
mais elles font rares entre Neuf-Brifac & Stràs-
bourg. Comme le Rhin eft plus rapide dans ce
dernier trajet, il voiture plus loin fon or > mais il
en dépofe affez abondamment entre le Fort-Louis
& Guermesheim. Les ouvriers qui s'occupent à
ramalfer ces paillettes d,’or gagnent comrriuné-
ment trente à quarante fous par, jour .* c’eft domr
mage qu ils ne doient pas plus nombreux , &
qu ils ne puiffent travailler qu’une petite partie de
l ’année. .
Le Rhône roule aufli des paillettes d’o r , & les
dépofe dans le Gex : il y a par conféquent grande
apparence que ces paillettes d’ or lui font fournies
par- les eaux de l’A r v e , qui fe jette dans le Rhône
au de flous du lac de-Gëneve:, car on né les ramaffe
•que depuis l’embouchure de-cette rivière jufqu’à
vcinq lieues au deflous, à moins que ces paillettes
-ne foient tirées des dépôts très-anciens qui font
-Je long des bords du Rhône , & qu’il éboule en
les minant par-de flous; Les orpailleurs s’ attachent
■ principalement à laver de groflès pierres : c’éft du
-fable qui les environne , qu’ils tirent les paillettes
d’or.:
' - Au refte , ce n’eft pas feulement à cet endroit j
-que le Rhône offre des paillettes d’or : on en ra-
'mafle beaucoup plus bas, furtout aux environs de 5
«Valence en Dauphiné, & même les orpailleurs fe <
livrent à cette récolte avec un certain avantage
dans ces contrées.
Le Doubs, rivière de Franche-Comté, roule-
• aufli des paillettes d’o r , mais peu abondantes, & -
il n’y a guèrë que les curieux qui les ramaffent. ,
Une rivière qui, quoique petite, ne le cède ni -
au Fchin ni au Rhône quant à la quantité de pail- ,
îettes d or qu’elle charie, c’ eft le Cèze , qui prend
fa fource près de Villefort, dans les Cévennes :
le long de fon cours , fur une étendue de plufieurs
lieues, on trouve à peu près également partout !
_de,s paillettes d’o r , mais plus grandes que celles-
: du Rhin. & du Rhône. La récolte journalière des j
orpailleurs varie cependant beaucoup : quelque- ;
fois ils ..gagnent jufqu’à une piftole, & d’aucresî
fois beaucoup moins.
Il en eft de même de la rivière du Gardon, qui,
comme celle de C è z e , vient des Cévennes j elle*
entraîne aufli des paillettes, d’or à peu près de,
même grandeur, & en aufli grand nombre.
L’ Ariège ( Aurigera ) ne doit pas : être dmifei
dans cette lifte remarquable, puifqu’elle a pris fon*
nom de cette propriété ^èlle fournit beaucoup de
paillettes d’o r , furtout dans le pays de Foix ; mais
elle eft encore plus riche aux environs de Pamiers,.
où elle paie le mieux« le tems qu’y mettent les
orpailleurs : on. en trouve aufli fur fes bords , dans
Pévêchë de Mirepoix.
On fait tous les ans dans la Garonne, quelques
Iieues.au deffus de Touloufe, une petite récolte
d;è paillettes cFor 5; mais il y a lieu de croire que
cerne rivière; tire .ees.paiîletces de l’Ariège , Car
ce. n’eft guère qu’au defîbus. du confluent de cette;
dernière rivière qu’on les cherche, & qu’on les
ramaffe dans la Garonne avec avantage.
11 y a grande apparence que l ’Ariège reçoit
d’ ailleurs *une grande partie des paillettes d’ or
qu’on trouve dans fon fable ,, car plufieurs ruiffeaux
qui s’y jettent en fourni fient 5 & furtout
deux , celui du Ferriat & celui de Benagues. Au
refte, on.fait qu’une grande partie des paillettes
d’or qu’ on ramaffe dans les.fables de l’Aiiège ,
proche Pamiers , fe tire des dépôts formes le long
des bords de cette rivière , & qui, en s’éboulant
chaque jour, entraînent beaucoup de paillettes d’ or
dépofées primitivement au milieu des fables. Ainfi
la richeffe aétuelle de cette rivière peut dépendre
du travail très-ancien de fes eaux , plutôt que de
leur activité & de leur marche aétuelle. •
LeSalat, petite rivière.qui, comme l’Ariège,
prend fa fource dans les Pyrénées, & qui traversé
le Couferans, roule &,dépofe affez de paillettes
d’or pour occuper avec profit les habitans de certains,
villages des environs de Saint-Girons.
D’après ces détails, on peut compter en France
dix rivières ou ruiffeaux qui roulent des paillettes
d’or & dont la richeffe eft conftatée. par des récoltes
affez fuivies : il y en a d’autres dont nous
ne rifquerons pas de faire mention.
• Je pourrois joindre à ces rivières plufieurs autres,
ou ruiffeaux ou rivières de la Suiffe, où l’ on
trouve également des paillettes d’or : telle ejl
l’Are en particulier; mais ces paillettes font en fi
petite quantité , que la perte du tems * employé
dans le lavage excède les profits.
Gn voit par ce nombre de rivières aurifèresy
que les mines d’or fe trouvent dans un affez grand
nombre d’endroits en France & dans la Suiffe,,
mais il feroit plus utile que ces mines fuffent
moins nombreuïes, mais plus abondantes & plus
aifées à retrouver.
On a fait effe&ivement; de grands efforts , en
remontant les rivières & les riiifleaux aurifères
pour parvenir aux mines qui ont pu leur, fournir
les paillettes ; mais jufqu’à préfent les recherches
ont éténnfruélueufes. Une: circonftance qui éloigne
beaucoup l’efpoir de parvenir aux mines d’or,
c’eft que les paillettes ne fe trouvent guère que
dans les fables très-anciennement dépolës par les
rivières,. & le.long de la partie de leur lit , où.
l’eau jouiffoit d’une certaine tranquillité qui a favori
fé ces dépôts; en forte que le tranfport de'cçs
paillettes ne;fe fait plus actuellement fur une certaine
longueur de leuE c an a l. mais feulement en
les rencontre dans le lit des rivières à mefure que
les anciens dépôts s’éboulent , & font lavés en-
fuite par les eaux courantes..
.. Toutes les paillettes d’or qu’on trouve dans
ces. diverfes rivières que je viens d’indiquer, ont
des figures affez irrégulières elles ont pourtant
cela de confiant,, que ce font- de petites lames
aplaties, & d’ une épaiffeur qui leur laiffe une certaine
folidité. Ilfembie d’aiileuis qu’elles .ont été
arrangées par couches &r par feuillets dans la mine :
h y en a beaucoup dont les contours font arrondis
, foit que les frottemens, qui font la fuite de
leur tranfport, les aient tifés, foit qu’elles aient
éu primitivement dans la mine de femblables
formes.
Parmi les paillettes d’or chariées par les rivières
du Cèze & du Gardon, on en rencontre aflez
communément qui ont une ligne &: demie & deux
lignes de diamètre j mais le plus grand nombre
n a qu’ une ligne, & même une demi-ligne: L’Ariège
en donne de deux lignes ; mais les paillettes du Rhin
font beaucoup plus petites, &c celles du Rhône
plus petites encore que celles du Rhin. Au refte,
les plus petites de ces paillettes ont toujours une
forme femblable à celle des plus grandes. ( Voye%
A riège , C èze , Gard on , Orpailleurs , Pa p
i e r s , Paillettes d’or , Pé pites.) .
Après avoir fait l’énumération des rivières aurifères
de France , parce que nous les connoiffons
mieux que celles des pays étrangers, nous ne
croyons pas cependant devoir omettre de faire une
mention fuccinte de ces dernières. Nous favons
en général qu’il y en a plufieurs au Japon & dans
'les Îles voifines : il y a un ruiffe.au nommé Arro'è,
qui fort du pied des montagnes de la Lune au ■
Monomotapa, où il y a des mines d’or , qui charie :
'des grains d’o r , & ce ruiffeau termine, l'on cours
dans la rivière JVIagnice. Quelques-unes des eaux
courantes ont là même propriété en Guinée , où
'les Nègrés s’occupent avec avantage à récolter
dès grains d’ôr & à les féparer des fables. Les produits
de ces récoltes s’échangent avec les Européens
qui abordent fur ces côtes pour ce commerce.
Quand les particules en font petites, on
les appelle poudre or : c’ eft l’or le plus pur, parce
'quhl contient très-peu de matières étrangères. On
trouve des grains d*or dans tous les ruiffeaux des
environs du Mexique, furtout après les pluies
•fubites & abondantes. Ainfi ces récoltés ne. fe
font guère avantageufement que dans les faifons
pluvieufes.'
Nous avons déjà parlé des contrées du Pérou,
qui offrent les mêmes richeffes difperfées à. la fur-
face de la terre. On nous dit que de pareilles
'contrées aurifères fe trouvent à Sumatra, à Cuba,
ainfi qu’à Saint-Domingue & dans d’autres îles,
voifines, & même dans la Guiane. Les ruiffeaux
des Càribbes fourniffent des morceaux d ’or affez
remarquables parleur poids après les fortes pluies-.
Les habitans tendent des fjlets dans les rivières ,
& , quand lqs pluies font paffées, ils en tirent les
fables, dont ils peuvent aifément féparer l’or.
Les voyageurs & les naturaliftes ne parlent
guère des rivières qui charient des molécules d’argent.
On ne doit pas douter cependant qu’il n’y
en ait ; mais comme l ’argentx fe trouve rarement.
~ dahs un certain état de pureté comme l’o r , &
qu’il paieroit peu les peines de. ceuxqui s’attache^
roient à fa. récolté, if paroît que c’ eft p.our cela
qu’on en a négligé les produits. On a fait plus,
d'attention aux rivières qui voiturent des grains
de cuivre & d’étain, dans certaines contrées, &
qui donnent d’affez bonnes récoltes. Nous les
rappellerons plus en détail à l’article Orpailleur.
AU R IL L A C , ville du département du CantaL
Ses rues font larges & faines :■ des eaux courantes ,
venues dudehors, les rafraîchi(fent & les balaient^
Dans l’enceinte, de la ville on voit des maflifs de
laves & d’anciennes coulées, qui font recouvertes
par les dépôts de la mer, correfpondansà ceux
de la Limagne. Ce font des volcans foufmarins.
AUROCHS (Aurus), forte de boeuf qui habi-
toit autrefois les forêts du Nord, & que je citerai
ici parce que l’on a trouvé les débris de fes
fquelettes, en quelques endroits de la Picardie ,
où ils étoierit enfevelis au milieu des attçrriffe-
mèns de la vallée de la Somme. J’indiquerai les villages
de Picquigny-, de Beaucours, de Formanoir
& d’Haugeft , où ces fortes de fofliles fe font
trouvés. L'aurochs eft maintenant relégué dans la
Mofcov.ie , & l’on fait que c’eft vers le milieu de
ce fiècle qu’il a quitté la Pruffe & les confins de
la Lithuanie. On ne doute pas que Vaurus ne foit
le boeuf fauvage des zones froides, & par confé-
quent celui dont les offemens fe trouvent enfouis
dans nos vallées : du tems de Jules-Géfar, il etoit
déjà rare dans la forêt Hercynienne*
AURORE boréale. Ces phénomènes fe montrent
fous des afpeéts très-variés, fuivant les différentes
parties du nord d'où on les obferve.
Dans les îles de Sçhetland,, vers le folftice, on«
„voit chaque nuit Y aurore boréale o u , comme l’appellent
les naturels, la danfe joyeufey qui répand
un grand éclat fur tout l’hémilphère feptentrio-
nal. Ces aurores accompagnent conftamment les
.foirées claires dans toutes ces îles du Nord , &c
font d’un grand fecours pendant la noire oblcu-
rité des nuits d'hiver ; elles commencent ordinairement
à paroître fur l’horizon à l’ heure du cré-
pufcule, d’ une couleur brune-foncée , tirant fur
le jaune. Quelquefois elles rêftent dans cet état-
pendant plufieurs heures fans aucun mouvement
.lenfibie, après, quoi elles fe divifent par bandes
de lumière plus v iv e , s’étendent en colonnes, &
prennent lentement ;& fucceflîvement mille formes
differentes, varient leurs couleurs depuis
toutes les teintes de jaune, jufqu’au rouge le plus
foncé. Souvent elles couvrent Inémifphère entier,
prennent l ’apparence la plus brillante leurs-
moiivemens font|alors extraordinairement v if s ,
éc elles étonnent par lès rapides, changemens de
formes ; elles-fe; montrent tout a coup dans des
places pù l’on n’en voyoit pas la moindre trace
auparavant, & glifient légèrement, e» fuivant là
bordure de L’horizon & de l ’O céan, & le moment