
qu on leur donne : les plus minces ne font guère
termines qu au bout d un mois , 8c les plus épais
«te ceux qui ont été faits jufqu'à préfent, exigent
trois a quatre mois au moins. Au refte, Ton fent
que cela dépend des formes que Ton veut donner
a • nt/erre précipitée. M. de Vegni n’a encore travaille
que fur des bas-reliefs, dont quelques-uns
font d une grande beauté & imitent parfaitement
leurs originaux. Mais il feroit poflible de parvenir
a faire, avec la même matière, & à peu près par
les memes procédés, de grands vafes, des urnes,
des tables & même des fhtues, ce feroit la perfection
de 1 art à laquelle il eft permis d’efpérer
qu’on arrivera après quelques années d’effais ; car
on doit regarder cet art comme dans fon enfance :
rlen' ne feroit plus précieux que l'imitation des
chefs-d’oeuvre de fculpture qu’on admire à Rome,
a Florence, & faits en albâtres factices, très-durs
8c d’une feule pièce.
M. de Vegni a beaucoup travaillé pour colorer
fes albâtres de différentes couleurs, & à force
d e fiais il eft parvenu jufqu à leur donner même
une belle couleur noire: il imiteaufii parfaitement
bien la couleur de chair. Pour colorer l’ eau, dont
la dépuration doit former les bas-reliefs, on met
à la fource un vafe à demi plein de la couleur
qu’on veut donner à l’ouvrage en entier ou à
telle de fes parties que ce foit j de forte qu’ on
varie à volonté les couleurs des couches, toujours
à 1 imitation de la nature. Quand on veut donner
au fond du tableau une autre teinte que celle des
figures, on cache celles-ci, de forte que l’eau ne
^rejaillifTe que fur le fond, & vice verfâ.
Le doéteur de Vegni fe feit avec fuccès des végétaux
pour colorer fes albâtres, & il prétend que
les couleurs qu’ ils prôduifent, font auffi tenaces
qiie celles qui proviennent des minéraux j que
d’ailleuis elles font plus variées : cela feroit fans
doute difficile à bien prouver. Indépendamment
des couleurs dont on vient de parler, & dont la
matière durcie eft profondément imprégnée, le
doéteur de Vegni imprime fur fes albâtres des
figures gravées en taille-douce, 8c en telle couleur
qu’ il veut : cette impreffion eft très-folide.
Revenons au relie de l’opération.
Lorfque le moule de foufrè ainfi pofé fur le
tonneau, foit obliquement, foit verticalement
( ce qui eft très-rare ) , eft fuffifamment couvert,
& que le fond du bas-relief qui doit foutenir les
figures Taillantes, a acquis l’épaiÏÏeiir convenable,
c ’eft-à-dire, depuis deux ou trois lignes, jufqu’à
neuf lignes & davantage, félon la grandeur de la
pièce, on frappe légèrement fur la cheville de
bois qui foutenoit le moule, pour le caffer; enfuite
on brife à petits coups de marteau tout l’albâtre
durci qui eft autour du moule, & ne fait qu’un
corps avec celui qui le couvre, en l’iiniiTant avec
la couche en forme de ftalaétitcs ondulées, dont
toute la furface intérieure du tonneau eft incruftée.
Lcrfque-cétce croûte environnante eft cafiee,©n
donne un coup fec fur le tonneau près du nnule,
qui fe fépare facilement de la par.îe modelée, mais
ordinairement en fe caftant. On donne plus de
blancheur 8c d’éclat à ces albâtres travaillés, en
les trottant avec un pinceau de crin un peu rude
8c à poils courts, & en paflant enfuite la paume
de la main defîus, fortement 8c à plulïeurs re-
prifes.
■ ; On s’eft fervi, dans le cours de cette deferrp-
tion, du mot d’albâtre, faute d’ un meilleur, pour
exprimer le tartaro des Italiens , lequel ne répond
pas toujours à ce que nous entendons par tartre,
mais en général à toute efpèce de déportions
aqueufes & durcies avec le tems. Il femble cependant
que dans ce cas-ci il ne feroit pas ridicule
d’appeler tartre cette efpèce de terre que dépofent
les eaux de Saint-Philippe. On eft porté à croire,
avec fondement, que c’ eft un mélange formé
d’une terre calcaire prefqu’entiérement faturée
d’acide vitriolique ; car lorfqu’on verfe de l’acide
nitreux, tant fur la terre en poudre que fur les
pièces modelées, on voit que quelques parties
font effervefcence, tandis que les autres ( c’eft le
p'us grand nombre) n’en donnent aucun ligne.
L’infpeêtion des environs de la fource fait foup-
çonn.r encore que les eaux doivent contenir beaucoup
de parties gypfeufes. Il ne feroit pas très-
difficile de fe procurer en France quelques manufactures
de l’efpèce qu’on vient de décrire, parce
qu’il y a beaucoup d'endroits où les eaux courantes
forment des ftalaCtites en abondance (comme
celles d’Arcueil ) , & font par conféquent propres
à faire des dépôts, ainfi que celles de Saint-Philippe.
On peut douter feulement que les ouvrages
qui en feroient formés, euffimt la blancheur de
ceux que fourniftent les eaux chaudes d*ltalie, les
bulicames furtout. ( Voye% Bulicames.')
Dans le même lieu où le doCteur de Vegni a
établi fa manufacture, étoient des bains d’ eaux
chaudes connus dès le; tems des Romains, 8c qui
ont duré jufqu a ces derniers tems, puifqu’on y
v o it, par une infeription, que Ferdinand de Mé-
dicis, grand-duc de Tofcane, fut guéri parl’ ufage
de ces bains.
ALBATROS. C ’eft le plus gros des oiféaux
palmipèdes : il eft reconnoiflable par fa corpulence
maffive : fes ailes ont dix pieds d’envergure. Le
b e c , comme celui de la frégate, du fou 8c du cormoran
y eft compofé de plufîeurs pièces qui femble
nt articulées. Les jambes font avancées vers le
milieu du corps, & plus courtes que le corps : elles
font dégarnies de pl- mes par le bas. Le pied n’a
que trois doigts, qui font tous dirigés en avant,,'&
joinrs enfemble par une membrane : le doigt du
milieu a près de fept pouces de longueur. 11 y a
des albatros d’un gris brun, d’un brun foncé, &c.
le fexe 8c l’âge produifant ces différentes teintes.
Les albatros n’habitent que les mers auftrales , &
•fe trouvent dans toute leur étendue, prife depuis
la pointe du Cap de Bonne-Efpérance, jufqu’à I
celle de l’Amérique méridionale & les côtes de la
Nouvelle-Hollande : on n’en a jamais rencontré
dans les mers de l’hémifphère feptentfional.
C’ eft au-de'à du Cap de Bonne - Efpérance,
vers le fud, qu’ on a trouvé les premiers albatros :
ils ne vivent guère que de mollufques, de zoo-
phites, d oeufs 8c de frai de poiflon que les cou-
rans charient. Malgré leur force ils vivent en paix
au milieu des autres oifeaux de mer, & ne pa-
roiflent fe tenir en garde que contre les mouettes.
Les albatros, comme la plupart des oifeaux qui
vivent fur les mers auftrales, ne prennent un vol
élevé que dans les gros tems 8c par la force du
vent. D’ ailleurs , ils fe portent à de très-grandes
hauteurs en mer, fe repofent 8c dorment fur les
eaux tranquilles. On ne rencontre d’albatros nulle
part en plus grand nombre, qu’entre les îles de
glaces des mers auftrales, depuis le 48e. degré,
jufqu’ aux glaces folides qui bordent ces mers au
65e. ou 66e. degré. On dit que leur chair eft allez
bonne à manger.
ALBE-JULIE, ville de Tranfîlvanie,au midi de
la rivière d’Ompax. Ses environs font rians & fertiles
: on n’ y voit que des champs femés de grains,&
des coteaux plantés de vignes . L’ air y eft très-fain.
ALBENGA, ville de l’état de Gênes, fur la
côte occidentale. Ses environs, plantés d’ oliviers
& très-bien cultivés, produifent beaucoup'd’huile:
on y recueille auffi des chanvres, dont le rouiflage
contribue à corrompre l ’air, qui y eft pour lors mal-
fain.
ALB ERT, carrière d’oftéocole : elle eft à trente-
fix ou même quarante pieds au defîous du niveau
des terres. On contemple la variété & la beauté
de l’oftéocole dans une excavation de cent quinze
pieds de longueur, fur une largeur de cinq ou fix
pieds : on y voit une voûte qui offre des pétri fi—
.’cations ou moules d’ une infinité de rofeaux, d’argentines
, de mouffes & de plulïeurs plantes ma-
récageufes : on y voit auffi en particulier un tronc
d’arbre, d’où fortent plulïeurs branches qui s’élèvent
au milieu d’un groupe de rofeaux pétrifiés.
Pour découvrir -la caufe de ces produirions naturelles
, il faut remarquer les différentes fortes de
terre que la tranchée de l’ excavation montre à découvert.
On y voit d’abord une terre blanche &
légère j dans laquelle fe trouvent les rofeaux & les
plantes qui forment le fond des oftéocoles : dans
une autre terre brune plus forte font enfevelis
quelques morceaux de rofeaux caffés 8c incruftés.
Ces rofeaux font plus ferrés & plus lourds que
ceux de la couche précédente. Deflous cette terre
brune il y a du fable, tantôt gris, tantôt brun ; il
renferme des oftéocoles de rofeaux beaucoup plus
pefans & plus,denfes que ceux dont ori vient de
parler : il y en a même qui reffemblent au grès.
Enfin, üeffous ces efpèces de corps différens il
y a un banc de glaife , qui a fept ou Huit px>uces
d’épaiffeur, & dans l’intervalle qui eft entre les rofeaux
en forme d’cftéocole & la glaife fe montrent
certains coquillages : il y en a même entre les branches
de rofeaux pétrifies. ! !
Il paroît que le banc de glaife a retenu & amaffé
les eaux qui ont détaché les- principes des différentes
terres fous Iefquelles les rofeaux & les plantes
marécageufes ont été enfevelis & incruftés. Ainfi,
fi l’ on remonte à l’origine des chofes , il paroît
qu’avant les changemens qui ont dû fe faire dans
le lieu où eft actuellement Alb ert, le terrain qui
renferme l’oftéocole n’étoit qu’ un marais peu élçvé,
& que traverfoit la petite rivière d’Ancre, qui ar-
rofe les environs de cette ville. Ainfi , la carrière
n’étoit qu’un terrain qui failoitie fond de la prairie
préfentement comblée , & qui offroit un lit à la
rivière. C ’eft ce que confirme la ligne que décrit
la carrière , femblable à ces petits ravins que les
éaux forment dans les terres : elle s’étend en fer-
pentant du midi au nord. Il eft donc évident que
c'eft à l’accumulation des dépôts de la rivière &
aux eaux qui ont pénétré ces dépôts, qu’on doit
attribuer ces incrultations de rofeaux 8c de toutes
les plantes marécageufes qui s’y font trouvées en-
fevelies. Les eaux, en filtrant dans les terres de
dépôts, en ont détaché une infinité de molécules
qui ont incrufté les plantes , durci l’incruftatio-n ,
& en ont formé autant de colonnes qu’il s’eft
trouvé de rofeaux & de plantes propres àrecevoir
les principes pétrifians. Cet amas d’oftéocoles eft
véritablement digne de la curiofité des phyficiens-
naturaliftes 5 il eft fitùé dans le milieu du faubourg
d’Albert, ville de Picardie, du côté de la porte qufc
conduit à Amiens. ( Voye^ Ostéocole. )
A LB I, ville confidérabie dans le département
du Tarn. Pour rendre cet 'article auffi intéreffant
qu’il nous eft poffible, fuivant notre plan de travail,
nous nous attacherons aux ouvrages qui ont été
publiés fur la minéralogie & la culture de fon dio-
cèfe. f a connoiffance de ce grand arrondiffement,
quant à ces objets-, m’a parti très-propre à remplir
foutes nos vues de Géographie-Phyfique.
Le diocèfe d’Albi eft fitué entre deux rivières ,
l’Adou 8c le Viaur. La première le borde du côté
du midi. La fécondé,qui fe jette dans l’Aveyron,
forme1, avec cette dernière , Tes limites du côté
du nord , 8c le fépare du Rouergue& du Querci.
^ Le Tarn , qui prend fa fource dans les Hautes-
CevenncS , traverfe ce diocèfe par le milieu, dans
toute fa longueur de l’ eft à l’oueft , & y arrofe
environ quatorze lieues de terrain. C ’ eft au bord
de cette belle rivière qu'eft fituée la ville d‘Alb'ta
à peu près au centre de ce grand arrondiffement.
Elle occupe une plaine très-feïtile, qui eft vifi-
blement formée par les dépôts du Tarn. C ’eft dans
cette plaine qu’ on cultive le pattel avec grand
fuccès, & c’ eft à A!bi qu’on le prépare pourfervir
à la coropofition de la cuve de bleu chez quet