
collines des deux côtés de la route, & dans le
lointain, à un niveau fupérieur, différens degrés
de maffes montueufes : au midi & à l’oueft, ce
font les Apennins. De Flisbano à Alexandrie on
fuit une plaine élevée au deffüs de la plaine fluviale
du P ô , qui s’ évafe de refferrée & d’encaifîee
qu'elle étoit.
Depuis Tortone, les collines font de purs amas
de fables & d'argiles, avec des veines de graviers ,
calcaires, & la route ne traverfe qu’ une fuite de •
ces collines , qui s’étendent vers le midi, où fe
voient auflx dès montagnes compofées de pierres
blanchâtres, qui s’élèvent en amphithéâtre. Le
point de vue efi terminé par d’autres montagnes
plus élevées encore, & qui font vifiblement le .
centre de la chaîne de Y Apennin : ce font les eaux
qui circulent dans les vallons multipliés, ouverts
entre les différens ordres de montagnes qui alimentent
la Tidone, la Trébie & les autres torrens
alT* z nombreux du.canton : la plupart au refte font
à fée, & ne reçoivent que quelques filets d’ eau :
la Tidone furteut & la Trébie n’ont que des lits
vagues fort larges, remplis de fables & de pierres
roulées, la plupart calcaires. Ces rivières tourmentent
leurs.bords de manière que le pont de la
Trcbie a été abandonné après avoir été obftvué
par des amas de fables & de cailloux roulés : ce ne
font que des torrens, qui ne reçoivent lès eaux de
Y Apennin que par accès. J’expliquerai furtout à
l’article V e l l e i a les circonftances de ces accès ,
& de tous les différens états ou fe trouvent les rivières
de ce pays.
TroijTemë traverfée dé VApennin , depuis Boulogne
jufquà Florence.
Après avoir examiné les collines dont j’ai donné:
ailleurs là composition , j ’ ai fuivi la plaine, fluviale
de la SavenaU qui eft torrentielle comme beaucoup
d’autres qui fortent de l ’Apennin ,* elle n’a
guère qu’une petite quantité d’eau courante fluviale
, qu’on foutient par des digues, pour fervir
à l’ufage des moulins. Je le répète : les maffes des
collines font compofées d’argiie „d’amas de fable
avec des couches peu iuivies dfe marnes & de coquilles
Le terrain fe trouve filloné d’un grand
vallon, dont les croupes font chargées de matières
éboulées : il y. a dans ces. coupures quelques
fuites de couches horizontales calcaires, dont les*
unes fe montrent fur les parties lès plus élevées
■_ des c r o u p e s& les autres dans les, parties les plus
profondes j. quelques autres font inclinées. On
obferve dans cet endroit plufteurs ordres-de plaines
, les unes hautes, & d’autres baffes j. mais en
général le fond de cuve de la vallée eft comblé au
même, niveau ,. &. chargé de cailloux, roulés calcaires.^
•' ;
Après Pianura, tout le maffif fur lequel on s’é-
bève.eft e-B couches de fable.& d’argile..Parmi.les
lits de fable on voit beaucoup de cailloux roulés
qui ne font pas en lits fuivis, mais interrompus &
aifpofés irrégulièrement : en conféquence, deux
lits parallèles fe rencontrent & fe confondent. Il
paroît cependant qu’en général il y a de la pierre
ferene es couches horizontales, dans le milieu
defquelles on trouve des efpèces de rognons aplatis
, d’üne pierre de fable infiltrée. En defeendant
à Lavergnano, on voit fous la maffe de fable dif-
pofée comme nous venons de le d ire, une maffe
d’argile marneufe, au milieu de laquelle font placés
des madrépores branchus, difpofés comme iis
le font dans le baffin de la mer, & établis fur des
amas de cailloux roulés, de pierres calcaires &
autres : on voit là une preuve que les cailloux roulés
ont été ainfi dépofés, comme ils le font fur
les grèves des bords de la mer, même ceux qui
font difperfés dans les maffes de pierres de fable.
Ces dépôts femblent devoir être attribués à notre
mer. Dans notre continent il n’y a nulle trace de
bords de la mer, circonfcrits comme ici par des
amas de cailloux roulés : la feule difficulté eft que
les coquilles ne lui appartiennent pas, mais à la
mer des Indes.
A la Guarda on voit plufieurs fyftèmes de couches
de pierres de fable qui font inclinées à l’horizon,
& qui femblent affujetties à la croupe d’une
i montagne qu’on nomme i l monte di Formicaj au-
j delà de la Guarda on trouve de grandes maffes de
pierres calcaires d’un grain ferré, diftribuées par
couches.;
Gn defeend enfuite au milieu* d’une maffe de
pierres de fable, parmi laquelle les rognons de la
pierre ferene font irrégulièrement pfocés :• on les
voit en couches, & en couches horizontales, vers
Loyano. Cette pierre ferene eft une pierre de fable
à gros grain. De Loyano on monte , & l ’on rencontre
des maffes de-pierres de fable infiltrées en
couches inclinées vers la Madona del Bofco : ces
couches recouvrent des croupes, & 'forment un
glacis très-large & tr-ès-éiendu. Les intervalles de
ces couches de fable font remplis, ou de terres à
feuillets fort minces, ou de pierres d’ un grain plus-
fin e n fa ite , à-ces grandes couches de füblàî fuc-
cèdent des.maffes d’albarèfe ; enfin, toutes ces
couches s’annoncent fur lés fommités, comme
. étant prefque horizontales. A mefure qu’on ap-
, proche de Fdligara,. -cette pierre a là dureté du
•’ g rè s ,.& on là nomme pietra di Macigtio i on èn
, fait des- fenêtres,. des portes & des meules de
moulin- C ’^ft ici que commence Y Apennin, ■ c’ eft-
à-dire, au monaftère oui porte le nom de Scarïca
IrAfiltO:
La dureté des pierres y rend j§ pays moiàv fertile,
par le peu de terre végétale qui réfulie de
leur deftruéhon : c’eft:" là-que font les frontières de
la Tofcane. On voit en face de Fc H) gara 3 de l’si-
; barèfe dont les maffes ne paroiffènt pas fiiivre une
diftribution régulière ; elles fe mêlent , & rentrent
lésâmes dans les antres. Depuis Pianura^bc Loypriq^,
pays froid & peu fertile, on rencontre beaucoup
de châtaigniers.
Pourquoi la pierre ferene, qui eft ici en couches
inclinées, & qui forme, fuivant l’opinion de Tar-
gioni, les montagnes primitives , lêroit^elle eh
couches horizontales à la Golfoline, & y forme-
roit les collines ? Au refte, il paroît que h pierre
de fable eft un débris de granit, & qu’elle eft par
couches bien diftinêles, & cela au fommet des
hautes montagnes, dont elle compofe la maffe avec
les albarèfes.
Les pierres de fable tendres ne paroiffènt plus
après Loyano : les vallons, outre cela, y font tous
à fec , quoique très-profonds, & les collines ne
font guère multipliées que dans la première partie
de la route qui avoifîne la plaine du Bolonois ; c’ eft
là auflî où elles font plus irrégulières : cela eft dû
à l’argile, qui s’y trouve plus abondamment. Dans
li pierre de fable il y a moins de ces inégalités,
quoiqu’ elles foient a fiez confidérables.
Avant Scarica l 1Afino il y a beaucoup de couches
de pierres noires, très-inclinées, avec les pierres
Jerenes.
On ne peut pas dire que les cailloux roulés &
les limons qui compofent allez généralement certaines
montagnes à couches horizontales, viennent
de-montagnes plus élevées, puifqu’ il n’y en
a pas. Cès maffes fe lient fans interruption avec
celles, à couches inclinées ; ce qui fembie détruire
la diftinêtion de Targioni, car certaines couches
bien fuivies & non interrompues font inclinées
dans des parties, & horizontales dans d’autres. On
doit vifiblement les rapporter au même agent, qui
a travaille différemment dans ces parties. Je foup-
çonnerois volontiers que les couches de fable inclinées
font l’effet des vagues, qui s’éhnçoient
contre une bafe inclinée pour y dépofer définitivement
les terres & les pierres entraînées par les
rivières à leurs embouchures , & cela dans une
mer à flux & reflux, & à courans. Les couches
horizontales pourroient être Je réfuirat du travail
d’une mer qui éprouve moins d’ accidens.
Je couchai à Pietra-Mala, & le lendemain j’allai
voir, au point du jour, les feux qui font à un mille
de là : ces feux tiennent à une terre noire, mêlée
avec des débris de pierre d’albarèfe. La flamme a
une odeur femblable à celle que répand le bitume
ou le pétrole j la terre noire reffemble affez-à celle
de Velleia, ainfi-que la pierre. Les pierres s’ échaut-
fent fortement par la flamme fort vive qui les lèche
& qui en fort ; elle augmente lorfqu’on remue
Au refte, je parlerai plus en détail de ces feux
à l’article V e l l e i a , & j’y renvoie.
Quoique la pierre d’albarèfè, qui forme la maffe
principale des montagnes des environs de Pietra-
Mala, Ce trouve di fpofée par couches horizontales r
tout paroît dans un certain défôrdre près de ces
feux. Ces couches offrent lin mélange d’une terre
noirâtre marneufe, & dans laquelle font les bitumes
qui fervent d’aliment aux feux. Ce qui donne de
la flamme eft fort voifin d’ un amas d’eau q u i, outre
la terre. En générrî, elle ne paroît voltiger qu’ à
la furface du terrain. On dit que des voyageurs, e-n
partant de Modène 5e fè rendant à Pietra Malà,,
ont rencontré dans des collines des feux fembla-
bl'es : c’eft toujours là même flamme & la même
forte de terre. On a trouvé des ftatues; dë bronze
& dés médailles près de ces feux $ ce qui don-
neroit lieu de. croire.'que lés Anciens les- ado-
r.oienr,'&c..
fon féjour à la furface du terrain, coule entre
deux terres, & qui entraîne les principes bitumineux
dont elle fe charge. Ce font les obfei varions
que j ’ai faites à Velleia, qui m’ ont fait faire attention
à toutes ces circonftances. J’ai cru én même
tems qu’elles pou voient fervir à expliquer la durée
de ces inflammations, ainfi que leurs reprifes. Effectivement,
ces feux s’éteignent y mais on -les
rallume aifément en approchant une chandeli*
allumée des vapeurs inflammables qui flottent à U
furface du terrain.
Mes habits, après un mille de diftanee des feux,
avoient encore confervé l ’odeur fenfibla que. la
flamme répand, & qui s’étoit attachée à la laine, &:c;
De Pietra-Mala à la pofte fuivante , on trouve
beaucoup de pierres calcaires & de pierres de fa-
Lle ou ferenes plus ou moins infiltrées. D’ ailleurs j
la piefre cal aire domine. On fuit les mêmes malles
après Fierenfola. En defeendant confidérablemenr
jufqu’à la pofte, lorfqu’on eft environ à moitié
chemin, on trouve une large plaine où eft Monfi-
gnano à l’e ft, & à l’oueft une petite plaine fluviale
d’tule rivière qu’on traverfe après h fécondé
pofte : ceci annonce les revers de. Y Apennin à
l’oueft. Ces pentes de montagnes, qui s’abaiffent
infenfiblement après celles dont je viens de parler,
ne paroiffènt pas affujetties à des nuances dans la
nature des matériaux, pi à des change-mens de
forme dans la dilpofition des couches. La plaine
fluviale de l i Sicve eft, comme toutes les autres-,
comblée de matériaux très peu ufés,. & roulés fur
un petit efpace : c’eft là qu’on fuie un vallon qui
conduit à la troifîème pofte de Fonte-Nuovo. Oo
franchit quelques arêtes, & on reprend un autre
vallon. Sur les croupes de tous les vallons que je
viens d'indiquer ,$>n ne voit que de i’albarète en
couches horizontales ou inclinées. II paroît cependant
que,fur ces revers de Y Apennin y il y a.moins
de défordres & d’ irrég.ul.trités-que dans les maffes
-montueufes & précédentes du centre j mais malgré
cela ce font toujours les-mêmes matériaux &
les mêmes grains de pierre. Ainfi, point d’époques
différentes. Ce que i’arConfidéré avec foin, c’ett
que les eaux pluviales ont défiguré les croupes
compofées de matériaux mobiles ; de telle forte
que ces croupes m’ont rien de commun avec les
formes qui dévoient réfultcr des ofcillations des
eaux courantès dans la plaine fluvinlè a&ueilé : on
ne reconnoît bien que les arê.us alternative S; ÿc
, coprefpondantes..