
encore un produit important de lâ Virginie : ôft
y a foignéjes races de courfe. & de chaffe avec
beaucoup plus de fuc.cès qiue dans aucun autre Etat
de l'Amérique feptentrionale.
. Les divers poillons des rivières , dont les principaux
font l’efturgeon, l'alofe , la perche & la
truite, font en général d'une qualité inférieure à
ceux des Etats du nord & de l'oueft.-
Aucun Etat de l’Union ne renferme une plus
grande variété de productions minérales, que la I
Virginie. Dans le comté de Montgomery, à vingt- ]
cinq milles de la frontière fud & fur les bords du i
grand Kanhaya, on exploite une mine de plomb
tenant argent. Deux mines de-cuivre ont été travaillées
dans Je voifinage de J âmes-River. Les
comtes du centre poffèdent des mines de fer en
abondance.
Dans le comté d'Amelia 3 près de Vinterham , il
y a des mines de plomb noir, très-riches, qui ne
font pas régulièrement exploitées, mais où les
habitans voifins vont fouiller pour leur propre
ufage.. .
Au de {Tus de Richmont, les bords de James-
River, dans un efpace confidérable, font garnis
jde mines de charbon d'excellente qualité, que
l'on travaille en plufieurs endroits , 8c elles paroifr
fent devoir être d'un grand produit. Dans les comtés
de l’oueft le charbon de terre fe trouve par-
tout.
On voit près de la rivière de James des carrières
de marbre blanc ou veiné. Les rochers calcaires
font en grande abondance à l’oueft de la première
ligne des montagnes; mais on n'en connoît qu'un
féuj beau dans la plaine.
On voit des. eaux minérales à Augufta, près de
la fource de James-River, dans les comtés .de Bo-
tetout, de Berkeley & de Louifa , qui font toutes
plus ou moins fréquentées;
Près de la crique deHov/ard, à foixan-e-fept
milles de l ’embouchure du grand Kanhava , on
obferve un phénomène très-remarquable. Un courant
de vapeurs fulfureufes, affez fort pour agiter
le fable autour de l'orifice d'où il fort, s'échappe
conftamment, & s'enflamme lorfqu'on en approche
un corps enflammé : il forme alors une colonne
de feu de dix-huit pouces de diamètre & de quatre
à cinq pieds de hauteur, qui s'éteint quelquefois
au bout de quelques minutes, & d'autres fois au
bout de quelques jours feulement. Une autre vapeur
femblahle préfente les mêmes phénomènes
fur les bords de Sandy-Rivcr.
On v o i t , en diverfes parties de l’E ta t, des
fources intermittentes, des cavernes fpacieufes&
profondes : une de ces cavernes, connue fous le
nom de Gouffre de la panthère, exhale continuellement
un vent aflez violent pour tenir couchées
contre terre les herbes qui font près de fon entrée,
jufqu’ à la diflance de dix toifes. Dans les
tems humides le courant d ’air a un peu moins de
Force.
Mais nui phénomène naturel n’a un caraétèrë
de grandeur plus, extraordinaire que le pont de
rochers, duquel le comté de Rokbridgc tire Ion
nom. Ce pont eft une arche de quatre-vingt-dix
pieds de diamètre & de foixante de largeur, recouverte
d’une épaiffeur de pierres & de terre,
fur laquelle, il croît de grands.arbres. Cette arche,
projetée fur une vallée de deux cent, trente-fept
pieds de profondeur, réunit deux mafles.de montagnes
qui fervent de bords à la vallée. Le torrent
qui coule au fond de cette vallée ne paroît qu'un
filet d’eau au fpedlateur aflez hardi pour avancer
la tête au dehors du parapet de te pont naturel.
C'eft depuis les bords du torrent, au fopd de la
vallée, qu'on peut contempler à l'aife & admirer
fans effroi la ftruéture de cette voûte légère, qui
paroît comme fulpendue dans les nuages. Je renvoie
au refte, pour plus grands détails, à l’article
Poni s naturels du Dictionnaire, & à la defcrip-
tion du deflîn de ce pont dans l'Atias : on pourra,
d’après toutes ces inftruélions, juger du travail de
la nature dans la formation de ce pont, qu'on fera
fort éloigné de rapporter à une grande c on vu Ht en
de la terre; idée.que des écrivains qui n'appro--
: fondiffent rien ont hafardée. ( Voye[ les articles
; V irginie, Ponts n a tu r e l s , C oupures de
' montagnes. )
Kentuky. Cet Etat eft borné au nord-eueft
par l'Ohio ; à l’oueft, par la rivière de Cumberland
; au fud, par le gouvernement de Teneffte; à
l'eft, par Sandy - River & une ligne tirée vers le
fud, depuis fa fouice jufqu’ à la frontière d„e la
Caroline nord.
V Ohio, qui marque la frontière du Kentuky,
reçoit les rivières qui ont arrofé cet Etat : ce font
celles de Sandy , de Liking, du Kentuky , de Sait,
de Green & de Cumberland i chacune de ces rivières'
• fe ramifie en une mutitude de diverfes branches;
de grandeurs différentes, qui coupent le pays dans
toutes les dire étions. Aucune des fix rivières du
Kentuky n’a de chutes ni de rapides; toutes font
navigables pour les bateaux jufque près de leur
fource la plus grandè partie de l’année.
Sandy - River, Liking 8c Kentuky prennent leur
, fource dans les montagnes de Cumberland. La première
fcpare cet Etat de la Virginie ; la fécondé
, coule au nord-oueft l’efpace de cent milles, & a
environ cinquante toifes de large à fon embouchure;
la troifième change fouvent de direction,
' & parcourt un efpace de. deux cents milles : elle a
environ foixante-quinze toifes de large a fon embouchure
dans l'Ohio.
Salt-River eft formée de quatre branches dont
lés fources font très-rapprochées, & qui parcourent
de longs trajets avant de fe réunir. La direction
générale de fon cours eft vers l'oueft; elle
entre dans l'O h io , à vingt milles au deffous des
rapides de Louifville , par une embouchure de
quarante toifes de large.
Green-River eft à peu près de la même force
que la rivière précédente, '& * après un cours de
cent cinquante milles vers l’oueft, elle fe jette
dans l’O h i o à cent vingt milles au deffous des
rapides. Enfin Cumberland-River, dont les branches
fupérieures communiquent à celles de Ken-
tuky-Rîver, coule d’abord vers le fud, puis enfuite
au fud-oucft, & ne fe jette dans l’Ohio, à quatre
cent treize milles au deffous des rapides ,qu après
avoir parcouru un trajet de cinq cent cinquante
milles : elle a cent cinquante toifes de large à fon
embouchure.
Il faut compter deux époques pour les hautes
eaux ou les crues de l’Ohio : l’ une eft la fonte,
des glaces ,..qui commence en février; l’autre,
les pluies de la fin de l’automne. La faifpn de fes
plus baffes eaux 8# depuis le milieu, de "juin juf-
qu’en août. Les badmens au deffus. de quarante
tonneaux ne peuvent point naviguer avec fureté
fur l’Ohio à cette dernière époque ; mais dans les
faifons des hautes eaux, les bàiimens de toutes
grandeurs defeendent à raifon de quatre-vingts'
miiles par jour, ceft-à-dire cjue l ’on emploie, de
Pittbourg aux rapides, huit à neut jours, & environ
vingt jours depuis les rapides jufqu à la Nouvelle
Orléans..
Les nombreux ruiffeaux qui arrofent le Kentuky
commencent à décroître dans le mois de juin , &
font à fec jufqu’à la fin d'odtobre. Cette féchereffe
annuelle eft un grand inconvénient de ce pays,
parce que 1-s moulins* conftruits fur ces ruiffeaux
fe trouvent arrêtes pendant quatre mois de 1 année;
& pour leur ufage, les habitans font forces
d'avoir recours à l'eau des puits, qui au refte en
Fourniffent de bonne & de très-abondante.
La totalité des terres végétales du Kentuky re-
pofe fur des bancs de pierre à chaux : on trouve
ces bancs au plus bas à la profondeur de fix pieds.
Une bande d'environ vingt milles de largeur, le
long des bords de l’Ohio, offre un pays inégal &
coupé de vallons, dans lequel on trouve, de dif-
tance en diftance, des cantons très-fertiles. Une
grande partie du refte de l'Etat eft agréablement
variée par un terrain femé de vallons, qui font en
général fort étroits. Le fol, qui a peu de profondeur
\ eft d’une qualité inférieure. Quoiqu il ne
foit guère plus profond fur certaines pentes, la
végétation y a une grande force , a en juger par
la groffeur des arbres. La couleur du fol elt noire,
cendrée ou légèrement rougeâtre ; ce qui annonce
un débris de végétaux : auffi le pays eft bien
pourvu de bois. Parmi une grande variété d arbres,
qui font en général d'une belle venue, on
diftingue le chêne noir & le Iocufte, qui ont très-
communément cinq pieds de diamètre ; le peuplier,
qui en a cinq à fix , 8c le hêtre qui en a
quatre à cinq : ces deux derniers arbres ont fou-
vent cent à cent, trente pieds de hauteur. Nous
ajouterons ici l’ arbre du café, l'érable à fucre, le
honey-locuft, le mûrier noir, le cerifier fauvage
Sc le magnolia : ce dernier eft remarquable par la
beauté & le parfum de fes fleurs. ,
Aucun pays de l’Amérique n'offte, dans fon état
fauvage, des afpeéts plus variés. Vers les fources
des rivières, du Kentuky & de Cumberland, la hauteur
& les efearpemens des montagnes rendent le
pays de difficile accès-. Les rivières de Dick & de
Kentuky font encaiffées en quelques endroits dans
des vallées qui ont trois ou quatre cents pieds de
profondeur, 8ç> entre des rochers à pic, dont là
coupe offre en quelques endroits des marbres
précieux.
Ailleurs des plaines immenfes, qui offrent des
: prairies naturelles, femblab!-.s à celles que nous
avons fait remarquer à l'article àe X Ohio norrS-
oueft, comraftent avantageuEment avec les maffls
des forêts. Dans le voifinage de quelques rivières,
furtout en fe rapprochant de l'Ohio , le pays, infecte
par les eaux flagrantes, elt à la fois ileriie
8c mai-fain. Dans la partie arrofée par YElkom 6c
les petites rivières de Hickman & de Jafmin } !a
beauté du pays répond à fa bonté ; le“ fol eft une
riche argile ou un terreau noir & profond, dont
la furfate eft pLine d’inégalités qui contribuent à
l’agrément 8c à la fertilité de la contrée, 6c la
multitude des ruiffeaux.achève de rendre le pay-
fage frais & d’une belle verdure-. C ’eft dans cetre
partie qu'on a formé le plus grand nombre ces
établiflemens.
Les terres de première qualité font trop richt s
pour le froment : on affure qu'elles produiiênt
jufqu'à cent bushels d’avoine par acre. Tous les.
grains, le lin, le chanvre 8c furtout le tabac font
cultivés avec beaucçup de profits dans le Kentuky.
Les meilleurs fruits de toute efpèce abondent
dans le Kentuky : toutes les racines, les plantes
légumineufes y réufliffent également.
Le gibier y eft extrêmement commun, & k s
rivières fourniffent une variété infinie de bons
poiffons, dont quelques-uns ont une groffeur extraordinaire.
On trouve dans les forêts les mêmes
quadrupèdes que dans la Virginie 8z les Carolines.
Comme les marais font rares, les reptiles & les
in fe été s , dont ces eaux ftagnanres favori fent lu
multiplication, le font également. Si l’on excepte
quelques endroits q ue, comme nous l'avons déjà
remarqué, le féjour des eaux rend mal-fains, le
climat du Kentuky eft auffi falubre qu'agréable :
on n’y éprouve point ces extrêmes de froid & de
chaud fi ordinaires dans les Etats de l'eft. La neige
n’y tient que peu de jours ; l’on n’y compte guère
que deux mois d’hiver; & il elt fi doux, qu'on
ne renferme pas même le bétail dans les étables.
Le Kentuky abonde en fources falées ; celles de
S ait ^bourg fourniffent le pays de f e l , & il s’en
exporte outre cela chez les Illinois. Le charbon
de terre fe montre dans plufieurs. endroits. On
trouve auffi, dans le voifinage de Green-River, des
fources de pétrole, qui en donnent abondamment
pour l'ufage des lampes; ce qui remplace l'huile.