces cuvettes latérales. On peut
fe convaincre , d’après ces détails, que les glaciers
dans un. état fecondaire, comme ceux dont jè
viens de rendre compte, méritent la plus grande
attention, & peuvent offrir la folution de pinceurs
problèmes géologiques dont on ne s’eft pas
occupé jufqu’à prefent;
• En fuivant le .vallon qui fe préfente enfu i te ,
d’abord fort .large, & qui.fe rétrécit cohfidérable-
ment à Seravalle 3 on en découvre lés croupes qui
offrent des couches horizontales & inclinées , appartenantes
également.à l’Apennin. Dans les par-:
ties fuperieures de ces croupes, lès couches offrent
des pierres calcaires à grain fin St. ferré, & -des
marbres. Plus bas que Seravalle, ori rèneontrede
ces memes couchés,au milieu dëfquélles font des
feuilletis fort minces de pierres contournées. Là
on apperçoit un torrent aflez fo r t, & qui paroît
grofli par d’autres qui s’ y joignent. C ’ eft alors
que les parties découvertes des croupes offrent
la réunion de pîufieurs débris de pierres fous
formes de brèches, puis des éboulëméns produits
par les chutes des eaux latérales, enfin les produits
d ’avalaifons, qui parôiffent allez abondàns pour
avoir rempli d’anciens vallons que les mêmes
eaux plus vives fembloient avoir creufés pendant
l ’hiver , & qu’elles avoient comblé, à un certain
p o in t, à la fuite des pluies & par le ralentiflt-
mént de ces mêmes eaux courantes au commencement
de l’été.. 1
Au milieu de ces vallons de différons ordres,
& furtout des cul-de-facs dont chaque fyftèrrie
vetfe les eaux dans leurs vallées principales, on
arrive à Ponte-de-la- Travè ,• enfuitè l’on s’ éng'agè
dans des montagnes à peu près femblables , &
quant à leur compofition, & quant à la diftri-
bution des eaux, & ces chaînes s'étendent jufqu’à
Valcimara , ou ïe yallon que fuit là route s’ évafe
& s’étend de manière à montrer des croupes-qui
préfentent pîufieurs éboulemens dé couches de
pierres, dont les débris paroiffént àvoit été -mêlés
av ec les produits de la deftruétion de pareils lits
de terres entrepofës éntre les couchés. 11 réfülïe
de là que le vallon du Chienio a été comblé en
partie de tous ces matériaux , & que les plaines
qui en occupent les bords, ainfî que les*embouchures
des ruiffeaux latéraux, en ont été Couvertes.
Il eft aifé de voir que ce petit fleuve, dans
fes'différens accès torrentiels, 'a contribué1,'avec
les tôrrens qui s’y réuni fient, à former'les dépôts
jmmenfes qui ont donné naiflance à des chaînes
dé collines en amphithéâtre, compofées, lâs unes
de fragmens de pierres mêlés de terre, les autres
d’amas de marnes argileufes, affez àbondans pour
fournir au travail d’une belle tuilerie : telles font
les différentes formes de terrains qu’on rencontre
depuis Va Ici ma ra jufqu’ à Tolentino. Cette ville
eft dans une pôfition agréable , & fur une partie
de ces plaines torrentioffluviales dont nous venons
d'indiquer la formation. On' rencontre aux environs
des mafiîfs de pierres férenès , de pierres
de fable, qui ont été épargnés par le fleuve au
milieu de fes ravages,dont nous avons fuivi les
témoins & les réfultats avec attention.
Pour aller de Tolentinoà Macerata, on fuit une
longue plaine fluviale, formée de dépôts à peu
près femblables, & offrant, à un certàih éloignement,
des rideaux très-bien deflinés fur fes bords.
En fui te on fe trouve au milieu de collines com-
pofées de marnes argileufes & de pierres'de la
nature de celles dés grandes montagnes, de pierres
coquiltières i^ ’s certains* trcïüus. Ce fol conduit
julqu’a Lqrette ,& même jufqu’ à Ancône. A la pofte
entrecesdeux Villes, cettepierre coquillière offre
des couchés horizontales fuivies. Il n’eft refté de
l’Apennin j dans cette'comrée, que la haute montagne
d é Guafco 3'qui fait promontoire fur le bord
de la mer, & qui s’ avance dans fon badin, ds>ma-
nière à former l’écueil de Saint- Clément.'dette
montagne eft1 toute en couches inclinées & en
mafles de marbres imparfaits, avècdefquelies on
conftruifoit les môles qu’ on ajoutoit au port d’Ancône
-dans le tems que nousrl’avons vifité.’ Ibef^
vifible que^ ce tte ma fie ancienne a procuré aux
bords dé là-mer ces prolongemens qui ont déterminé
les puifiànces voifines à s'y établir pour le
commerce maritime, d’autant plus que cette mafié
ancienne y forme un abri contre lés vents du fud.
Les collines voifines du port font cultivées en
oliviers & en grains.‘Au milieu dé ces cultures
on voit des haies de vignes en» treilles,• foutenues
fur des cannes. Le fol de ce pays de collines pafoït
produit par les débris d e là deftruél'ion des mafles
anciennes', joints aux dépôts-de la mer. Il eft àifé
de voir que les1 eaux courantes des fleuves Tofino,
Tenna, Chiento, Potença 3 Mu^one- 3 & furtout
Fiumefino, dont les fourcesffe prolongent jufqu’au
pied de l’Apennin, ont contribué, pour la plus
grande partie, aux amas immenfes'des montagnes
fecondaires & ;à/couches horizontales, adoffés à
celles où l’on remarque des couches inclinées. Il
eft vifible que ces eaux torrentielles ont d’abord
accumulé les matériaux'conjointement avec la
mer , & formé’ les mafles'dans lefquelles les collines
ont été taillées, par une excavation pofté-
rieure due aux feuls torrens & non à.la mer. Cet
apperçü fuffir pour expliquer ce que ce pays offre
de remarquable aux oDfervatéurs. J’ajouterai maintenant
ici queil’accnmtilation des matériaux, au
milieu defquels les collines ont été formées, doit
fe rapporter naturellement à l ’époque des torrens
qui r'avageoîeht les montagnes de l’Apennin, &
qui les dépolbient dans la mer j que le rempli liage
dans une partie, a été la fuite des enlévemsns faits
dans une autre, & que l’époque torrentielle s’eft
diftribuée fuccefiivement daiiï des endroits dif-
férens. . , | ,
Je dois dire que les accès torrentiels & leurs
ralentiflemens s'étendent également fur les revers
de l’Apennin, & qu’on en peut juger par les vallons
creufés au tems de l’activité des eaux courantes
, & par les rempliflages abondans qui s'offrent'
ailleurs. Toutes ces fuites d’opérations fe
diftinglient d’une manière frappante, tant dans les
vallons qui fillonnent les cimes de l'Apennin, que
dans ceux qui occupent les intervalles des collines
adoffées à ces cimes. - . .-
Dans le peu de tems que j’ai donné aux obfer-
vations précédentes, je me fuis convaincu qu’on
étudieroit avec de très-grands avantages ces diffé-
rens centres de la diftribution des eaux dans les
montagnes de l’Apennin, qui bordent la Marche
d‘ Ancône , le duché d1 Urb in . & la Romagne ; car on
pourroit y fuivre tous les détails du travail des eaux,
qui s’eft étendu très-loin , & qui a finguliérement
varié fes opérations. D’ailleurs, ce qui fer oit très-
important dans cette étude, c'eft qu'on pourroit,
au milieu.de ces belles contrées , rapprocher les
principales circonftances qui ont concouru aux ré-
iulrats que nous avons notés. Enfin , ce qui ache-
veroit de donner la folution de pîufieurs difficultés
& problèmes, ce feroit la facilité de placer
les faits dans les époques .qui leur conviennent,
& d’ afligner. à ces époques les agens qui y ont
figuré. : ' : . i
, ' Je finis par obferver que, fuivant ces vues , il
feroit à defirer qu'un naturalifte inflruit fît la def-
cription raifonnée du Colle-Fiorito ,* je ne doute
pas qu’il n’en tirât beaucoup de lumière. 11 y
auroit, je crois, peu de montagnes dont la formation
ne put êtrefoumife à la même théorie. Je
vois bien nettement que l ’Apennin , dans cette
partie, fe montre au centre de fa péninfule, chargé
de neiges, & diftribuant à droite & à gauche des
eaux qui excavent les vallées & les rempliffent
fuivant les circonftances. Comme je me propofe
de continuer l’expofition des obfervations que j ’ai
faites dans le duché d’ Urbin & dans la Romagne, &
pu les mêmes phénomènes fe préfenteront dans
de femblables pofitions , je renvoie aux articles
U rbin-(duché d’ ) & Romagne. C ’ eft là furtout
(où j’exjjoferai, en grand détail, les caractères de
la moyenne & de la nouvelle, terre qui s’ y trouvent
dans des rapprochemens très - inftruCiifs ,
parce qu’on y pafie affez rapidement de l’une à
l’autre,& fans aucun intervalle. ( Voye% Moyenne
terre, Nouvelle terre, & en généralT e r r e .)
ANCRAGE ou ANCHRAGÉ. C ’eft un fond
de mer propre à recevoir l’ancre d’un navire, fur
lequel on trouve une quantité de brades d’ eau
fiifiifantes, & où l’on peut mouiller en fureté. C e
qui nous intérefle dans cette opération des marins
, c’eft la connoifiance du. fond où l’on peut
trouver un bon ancrage : ce doit, être , ou de fortes
argiles, ou des fables fermes .& félidés, qui
admettent l’ancre & l’arrêtent d'une manière fixe.
Gn ne peut pas douter que fouvent l'examen du
fol qui conmtue une côte , un bord de mer ou
une plage, ne puifie conduire à la connoifiance
du fond de mer propre à 1 ‘ancrage 9 & c’eft dans
ces vues que nous en parlons ici. ( V&ye^ C ô t e ,
P l a g e , & c .)
ANCRE ou ENCRE, petite rivière de Picardie,
qui tombe dans la Somme à Corbie $ elle eft connue
au fîi fous le nom de Miraumont, village où
elle prend fa four Ce. J'en ai tracé l'hydrographie
à l’article A m i e n s , & j’ y renvoie. Cette petite
rivière eft intéreflante en ce q ue , fur. fon cours
& dans fa vallée, fe trouve la ville d’A l b e r t , &
non Ancre y comme le dit la première Encyclopédie3
dans les caves de laquelle l’on a découvert
des carrières à’ofté'ocole très-curieufes, & que j’ ai
tâché de faire connoître à l'article A l b e r t . J’y
renvoie pour qu’on puifie rapprocher tout ce
qui concerne Thiftoire naturelle de cette rivière.
( Voyc£ aufiï O s t e o c o l e , où l’on pourra prendre
une idée bien vraie de ces mafîes de dépôts, &
dont les naturaliftes auront l’avantage de rencontrer
un des plus curieux monumens dans la vallée
d’Ancre.)
ANDALOUSIE, grande province d’Efpagne,
qui eft partagée en deux parties par lé Guadai-
quivir : aufii, après avoir expofé les circonftances
qui peuvent faire connoître la pofition , les produirions
& le commerce de cette province, je
décrirai, dans le plus grand détail, le baflin de ce
grand fleuve.
\JAndaLoufie éft la contrée la plus agréable & la
plus riche de toute l’Efpagne. Elle confine vers le
nord à l’Eftramadoure & à la Nouvelle-Caftille ;
vers.l’oueft, aux provinces portugaifes d3Aientéjo
& d’Algarve ; vers.le fud, en partie à la mer occidentale
& en partie au détroit de Gibraltar j vers
l’eft, aux royaumes de Murcie & de Grenade. La
Guadiana la fépare , vers l ’occident, de l’A l-
garve, & la chaîne de Sierra-Morena de l’Eftra-
madoure.
Cette province eft fertile en fruits excellens de
toute efpèce, en vins précieux, qui croifîent
particuliérement aux environs de Cadix j en blé,,
en huiles : oh y recueille aufii de la foie, du fucre
& du miel. Ses chevaux font très-eftimés, & l’oa
y élève beaucoup de bétail. On y exploite fur-
tout des mines de vif-argent, de cuivre, d’antimoine
& d'argent. On fait de très-beau fel fur les
côtes , & d’ailleurs la pêché y eft très-abondante.
On y trouve beaucoup de boeufs fauvages, que
les Efpagnols emploient dans les combats de taureaux,
qui font leurs fpeét^cles favoris. Sa déuo