
& celle de Lay en Bas-Poitou : c’eft ainfi qu’elle
s’ eft approprié également les environs de l’embouchure
de la Charente, de Brouage & de la
Seudre..
•-.On fait qu’ au milieu des grandes mers, les roches
à fleur d’eau & les petites îles font aufli rares
qu’elles font communes près dçs 'continèns.. La
liiière maritime de Bretagne en éft hériffée, quoique
le maflif des côtes foit compofé d’une matière
dure. L'on en voit un grand nombre fur les côtes
du Bas-Poitou & dè VAunis. On ne peut mécon-
uoître la caufe de ce phénomène dans les efforts
réitérés de la mer contre les côtes, favorifés d’un
autre côté par l ’aétion des eaux courantes qui fe
réunifient dans ces parages. Les eaux s’infinuent
dans les pores des terres & dès pierres, les détrempent
, en affoibliffent le tiffu, le détruifent,
& fe fraient ainfi une route dans les côtes, qui
font d’ailleurs entr’ouvertes par les eaux des.fleuves
& des rivières-, & c’eft par le concours de
toutes cès caufes, que la mer fe fraie une route
dans le continent, forme & élargit les canaux ,
les anfes , les finuofîtés & les enfoncemens des
rivages.
S’il fe préfente une côte ferme & folide, qui
réfîfte au choc des eauÿ, elles la fapent, & , ne
pouvant la ruiner brufquement, elles en féparent
' la face des terres adjacentes. Enfin, elles l’em-
braffent en Totalité & en grande ma/Te, & cette
portion, détachée de fon tout, prend alors la
forme & le nom à'île : ainfi les îles de R é , d'Aix
& d’Olér.on ont été inconteftablement formées
par cette mécanique fimple, conftatée d’ailleurs
par l ’obfervation, dont i’hiftoire même nous a
confervé les témoignages. '
| Ce qui achève de le prouver, c’ eft que le terrain
de ces îles elt de même nature que la terre
ferme : ce font les mêmes couches, le même grain
de pierre, les mêmes coquillages foffilesj en un
mot, le même fond de Banche, couvert d’ une
rerre végétale également propre à la production
du vin. Un pareil rapport annonce clairement des
parties féparées d’avec un tout primitivement
commun. Quand on jette les yeux fur les projections
des îles de Ré & d’Oléron , on voit que
tant l’intérieur des terres que le gifement de
leurs côtes fe prolongent fuivant la même direction.
Outre cela » dans les efpaces intermédiaires qui
féparent ces deux.îles entr’elles & la terre ferme,
on trouve des écueils épars, des chaînes de rochers
prolongés les uns vers les autres, antiques
b^fes des maflifs qui occupoient une partie de ces
intervalles, & que l ’Océan a fait difparoître. On
peut citer.; d’abord Champ - Chardon, Chauveau ,
J^averdin, -le banc des Baleines , attaché à f ile de.
Ré ; le rocher d'Antioche, le rocher des Repos &r les
Antiockois, qui partent de l ’île d’Oléron, courent
tous nord-oueft environ trois quarts de lieue en
jijer ; ces monumeas d’ un maflif qui a çédé aux 1
ravages de la mer font aujourd’hui des écueils
dangereux.
Ges grandes parties de la côte qui tenoiént au
continent ont été enfoncées en trois endroits qui
correfpondent aux embouchures de trois fleuves :
c ’eft ainfi que les trois parties font les prolongemens
de ces embouchures s c’eft ainfi que,les eaux de la
Sèvre & des rivières affluentes dans leur débouché
auront divifé les terres qui leur étoient oppofées,
& par un effort continuel auront élargi l’ouvertm e
première pour fe donner un libre cours. Il en eft de
même de la.Charente, dont l’embouchure tournée
vers le milieu du pertuis d’Antioche annonce fon
ancien prolongement à travers ce pertuis. La Seudre,
qui fe décharge entre le pertuis Maumuffon
.& le Coureau , a d’abord formé ces deux ouvertures
, que l’Océan a par la fuite élargies ; car
quel que foit l’état a&uel de ces trois rivières, il
n’eft pas poûible de concevoir que leur cours ait
eu lieu, à moins que la liberté de leur mouvement
n’ait, été établie par une communication bien ouverte
avec l’Océan.Tous les changemens qui font
arrivés par la fuite ne peuvent faire méconnoître
ce premier travail de l’eau courante. ( Voyeç les,
articles de /a S È V R E , de la CHARENTE G de La
S e u d r e j voyei aujji I l e s d e R é & d ’ O l é r o n . ) :
On a dit quel’^unÉr étoit une des terres les plus
nouvelles4 e la France, <ic que le fol de cette pror
vince étoit un marais il y a deux ou trois fièclesj
enfin, que fa furface avoit une tendance pour gagner
le niveau de la mer. Cependant, lorfqu’on a
bien obfervé cette contrée, on voit que, depuis
Mauze jufqu’ à la Rochelle, le fol conferve à peu
près la même hauteur, & ne préfente dans toute
fon étendue qu’un, long plateau filloné de diftance
en diftance par de petits vallons avec des tertres
détachés, affez élevés, & 'c e qu’il y a dè remarquable,
c’eft que ces collines , qui parodient dominer
fur les environs, font cependant dans le
voifinage de la mer.
Une preuve encore plus convaincante que cette
terre n’ a pas une tendance marquée à s’abaifler
fous la mer, fe tire de la pente naturelle que fui-
vent les eaux de fources & de pluies qui circulent
à la furface de cette petite province. Les ruifleaux
d’Aigrefeuille, de Saint-Chriftpphe , de Fond-
Patour ne descendent pas vers la Rochelle , qui
n’en eft qu’à une diftance de trois lieues au cou-,
chant, mais coulent d’abord à l’orient, puis fe
détournent vers le nord -, & , après avoir travèrfé-
çinq ou fix lieues de terres baffes, fe rendent dans
la Sèvre Niortoife. D’un autre c ô té , la rivière de
Surgères femble vouloir fe diriger à l'oueft} mais
rencontrant les terres .élevées de VAunis , elle
change la direction de fon cours, tour.ne.au midi,
& va fe perdre dans le marais de Muron. Plus près
| de la Rochelle, les eaux de Groleau, de Cande,
de la Sauzaie ont toutes leurs pentes au nord, &
aucun de ces ruifleaux ne fe dirige-à la mer.
Çe n'eft donc pas verslqcouchantque le terrain.
d«
àe VAunis s’abaiffe & s’aplatit : au contraire, les
pentes paroiffent plutôt qéterminées vers le nord
& le midi, où fe trouvent d’ailleurs de vaftes marais
qui étoient autrefois entièrement fubmergés ;
de forte que VAunis reflèmbloit poiir lorsfà un
plateau d’une médiocre largeur, qui s’avançoit de:
dix à douze lieues vers la mer fans s’abaifîer. Plu-
fieurs de ces marais, quoique defféchés , font encore
plus bas que le niveau de la mer , & ce n’eft-
qu’avec de fortes digues qu’on lespréferve aètuel-:
lement des invafions de-ce terrible élément.
Pourquoi donc ne vérroic-on dans le pays d*Au-
nis qu’un canton que la mer a furmonte & rongé
plus ou moins en diminuant répaiffeuf de fon fol
à proportion du féjour qu’elle y a fait , & des ravages
qu’elle y a occafionnésPLà, comme partout
ailleurs, les- deftru&ions qu’on y remarque,)font
dues aux eaux pluviales comme aux eaux courantes.
Que VAunis ait été couvert par les eaux de la
mer, la ftruâure & la compofition des bancs de
pierres calcaires qui conftituent fon fol l’annon- ,
cent affez aux naturaliftes; mais rien ne prouve
d’ailleurs que la mer ait, depuis fa retraite, envahi
de nouveau cette contrée, & l’ait rongée. L’Q-
céan peut bien faper peu à peu & détruire une
côte qui fe trouve expofée au choc réitéré de les
flots > il peut bien aufli déplacer un banc de fable,
& , lôrfqu’il coule entre deux rivages reffërrés,
élargir fucceflîvement & creufer un golfe, un'
canal j mais on n’a aucune obfervation qui prouve
qu’il ait envahi ainfi les parties des continèns qui
fe t.rouvènt élevées au deffus de fon niveau, &
qu’ il les ait rongées en agiffant pendant quelque
tems fur le fond qu’il auroit envahi, - ' :Y • ;
L’obfervation journalière nous apprend au contraire
que le fond du baflin de l ’Océan fe comble ,
& s’élève peu à peu le long des côtes, parce que
les terres , les fables, les pierres que les rivières '
& les fleuves charient dans fon fein, & que fes:
flots détachent des rivages, forment des dépôts ;
continuels. Ainfi nous fommes affurés que le fond
de la mer, dans le golfe deGafcogne , s’élève fenfi-
blement, furtout à la proximité des côtes, & que:
les bas-fonds s’y multiplient chaque jour. La mer
a couvert autrefois le pays d3Auras, mais elle l a
couvert en même tems que les provinces voifines,
qui font partie de la nouvelle terre : c’ tft alorsv
qu’elle a formé, avec les débris.dçs nombreux co-.:
quillages qui vivoient en familles dans fon. bàflîn ,i
ces bants <de pierres calcaires qui coriftituent. le
fol de V Aunis, comme: celui des provinces :voi-.'
fines.
La mer , en minant le* côtes * peut bien les détruire
j mais ce travail n’a rien de commun avec
l ’invafion que quelques natural'iftes' ont fuppofée.
D ’ailleurs , ces démolitions ne font rien en com-
paraifon des laiffes confidéraBles qu’elle a faites
depuis quelques fiècles au midi & au nord de la
province ; mais alors il n’y a pas dé doute que la
Géographie-Pkyjique. Tome II.
mer ne foit aidée beaucoup dans ce travail par les
fleuves qui charient des vafes que la mer rabat
dans fon reflux fur les parties latérales des embouchures
de ces fleuves..
h Si l’on examine maintenant les dépôts faits an-
ciennement par la mer, on y trouve des coquilles
de même efpèce que celles qu’on remarque en.
; Poitou & en Angoumois, & dont un grand nombre
ne fe trouve plus dans nos mers : telles font
les cornes-d’ammon, les bélemnites, les gryph:-
' très, & c . J’ajouterai même une fuite de coquillages
fort rares, qui ne fe trouvent qu’ en Angoumois
& en Périgord, &r dont j’ai rencontré, quelque s
fuites dans le pays & Aunis.
D’après ces obfervatioas correfpondantes, on
ne peut pas confidérer le terrain de VAunis com-
! me le dernier produit dè la mer aébuelle & le dernier
prolongement du continent, puifq.u’il eft parfaitement
femblable au fol des provinces de l’in - .
; térieur, & que d’ailleurs lès efpèces de coquillages
n’appartiénnent pas â l’Océan qui borde les côtes-
' de 1 * Aunis t mais à une ancienne mer qui a couvert
VAunis\avec les provinces voifines. .
On trouve dans plufieurs endroits de la côte de:
. VAunis, comprife depuis la Rochelle jufqu’à Ro- -
. chefoft, des âmàs dè fables affez confidérables.
Ges fables font le produit du lavage des terres ,
que charient les deux Sèvres & la Charente , 8c
que la mer, qui fait ce triage, accumule le long1
des côtes baffes : ces font ces mêmes fablès qui
contribuent à la,formation des dunes du platin
d’Angoulin : il y en a d’ailleurs fur d’autres côtes. .
îles continentales;
En parcourant la Saintonge. & VAunis, j1 ai
; trouvé d’ abord défignëes fous le nom dalles, des
I terres élevées au milieu des inondations de la
mer> , des rivières & des marais; En m’éloignant:
enfui te de ces différens parages, j’ai rencontré1
d.’autres terres vfemblablement élevées au: deffus'
des environs , mais q u i, n’étant plus entourées
d’e à u â y o ie n t cependant cbnfer.vé cette dénomination’.
À1 îles. Ce paffage de l’état premier au
fécond m’a fourni,l’idée d’employer la dénomination
&Ue pour défigner toutes les terres élevées
& ifolées au milieu de nos continèns.
<. Efteétivement, fi je; fuis les événemens auxquels
ces terres & ces îles doivent leurs formes détachées
, je ne puis douter quelles ne les doivent
aux eaux/:• dans le premier cas , à la mer & aux
embouchures des rivières, & dans le fécond, qui
m’occupe ici principalement, aux eaux courantes,
aux époques furtout où s’ébauchoient les premiers
tracés des vallées.* C ’eft ainfi que la nature nous
montre; dans les.diverfescireonftancesoù l’on peut
les obferver, lesxéfultats de fes opérations fuc-
celfives. C ’eft d’après ces confidérations que j’ appellerai
les uns il es marines, fluviales, marécageu-
fis y de furtout torrentielles, & en général conti*
R r r r r