
la Caroline nord j mais les inconviniens du fëjour .
de la partie biffe du pays y foin encore plus marqués.
La culture du riz y étant plus générale,
] infâlubïrté qui en eft la fuite s’y fait auiTi plus
reffentir : outre cela ,~la température y eft à la fois
plus chaude & plus humide. Les réfuhats moyens
•entre dix années d’obfèrvations portent à quarante
deux pouces d'eau ce que les pluies "feh
fourniffent. Les brouillards y font aniïi fréquens
que les rofées y font fortes & abondantes. Dans
les-mois de juillet, août, feprembre & octobre,
on éprouve une intempérie toujours fatale à un
grand nombre de ceux qui ne vont pas habiter
dans les lieux élevés ou dans les cantons‘falubres
pendant cette faifon de l’année ; car les diftriéts de
l'intérieur ont une température agréable & faine.
Toute la côte eft garnie d’îles d a diverfes grandeurs,
dont la plupart font habitées & cultivées.
L’ indigo & le coton y réùffiffent particuliérement,
C ’eft dans 1 île de Port- Royal que fe trouve le
port de ce nom, qui eft un excellent ancrage,
6c fort ipacieux.
Une plaine unie, infenfiblement inclinée, s’étend
à quatre-vingts milles de l ’Océan. Dans cet
efpace le fol eft partout de même qualité & ab-
folumest dépourvu de pierres. Parvenu a cette
diftance, on s’eft élevé à cent quatre-vingt-dix
pieds au deffus du niveau de la mer : là , fi 1 on
va à l’oueft nor^- oueft de Charles-Tqwn , On
trouve , dans une largeur de foixante milles, un
pays couvert de dunes fablonneufes, ou. là végétation
eft fi faible, quelle nourrit à peine-quel-
ques habitans qui y vivent épars. A cent quarante
milles de la mer. on trouve le premier degré du
grand amphithéâtre des montagnes de l’oueît; c’ eft
une ligne de hauteurs, nommée par excellence
tke Ridge : elle forme la ligne de démarcation
entre deux pays qui ne fe reffemblent point. Le
fol devient fertile , l’air falubre , la végétation
a& ive , la verdure fraîche ; des coteaux, des vallées,
des rivières, des ruiffeaux , coupent & varient
le payfage. La culture des grains , qu’on ne
connoît pas dans la plaine, s’ÿ trouve établie avec
tous fes avantages. ^ ,
A deux cent vingt railles de 1 Océan, 1 élévation
fucceftive des collines donne une hauteur de
huit cents pieds feulement. C ’eft la que commence
la région des montagnes j celles de Tryon & de
Uovback font élevées de trois mille huit cent quarante
pieds au deffus de la plaine qui les environne
: celles-qui fuivent, deviennent de plus, en plus
élevées, jufqu’à la limite de cet-Etat du côté de
l ’o u c f t . " ; l f ,
Le fol de la Caroline fe divife en quatre-'efpe-
c e s , qui ont des cara&ères fort diftinds'par îëur
nature & par leurs productions.. Les parties fa-
bionneufes & ttéri’.es, où il ne croît que. des pins
(■ pine banens ) ; des plaines unies, où il ne croit
que de l’herbe, & qu’ on appelle favannaks; le-
fol noir ou le fable gras du. bord des rivièees &
des marais, qui fe couvre naturellement de ro-
-feaux , de cyprès, de lauriers, & qui donne le riz,
le coton & l’indigo par la culture ; enfin , le fol du
pays é le vé , que caràdtérifent principalement dans
fon état naturel la production du chêne, de l’hy-
co ry , celle du pin , du noyer & du locüfte, &
que la culture rend propre à tous les grains, au
chanvre, au lin, au tabac, à l’ indigo & au coton.
- Les fruits les plus abondans font les oranges,
les citrons, les figues, les grenades, les poires,
les pêches , les* melons : le pays ne produit guère
de pommes, qui réufiïfient mieux dans les Etats
du nord; ce qui nous offre un phénomène cor-
refpondant à ce qui s’obferve en Europe. Le contraire
de la.culture entre le pays élevé & la plaine
n’eft pas moins frappant que celui du climat 8c
du fol;
Dans le plat, pays & furtout dans le voifinage
des rivières, les efclaves feuls cultivent la terre :
dans le pays élevé les cultivateurs ne connoiffent
point les efclaves, & s’aident de leurs familles
pour cultiver leurs domaines, comme dans les
Etats du nord. Dans le plat pays l’ ufage de la
charrue étoit à peine connu avant la guerre de
l’indépendance, 8c n’eft point encore très-commun
aujourd’hui : dans le pays élevé la charrue
eft généralement employée , & la culture y eft
conduite avec autant d’intelLgence que d’adh-
vite. ~ -t ;
Les Çatahaws font la feule nation indigène qui
fe trouve enclavée dans la Caroline fud. Cette
tribu, maintenant réduite à quatre cent cinquante
individus, étoit autrefois redoutable aux fauvages
des fix nations avec lefquelles elle étoit continuellement
en guerre.
Géorgie. Cet Etat eft borné à l’eft par l ’Océan
atlantique $ au fud, par les Florides de l’ eft
ou de l’oueft ; à l’ oueft, par le Miffiffipi*, au nord
& au nord-eft, par la' Caroline fud.
La rivière de Savanah fépare la Géorgie de la
Caroline fud ; fon cours eft du nord-oueft au fud-
elt : elle eft principalement formée de deux branches,
nommées Tugulo 6c Keowée, qui prennent
leur fource dans les montagnès, & fe réunifient à
quinze milles de la frontière du comté de Wilkes.
La barre de Tibée, qui fe trouve à fon embouchure,
a feize pieds d'eau à demi-marée.
Les grps bâtimens remontent jufqu’ à Savanah ,
& ceux de moyenne grandeur jufqu’à Augufta.
Au deffus de cette dernière ville il y a une chute,,
après Laquelle les chaloupes remontent jufqu’au
confluent des deux branchesSupérieures. De toutes
les rivières qui fe jettént dans la Savanah, Broad-
River, qui s’y réunit à Pétersbourg, eft la plus,
confidérable : elle prend fa fource dans le comté
de Franklin..; elle traverfe les plus riches établif-
femens.du comté de Wilkes, & pourroit être très-
facilement navigable.
L 'Ogeechée eft une petite rivière, à dix - huit
milles
milles au fud de la Savanah, 3c qui fuit un cours
parallèle à celui de cette rivière.
L’Alatamaha, qui coule àenviron foixante milles
au fud de la Savanah, prend fa fource dans la montagne
de Cherokée : elle arrofe de fon cours rapide
un efpace de deux cent cinquante milles avant
d’arriver à la plaine ; elle y parvient fous le nom
d’ Oak mulge, parcourt lentement une diftance de
cent cinquante milles, fe réunit à l’ O cons y qui
vient de l’e ft, 8c fuit encore , fous le nom d‘Alatamaha
, un cours de cent milles à travers les forêts
, avant de fe jeter dans l'Océan par plufïeurs
embouchures.
Les rivières de Tarde > Great-Sitilla, Little-
Sitilla, Crooked Sc Saint-Mary fe jettent encore
dans la mer. Cette dernière, qui prend fa fource
dans un marais immenfe, traverfe de beaux bois
de fapins, 8c peut fe remonter à quatre-vingt-dix
milles avec des bâtimens d’un port confidérable.
Enfin, les rivières de Mobile, de Pafcagoula , de
Pearl Sc d’Apalachicola coulent vers le fud, & fe
jettent dans le golfe du Mexique. Cette dernière
rivière, qui prend fon origine à d’extrémité de la
chaîne des Alieganys , 8c qui tire fon nom d’une
tribu de fauvages, a fait donner à ces montagnes
le nom tfApalach.es, qu’elles portent ordinairement
fur les cartes européennes.
Les rivières de la Géorgie font peuplées de bons
poiffons de diverfes efpèces ; mais le requin y eft,
dans quelques endroits, incommode aux pêcheurs.
Le marais d * O.-aqaaphenogaw s qui donne naif-
fance à trois rivières ,. couvre une étendue de trois
cents milles de circonférence. Dans la faifon plu-,
vieufe il devient qn lac qui renferme un grand
nombre d’ îles, dont le fol eft fertile.
La côte de la Géorgie eft garnie d’îles baffes,
couvertes de bois : des criques navigables les entourent
ou les réparent du continent, dont les
bords font inondés par des marais falans, qui occupent
une largeur moyenne de cinq à fix milles.
La partie orientale de cet Etat, dans une étendue
de cent vingt milles fur quarante-cinq, eft une
plaine unie fans aucun monticule ni aucune pierre.
Les coteaux commencent enfuite*, & s’ élèvent
graduellement jufqu’aux montagnes^ A foixante
milles'dans l’ intérieur de la Géorgie, à compter
de fa frontière nord , fe termine la chaîne des
Alieganys. Au midi de cette chaîne fe préfente
une plaine vafte & riche, dans laquelle je fol &
le climat favorifent les mêmes productions que
dans les Indes orientales.
Les mêmes caufes d’infalubrité que nous avons
obfervées dans les Carolines fe retrouvent dans
les plaines de la Géorgie , 8c s’aggravent encore
die la mauvaife qualité des eaux. Pendant les mois
de l’ intempérie, les riches planteurs ont coutume
d’habiter le pays élevé , où l’air eft pur 8c fain,
où les eaux font abondantes 8c de bonne qualité.
Dans le fud de l’Etat, les alifés tempèrent les chaleurs
de l’été. Du mois de juin au mois de fep-
Gêographie-Pnyfique. Tome II.
tetnbre, le thermomètre de Farenheit fe maintient
du 76e. au 90e. degré, 8c en hiver il varie
du 40e. au 60e. degré; ce qui correfpond, pour
l’été, à la divifion de 17 degrés à 16 du thermomètre
de Réaumur, & de 4 degrés & demi à 12
degrés pour l’hiver au deffus delà glace.Les vents
d’eft font les plus chauds en hiver, comme les
plus frais en été. Les vents du fud y font chauds,
humides 8c mal-fains.
Auffi loin que s’étend la marée, c’eft-à-dire,
de quinze à vingt-cinq milles, les bords des rivières
font occupés par la culture du riz. Le fol
des parties du pays, qui féparent chacune des ri vières,
eft en général d’une qualité inférieure : il
eft couvert principalement de pins, de petits ro-
feaux ou d’herbe , 8c fournit ainfi toute l’année à
la pâture des troupeaux. On trouve ça 8c là des
cantons qui produifent le chêne & l’hycory, 8c
dont le fol convient à la culture des grains & de
l’ indigo. Ces parties font un peu plus élevées que
les terrains envîronnans.
Le fol eft principalement compofé d’argile 8c
de fable, jufqu’à une certaine diftance de la mer,
8c affeCte une couleur grife, qui devient rougeâtre
ou brune, 8c enfin noire à mefure qu’on fe
rapproche des montagnes. Le terrain rougeâtre
produit naturellement le chêne & I’hycory , & ,
par la culture, le b lé , l ’avoine & le tabac : le fol
noir, qui eft le plus riche, produit naturellement
le mûrier & le noyer noir, & donne , par le travail
de la culture, le maïs, le tabac, l’ indigo 6c
le coton.
Cette dernière culture prend, dans la G éorgie,
des accroiffemens journaliers. Les habitans y cultivent
également le coton herbacé, qui eft une
plante annuelle , & l’arbriffeau v iva ce, qui porte
le nom de cotonnier dans les îles : la gouffe du premier
eft plus groffe, la foie plus longue & plus
blanche 5 la fécondé plante a l’ avantage de durer
plufieurs années, & -fa gouffe produit une foie
j plus fine. La culture du tabac donne auffi de grands
produits. Enfin on cultive une forte de patates
qui donnent une nourriture faine. Les fruits font
les mêmes que dans la Caroline fud. Il paroît que
la culture de la vigne & des fruits des tropiques &
celle du thé y profpéreront par la fuite du tems.
Les fauvages nommés Mufcogées ou Creeks habitent
le centre de la Géorgie, & forment la nation
la plus nombreufe de toutes celles qui font
comprifes dans les limites des Etats-Unis. Il y a
quelques années qu’on y comptoit dix-fept mille
deux cent quatre-vingts individus, dont cinq mille
huit cent foixante guerriers.. Cette nation eft com-
pofée de feize tribus, qui portent des noms diffé-
rens, 8c qui, après des guerres fanglantes entre
elles, fe font confédérées contre les Chaftaws
leurs rivaux. Les Creeks font très-fùpérieurs aux
autres tribus fauvages du continent, par la taille,
le courage, l’induftrie 6c la politique : ils font
fort jaloux de leurs droits, & ont une grande
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