
globe. lîsnous dlient donc que les différens fonds
du baflin de l’Océan, qui fervoient de voûtes à
des cavernes très-vaftes, ayant éprouvé des ébou-
lemens fucceflifs, & ayant préfente des réceptacles
nouveaux pour les eaux des mers, celles
qui couvroient les Pyrénées & l'Europe entière
au même niveau, fe font précipitées dans ces
réceptacles,■ & ont par conféquent laifîfé à découvert
toutes les terres de cette partie du Monde
au deflbus de ce niveau. La même marche des
eaux ayant eu lieu dans les autres parties de la
furface de la terre, une femblable retraite de la
mer s’y eft opérée également.
Jé dois faire mention ici de quelques phyficiens
qui, pour rendre raifon de ces changemens,-ont
admis, fans détours, la diminution abfolue des
eaux de l!Océan ; effet qui a befoin lui-même
d une explication particulière. ( Voye^ Diminution
DES EAUX DE LA MER. )
Les uns & les autres naturaliftes, au refte, n’ont
reconnu & envifagé qu’une feule retraite dans le
même ordre , fans ofcillation aucune en fens
contraire. Ils n’ ont pas vu que plufieurs contrées
, d’abord couvertes par les dépôts de la
mer, ont été premièrement découvertes & ^x-
pofées à l’aélion des pluies & des eaux courantes,
qui y ont creufé & approfondi des vallées, &
qu’enfuite elles îe font trouvées inondées une
leconde fois & recouvertes par de nouveaux dépôts
q u i, depuis la fécondé et la dernière retraite
de la mer, ayant éprouvé des defttuêtions, ont
mis en évidence le premier ordre de chofes avec
tous les phénomènes qui le cara&érifoienr.
D’après ces obfervations, qu’ on peut faire dans
plufieurs contrées de la terre , tontes aflfez voi-
fines des bords de la mer adhielle, on ne peut
fe diffimuler que le problème concernant les caufes
qui ont concouru, en différens tems, a Y-àbmf-
jement des mers & à leur retraite variée, ne foit
plus compliqué & ne préfente plus de difficultés
que dans l’hypothèfe des retraites fimples & dans
le même fens. (Voye^3 à ce fujet, Golfes anciens,
Retraite DE LA MER, MOUVEMENS DE
la mer 3 Limites de l*ancienne mer. )
La fécondé confidération fur Y abaijfement des
eaux de la mer, qui nous occupera dans cet article,
eft celle qui a pour objet les obfervations qu’on a
faites, de nos jours, fur la retraite â&uelle de
l ’Océan & des Méditerranées, & fur la diminution
de leurs eaux le long de certaines parties de
leurs rivages. Nous avons déjà rendu compte de
tout le travail des favans suédois, italiens &
hollandois, & dés réfultats qu’il avoit eus dans
les notices de Ferner & de Lulof j mais nous
croyons devoir en faire un examen particulier, en
montrant, comme nous l’avons annoncé ci-deftus,
les défauts du plan de ces favans & lé peu de foii-
dité des principes qui les ont conduits.
Dans la difpute qui a partagé les opinions des
favans fuédois, ils paroififent, la plupart,-s’être
bornés à des faits hi{toriques, à des traditions,
à des témoignages fort iouvent oppofés les uns
aux autres, au lieu d’avoir embrafle toutes les
circonftances dont la difcuflion devoit entrer natu*
Tellement dans la folution du problème qu'ils
avoient attaqué. Comment n’ont-ils pas vu d’abord
ue le premier inconvénient qni devoit réfulter
u choix de la Baltique pour leurs obiervations,
étoit le peu d’uniformité & de Habilité du niveau
des eaux d’ un baflin qui recevoit fon principal aliment
par un grand nombre de fleuves, dont le
cours fe trouvoit difperfé dans différentes con-r
trées de terres fermes, arroféçs plus ou moins
par les eaux pluviales quelles recevoient ? Outre
cela les mêmes obfervateurs, en s'attachant aux
rivages d'une Méditerranée peu • profonde /o n t
été réduits à circonfcrire leurs examens dans des
lacs & des golfes , dont les uns étoient expofés à
fe combler très-facilement de vafes , & les autres
à fe creufer & à s’approfondir chaque jour, fui—
vant les différens états des fleuves qui y avoient
leurs embouchures.
C ’eft pour ces raifons qu’il nous paroît difficile,
après la ieélure des Mémoires qu’on a publiés fur
ce point important de 1 hiftoire naturelle du globe
, a'adopter un des deux partis plutôt que
l’autre, vu le peu de certitude & de Habilité des
niveaux qu’on a prétendu déterminer ; car lorsqu'on
envifage les variations du fond de la Baltique
, q u i, d’un c ô té , fe remplit par les vafes
que les rivières: charient , q u i, d’ un autre-,
éprouve des affouïllemens par i'aôïion des eaux
torrentielles, on juge qu’il a été impoflible aux
obfervateurs de fixer, pour les niveaux qu’ils
avoient reconnus, des limites uniformes. On fent
que, dans un de ces cas , il étoit néceflaire que
YabaiJJement du niveau fe f î t en plus grande raifon
que le comblement du Baflin , pour que l ’*a—
baif[<trient des eaux devînt fenfible. Malgré ces
incertitudes, plufieurs de ces-favans ont conclu
de quelques faits ifo-és qu’ ils avoient reconnus
& adoptes, que la mer-Baltique baiflbit de quatre
pieds cinq dixièmes de Suède en cent ans > &
l’obfervation qui fervoit de bafe à cette grande
& importante affertion , confiftoit à ce que le
niveau du lac Meier, dont le trop plein lé décharge
dans la Baltique, fe trouvoit, à l’époque
de la difpute, à quinze pieds au defîbus d’une
ljgne tracée vers 1565, pour indiquer l’ancien. :
En général, dans l’expofition des faits qu’on
a cités en faveur des deux opinions, on s’eft fixé
à des circonftances trop bornées. Pour prouver,
par exemple, que la mer s’abaiflbit dans une partie
d’un g olfe , il me paroît qu’il ne fuffifoit pas
de s'attacher à le prouver par certaines lignes
qui auroient attefté fon niveau fur un point de
fes rivages, mais qu’il Falloir encore que l'étendue
des plages qu’elle a pu laiffer,fût reconnue uniforme
& correfpondante fur toutes les côtes. Ces
témoignages font d’ un ordre bien fupérieur aux
faits hiflonques allez peu avérés. Quant a ces
plages & aux preuves qu’on auroit pu tirer de.
leur reconnoiflance, on eft étonné que quelques-
uns des favans fuédois , à la tête desquels je trouve
Linné©, aient confondu! les dépôts-.de^ancienne,
mer avec ce.ux, de la Baltique > qu’ ils n aient pas
fu diftinguer ce qui pouvoit appartenir à cette
Méditerranée, dé. ce qui a ete forme dans le baf-
fin de l ’ancienne mer j enfin, qu’ ils n ont pas vu
que certaines dépouilles qes animaux marins^, ne
pouvoient entrer dans les données du problème
qui avoit pour objet la marché du niveau des
eaux de la Baltique. : , . . :
Si la mer Baltique aétuelle a laifte furies bords
des dépôts de coquilles, ces coquilles doivent être
des mêmes efpèces que celles qui fe voient dans
fon baflin 5 mais on ne peut pas lui attribuer des
efpèoés différentes femblables,à celles qu’on trouve
au milieu de nos continens, foit en Allemagne,
foitenFran.ee.. ; •
Ces favans ont cru que la Baltique , dont le
niveau s’ abaiflbit, félon eux, étoit la même mer
qui a voit.cou vert les fommets des collines ou 1 on
voit des-bancs de coquilles, & que ces couches,
abandonnées par l ’ancienne mer, appartenoient
au même ordre d’opérations dont ils avoient cru
reconnoître & çonftater la fuite fur des plages
inférieures.. Mais ce font vifiblement autant d’erreurs
; car ce qui appartient à la Baltique , n'a irien
de commun "avec ce qui eft incpnteftablement
l’ouvrage de l’ancienne mer-. On auroit donc tort
de confidérer ces phénomènes comme une continuité
de l’ action des mêmes agens, La mer qui a
fait les dépôts de coquilles de l ’intérieur des
terres de la Suède, étoit une mer placée fous un
climat different, de' celui de la Baltique. Ses produits
ne peuvent donc être rangés dans la même
clafîfe que ceux de la Baltique, dont le baflin méditer
r an ée a probablement- été creufé dans un
maflif de même nature que celui que cette preT
mtère nier a formé & enfuite abandonné.
Il s’en faut b en qu’on ait interprété, à l’aide
de cette diftin&ion, les - différentes obfervations
qu'on cite , &' qu’on ait affigné à chaque agent
& à chaque époque les effets qui leur appartiennent.
Il s’en faut bien aufli que, dans l’examen des
faits que les favans fuédois qui ont figuré dans
cette difpute, ont allégués de part & d’autre, ils
aient fu rapprocher des réfultats les circonftances
locales qui pouvoient y concourir, foit qu’il fût
queftion d’ établir Y abaijfement du niveau ou fon
élévation, ou qu’ ils aient indiqué les variations
dépendantes dès fiiifons ou de la quantité d’eau
que les fleuves recevoient des pluies & qu’ils
verfoient dans la mer..
Sans faire précéder un pareil examen, on a
o fé , d’après de fimples remarques, décider, non-
feulement la diminution dés eaux, mais encore
Ja loi de fes progrès : on n’a pas penfé que les
j caufes de cette diminution pouvoient, par la
fuite, ne pas agir en même raifon que dans les
tems, qui avoient précédé. Et n’ eft-on pas fondé
à le crojre ,.en obfervant la dïfpofitiôn des bords
de cè" baflin méditerranée, te lés différens états
des lits des fleuves qui fervent à l’alimenter. Si
la culture , l’irabitation d’un pays, les défriche-
mens doivent être confiaéres comme influant fur
la quantité de l’eau pluviale, il eft nécefîfaire que
ces mêmes effets s’étendent fur la maffe-jde l’eau
des fleuves , & , par une fuite néceflaire, fur
celle du baflin ou ils fe déchargent. Ain fi Yabaif-
.fement du niveau des eaux de la Baltique ou fon
élévation , dépendant néceflairement de toutes
circonftances qu’on n’ a ni erivifagées ni fuivies
comme il convenoit, on n’a pu tirer aucunes
coniequences décifives d’après de fimples obfervations
locales, bornées à des lacs & à des golfes
peu étendus. Nos favans fuédois n’avoient donc
pas de motifs qui les autorifafient à diftribuer,
fui vant des progreflions uniformes, Y abaijfement
total ou l’élévation entière fur une durée prife
en gros, & prédire, pour les années fuivantes,
des effets pareils à ceux qu’ils croyoient avoir
ob.fervés. Il fuffifoit qu’ il reftât en Pologne , en
Prufîe, en Ruflie & même en Suède, des cantons
incultes qui pouvoient fe cultiver & fe peupler
, de manière que ces changemens eh produîr
fiflent proportionnellement fur les abaijfçmens ou
les élévations des .niveaux de la Baltique, pour
qu’on dût être convaincu qu’il étoit impoffiblê
d’en déterminer les progrès .& de les aifujettir à
des règles fixes, fans avoir ou prévu ou apprécié
l’ étendue de. ces changemens.
Nous, devons rapprocher des raifons précédentes
contre. Yabaiffernent ou l’élévation du
niveau des mers méditerranées , une autre cir-
conftance qui peut avoir influé fur la difpofît on
relative du fond de ces mers & dé la furface des
parties de la terre ferme qu’on y a comparées.
Je veux parler des terrains fuje.ts à des affaifie-
1 mens un peu cor.fidérables. Lorfque les favans
dont nous difeutons les travaux, ont obfervé dans
les parties des côtes qui éprouvent des afFaifië-
mens fenfibles & fucceflifs, ils ont prétendu que
le niveau des mers voifines h’aufToit chaque jour.
Nous pouvons citer, à cette occafion, Hartfoeker,
en Lflollande , & Manfredi, à Ravenne. Outre la
confidération dé l’affaiflement des terres , ils ont
pu ajouter celle des vafes que l’eau trouble des
fleuves porte annuellement dans le baflin des Mé-
! diterranées, le long des? rivages fur Iefquels ils
ont fait leurs obfervations. Manfredi cite le pavé
de la rotonde de R.avenne de du tombeau de
Théodoric, qui font au deflous du niveau aéfcuel
de la mer Adriatique. Mais il luffit de remarquer
q u e , dans le fol de Ravenne & de Ferra:é,
tous les bâtimens d’ une certaine mafle & d’une
élévation un peu confidérabîe ont perdu leur
plomb 5 ce qui prouve que le fol a céd é , & que