rins. D'ailleurs, on rencontre dans des lits des
parties de pierres calcaires, plusduresque le refte,
& qu'on nomme noeuds. Je ferois porté à croire
que ces noeuds font dus à la décompofition de
groffes coquilles bivalves, & qu'ils ont reçu une
certaine infiltration qui a réuni ces matières en
boules irrégulières, pendant que la roche'qui les
renferme, n'étant formée que par les débris de
petits tuyaux marins, de madrépores àtéfeau &
branchus, réduits en poudre, peu infiltrés, n'a
pas la même confiftance ; auflî ces fortes de pierres
font fujètes à fe décompofer , furtout dans les
parties ou l'infiltration n'a pu fe faire allez complètement,
parce que les corps marins n'ont pas
éprouvé une comminution allez grande, qui ait
permis à f eau de les diffoudre en quelque forte,
Sc dè fe combiner avet ces débris 5;'aùftrces cou-
cberde piètres calcaires s'égtainefit-ellès aîfément
fous les doigfs. J'ai diliingué,, dans certaines parties
de cette roche, des tuyaux marins, des débris
de petits madrépores encore afiez bien con-
fervés, & qui indiquent l’origine des autres bancs.
Tout ce maffif, que j'ai pu obferver en détail
aux environs d'Amboife, paroît avoir beaucoup
de correfpondance avec celui' qu'on peut recon-
ttoître également à Blois , furtout relativement
aux filéx & à leurs formes fînghlières. 1:1 paroît
cependant que d'autres corps marins ont fourni
la fubftance de ce maffif, parce qu'à Blois la confiftance
, la couleur & le grain des pierres diffèrent
beaucoup. Le maflif d'Amboife, tel que nous
venons deTe décrire, fe continue jufqu'à Tours,
où; l'on trouve auffi des excavations fouterraines.
dqns lés. premières couches.
Dans l'épajfleur de tout c e t . efcarpement on
diftingüe dir.q couches : les deux fupérieures font
cTune pierrë qui a peu de confiftance, comme nous
l'avons di t} c ’eft dans ces bancs que les noeuds'
& les chenards fe trouvent difperfés plus ou moins
régulièrement. Dans les trois couches inférieures,
qüi font fort épaiffes, on tire des moellons pour
bgtïr. ' j ^ .
Le fable de la Loire eft fort fin à Amboife. La
chaux mêlée av,ec ce fable fait un mortier d'une
dureté cônfidérable : on en a une preuve bien fen-
fible dans une partie de mur d'iyiç tour de l'ancien
château ; les pierres s'étant détruites, le
ciment qui les lioit forme feul le mur & repréfente
affez bien une efpèce de gauffre foirde.
"Dans, la vallée de la Loi te la térre végétale eft j
d’une Fort bonne qualité , & d'intervalle 2 autre 1
on apperçoit fenfîblëment que t&rgife eft fura- j
bondante aux autres fubftancës terreufes. Sa cul- g;
ture eft a fiez femb labié à celle qu'on rencontre
dans la même vallée au defliis de Blois : la terre
furtout y eft d’un meilleur produit vers les ruif-
feaux & rivières qui viennent fe jeter dans le lit
de la Loire. Partout le fol cultivé eft: divifé en
petits filions, élevés fur Fados. : cette forme m’a
paru déterminée par le fable qui domine dans la
plus grande partie de la plaine, 8c par des eaux
itagnames qui fe trouvent auffi diftribuées fréquemment
dans^cette même vallée.
Au jardin des Minimes d'Amboife on voit des
galeries fouterraines, creufées dans le bord ef-
. carpé de la Loire, & au milieu d’un roc dont nous
■ avons déjà'parlé.'Sur la face verticale du roc coupé
à pic-, 6c élevée d’environ cent pieds, fe découvrent
trois .grandes ouvertures. Environ vingt
pieds au deflus du fol du jardin, deux de ces ouvertures
s ’élèvent jufqu'à dix à douze pieds de la
terre végétale qui Recouvre le roc. La troifième
ouverture n’a que le tiers de l’élévation des deux
autres. Dans l’intérieur du roc'font trois efpèces
de galeriés parallèles , féparées par deux maftîfs,
& auxquelles on peut communiquer par deux1
portés pratiquées au fond de ces galeries. Les-
deux premières galeries ont trois étages féparés
par deux-volâtes ïùrbaiffées ; taillées dans le roc.
Les murs des deux étages inférieurs font, inclinés-
depuis, le bas jufqu'en haut, 8c fe terminent à la
naiifance des voûtes qu’ils foutiennent. Leur incli-
natiorr vers Tes voûtes éft d'autant plus marquée,
que Ton s'enfonce davantage vers l'extrémité intérieure
des galeries. On a recouvert.d'un bon-
mortier fait de chaux & de fable de la Loire tous
ces murs 6c les voûtes, depuis le fond jufqu'à une>
grande' largeur.
La troifième galerie, qui n'a qu’un étage, n'eft*
pas finie j elle offre de tous côtés des maffes de-
pierres qui font taillées à moitié, 8c qui nfent
pas é té enlevées : il y a de même des imperfections
dans les deux autres.
Au fond du premier étage de la fécondé galerie-
eft une. porte affez étroite, qui communique à une
efpèce de coupole taillée dans lê même roc , & re-;
vêtue, dans toutes fësparties-, de briques, dont les
iàces extérieures neTont recouvertes d'aucun ciment.
Au milieu de la voûte , quife trouve arrondie
en très-belle forme, fe voit une ouverture^
circulaire d’environ' deiix pieds- de diamètre} elfe
correfpond à une fembiable qui occupé également
lê centre du cercle de la bafe de la coupole-. L’ouverture
fupérieure■ du dôme tire fon jour & répond
à T'en rance ment du trdifième étage d'une*
des galeries. L'ouverture inférieure pénètre dans*
la voûte d’une cave creufée au deffous des galeries
dans un rez-de-chauffée'3 laquelle a autant de
profondeur qu elles.
.Cette-coupole, percée dans fa voûte ftipérieure
& dans fa bafe, qui-communique d’un côté à un
fo.uterrain élevé, & de l’autre; à une cave, & aij'
furplus placée à l'extrémité d'une galerie de trois
étagés-; ne me paroît pas l'effet d'utie* difpofitiorr
fortuite; En vifitant la c a v e , j'ai remarqué dans*
là voûte* frpts trapes femblables à celle qui cor—
relpontFà la première c oupo l e& placées-fur la*
mêfne ligrre-, & à travers deux de ces trapes on
apperçoit.le jour comme au travers de la pré-1
mière. Ainfi Ton peut cf oirequ’il y a deux autres
coupoles
coupoles placées à côté de la première , 8c qui
aboutiffent auffi au troifième .étage de la même
galerie.
On a abattu les voûtes du premier & du fécond
étage des deux premières galeries , ce qui fait un
feul fouterrain de l'affemblage des trois étages
anciens; ainfi l’on n’y voit plus d’autres di.ftinc-
tions que quelques parties de la naiffancë des
voûtes & la trace de fa courbure fur le mur du
fond des galeries.
Il feroit utile de faire prendre des mefures 8c
des coupes de ces fotiterrains, d'ouvrir les trois
coupoles, de vifiter la profondeur du troifième
étage, dont l’efcalier eft bouché. M. Piganiol de
la Force, dans fa Description de la France, à l’article
Touraine, parle de ces fouterrains comme de
greniers anciens, & confidère les coupoles comme
de foudres deftinées à mettre du vin} mais il décrit
ces monumens. d’ une manière fi imparfaite,
qu'on n’en peut prendre aucune idée nette dans
fon livre. >
Au refte, la forme des coupoles , l’ inclinaifon
progreflive des murs qui s’arc-boutent pour foute-
nir les voûtes, le fécrépi dont les murs font couverts,
les efcaliers qui verfent à droite & à gauche
, tout indique un but dans la conftrmftion de
ces galeries, & de l'intelligence dans leur diftribu-
tionj cequidoitencourageràen rechercher l'ufage.
(Voyei les articles Blo is , T ours 8c Loire.)
AMBRE GRIS , forte de matière réfineufe,
odorante, qui vient de la mer, & qui fe trouve
fur les côtes en morceaux d'une certaine confiftance
: elfe eft d'une couleur cendrée 8c parfernée
de petites taches blanches > elfe, eft légère &
graffe au toucher ; elle a une odeur forte & pénétrante,
qui la fait reçonnoître aifément, mais qui
n'eft cependant pas-aüffi aélive ni aüffi pénétrante
dans l'ambre b rut, qu’elle le devient après qu'il
a été préparé , & furtout après qu'il a été
mêlé avec une petite quantité de mufe & de
civette. C ’ eft par ces moyens qu'on nous développe
fon odeur dans les diverfes préparations où
l'on fait entrer ce parfum : il s’enflamme & il
brûle. En le mettant dans un vaiffeau fur le feu ,_
on le fait fondre & on le réduit en une réfine
liquide, de couleur jaune ou même dorée : il fe
diffout en partie dans l'efprit-de-vin, 8c il en refte
une partie fous la forme d’une matière noire, vif-
queufe. Les naturaliftes n'ont pas encore été d’accord
lut l’origine &.la nature de Y ambre gris. Les
uns ont cru que c'étoit l’excrément de certains
oifeaox qui vivoient d'herbes aromatiques aux
îles Maldives ou à Madagafcar} que ces excrémens
étoient altérés, affinés ,8c char.g s en ambre gris,
fur les rochers où ils reftoient expof-is à toutes
les viciftitudes de l'air. D ’autres ont prétendu que
ces mêmes excrémens étoient fondus par la chaleur
du foleii fur les bords de la mer > & entraînés
par les flots; que les baleines les avaloient 8c les
Géographie- Phyjique. Tome II.
rendoi.nt enfuite convertis en ambre g r is , qui
étoit d’autant plus noir, qu’il avoit demeuré plus
long-tems dans le corps de ces animaux. On a
foutenu que l ’ambre gris étoit l’excrément du crocodile
, du veau marin 8c principalement des baleines,
furtout des plus groffes & des plus vieilles.
On en a trouvé quelquefois dans leurs inteftins »
mais on n'eft pas fur d'en trouver dans toutes. On
a même, voulu expliquer la formation de l'ambre
gris dans le corps d e'la baleine, en difant que
c'eft une véritable concrétion animale qui fe formé-
en boule.dans le corps de h baleine mâle, 8c qui
eft enfermée dans une grande poche ovale au delïîis
des tefticules, à la racine du pénil. Ce qu’ il y a
de certain, c ’eft que des boules d’ambre gris , qui
ont jufqu'à un pied de diamètre & qui pèfent
jufqu'à vingt livrés, re trouvent dans les cachalots
qu’on prend aux Bermudes & fur les côtes de la
Nouvelle-Angleterre.
-Ailleurs on a dit que l'ambre gris étoit une
forte de gomme qui diftille des arbres &qui tombe
dans la mer,ou elle fe change en ambre.D'autres
ont avancé que c'étoit un champignon marin, arraché
du fond de la mer par la violence des tempêtes
} d'autres ont cru que c ’étoit une production
végétale, qui naiffoit des racines d’un arbre, qui
s'étendent dans la mer. On a dit auffi qu’il venoit
de l'écume de la mer} enfin, on a même affuré que
l’ambre gris n’éroit autre chofe que des rayons
de cire & de mie! que’ les abeilles faifoient dans
les fentes des grands rochers qui font au bord de
la mer dis Indes} que cette matière fe cuit 8c
s’ébauche au foleii} que, fe détachant enfuite^
elle tombe dans la nier 6c achève de s'y perfec»-
tionner. Je dois taire remarquer ici qu’aucun de
ceux qui ont avancé les opinions dont je viens de
faire mention, n’a obfervé par fo:-même les faits
qu’il rapport? à l'appui de fon opinion.
Geoffroy dit expreffemem dans le premier vo->
lume de fon Traité, de matière médicale, qu’il n’y
a pas lieu de douter que l'ambre gris ne lbit une.
efpèce de bitume qui fort de la terre fous les eaux
de la mer : il eft d’abord liquide } enfuite il s'é- ■
paiffit} enfin il fe durcit : alors les flots l'entraînent
6c le jettent fur fe rivage. En.effet, c'eft fur
le rivage de la mer & furtouit après les tempêtes
que l'on trouve l’ambre gris. Ce qui prouveroiç
qu'il eft liquide quand il fort de la terre, c ’eft
que l'ambre gris folide 3 tel que nous l'avons ,
contient des corps étrangers,, qui n’auroient pas
pu s'introduire dans fa fubftance fi elle avoit toujours
été également fèche.& folide. On y trouve
par exemple, de petites pierres, des coquilles,
des o s , dès becs d'oiféaux, des ongles, des rayons
de cire encore pleins de miel, & c . Oh a vu des
morceaux d'ambre gris, dont la moitié étoit decire
pure. Il y a eu encore d'autres chimiftes qui ont '
nié que cette matière fût une fubftance animale,
parce qu’elle ne leur avoit donné, dans l’analyfe
qu’ ils en a voient faite, aucun principe animal*