
que, de leur mélange , on efl en droit d'en conclure
que les feux des volcans ont eu part à leur affem-
bjage 8c à .leur réunion.
La terre qui recouvre le trafs, & qui fait la bafe
d.e celle qui eft propre à la culture des grains, eft
iuie argile fine d’ un gris clair/ Etant defféchée 8c
trempée dans l’ eau , elle s'y ramollit avec fix e ment.
Le trafs eft pulvérifé dans des moulins propres
à cette préparation , & qu'on trouve à Dordrecht.
J'en ai donné un de (fin 8c une defcription dans le
Journal de Phyfique de l’ abbé Rozier , année 1779,
première partie, page 199 , avec une légère note
i ;r la compofition du trafs, qui termine mon Mémoire
fur la potfolane. Lorfqu’il eft ainfi réduit en
poudre, on le mêle avec de la chaux éteinte &
un peu d’eau : il réfulte de ce mélange un mortier
particulier , qui a la propriété de fe durcir confi-
dérabiement à l’air , & de rendre les conftruéîions
dans lefquelles on l'emploie impénétrables à l’eau.
Cette propriété rend ce mortier t f un grand ufage
dans les bâtimens qu'on eft obligé de faire dans
l’eau, & furtout dans les parties inférieures des
édifices, des digues 8c des caves qui en Hollande
baignent dans les eaux courantes des rivières ou
des bords de la mer. Le trafs a donc la même propriété
que la po^ojane. On le prépare à peu près
de la même manière, 8c il fert , comme on voit,
aux mêmes ufages.j ce qui n’eft pas étonnant, car
d’après l'énumération des principales fubftances
qui entrent dans fa compofition , on ne peut pas
douter que ce ne l ’oit une efpèce de pozzolane.
^.infi nous finirons par dire que, dans un fylième
de minéralogie, il doit être placé parmi les productions
volcaniques.
On peut faire, 'plufieurs queftions fur l ’origine
du trafs 8c fur la pofition à dix ou douze pieds de
profondeur au deffous de la terre labourable. Il
eft vraifemblable d’abord que les différentes parties
dont le trafs eft compofé , ont été lancées &
difperfées dans Les plaines qui environnoient les
volcans & les différens centres d’éruption de cette
contrée qui recèle cette précieufe pozzolane.
Cret^., Plein 8cCruffi, où l’on fouille le trafs que
je viens de décrire, font fitués dans le voifinage
de deux montagnes ifolées & dans leurs enceintes.
Ces montagnes font ftériles, nues, & annoncent,
par l’état des matières qui en conftituent le fol,
avoir été des centres d’éruption. L’ une furtout,
qui s’offre fur la gauche du chemin de Pleitt à
£ruffc > eft terminée par un Commet dont les bords
Inférieurs font arrondis par deux éminences égales
, qui femblent former une enveloppe, autour
du centré affaifé & concave. Ce font vifiblement
les reftes d’une-ancienne bouche de volcan eu
ruines. _
A mefure qu’on s’éloigne de ces deux montagnes,
d'une forme allez fernblable -des trois
villages où fe ro n t , .comme nous l’avons d it , les
fouilles du trafs, 8c qu’on quitte Cmfft pour- fe
•rendre à Nieder-Mennich, on obferve que le fol
de la campagne devient moins fertile, 8c l’on voit
qU’on n’a tenté nulle part d'y fouiller le trafs.
C ’eft ce qui donne lieu depréfumer qu’ il ne s’y
en trouve pas > c a r , fuppole qu’il y en e û t , on
n’aurôit pas manqué d'employer ce mauvais terrain
à la fouille de cette pozzolane précieufe,
plutôt que le fol fertile des environs de PLeitt 8c
de Cruffc. Dans ce trajet on rencontre encore des
veftiges de produirions volcaniques. On voit par*
tout des débris noirâtres de laves & de fcories y
au milieu defquels font plufieurs points de crif-
taux tranfparens. En examinant la terre fablon-
neufe qui forme le fond du terrain , on trouve
qu’il offre une efpèce d’ardoife grife pulvérifée, &
en petits fragmens mêlés avec des débris menus
d’autres pierres ,de vitrifications tranfparentes ,
verdâtres 8c furtout jaunes : le tout réuni à une
quantité confidérable de grains noirs de mine de
fe r , attirables à l'aimant, & enfin à quelques crif-
taux de fchorl noir prifmatique & fphérique.
On ne peut pas douter que cette variété de
vitrifications de différentes couleurs, ces fchorls,
cette quantité de grains de fer parfemés au milieu
de nombreux débris d’ardoife, ne foient les produits
des feux fouterrains j mais il n’en réfulte pas
que le même centre d’éruption qui a formé le
trafs de Pleitt 8c de Crujft, ait pu jeter ici les
mêmes fubftances dans les plaines environnantes j
par conféquent il n’y a aucune raifon de fuppofer
que le trafs réfide au fond de cette plaine. Mais,
en général,. il auroit fallu ajouter à la détermination
des différens centres d’ éruption, les raifons
qui ont pu décider les dépôts des différens produits
de ces centres, dans la fuppofition même
que l une des deux montagnes dont nous avons
parlé eût été un volcan , & que, dans la force de fes
éruptions, il ait jeté plus loin les matières volca-
nifées qui font difperfées entre Cruffc 8c Nieder-
Mennich , ainfi que lés fragmens de terres jaunes
légères, & les ponces & fcories qui fe trouvent en
fi grand nombre dans la compofition du trafs. Il
ne feroit pas étonnant que le trafs. réfidât dans le
voifinage des-deux montagnes, & qu’on n’ en
trouvât plus àiune certaine diftance d’ elles, quoiqu’on
y apperçût encore d’autres traces d’effets
caufes par le même volcan ou même par d’autres.
Cette quantité de débris d’ardoife argileufe qui
n’eft pas altérée à un certain point par le feu, 8c
qui eft de la même nature que celle dont font for^
mées les autres montagnes du voifinage, donne
lieu de croire que les feux fouterrains de cette
contrée s'étoient autrefois allumés dans des montagnes
dont le noyau étoit compofé de cette même
efpèce de pierre, 8c qu’ils l’avoient rejetée, dans
leurs éruptions /fans l’altérer, comme on l’a remarqué
dans quelques-uns des volcans éteints. Au
refte, ces indices de fubftances qui ont éprouvé,
comme je viens de le dire :3 l’a&ion des feux fou-
terrains, fe .rencontrent dans une route qui rapprêche
d’autres montagnes voîcanifées, & au
milieu defqueiles eft fituée l'abbaye du Lach ou
Laach.
Il ne me refte plus qu’à indiquer les gîtes de
trois fubftances volcaniques, que j’ ai promis de
faire eonnoître dans des articles particuliers, auffi
en détail que le trafs. La première eft la pierre
meulière de Nieder-Mennich. Cette pierre a pour
gîtes de légères élévations, qui font dominées par
de plus hautes montagnes, derrière lefquelles eft
l’abbaye du Laach. On H trouve employée dans
les bâtimens de Coblentz , d’Andernach 8c du
village de Nieder-Mennich. Les cavités, les trous,
les pores dont cette pierre eft percée dans toute
fa maffe, fa couleur noirâtre & d’un gris enfumé,
en font une fubftance défagréable au coup d’oeil
dans la conftru&ion des maifons & des édifices
publics : on ne l'emploie à cet ufage que dans le
pays & dans les endroits où l’on ne pourroit avoir,
a meilleur compte, une autre pierre de fable plus
propre à l’ornement & à l’embelliffement des
maifons, tant par le grain que par la couleur. Au
refte , l’ufage princip. 1 confine à en faire des
meules de moulin déboutés grandeurs. Par fa nature
& par fon tiffu, cette pierre eft- fort propre
à cet emploi' 8c c’ eft par-là que fes carrières font
célèbres* On en fait un commerce extérieur très-
confidérable, 8c on envoie de ees meules en Hollande
, en Angleterre, dans le Brandebourg &
autres pays du Nord. J’ajouterai ici que cette
pierre eft parfaitement femblable à celie qu’ on
tire des carrières de Volvic en Auvergne, & qui
fait partie d’un courant de matières fondues, forti •
vifiblement d’un crater encore ouvert. On en tire
en Auvergne les mêmes avantages qu’aux environs
d * Andernach.
Nous ferons eonnoître celle-ci, dans le plus
grand détail, à l’article N i e d e r - M e n n i c h > auquel
nous renvoyons.
La fécondé fubftance dont j’ indiquerai le gîte
eft la pierre a four qui fe trouve près de Bell, à-
une lieue de diftance de Nieder-Mennich, 8c proche
l’abbaye du Lach. On la trouve fous la terre végétale
: elle a la même corfillance que le trafs,
excepté cependant qu’elle eft moins poreufe. C ’eft
un afièmblage de "petit s débris de pierres, de quelques
lames de mica blanc ou noir , & de quelques
grains ferrugineux attirables à l’ aimant. On n’y
remarque point de pierres ponces dans fa compofition
, mais cette fubftance jaune, tendre 8c poreufe,
à laquelle on donné le nom de fleurs jaunes
à Pleitt, 8c qui refifemble à un ocre ferrugineux.
A11 refte, nous la décrirons plus en détail à l’article
B e l l , auquel nous renvoyons.
La quatrième fubftance eft le bafalte prifmatique
qu’on trouve à trois quarts d’heure d‘Andemach,
aux approches du village de Fornïck| à Sin^ig, à
Oberwinter 8c à Uhckel, fur la rive gauché du Rhin,
entre Andertiach 8c Bonn. Je reprendrai par la
fuite toutes- ces indications à l’artiele F o r n i c h ,
auquel je renvoie, pour décrire ce que ces différens
gîtes offrent de particulier fur cette production
volcanique.
ANDERSON ( I le ) . Cette île eft fituée fur la
côte occidentale de l’Amérique feptentrionale. Le
capitaine Cook lui a donné ce nom en l’honneur
de M. Anderfon fon chirurgien, qui mourut quelques
minutes avant qu’on apperçût cette terre. Le
troifième voyage de l ’illuitre navigateur anglais
eft rempli de détails curieux 8c intéreffans fournis
par M. Anderfon. Les deferiptions qu’il fait des
différentes terres de la mer du Sud 8c des Infu-
laires, prouvent que cet homme eftimable étoit
auffi grand natuialifte qu’oblervateur éclairé.
ANDES. Cette grande chaîne de montagnes
appelées les Andes, eft la plus longue qu’ il y ait
au monde. Elle parcourt de fuite un efpace d'environ
huit cents milles d’Allemagne, de quinze
au degré, traverfe toute l’Amérique .méridionale
depuis l'équateur jufqu’au détroit de Magellan,
8c fépare le Pérou des autres provinces limitrophes.
Le fommet de ces montagnes eft fi é le vé ,
q ue , quoique voifines de l ’équateur , elles font
couvertes de neiges en été comme en hiver. D’autres
ont leur fommet caché dans les nuées. Il y en
a même, qui s’élèvent au deffus de la moyenne
région de l’air. On n’y a encore pu découvrir
qu’un feul paffage, encore eft-il bien difficile j car
on a vu des Efpagnolsy mourir fubitement eux ce
leurs chevaux en voulant palier de Nicaragua au
Pérou, à caufe du froid, qui, les faififfant tout à
coup , les rendeit auffi immobiles que des ftatues :
effet qui fernble n’avoir d’autre caufe que le défaut
d’un air propre à la refpiration. On a trouvé
auffi, dans cette chaîne, de s montagnes qui répan-
doient des exhalaifons fulfureufes & de,la fumée.
On peut mettre celles-ci au nombre des volcans.
Telle eft la montagne de Carrapa , dans la province
de Popayan , q.u’011 apperçoit, par un tems ferein,
jetant des tourbillons de fumée comme le Véfuve.
Prefque toutes lès rivières de la chaîne des
Andes 3 qu’on nom«e auffi Cordillïere, font des
torrens impétueux. Les voyageurs, après avoir,
avec beaucoup de peine, marché & monté durant
plufieurs jours, non fans dàngef , en fuivant les lits
de ces torrens, arrivent au pied d'une haute montagne
nommée Chimboraco, qui éft une de celles
de la Cordilliere. A cet endroit ils fe trouvent déjà
au deffus des nuages, dans une région où il ne
pleut jamais. Enfuite, lorfque, parvenus en haut,
ils veulent defeendre fur le revers oriental, ils
font bien étonnés d’ y trouver un pays doux ,
agréable & tempéré, bien différent de celui qu’ ils
quittent.
La Cordilliere eft proprement compofée, dans fa
plus grande partie, de deux chaînes de montagnes
; parallèles, entre lefquelles eft une vallée qui pour-
1 roit elle-même paffer pour une montagne, cette