
peut pas échapper à un obfervateur qui en fent le
prix.
Les eaux courantes , qui étoient torrentielles
lorfqu'elles fui voient les plans inclinés dont les
arêtes de l'ancienne terre offrent la coupe , avoient
une viteffe plus grande que lorsqu'elles fe font
trouvées diftribuées à la fuperficie des plaines de
la nouvelle terre : de là il réfulte que la marche de
ces eaux a-éprouvé dans ce padage un ralentiffe-
ment 8c une grande extenfion, & que par confé-
quent les dépôts des matières entraînées par ces
eaux font bien plus confidérables à la furface des
plaines élevées & des Sommets aplatis de collines
dans la nouvelle terre, que fur les cimes inclinées
des croupes de l'ancienne.
C ’eft pour cela qu'il y a peu de cailloux roulés
dans le Limofin où j'écris ces obftrvations, au lieu
qu'on en trouve de grands amas en Périgord, tant
à la fuperficie des plaines hautes, que dans les
plaines fluviales de 1111e Sc de la Dordogne. ( Voye[
P é r i g o r d , D o r d o g n e , l ' I l l e , L im i t e s d e
l ' a n c i e n n e T ER R E .)
C'eft furtout en Limofin, comme je le difois
tout à l'heure, que j'ai vu combien les arêtes
étoient dépendantes des rivières. Chaque rivière
eft féparée d'une autre par une arête qui eft affu-
jettie à la direction de leur cours refpeêtif. Chaque
arête eft élevée à proportion de la force de la
rivière, & à proportion de la longueur de la pente
qu'il y a entre la rivière principale 8c Y arête. Il y
a, beaucoup à'arêtes qui font déterminées par les
rivières fecondaires ou même latérales, mais elles
n'ont pas des étendues remarquables.
C'cltdans ces mêmes cantons qu’on ne rencontre
aucune inégalité ni aucun appro fendillement
qui ne renferment dans leur étendue l'agent qui a
produit les arêtes.
Il y a de petites arêtes, mais de- plus élevées,
entre les premières divifions des eaux à l'origine
des vallées primaires : il s'en trouve à un niveau
inférieur, qui font réunies aux rivières fecondaires.
Ainfi l'on ne peut fe diffimuler qu'il n'y ait
dans l'ancienne terre plufieurs ordres d'arêtes ,
comme plufieurs ordres de vallées couronnées par
elles. ( Voye[ la belle planche de Tulle , où tous
çes détails fe trouvent, & font figurés & rendus
avec autant de netteté que d'exactitude. Il ne
re lie , avec ces fecours Jff l'indication que j'en
donne ici j qu’à vifïter ces contrées la carte à la
main.)
Arêtes des bajfins de plufieurs rivières.
Tous les bafiins des différens ordres font cir-
confcrits par des arêtes plus ou moins élevées, 8c
qui fe dégradent depuis l'endroit le plus profond
ik le plus, reculé du badin , depuis le lieu des four-
ces jufqu'à la réunion de ce badin avec un autre,
gc jufqu'à.fon débouché,.
Ces arêtes qui féparent les badins les uns des
autres , n’ont pas partout la même hauteur. Les
points les plus élevés font ordinairement des plateaux
qui font limitrophes à trois ou quatre baf-
fins. Elles font d'autant plus baffes, qu'elles s 'é loignent
davantage de ces points communs à plufieurs
badins , 8c qu’elles s’approchent des embouchures
communes-à deux badins.
Par une fuite de cet abaiffement graduel des
arêtes ï mefure qu'elles s’éloignent de leur origine
commune, le fond des vallons s’abaiffe auflî pro-
gredivement, 8c les rivières qui y coulent, ont
beaucoup plus de pente dans le voifinage de leurs
fources & de ces arêtes élevées, que dans la moitié
ou vers la fin de leur cours. ( Voye[ Ri v
i è r e s . )
Des prolongemens & de la continuité des arêtes.
Il eft aifé de fe convaincre que les arêtes ne font
pas continuées fans interruptions fi l’on confidère
qu’il y a beaucoup d'ïles, loit de l'ancienne terre,
foit de la moyenne, foit enfin de la nouvelle, qui
, dominent fur les environs, 8c que ces îles font
, d’une matière toujours la même dans le madif.do-
minant, 8c différente de celle des maffes environnantes
& plus baffes.
Ces arêtes d'ailleurs ne peuvent être admifes,
d'une confidération générale, comme tenant au
même niveau que la prétendue charpente du Globe
imaginée par Buache ; enfin .ces arêtes ne peuvent
être confîdérées comme un phénomène appartenant
à la géogra.phie-phyfique , qu’autant qu’elles
font formées par une maffe toujours la même. S’il
y a changement de maffe 8c différence dans la nature
de fes matériaux, on ne peut fuppofer que
ces arêtes foient la fuite d’une difpofition primi tive
} car deux maffifs de nature 8c d'organifation
différentes ne peuvent être dus aux mêmes dépôts
, à là même conftitution primitive.
Si deux maffifs différens , mais contigus, forment
enfemble une même arête,3 cela n'oblige pas
à croire à la continuité de la même maffe, car el’e
n’eft que lé produit de l’organifation extérieure des
eaux courantes ; mais on auroit tort de.confidérer
ces maffes comme pouvant appartenir, par exemple
, à la charpente du Globe, qu encore à l'ancienne
terre feulement, ou à la moyenne.
Au refte, dans l'hypothè.fe de Buache on trouve
de grandes confufions de maffifs, parce qu'il -ne
connoiffoit pas les paffages d’ une matière à ïar.e
autre, des granits ou des (chiftes aux couches calcaires
horizontales ou inclinées.
En fécond lieu , il n'a pas confidéré la différence
des niveaux , qui pouvoient faire foupçon-
ner la diftinétion des maffes. Ainfi il n’en a. tenu
aucun compte, parce que ce travail exigeoit une
observation exacte 8c raifonnée qu'il n'a pas lu
fuivre.
Les points de partage des eaux fe continuent
fouvent
fouvent de l’ancienne terre plus élevée, à la nouvelle
inférieure; Ainfi les arêtes qui fervent à ce
partage, 8c que M, Buache a tracées fur plufieurs
parties du Globe, dont il a publié les cartes, ne
peuvent être confîdérées comme étant une fuite
• des mêmes maffifs, 8c encore moins comme une
charpente du Globe y car les arêtes formées par les
granits ou les fehiftes ne font ni du même tems
ni des mêmes matières que les arêtes des couches
inclinées ou horizontales. Leurs formes d'ailleurs
& leurs niveaux diffèrent infiniment ; toutes cir-
cpnftances qui ne permettent pas de les confondre
ni de les rapporter à la même conftitution phy-
fique..
Mais on voit bien que le plan de géographie
préfenté à l'Académie des fciences pa*- M. Baache,
eft l’ouvrage d’un géographe fédentaire , peu inf-
truit de Thiftoire naturelle des contrées qu'il a!
fait figurer fur fes cartes, & qui s’eft trouvé réduit
à la feule infpeétion des anciens plans. On ne doit
donc point être étonné qu'elles foient fi peu con-
fbf-mes à la difpofition des différens objets que
nous préfente là furface de la terre.
Lorfqu’on fuit en France cette fuperficie la
carte topographique à la main, on reconnoît que
la géographie-phyfique de la France ne peut être
dirigée fur des vues auffi louches 8c auffi petflu-
mineufes , & ceux qui les ont adoptées & qui les
adoptent encore prouvent combien ils font peu
avancés dans cette partie, qui doit s'éclairer par
des obfervations fuivies, comparées avec foin, &
non par des apperçus hypothétiques.
■ Arêtes de la moyenne terre.
I. Ces arêtes ont les mêmes formes, les mêmes
contours que les vallées qui les accompagnent de
part 8c d'autre ; elks préfentent.les mêmes phénomènes
quant à leur diftribution, foit qu’on les
fuive en Provence, ou en Conferans, dans le pays
de F oix , comme dans les Pyrénées. Ce font Ies:
appendices 8c les prolongemens des hautes^ montagnes
, dans Es unes 8c les autres contrées. Elles
font compofées de fubftances de même nature, i
On y voit une femblabié dégradation des maffifs 1
de même ordre, organifée de même par Taétion
générale des eaux courantes.
La belle topographie de la France fervira de
guide à ceux qui voudront faire une étude de ces
arêtes.
Mais, je le répète , elle ne peut être d'un grand
fecours qu'aux obfervateursqui fa vent réunir,-dans
leur contemplation, toutes ces vues, toutes ces
considérations préliminaires dont les arêtes font
proprement l'enfemble.
Effectivement, les fotnmets plus ou moins larges
qui fe prolongent entre deux vallées, & qui
fervent à partager la diftribution des eaux dans ces
vallées, font nos arêtes. On peut les envifager auffi
comme les relies des anciens plateaux fur lefquels
Géographie-Pkyfique. Tome II.
' lés premières eaux torrentielles ont couru 8c circulé
avant d'approfondif les vallées, en enlevant
les parties des maffifs qui en occupoient le vide.
Ainif ce font des témoins qui figurent encore
majeftueufement au milieu des déblais immenfes
qui ont été opérés par les eaux courantes.
C ’eft furtout dans les hautes montagnes de l’ancienne
8c de la moyenne terre, que s'obfer vent les
arêtes les plus marquées , les plus Caillantes, parce
q u e , dans ces mêmes contrées, les vallons font
plus approfondis, & que les Commets prolongés
des arêtes qui les dominent dans toute leur étendue
, font élevés en raifon de i’abaiffement des
fonds de cuve de; chaque vallée.
Les arêtes font de plufieurs efpèces, ont plufieurs
formes, occupent plufieurs niveaux, fuivant la
nature des maffifs auxquels elles appartiennent &
d’organifation des maffes, 8c enfin fuivant les altérations
que ces maffifs anciens ont pu éprouver "
dans la.difpofition primitive dé leurs parties intérieures.
II. Les arêtes qui courent au milieu des couches
inclinées 8c des rochers calcaires brifés 8c culbutés
, ne paroiffent pas devoir être confîdérées
comme la fuite d'unç. difpofition régulière. On
n'y reconnoît pas les veftiges d’une forme primitive
dépendante de la crifiallifation des mafî’es calcaires,
comme Ta cru. voir M. de Sauffure.
Pour peu qu'on ait obfervé ces arêtes, on voit
qu'elles font affujetties aux bords élevés des vallées
qu'elles féparent, 8c vers lefquelles ces maffifs ont
une inclinaifon très-marquée.
Dans les planches de la carte de "France, Ros. IJI
8c 152, on trouve de ces arêtes dirigées nord &
fud , d’autres de l’ eft à l'oueft , enfin plufieurs
autres qui participent de toutes ces directions.
Mais l’infpeCtion feule de ces cartes ne fuffit pas
pour tirer de toutes ces formes des conclufîons
générales j il faut avoir obfervé ces arêtes de manière
à décider, i° . celles qui appartiennent à la
moyenne terre calcaire , 8c aux maffifs qui en dépendent
; 20. quelles font les parties correfpon-
dantes du bord d’une vallée à l ’autre, 8c q u i, tant
par la nature des matériaux que par leur arrangement,
peuvent avoir formé autrefois une maffe
fuivie 8c continue.
Arêtes de la moyenne terre, dépendantes des couche»
inclinées.
III. On doit obferver avec foin quelles font les
bafes fur lefquelles les couches inclinées ont été
primitivement établies ; car il importe de recon-
noître les parties de ces bafes , découvertes dans
les contrées qui appartiennent à la moyenne terre
-calcaire.
. Si ‘les vallées latérales ont interrompu la continuité
des portions d‘arêtes ou même des lits de
fubftances femblables, il. s'enfuivra que , dans les
grandes montagnes comme dans les pays de col-
' Eeeee