
de la-Seine, qui fert de bordure au quartier Saint-
Jacques , de Saint-ViCtor & du faubourg Saint-
Germain. Je dis donc définitivement que ces blocs
errons ne fe trouveront que dans les parties de la
vallée de la Seine , où Ton peut fuppofer avec
fondement la deftru&ion des bancs des meulières
Sç des grès. Voilà la circor.ftance générale que je
dois, rappeler ici , comme fervant à rendre rai fon
de la pofition de ces blocs > &r comme nous offrant
la folution de ce problème allez curieux, dont les
élémens ont été expofés avec foin dans cet article
, & , fans éviter les redites, que j'ai confédérés
comme nécejîaires pour mettre ma théorie dans
tout fon jour, & la faire connoître fous tous les
fens, en attendant que je puiffe y joindre les coupes
des Couches détruites, & la carte topographique
de la vallée & de fes bords.
AUTHIE. C ’eft ainfï que Ton déligne le fommet
d'une longue colline, dont l ’enceinte fe trouve
déterminée entre les villages d'Andrelïs, de Carrières
& de Chanteloup. Cë fommet correfpond,
pour la hauteur & les matières qui le recouvrent,
a la butte de Sanois , à celles de Montmartre &
de Belleville. Les collines ÜAuthie & de Sanois
dominent la confluence intéreffante de l'Oife &
de la Seine. Comme.je me propofe de reprendre
l ’enfèmble de ces collines, ainfi que toutes les autres
qui font difperfées dans les environs de Paris,
je me bornerai maintenant à ce qui concerne la
correfpondance de YAuthie avec les autres collines
, ainli qu'au niveau & à la nature des dépôts
iabloneux qui font difperfés à la fuperficie de ce
fommet.
AUTOCHTONES. On ne peut confîdérer
comme tels tous les peuples que l’hiftoire nous
montre établis dans de grandes plaines , telles que
les larges vallées de l'Euphrate, de l'Indus, du
Gange, de l’Hoàngo, du P ô , & c . quoiqu’on y
voie ces peuples établis dès les premiers tems connus
de l’ hiftoire j car ces contrées n’ont pas été
dès-lors dans l'état où elles fe trouvent, attendu
le progrès infenlible de leur excavation par l'eau
des grands fleuves qui coulent au milieu de leurs
plaines. On auroit tort de croire que , dans ces
premiers tems, les environs de ces fleuves fuffent
des bourbiers fangeux & des marais inhabitables',
car cet état ne peut être que celui qui fuit les en-
vafemens & les dépôts qui s’oppofent au cours
libre des eaux, lequel n’a pu avoir lieu que dans
les derniers tems, & non dans ceux où ces plaines
s ebauchoienr, & où l ’eau des fleuves, jouiflbit
d’une grande force & d’une grande activité.
On auroit tort de croire auflî que c ’eft le travail
des hommes qui a fait des féjours agréables de la
Baffe-Egypte, dé la Béotie, dé la Theffalie, de
T Arcadie, de l’ Afîe mineure, de la Méfopotamie,
dés rivés de l'Indus & du Gange. On nous d it,
par exemple, qu’Hercule defféeha la Theffalie en
tedreffant le cours du Pénée. Bien loin que le premier
état de la plaine d’ un fleuve ait été l’ inondation
& l’état marécageux le long des bords du
canal du fleuve , cet état n’eft venu que dans les
derniers tems, lorfque les diminutions fréquentes
des eaux courantes, ayant favorifé les amas des
fables & des terres, ont élevé le lit du fleuve üc
caufé les débordemens & les inondations.
Les lits des fleuves n’ont donc point été creufés
par les hommes, non plus que les vallées , au fein
defquelles ces fleuves coulent.
AU TOM N E , faifon qui fe trouve placée entre
l’été &c l’hiver fous lès différentes latitudes.
Nous n’en pourrons parler que conjointement
avec les autres faifons correfpondantes. Ainfi
nous devons renvoyer ce que nous nous propo-
fons d’en dire à l ’article S a i s o n s en général, où
nous expoferons toute notre doCtrine fur la détermination
précife des faifons céleftes ou terreftres.
AUTR ICHE , province d’ Allemagne, bornée
au nord par la Bohême & la Moravie, à l’orient
par la Hongrie, au midi par la Stirie, à l’occident
par l’archevêché de Saltzbourg. La Baffe-
Autriche remonte jufqu’à l’embouchure de l’Ens
dans le Danube, & la Haute eft au-delà. La principale
rivière qui arrofe ce beau pays eft le Danube,
qui, aux environs de Vienne, capitale de
la Haute-Autriche, a un cours majeftueux. Le
pays au defious de l’Ens eft parfemé de montagnes
& de plaines. Les plus hautes montagnes le lient
à celles de la Stirie ; mais les plaines, qui ert font
un peu éloignées, y jouiffent d’ une bonne température
: auflî la culture y eft fort animée, &
donne des moiffons qu’on commence dès la fin de
juin. Le pays eft furtout fertile en vin & en fafran,
dont la qualité eft fupérieure à celui que produis
fent les provinces de la Turquie voifines de l’Autriche.
Le vin de ces contrées a beaucoup de
force, & celui qui vient dans celles qui font au
midi du Danube fe conferve jufqu’à vingt-cinq &
trente ans : on y récolte outre cela toutes fortes
de fruits, & des truffes affez abondamment. Les
forêts, qui font très-étendues, font fort peuplées
de gibier, & leurs bordures fourniffent beaucoup
de failans & de bécaffes.
En 1754 on y a découvert une mine d’ argent
très-riche : il y en a une fort abondante d’alun,
& une de charbon de terre, qu’on exploite avec
avantage. 11 y a beaucoup d’eaux thermales, dont
nous ferons par la fuite une mention particulière.
Nous avons déjà dit que les contrées qui font
au deffus de l'Ens étoient femées de montagnes ,
principalement dans le voifînage de la Stirie & de
la Bohême. Nous ajouterons que, dans ces dif-
triCts, la culture y eft affez généralemènt nulle ,
mais que le refte eft en bonne culture, & arrofé
furtout par des Sources abondantes. L’air y eft un
peu humide & frais pendant prefque toutes les
faifons de l’année, température qui paroît produite
, non-feulement par la nature du io l , mais
encore par le voifînage des montagnes , tant de
1 Autriche que de la Haute-Stirie & du pays de
Saltzbourg. On cultive dans ces contrées tempérées,
comme nous venons de, le dire >. beaucoup
de pommiers & de poiriers qui fourniffent un bon
cidre : c’ eft , avec la bière, la boiffon des habi-
tans : le blé qu’ils récoltent ne fuffifant point à
leur fubfiftance, ils font obligés d’en tirer de la
Hongrie.
Le pays offre de nombreux amas de fel marin
foflile, dont la criflallifation n’ eft pas bien pure ,
parce qu’elle fe trouve le plus fouvent chargée de
particules terreftres & argileufes 5 mais dans certaines
contrées, par la diffolution & la coCtion ,
on obtient du fel blanc qui eft de la plus grande
pureté. On tire auflî ce fel de certaines fontaines
ialées, dont les eaux, dans leur circulation intérieure
, traverfent les amas de fels fofliles.
Les rivières, les lacs & les étangs , qui font en
grand nombré, donnent toutes fortes de poiffons.
L ’archiduché d’Autriche y qui fait partie du
cercle du même nom, comprenoit d’ailleurs la Stirie
, la Carinthie, la Carniole , le Tyrof, & partie
de l’Iftrie & quelques diftriCts de la Souabe : une
grande partie de ces provinces en ont été retranchées,
& ajoutées à la Bavière & au royaume
d’ Italie} mais ces arrangemens ne font point de
notre objet.
A utriche ( Bains & pierres d’ ). Baden eft une
petite ville d’Autriche, à quatre milles de Vienne j
elle eft fîtuée dans une plaine voifine d’une chaîne
de montagnés , qui eft une branche du mont Ce-
tius. Cette ville eft extrêmement fréquentée à
caufe de fes bains, qui font fi nombreux, qu’on
en compte deux dans la ville, cinq hors des murs,
& deux au-delà d’un petit ruiffeau qu’on appelle
Swechet.
Les eaux de ces bains ont différentes propriétés
utiles à la fanté des individus qui en font ufage j
elles font imprégnées de fubftances minérales j
dont les effets fe font appercevoir fur les objets
qu’on y dépofe. La monnoie du pays, qui eft un
alliage de cuivre & d’argent, prena en une minute
une couleur jaune-obfcure, de blanche qu’elle étoit,
& devient noire bientôt après. Cette eau donne
une belle couleur verte aux plantes qu’elle lave,
& laiffe fouvent fur leurs feuilles une écume couleur
de pourpre, mêlée de blanc à fa fource : .elle
reffemble en quelque manière à la rivière de fou-
fire de T iv o li, près de Rome> mais elle n’ eft pas
fi forte, & ne fent pas fi mauvais5 elle n’incrulte
pas les bords de fes canaux comme elle.
Cette fource eft encore remarquable en ce
qu’elle fort de deffous une montagne de rocher,
à quelque diftance de fon entrée. Pour y arriver
on parcourt environ quarante pas d’un paffage
voûté, taillé dans le ro c , qui forme une étuve
naturelle , comme celle de Tritola & de Bayes,
échauffée par les eaux qui y coulent. La plus
grande partie de cette caverne eft incruftée d’une
l.ubftance blanche, que les habitans prennent pour
du falpêtre $ elle eft plus dure & plus pierreufe à
l ’entrée de la caverne. En faifant ouvrir quelques-
uns des canaux qui conduifent ces eaux , on tire,
de leur partie fupérieure un peu de foufre en pou-,
d re , femblable à la fleur de c e minéral, ayant
vraifemblablement été fubiimé de l ’eau au lieu de
fe dépofer, puifqu’il a été trouvé à la partie fupérieure
du tuyau.
Les autres bains ont à peu près les mêmes propriétés.
Celui qu’on appelle Notre-Dame contient
plus de foufre que les autres : les eaux en font
plus b le u e s d é p o fe n t des fleurs jaunes, au lieu
que les autres en dépofent de blanches.
On trouve fur le côté du mont Calenberg, vêts
le nord, des pierres qui ont des empreintes d’ar-
briffeaux & rie feuilles très-belles : cet endroit
eft à deux milles de Vienne.
Les carrières de l ’Empereur, d’où l ’ on tire la
pierre qui s’emploie pour les plus beaux bâtimens
de Vienne, n’eft pas loin de Manners-Dorff : il
n’y a point de fente dans toute cette carrière, où
l'eau ne laiffe quelque dépôt pétrifiant ; ce qui fait
une efpèce d’ infiltration qui rejoint les pierres ,
& qui s’en diftingue fort facilement par fon tiffu
fpathique.
A u t r i c h e ( Marnière fingulière d’ ). Entre
Lintz & Saltzboutg en Autriche, le pays eft gani
de collines qui font alternativement d’argile &
de fable : partout on y rencontre des marnières.
Près du village de Willinald on en trouve une
très-co,nfidérable, dans laquelle il y a des morceaux
de marne beaucoup plus durs que le refte
de cette matière.: ces morceaux repréfentent des
figures humaines, des chevaux, &c. » beaucoup
reffemblent à de gros boulets de canon. Il eft à
préfumer que les eaux ont pénétré cette marne ,
en ont arraché des morceaux qui par le tems font
devenus beaucoup plus compactes que les autres.
Les morceaux fphériques fembient compofés de
couches concentriques, & ce qui eft finguiier,
c’eft que toutes ces configurations informes, dont
nous avons parlé, fe rapportent exactement, en
p e tit, à celles des pyrites qu’on trouve dans les
montagnes à craie : la forme extérieure & la manière
dont elles font placées dans la marnière ,
font toujours, les mêmes. On emploie auflî ces
morceaux également durs pour amander les terres
> mais ils réfîdent fort long-tems à la furface
des terrains avant de fe réduire en poudre & de
fe mêler avec le fol pour l’ameublir.
L ‘Autriche fupérieure eft prefque partout chargée
de hautes montagne» ; elles ^ont des croupes
très-efearpées & fort fauvages. Aucune d’elles
n’eft fituée dans la même direction : les unes vont
de i’ eft à l’oueft, telles que les montagnes calcaires