
entamé &. détruit le maflifqui occupoit la placé
du vallon , & qui formoit , avec celui des montagnes
ou des collines, un tout continu. Dès que
j ’ai traité de ce qui concerne les vallons, je dois,
par une- co.nféquence de la Amplification de ma
marche, n’avoir plus rien à dire fur la formation
des montagnes. D’après mes principes »avoir cj eu lé
les vallons, c’eft avoir vu fortir les montagnes des
maflifs entamés par l’agent qui les approfondifioit
tout autour dès maffes qu’ il réfervoit. Les progrès
des uns en profondeur fervent à mefurer les progrès
des autres en élévation. On voit par-là qu’il
n’eft pas nécefîaire que j’envifage & que je décrive
plus d’un ob je t, lorfqu’il eft relatif à un autre
dans toutes fes parties, & parallèle à cet autre.
Mais ici'jé dois dire qu’il n’ eft pas indifférent de
prendre le change dans l’examen de ces deux objets
dont il eft queliion, & de conlïdérer, par
exemple, la formation des montagnes.avant celle
des valions, quoique la dernière mène à la première,
parce qu’en manière de procédés la nature
étant Ample, fuivre fa marche c’eft avoir lu envi-
fager fon objet fous l’afpeél le plus fimple, & par
conféquent fous celui qui eft le plus approprié à
l ’état de nos cônnoiftances.
Si par la fuite de ce choix je fuis fur d’avoir
fai fi la marche de la nature, & d’en avoir reconnu
toutes les dépendances, j’ entreprendrai pour lors
avec plus de confiance la difouflion de toutes les
circonftances qui l’environnent, étant éclairé par
les découvertes que j’en aurai faites.-
J’ai dû envifager en premier lieu la formation
des vallons, parce qu’il y a des vallons qui continuent
à le former actuellement, & que les anciennes
vallées fe font approfondies de la même manière.
La règle eft fimple & claire. Dès que je me
fuis convaincu de cette poftériorité d’effets, je
n’ai pas befoin de rechercher fi quelque montagne
fe' forme en meme tems. Lorfqu’on eft familier
avec les opérations de la nature, il nous fuffit d’en
avoir vu une pour être en état de nier que l’autre
ait lieu. Ainfi la difcuffion de tout ce qui concerne
les vallons prouve que ç eft par leur examen-qu’on
doit attaquer la defçription des inégalités de la
fur face de la terre.
Cependant, quand même la feule fuppofition.
de l’approfondifl'ement d’un vallon ne fa'tisferoit ]
pas à toutes les inégalités d’un terrain, & qu’il
faudroit admettre d’autres opérations anterieures,
je me trouve toujours à portée de fuivre un nouvel
objet, après avoir épuifé celui dont je m’étols
occupé auparavant. Je rétablis donc d’abord tout
ce que les obfervations prouvent avoir été enlevé
par le çrëufement du premier vallon ; je remonte
enfuite à une autre époque,.& je m’élève à un
autre ordre de chofés.
Je trouve, par exemple., que tontes les hautes
plaines ou fommets plats des collines ou des chaînes
de montagnes font de ni veau, après leur réunion,
& fe raccordent avec tout le terrain des
| environs, & que le feul approfondiffement des
vallons fuppofé, toute la configuration primitive
du canton eft expliquée; que le plain-pied rétabli
partout, il en rélulte'tjne éminence Continue,
qui domine fur tons les environs. Je reconnois
donc aifément que les vallons que j’ai remplis, ont
été creufés dans la rnaffe dont j’ai refait un tout
continu.
Pour aller plus loin il faut entrer dans de nouvelles
confidérations qui ne tiennent plus à la.
forme des vallons. Je dois vifiter toutes les limites
de ce tout, de cette éminence, de cette chaîne
de collines ou de montagnes; fuivre la diftinétion
des terrains qui font fîtués dans une pofîtion inférieure
ou fiipé rie tire 5 examiner la nature ou la
difpofition des matériaux dont ces terrains font
compofés, & comparer ainfi maffes à maffes, toute
configuration extérieure n’étant plus de mon objet
où ne fervant nullement à établir unediftindtion.
Ainfi je trouve des vallons dans le Périgord &
dans PAngoumois, dans le Berry & la Marche;
j en< rencontre de même dans le Limoufin. J’ai
fuivi dans toutes ces contrées la configuration des
vallons, & j’ai vu fe former par leur ap'profon-
difïejnent les croupes de toutes les collines & de
toutes les montagnes. Je rétablis enfuite tous.ces
déblais, & je vois renaître fous mes pas des plaines
uniformes dans le Périgord, l ’Angôuinois, le
Berry, la Marche; mais les plateaux de plain-pied,
dans le Limoufin, dominent de tous côtés fur les
plaines des premières contrées. Alors il faut que
j. étudie i’organifation intérieure de ces contrées!
difparates, à quoi me fervent infiniment toutes les
vallées que j'ai comblées par la penfée : il faut;
que j examine la difpofition & l’arrangement desmatières,
que je circonfcrive leurs limites, que
je faififie furtout la différente nature des mafles,
où tout eft de plain-pied, & de ces maflifs im-
menfes qui forment des fommets alongés, indé-
pendans des vallons qui s’y trouvent creufés. Tel
eft l ’ordre des obfervations que dirigent les prin-.
cipes de ma méthode analytique du globe de la
terre. Les- vérités s’entraînent les unes les autres,
les objets fe-Amplifient par leur décompofition
en fuivant ce plan de recherches. On voit que je
n étudie les. maflifs dont font compofées les collines
& les montagnes, que lorfque les collines &•
' les montagnes ont cefle de l’ê t r e ,& ne m’ont plus
offert que des maflifs-dont l’organifation feule
m’occupe & fert à me, faire connoître leur diftinc-
tion & leur différent département ; enfin, les circonftances
de leurs origines.
Il eft donc bien certain, d’après ce que j’ai dit
jufqu’à préfent, qu’on doit commencer l'étude des
phénou ènes du globe par les dernières dégradations
des eaux, courantes, foit fluviales, foie torrentielles.
Quoique fouvent ces effets faffent con-
fufiqn, & qu'il foit difficile, fans une longue étude
préliminaire, de les analyfer & de les ranger, pat
prdre, cependant on tro u vera facilement les moyens
de lier les faits fl l’on a fuivi les grandes mafles, ’
qu’on en ait-fait une étude raifonnée, & qu'on
ait rapporté tous ces faits à des claffes générales.
Enfuite, lorsqu’on aura difeuté tout ce qui appartient
au travail des eaux courantes qui circu-.
lent à la furface des continens, il faudra s’ attacher
à de grands faits analytiques, aux diftinétions des
maflifs de l’ancienne & de la nouvelle terre, & à
leurs limites : cela nous donnera des points d’appui
pour y rapporter les obfervations qui peuvent
avoir pour objet leur conftitution intérieure. Je
de répète : voilà l’ordre qu’on doit fuivre pour
•faifir l’ etifembie des phénomènes que doit emballer
la géagraphie-phylique. D’abord il faut s’occuper
de la diftin&ion des grands maflifs qu’on
peut, obferver à la furface du globe dans l’ordre
■ inverfe de leur formation. Ainfi j’y vois figurer la
nouvelle terre, le dernier produit des dépôts de
l ’Océan, le dernier continent mis à découvert par
fa retraite, enfuite tous les faits dépendans de
•cette nouvelle terre; ajouter enfuite la moyenne
terre, & couronner le tout par l’ancienne t ce
font là les cadres où tous les faits doivent être
renfermés. 11 ne refte plus après cela que des détails
- à recueillir ôc à ranger par ordre. On voie,
•par ces détails, qu'un grand nombre de raifons
doivent déterminer à entamer le problème de la
théorie de la terre par l’analÿfe. La première qui
fe préfehte d'abord, c’ eft que les réfultats des premières
opérations de la nature ayant été défigurés
-par les révolutions poftérieures, il eft viflble que
c ’eft le produit de la dernière révolution, qui eft
le plus entier, & qui peut s’annoncer avec tous
fes vrais caractères & même avec une' partie des
caufes qui font encore en adtion. On remonte aifé-
menc, après qu’ on a dilcuté toute l’étendue d’ une
dégradation, aux phénomènes d’une dégradation
antérieure, parce qu’on démêle ce que la première
a perdu par la fécondé : il en eft dé cela
comme d’un déblai qui fe conftate par la connoif-
fance & l'examen des matériaux qui forment un
remblai. Ainfi plufieurs raifons font que là nouvelle
terre offre des phénomènes Amples. C ’eft,
comme nous l’avons .dit, le produit de l’Océan le
plus récent : elle a une organifation plus uniforme;
elle a moins fouffert parles révolutions , & quelques
unes des révolutions qu’elle a éprouvées,
font en train de s’opérer: les principales caufes,
les agens les plus aétifs font encore en travail, &
conduifent l’efprit vers leur marche la plus ancienne
, qui ne diffère de la marche actuelle que
du plus au moins. Ceux qui ont le bonheur de
commencer leurs obfervations dans ces contrées
de la nouvelle terre, & qui ont paffé enfuite dans
l’ancienne, ayant pu remarquer la gradation des
phénomènes Amples aux phénomènes compofés,
ont fenti en même tems les avantages qu’on pou-
voit retirer des principes de notre méthode analytique
, qui ont pour objet la diftin&ion des maf-
Jifs dans l’ordre inverfe de leur formation.
Comme le génie de l’obfervation ne s’arrête jamais
dans fes recherches lorfque les faits prêtent
aux inductions & aux vues nouvelles, après avoir
écarté la nouvelle terre pour ne plus voir que l’ancienne,
compofée de fehiftes , de gneifs, & c . il
fe débarrafferoit de tout ce qui ne feroit pas afiii-
jetti à ces formes pour fe borner aux feules mafles
du granit à grains.uniformes, & , après une certaine
fuite d’obfervations, il pourrpit foupçonnér
que ce feroit le dernier pas qu’ il pourreit faire
dans l ’ordre des différens maflifs. S’il fe permet
d’imaginer, je ne le fuivrai qu’autant que j’aimerai
les romans, ou qu’ il y aura bien de la vraifem-
blance dans le tiffu des probabilités qu’il y aura
réunies pour imiter la marche de la nature. Au
refte, quels que foient fes fuccès, je ne,.confidé-
rerai, dans l’examen de tous les1 matériaux qui
conftituent l’ aflemblage dè l’ancienne terre du
Limoufin, dé l’Auvergne, des Vo fge s, du Bas-
Poitou , que les phénomènes qui fe préfententavec
des caractères correfpôndans dans ces diverfes
contrées, & j’abandonnerai, comme n’ étant pas
du reflort de la vraie fcience, tous les produits
quelconques d'une imagination dominante.
D’après les principes de la méthode analytique
que j’ ai adoptes, ôé dont j’ ai fait l’application ci-
deflus, je crois qu’ il eft très-important de lier une
caufe à l ’autre & une obfervation à une autre ob-
fervation; enfin un phénomène à un autre, de telle
forte que la poftériorité & l’antériorité fe déduifent
de toutes ces recherches. Sans ces attentions, tel
fait n’eft pas propre à entrer dans la chaîne analytique
que je tâche d’ourdir. On me dira peut-
être que dans ce choix on écarte les objections,
& qu’on y adopte feulement les circonftances favorables
à une opinion. Cependant qu’on examine
les faits dont je fais ufage, & qu’on les compare
à ceux que je n’emploie pas, on verra que ceux-ci
ont été mal vus, qu'ils font incomplets ou qu’ils
ne fe raccordent pas d’ailleurs à un autre fait; ce
q ui, félon mes principes, les rend inutiles dans
tout état de caufe, c’eft^çette liaifon, c’ eft ce
raccordement qui rend ce fait phyjique. Ainfi l’a-
nalyfe eft une pierre de touche, qui fert infiniment
à trier des faits, (oit dans l’obfervation qui
les recueille, foit dans l’emploi qu’on peut en
faire.
Un fait qui ne mène à rien, qui tient à des quef-
tions très éloignées de nos connoiflances, eft un
objet inacceflible : ce qu’on ajouteroit pour y atteindre
font des hypothèfes que Yanalyfe a réprouvées,
parce qu’elle ne connoît pas les faùts plus
que la nature elle-même, dont la marche.lui fert
de règle. C ’eft fa marche qu’on fuit, c’eft fa marche
qu’on doit retrouver partout dans les recherches
dont on s’occupe.
Il eft vrai qu’il y a des points d’hiftoire de la
terre qui font certains, parce qu’on les conclut en
comparant l’ancien état avec l’état aéfcuel. Si l'intervalle
eft vide de faits, ces points d’hiftoire de