autres obfervations que nous ajouterons ici. On
rencontre, au deffous des bancs inférieurs, une
veine étroite 8c peu profonde, qui femble partir
horizontalement de la montagne : elle eft d’un
terrain ou d’ un gravier tout différent de celui qui
l’éntoure deffus, deffous, par les côtés, & dans
tout le relte de la montagne, donc les rochers
font partout de pierre à chaux, au lieu que ce
gravier eft de pierre dure & vitrifiable.
On peut en diflinguer de trois à quatre efpèces :
chaque morceau eft arrondi : il y en a même qui
ont un poli fort luifant; ils font pofés par couches,
qu’on diftingue l’une de l’autre par la différente
groffeur des grains 8c par leurs différentes
formes. On remarque quelque chofe d’approchant
dans les fables & dans les graviers de nos rivières ;
& il y a grande apparence que les graviers & les
cailloux de notre chaîne ont été arrondis de la
même manière que ceux de la mer & des rivières,
en roulant fur les fables , & qu’ ils ont été enfuite
dépofés de même.
C e qui femble trancher tous les doutes, c’eft
que parmi ces mêmes cailloux il y en a qui leur
reffemblent, & par la forme, & par le volume : ce
font des fragmens d’oftraçites & depierres étoilées,
pétrifiés en filex comme ceux du refte de la montagne
; mais les fragmens de ceux-ci ont des angles
tranchans à vive arête, au lieu que ceux qui font
répandus dans la veine dont il eft queftion, font
non-feulement plus menus, mais leurs parties an-
guleufes ont été vifiblement émouffées 8c ufées ,
enfin arrondies par les frottemens, de telle forte
qu’on a quelquefois de la peine à reconnoître le
coquillage j. & comme ces fragmens ont fuivi une
loi commune aux autres morceaux qui compofent
cette veine ou filon, il paroît qu’ils ont tous participé
à un roulement général.
On peut fe rappeler à cette occafion les conséquences
que j’ai tirées des coquillages & des
pierres arrondies de la fïxième chaîne : il me femble
être également autorifé à en tirer de fem-
blables de l’état où fe trouvent les fragmens du
filon dont je parle, car ils ont les mêmes formes ,
& fe préfentent dans les mêmes circonftances.
Il paroît donc, par ce que nous venons de
dire-, que cette veine de terrain ifolée eft comme
étrangère à la montagne, dont les pierres ont un
grain & une couleur totalement différens , car ce
font des pierres à chaux qui n’affe&ent aucune
forme ni aucun volume déterminés 5 au lieu que
les fragmens du filon, outre qu’ ils font vitref-
çibles, n'excèdent jamais, la groffeur d’un oeuf de
pigeon.
Il s’enfuit de là encore que la montagne a fou£
fert un dérangement dans fendrait de la veine.
Ceux qui ont étudié Jes caractères de continuité
des terrains,, ont reconnu qu’ils fe confervoient
les mêmes fur une grande étendue, de la furface de
la terrei qu’ uhe ou plusieurs montagnes, qu’une
jgiême plaine,^ fi Yaftes qu’elles fuffent, offroient
partout le même grain de terre & de rocher; ou
s’ il fe trouve des rochers de différentes natures,
ils font par couches ou par maffes féparées, &
placées les unes au deffus des autres. Lorfque cet
ordre eft interrompu, lorfque le terrain eft coupé
ou traverfé brufquement par une veine de terre
ou de pierre d’une autre nature qui tranche fur
les environs, c’eft une forte préfomption qu’il y
a eu un dérangement furvenu dans l’organifation
primitive.
Il eft vrai qu’il n’eft pas aifé de connoître fou-
vent les lois que ces dérangemens ont fuivies, ni
de donner en même tems des raifons de la fuite
8c de la continuité des terrains; car il faut bien
connoître toutesu ces circonftances pour avoir la
folution de ces différens problèmes, fouvent de
la plus grande importance. Il feroit à fouhaiter,.
d’après ce point de vue, que ceux qui s’intéreffent
aux progrès de l’hiftoire naturelle, aéterminaffent,
par des obfervations rigoureufement fuivies, les.
limites des terrains, leurs interruptions, leurs
différens grains, & toutes les variétés qu’ils peuvent
offrir : l’exécution de ce travail jetteroit
beaucoup de jour fur les différens changemens
qui ont lieu dans les fols de plufieurs contrées, &
fur les eaufes qui ont pu y concourir. Les détails
que nous venons d’ expofer fur les chaînes précédentes
peuvent faire connoître à un certain
point les principes d’après Iefquels on peut diriger
ces obfervations. ( Voye% Grain des pierres >
Amas de coquilles, Majfifs, & c .)
ALAMPY, ville d’Afrique, fur la côte d’Or, à
l’eft du Grand-Ningo, & à quatre lieues de la
haute montagne de Rédundo, qui fe préfente en
forme de pain de fucre au nord.
AL AND , île de la mer Baltique, entre la Suède
& la Finlande : elle peut avoir trente à quarante
lieues de circuit; & quoiqu’elle s’étende au-delà
du foixante-unième degré de latitude feptentrio-
nale, il eft rare qu’elle ne produife pas affez de
grain chaque année pour nourrir fes habitans.
Il y a , outre cette culture, des pâturages abon-
dans qui leur fourniffent les rpoyens de faire un
gros commerce de beurre 8c de fromage. On y
trouve auffi de belles forêts , d’où l’on exporte
beaucoup de bois & de charbon : il y a d’ailleurs
des carrières de pierres calcaires dont on tire un
grand parti. Elle eft environnée de rocs 8c de
bas-fonds qui en rendent les abords difficiles &
même dangereux. Elle eft à la tête d’une chaîne
d’îles affez nomb.reufes, qui ferment l’ouverture
du golfe de Bothnie.
ALANDES ( île s ) . La bouche du golfe de
Bothnier eft remplie d’un groupe prodigieux de
petites îles & de rochers dangereux pour la navigation.
L’ île d3Aland éft 1a- principale, 8c celle qui
a donné fou nom aux autres r .c’eft une maffe. de
rochers furprenante, ainfi qu’un grand nombre
d'autres. Le fond de ces îles eft un granit rouge
& gris. De là le golfe de Finlande s’étend droit à
l'eft, & il a , fur fa côte nord, une chaîne pareille
d’îles femblables, & quelques autres femees dans
le canal. Toute la côte & ces îles font des maffes
de granit rouge 8c gris, ainfi que les côtes de
Suède ; elles font mêlées feulement de pierres de
fables, de bancs de pierres calcaires 8c de morceaux
de granit ifolés. Nous en parlerons plus en
détail dans nos confidérations générales fur la
Baltique.
À L A P A , montagnes de Sibérie, dans la Ruflie
afiatique : elles s’étendent depuis le lac Jaiokaia
jufqu’aux confins de la Baskyrie. On y exploite
avec fuecès des mines de cuivre très-riches.
ALÀSCHK A , péninfule fur la côte occidentale
de l’Amérique feptentrionale, au nord de la rivière
de C o o k , & au milieu de côtes, de baies
8c d’î’es dont les détails ne peuvent être que très-
intéreffans. En quittant l’entrée de la rivière de
C o o k , paroît le Cap Sainc-Hermogène : c’eft
une terre haute 8c nue, d’environ fix lieues de
circuit, & féparée de la côte par un canal large
d’une lieue ; il eft fitué à la latitude de cinquante-
huit degrés quinze minutes, 8c couvre la vafte
péninfule d‘Alafchka, qui commence entre l ’embouchure
de la rivière de Cook 8c la baie de
Briftoly qui borde fon ifthme. Elle a fa pointe au
fud-oueft, 8c femble dans la dire&ion du croiffant
d’îles. qui traverfe la mer depuis Kamtfchatka. La
terre, à l’oueft de la rivière de C o o k , s’élève par
une fuite de fommets coniques fort ferrés les uns
contre les autres, & la côte, affez fouvent efearpée,
s’élève brufquement en forme de tours ; au devant
de la côte règne un front d’iles groupées, avec dés
çmas d’écueils & de rochers à fleur d’ eau.
Parmi les îles , celles de Shcumaçin font les plus
confidérabks; la principale eft la plus reculée
vers l’oueft, & s’appelle Kadjak; elle peut avoir
cent verftes de longueur, & depuis vingt jufqu’ à
trente de largeur, 8c elle eft très-peuplée. Les
habitans parlent un langage different de ceux
d‘ Qunabifchka : on l’a jugé un dialeéfe du groën-
landois. Les. habitans paroiffent être de la même
nation que ceux du détroit du prince Guillaume.
Leurs chemifes font faites de peaux d'oiféaux, de
celles de la marmoce fans oreilles, des renards,
des ours marins & de quelques poiffons. O it y a
vu des chiens, des ours, des loutres de l’efpèce
commune & des hermines. Cette nation paroît
avoir été plus loin que fes voifins dans l’ art de
conftruire fes habitations, de tiffer fes étoffes 8c
de préparer les peaux qu’elle vend.
arbres affez gros pour être, creufés en canots
propres à contenir cinq per Tonnes : ces efpèces
de bateaux établiffenr une différence entr eux oC
les Groënlanctois. , . r . A, ,
En face de l'extrémité de la péninfuls d AUf-
ckka eft l'île à'Holibut, latitude cinquante-quatre ;
elle s'élève, en forme de montagne pyramidale, à
une grande hauteur à l'oppoftte du détroit refferré
& peu profond qui eft entre Alafchka & 1 île d Oo-
nemaka. On voit de là la chaîne .correfpondante
du continent s’élever à des hauteurs fl cqnlidera-
bles, qu’elles atteignent le niveau de la n e g e
confiante ; 8c parmi ces fommers neiges, on en
diftingue plufieurs ifolés qui ont la forme conique
L'île eft furtout eompofée de collines mêlées
de terres baffes; elle abonde en racines bulbeufes
& en fruits fauvages qui fervent de nourriture aux I
habitons. 11 y croît des arbuftes 8c même des I
: une de ces têtes detachees vomifloît des
tourbillons de fumée à une grande élévation, le
vent les rabattoit enfuite & les chaffoit devant
lui en formant un nuage alongé d une grande
étendue : ce volcan eft à cinquante-quatre degrés
quarante-huit minutes de latitude : c eft évidemment
un anneau de la chaîne volcanique qui fe
trouve dans les environs du détroit de Béreing. -
L’extrémité d’ Alafchka finit par fe trancher à
pic; auffi voit-on, en face de cette terre efearpée,
l’île d’ Unmak, d'une largeur à peu près correfpondante
à la coupure du continent. Le canal qui
fépare l’île eft étroit 8c peu profond ; il eft fitué
à la latitude de cinquante degrés trente minutes,
& conduit à la baie de Brijiol. L’île d’ Unmak a
cent verftes de longueur, 8c de fept à quinze de
laVgeur ; elle' renferme un volcan qui brûle. Dans
une région inférieure aux maflifs qui alimentent
! ces feux fouterrains, font des fontaines chaudes
& jaillifiantes comme celles dTftande : les habitans
s’en fervent pour cuire leur viande & leur
poiffon ; ils fe plaifent auffi à fe baigner dans celles
donc la chaleur eft tempérée.
A l’oueft de ces îles font les petites îîçs d’ Oo-
nella 8c d’Acootan, & à peu de diftance d’elles
celle d’ Ounalafckka : on donne à celkr-ci cent
vingt verftes de longueur & dix à dix-huit de
largeur. C ’eft le dépôt le plus éloigné des colonies
miles, qui ont aujourd'hui des établiffemens
dans la plupart des îles entre l'Afîe & l’Amérique :
toutes font fous la dire&ion de particuliers entre-
prenans, qui ont porté jufque-là leurs fpéculations
de commerce. Le voyage, depuis Ochotsk oit
Kamtfchatka jufqu’ à ce s ïlè s , dure trois ou quatre
ans, & il a pour objet principal les peaux de
loutre de mer. A préfent les naturels de ces îles
n’ont que des canots couverts de peaux, & ils
n’en conftrurfent les côtes ou ftanè$ que de bors
flottés que le hafard leur procure. Ils reffemblenc
aux Efquimaux dans leur habillement 8c quant à
leurs armes. Leur langage eft un dialeâe de cetree
nation. Ils enterrent leurs morts fur les fommets
des collines , & élèvent deffus des amas de pierres.
( V o y e i O u n a l a s c h k a . )
A L A V A , petite centrée dXfpagne^ comprit