
marbré' qni eft au-deflus , & qui s’enflamme auflî
facilement.
On doit regarder comme .une fuite du terrain
bitumineux de ce canton, la qualité des fontaines
minérales d’Iouzet 8c_dp baim-Hippolycej ,qui y
coulent. Le bitume s’y manifefte au goût Sc\ d
l'odorat y furtout dans les vafes noires; qu’elles
dépofenr. . •• . ■■ ,
On voit par ces détails, i° . que les matières bitu-
mineufes'ont é té déposées au milieu de plufieurs
fubftances, ,& en état À* afphalte, dans le baflîn
de la nier, puifque .ces fubftances fe trouvent par
, bancs, horizontaux >., ; t
2°. Que; les; charhons fofliles font des matières
analogues* à celle de Y afphalte, & les accompagn
en t;, : J . /c-;i-îf.v-:.':î
130. Que les eaux minérales chargées à'afphalte
prouvent que, dans .ce canton, il y en a plufieurs
dépôts femblables à celui qui fe trouve renfermé
dans le banc de marbre.. ( Mémoires de £ Académie
des fciences., année 1746.)
N° .,V. Afphalte .des environs de la Sock, en.RuJfte.
La-première* fource à'afphalte qu’on remarqùe
le long de là Sock ; eft fituée dans la contrée mon-
tagneufe où lë ruiflèau de B'aitugan prend fon
origine, & à peu de verfts de diftance du village
dé'Baituganbafch, fur le flanc d’une montagne qui
paroît être la plus haute de cette contrée, & qui
eft placée précifément entre les deux fourc.es du
ruiflèau. On a donné un peu plus de jour à cette
fource Üafphalte j & Ton a creufé , dans, la pente
de la montagne, une fofîe en forme de chaudière,
qui a trois pieds environ de diamètre, & autant
de profondeur. L’eau augmente dans cette fofle
fans mouvement apparent., & s’écoule infenfible-!
ment dans le ruiflèau qui paflè auprès. Quoique
cette fource ne bouillonne point en fort an t de
terre , elle ne gèle jamais, même dans les hivers,
les plus rigoureux ;; & s’i l arrive que la neige
vienne à la couvrir ;:on prétend que. les vapeurs
bitumineufes que cette eau exhale, & qui frapt
pent d’afiëz ioip l’;ô dorât, le pratiquent, én très-
peu de tems, une ouverture au travers de cette
neige. L'eau de cette. fource n’a point cependant
un degré de chaleur extraordinaire; car, dans le
tems que M. Pal las. vifica. cette contrée ( le 13
oéiobre 1 7 6 8 ) , le thermomètre qui étoic d.el-
cendu en plein air * pat: une matinée fort froide,
à 160 degrés, n.etoit remonté dans l’eau que juf-
qu'à 138.. ;
1 L’eau fe couvre -; dans..le petit baflîn dont nous
avons parlé, d’ un afphalte noir très-tenace & très-
gluant, qui à là couleur ;& la coqlîftance d ’un
goudron épais, & q ui, toutes les fois qu’on l’enlève
, fe forme de nouveauen peu de jours. Quoi-.
qu’il n’y eut que quinze jours environ que tout !
Yafphalte eut été enlevé du baflîn lorfque M. Pailas
s ’y rendit, il put néanmoins.en iaiijè prendre en-.
viron fix livres, fans compter tout ce qui., vu fa
ténacité, s’étoit attaché a différens corps étrangers^
Il y en avoir au-delà d'un doigt d’épaifleur
attenant .à la montagne ; mais cette épaifleur alloic
{toujours en diminuant jufque vers l’écoulement
du baflîn; ce qui prouveroit que l’eau en entraîne
[toujours une partie en s’écoulant. Toute la cavité
de la fource eft tapiflee de cet afphalte , & '!e lit
.de terre-dans lequel fa cavité fe trouve, & qui
s’étend vraifemblablement bien avant dans la montagne.,
en eft entièrement pénétré. Après qu’on a
tout-à-fait enlevé Y afphalte de deflus la furface de
l’éau, on la voit fe couvrir encore d’une huile de
pétrole fînguliéremerit fine, très-forte & très-
pénétrante, qui* quoiqii’en petite quantité, s’ en-
fiammeroit très-facilement fur la furface de l’eau
qu’on tireroic du baflîn avec cette: huile.
Il réfulte de cette defcription , que cet afphalte
devroit, à parler ftriétement, être appejé goudron
de montagne ( bitumen maltha Linn. ) , ou poix minérale
, dont il a toute la ténacité ; mais la feule
différence entre ces deux foflîles inflammables pour-
roitbien ne venir que de leurs différens degrés de
confiftance, & félon que l’huile de' pétrolej qui
enîcompofe la bafe, fe trouve plus ou moins chargée
de parties terreftres ou d’autres matières minérales
néceffaires à fa condenfation , ainfi que
Vallerius l’avance, avec affez de probabilité , dans
fa Minéralogie. L’huile de pétrole, qui furnageoic
après que le goudron de montagne eut été féparé
de l’eau, paroît être auflî la bafe de ce goudron,
! ainfi qu'elle l ’eft de Yajphalte. Cette couche de
, terre pénétrée de cette poix minérale nous fournit
des données très-concluantes fur l’origine des
fchiftes combuftibles, ainfi que de celle de la houille
ou charbon de terre ; & cette eau, chargée des
parties oléagineufes de la mine, eft analogue à
cette, eau mêlée de pétrole dont parle Valierius
dans fon Hydrologie1,
L'eau même qui, comme plufieurs expériences
l’ont fait vqir,-s’ eft chargée de quelques parties
inflammables, donne, à la folution de tournefol,
une teinte de rouge., & conferve le goût & l'odeur
de Ydfphalte au plus haut degré. Les Tfchu-
walches. & les Tartares des environs , non-feulement
fe garga.rifent avec cette eau, & en boivent
lorfqu’ils ont des aphtes & autres abcès de ce
genre dans la bouche ou dans la gorge, mais ils
font même p.rovifion d'afphalte liquide, & l’emploient
,: en nombre de cas * comme remède dp-
mfeftique. Ils en appliquent furtout fur des bleffures
toutes fraîches , qu'il guérit très-promptement. Ils
ew font encore un onguent avec du beurre , qui
doit être d’une fingulière efficacité dans toutes
foi tes d'ulcères. Ce.qu’ il y a de plus particulier,
c’eft l’ ufage qu’ ils en font intérieurement. On en
fait cuire une mé-diocrécuillerée dans du lait, qui
prend alors.Ja cot.ifilhnçe,d’une erêm^épaiffe. On
prend ce remède, ;tou(t chaud dans -jes Coliques
opiniâtres ou. autres douleurs internes, ou quand
on '
on croit s*être dérangé quelque chofe dans le
corps par Un effort violent, comme auflî dans les
maladies fecrètes. Le malade tombe, après l’avoir
pris, dans une efpèce d’ étourdiffement, & éprouve,
comme on peut fe l’ imaginer, une violente chaleur.
Son urine, dont il fe fait une abondante évacuation
, en contra&e une odeur très-forte. On
dit encore que les payfans s’en fervent en guife de
vieux oing. Il eft poflîble que cela arrive quand
ils en ont en fuperflu ; mais ils font rarement dans
ce cas. Au furplus, Y afphalte de ce pays eft fi pénétrant
malgré fa ténacité, que celui que M.Pallas
confervoit en un lieu froid, dans des boîtes'de
bois très - épaiffes, pénétra au travers de ces
boîtes & des planches d’un pouce d’épaiffeur fur
lefquelles il les avoit pofées. Ainfi l'on pourroit
peut-être en compofer un enduit très-utile pour
empêcher le bois de fe pourrir, & préferver les
planches des vaiffeaux des vers de mer, qui leur
font fi nuifibles.
N°. VI. Afphalte qui fe trouve dans la province de
Daraab , au pied d'une montagne efcarpée de la
grande chaîne du Caucafe.
Kempfer parle d’un bitume qui fort en très-
petite quantité d’un rocher fort dur, & fe ramafle
a la furface des pierres.-Ce bitume, par fa couleur,
fa ténacité, fa duêtilite, reffemble à la poix
des cordonniers. Quand il tient encore à la pierre,
il a une certaine folidité ; mais échauffé dans la
main, il prend toutes les formes qu’on veut lui
donner. 11 a peu d’odeur, & dans toute fa fubf-
tance il eft allez femblable à la mumie d’Egypte.
Nous renvoyons à l’article Bitume l’énumération
raifonnée de tous les différens pays de la
France où l’on a trouvé de la poix minérale fojjile
en divers états & gîtes.
ASPHALT1DE ( L a c ) , lac de Judée , ainfi
nommé à caufe de l’afphalte ou bitume qui vient
nager à la furface de fes eaux après s’être détaché
du fond ou des bords de fon baflîn. Ce lac porte
auflî le nom de Mer- Mo rte , parce qu’on a cru que
les poiffons ne pouvoient y vivre, & qu’on n’ ap-
percevoit fur fes bords aucun oifeau aquatique.
Ce lac reçoit les torrens d’Arnon, de Debbon
& de’ Zored. Le Jourdain le traverfe dans fa plus
grande longueur, qui eft de cent mille pas : il en a
vingt à vingt-cinq mille de largeur. Gomme ce lac
eft de la claffe de ceux qui font dans le lit des
fleuves, je ferois porté à croire , d’après les ob-
fervations de quelques naturaliftes , que la digue
de ce lac a été formée par quelques courans de
laves ; car ces naturaliftes m’ ont alluré, avoir
ramaffé des laves compactes à l’endroit même où
le Jourdain débouche du lac. J’ajouterai ici que le
baflîn de cette mer occupe l’ancienne vallée du
Jourdain, élargie par les embouchures des torrens
Géographie-Pkyfique. Tome II,
dont j ’ai parlé ci-deffus. La forme de ce baflîn, qui
a quatre fois plus de longueur que de largeur,
annonce que ce baflîn a été l'ancienne vallée du
Jourdain élargie. Ce lac doit être mis , ainfi que
nous l’avons d it , dans la claffe de ceux qui occupent
les vallées des fleuves, & dont le baflîn eft
l’ouvrage de leurs eaux, qui ont creufé cette portion
de vallée en même tems que les autres, qui
fe trouvent au deflus & au deflous, ont été approfondies
par les torrens.
Quant au bitume qui fe trouve nager dans les
eaux du la c, il eft vifîble qu’ il fe détache de fes
bords & du fond , tant par le mouvement de fes
eaux, que par l ’aétion de la chaleur q ui, lui donnant
une certaine mollefle, le fait tranfluder a
travers les ouvertures par où il coule, comme on
reconnoît que cette tranffîidation a lieu par les fentes
des rochers qui ne font pas couverts d’eau.
Ce lac eft auflî appelé dans la Bible, de fe lé
Mare falis , Mare falfijjimum.
Depuis long-tems on avoit reconnu que l ’eau
de ce lac étoit très-chargée de fel; auflî cette eau,
quoique très-limpide & inodore, eft d'une faveur
âcre , piquante & amère, qu’elle doit à la quantité
de fel marin qu’elle tient en diAblution. Elle
eft fi confidérable , que cette eau , gardée en bouteille
, y dépofe Couvent des criftaux réguliers de
fel marin, qui s’attachent au fond. Effectivement,
par une analyfe faire avec foin de cette eau , on a
trouvé qu’un quintal contenait quarante-cinq livres
de fel marin , dont fix & demie de fel marin ordinaire,
feize & demie.de fel marin à bafe tcrreufe,
& vingt-deux de fel marin à bafe de terre rnagné-
fienne. C ’eft uniquement à ces fels que cette eau,
comme celle de la mer, doit fon amertume. C ’ eft
donc fans aucun fondement que quelques auteurs
ont attribué au bitume qui nage fur l’eau du lac
Afphaltide, qui fort de fes bords ou du fo n d , le
goût amer & défagréable qu’elle a.
La pefanteur fpécifique de cette eau eft, avec
celle de l’eau diftillée, dans le rapport de 5 à 4.
Cette pefanteur extraordinaire fait que le bitume
de Judée, c^ui fe précipite au fond de l’eau ordinaire
, nage a la furface de l’eau du laz Afphaltide.
La détermination de la pefanteur fpécifique de
l’eau du lac Afphaltide peut fervir"à apprécier la
prétention des écrivains qui ont foutenu que rien
ne tomboit au fond de fon baflîn. Nous ne pouvons
douter en conféquence des réfultats de l’expérience
que fit l'empereur Vefpafién , en ordonnant
qu’on y jetât des hommes qui ne fivoient
pas nager ,‘ lefquels furent conftamment repoufles
à la furface de l’eau.
ASQUES, village du département des Hautes-
Pyrenées, arrondiffement de Bagnères. I! y a aux
environs une mine de plomb fituëe au quartier du
Goûté-de - la-Soûle, à douze toifes environ au
deflus du chemin, qui conduit' au quartier de
Pailhas.
Nn n n n