
comme au Mirebalais, à l’Artibonite, 8cc. Elle
fupplée au chanvre 8c au lin.
Il elt bon d’obferver que la fécondé écorce
de cette plante eft toute compofée de fils très-
forts : ces fils offrent une groffe toile tiffue par
la nature, & qui, étant enlevée à de.grands aloés
pittes dans leur pays natal, peut être très-utile.
C ’eft des feuilles de cette plante, précédemment
battues ou écrafées, ■ '& privées de leur fuc, que
les Indiens de la Guyanne tirent des fils très-forts,
très-longs 8c fort beaux, dont ils fabriquent des
hamachs, des voiles, des cordes 8c d'autres ouvrages
, même de greffes toiles d’emballage. Les
Portugais du Bréfil en font des gants 8c des bas.
On teille le p im comme le chanvre : on en fait
des étoffes qu’on apporte en Europe fous le nom
d’écorces d‘arbre.
i ?On retire des autrës aloés des fils approchant
de la nature de ce premier. Les Efpagnols 8c les
habitans du Rouffillon faifoient autrefois des dentelles
avec la filaffe de Yaloé ordinaire. La filaffe
à’ aloé. qu’employoit M. Berthe , ancien proprié-'
taire d’ une manufacture de fparterie , étoit tirée
de Yaloé commun, le même qui vient naturellement
dans les provinces méridionales de la Franc
e , où quelques payfans en plantent à l’extrémité
de Leurs champs, le long des chemins, pour en
former des haies qui font impénétrables- aux
hommes comme aux animaux. Cette efpèce àt aloé
a les feuilles de fix à neuf pouces de large, fur
cinq à fix pieds de longueur, armées de pointes
très-aiguës : fes tiges fe terminent par une quantité
fort confidérable de rameaux de flaiis agréables.
La plante meurt après avoir étalé toute fa
beauté 5 mais elle dédommage les cultivateurs en
laiffant'à fa place des milliers de jeunes plants
vigoureux en état de la remplacer.
Cet aloé commun n’exige ni beaucoup de terre
nimn fol excellent, puifqu’il vient fur les montagnes
arides de la Provence : on le trouve aufli
dans le Languedoc & dans le Rouffillon. Perpignan
eft entouré de beaux aloés, 8c cependant
on ne fait pas mettre à profit cette production
naturelle. Il féroit à defirer que les cultivateurs,
qui en forment des haies , s’occupaffent auffi à en
retirer la filaffe : le procédé n’ en eft pas difficile}
il fuffit de mettre les feuilles nouvellement coupées
fur une dalle de pierre unie i d’en exprimer
le fuc avec un rouleau de bois, 8c de les peigner
avec un peigne de fer , après les avoir fait fécher.
De ces petites opérations réfultoit une filaffe
avec laquelle M. Berthe ; fai foit fabriquer des j
cordons de montres, de cannes, de fonnettes,
de rideaux, des guides 8c des rênes de voi-v
tures. ‘
La plante de Yaloé commun eft venue de l’A mérique
méridionale en r j é r , 8c s’eft natura-
lifée dans nos provinces méridionales, de même
qu’en Portugal, en Efpagne, en Italie, en Sicile,
«n C o r fe , 8cc. si • ,
A L O E , plante dont il y a beaucoup d’ efpèces :
fes feuilles font en général nombreufes, difpofées
en rond, fort grandes, très-épaiffes, charnues,
longues, la plupart armées de piquans fur les
bords} caftantes, fermes, convexes en deffous,
concaves à la partie fupérieure, cylindriques,
remplies d’une fubftance gluante, claire, verdâtre,s
qui devient violette en féchant.
Les plantes de ce genre ont un goût extrêmement
amerj elles croiffent naturellement en Perfe,
fur les côtes de Malabar, au Cap de Comorin 8c
autres lieux de l’Inde} en Egypte, en Ethiopie ,
.en Arabie, en Italie, en Efpagne, en France,
dans le Languedoc, dans les îles de l’Amérique
& dans tous les pays chauds.
Les différentes variétés d’Aloés que nous devons
indiquer comme appartenant à plufieurs
pays , 8c bordés de dents épineufes, font Yaloé a
feuilles bordées de rouge, de l’île Bourbon} Yaloé
fuccotrin d fleurs pourprées, de l’îlé de Soccotora}
Yaloé vulgaire ou le kadanàka de Malabar, Yaloé
maculé d’A-frique, Yaloé corne de bélier ; c’eft celui
des aloés qui s’élève le plus ( aloe arborefeens ) ;
Yaloé mitre d’Afrique, Yaloé moucheté d’ Afrique,
les aloés à dents de broche e, celui à épines rouges3
celui furnommë Yartickaut 3 8>c Yaloé nain , tous
d’Afrique.
Les aloés non bordés de dents épineufes font Y aloé
patte £ araignée d’Egypte, Y aloé perlé d’Afrique,
Yaloé pouce écrafé d’ Afrique , Yaloé veineux du
Cap de Bonne-Efpérance, Yaloé triangulaire d’Ethiopie,
Yaloé épi de blé & piquant' d’Afrique ,
Y aloé- panaché ou bec de perroquet d’Ethiopie ,
Y aie é langue d‘ afpic Ù a verrues blanches d’Afrique,
Yaloé langue de chat du Cap de Bonne-Efpé-
rance , Yaloé en éventail de la montâgne de la
Table , au Gap de Bonne - Efpérance} Yaloé a
feuilles longues 6* étroites du Cap de Bonne-Efpérance.
. ^Ori retiré par expreflion, dans les'pays chauds,
un fuc gommo-réftneux de quelques-uns des aloés
dont nous venons d’offrir les efpècés ': ces fucs,
étant deflechés par l’évaporation, diffèrent en
pureté, en couleur 8c en odeiir ; auffi font-ils
connus dans le commerce fous des noms dîffërens:
ainfi, i° . Yaloé fuccotrin fe retire de Yaloé et
feuilles d’ananas : on nous l’envoie de l’île, de
Soccotera : c’eft le plus eftimé de tous.
2°. Une autre forte de ces fucs eft Yaloé hépatique
, paree'tju’elle a la couleur :du foie dès animaux
:fon odeur eft plus défegréabîe, 8cTon goût
plus amer que l’odeur 3c lé goût de Yaloé fuc-
' cotrin. :
3°. La dernière 8c la plus 'groffière de toutes
ces efpèces , & la moins bonne , eft connue fous lé
nom d‘aloé caballîn, parce qu’elle eft employée
pour les chevaux : ces-deux dernières fe. retirent
de 'l’àloé ordinaire.
Il y a ënCore-TWo/' eh- calebajfe ou Yaloé des
Barbades ÿ qui eft mollaffe étant nouveau, ma«
q ui, étant gardé, devient caffant 8c tranfparent :
il eft fort recherché des curieux.
Nous ne parlerons pas de l’ ufage que les médecins
8c les maréchaux font de ces fucs : ceci n’eft
pas de notre objet.
ALO SE , poiffon de mer, du genre du clupe.
Nous le citons ici pour.donner un exemple de
.poiffons qui remontent de la mer dans les rivières.
Sa longueur ordinaire, eft d’un pied 8c demi } fa
tête eft d’une groffeur médiocre, comparée au
volume de fon corps. La gueule a une grande ouverture.
La mâchoire inférieure eft un peu plus'
longue que la fupérieure : celle-ci eft partagée en
deux 8c comme fourchue à fon extrémité} elle
eft garnie feulement fur fes bords de très-petites
dents, dont la mâchoire inférieure eft dépourvue.
Le ventre fe termine latéralement en forme de
carène aiguë. Le dos eft d’une couleur noirâtre,
8c les côtés 8c le ventre font argentins.
Le printems ;,eft la faifon où Yalofe remonte
dans nos rivières principales, telles que la S e in e ,.
la Loire, &c. dans bfquelles elle s’engraiffe, 8c
où fa chair prend un bon goût. Ces poiffons vont
en grandes troupes 8c nagent à fLur d’eau, montrant
leurs nageoires dorfales. On en pêche Couvent
à la fois un grand nombre. On les voit quelquefois
fuivre des bateaux chargés de fe l, jufqu’ à
une grande diftance de la mer. Rondelet nous apprend
qu’il a vu prendre dans l’Ailier plus de
douze cents, tant alofes que fiumons, d’ un feul
coup de filet.
Il faut que ce poiffon ait féjourné quelque tems
dans l’ eau douce de nos rivières, & furtout dans
.celle de la Loire, en remontant contre leur cours,
pour .s’y engraiffer, prendre une bonne chair 8c
d’ une faveur agréable } car, comme nous l’avons
d it, au fortir de fa mer il eft fec , maigre 8c de
mauvais goût : auffi eft-ce un proverbe à Orléans
8c fur la Loire à une certaine hauteur : Jamais
riche n'a mangé bonne alofe, ni pauvre bonne lamproie.
V alofe bien fraîche 8c prife loin de la mer
eft un poiffon délicat, 8c fe fert fur les bonnes
^.tables.
On vend à Paris, dans le printems, fous le
nom de puce lie, un poiffon fort peu recherché,
qui n’eft qu’une petite alofe : on la nomme pucelle
parce quelle n’a pas d’oeufs. Quelques perfonnes
qui ne favent pas manger le poiffon, redoutent
Yalofe à câufe de la multitude de petites arêtes
qu’on trouve dans le corps de ce poiffon. On dit
même à ce fujet que les Grecs: ont appelé Yalofe
( therijfa ) , dénomination qui indiqueïoit un poiffon
plein de cheveux.
Valofe fraie dan£ les rivières en mars ou en
avril : elle fe nourrit de vers , d’infeétes 8c de
Î>etites. efpèces de poiffons. Elle a pour ennemis
es brochets 8c les perches pendant quelle eft
encore jeune 8c foiblej mais lorsqu’elle eft-parvenue
à une certaine grandeur, elle, n’a prefque
- plus à craindre que l’homme, qui s’occupe, pendant
une partie de l’année, à en faire la pêche.
On pêche Yalofe dans prefque toutes les grandes
rivières de l'Europe, de l’A fie 8c de l’Afrique
feptentrionale. Il y a prefque partout, dans, la
faifon convenable, à l’embouchure des grandes
rivières, des parcs 8c des étangs où l’on force
Yalofe de. fe rendre dans le tems où elle entre dans
l ’eau douce, 8c dans les parcies fupérieures de
leur lit on pratique des batardeaux armés de
naifes 8c des traîneaux permanens, uniquement
deftinés à les'arrêter dans leur courfe.: f
La Loire eft la rivière de France où l’on voit le
plus d’alofès. On emploie à leur pêche des bateaux
pointus des,deux bouts, 8c des feines d une longueur
confidérable. La faifon la plus favorable eft
depuis la fin de mars jufqu’ à la fin de mai. On en
prend auffi dans la Seine avec des feines ordinaires.
Ces dernières font plus eftimées à Paris*
que celles qui viennent de la Loire. En général
ce poiffon, comme le faumon, fait toujours effort
pour vaincre les obftacles qu’on oppofe à l’inftinéfc
qui le porte ivers la fource des rivières} c’ ett
pourquoi on en prend beaucoup au bas des digues
qui les barrent : telles font cellé du moulin qui eft
fur l’Hérault, au deffus de la ville d^’Agde } la première
éclufe du canal du Midi du côté de Béziers,
8c la barre qui traverfe la rivière de l ’Ailier au
Pont-du-Château en Auvergne.
I. A L P E S , hautes montagnes q u i, dans une
longueur d’environ trois cents lieues,ffur une largeur
fort variable, régnent depuis l’embouchure
du V a r , dans la Méditerranée , jufqu’à celle de
l’Arfia-, fur les côtes du golfe de Venife. Ainfi
les Alpes, dont nous allons nous occuper d’abord,
forment la chaîne la plus longue 8c la plus large
qu’ il y ait en: Eùrope. Cette grande maffe,!co-nfi-
dérée dans fes diverfes parties, porte des noms
différens. Les anciens nommoient Alpes maritimes
la chaîne qui s’ étend depuis Vado, dans le comté
de N ice , jufqu’aux fources du Var ou même jufi-
qu’à celles du Y o 3 Alpes,cotiennes:, la chaîne qui
va de la fource du Var à la ville de Suze j Alpes
grecques, la chaîne qui va de Suze au mont Saint-
Bernard 5 Alpes pennines, la chaîne qui borde le
Valais, depuis le mont Saint-Bernard jufqü’au
Saint^Gothard} Alpes rhétiennes ou grifonnes\ida
chaîne qui s’étend depuis le mont Saint-Gothard
jufqu’aux fources de la Piave,*dans le Tirol ;
enfin Alpes juliennes ,. noriques ;ou carnicnnes , la
grande chaine qui occupeTintervaîle entre laPiave
8c l’Arfia, vers les fources de la Save, fleuve de
Hongrie.
. Dans ces différentes chaînes on trouve des gorges
profondes 8c des vallées, par lefquelles on peut,
communiquer de la France 8c. de la Suiffe en Ita>
l i e } mais on eft obligé de franchir des cols fart
élevés. 8c fort refferrés, même à 1? origine de ces
gorges.
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