des flots 8c de la marée, ont été roulés, ufés,
polis ôc arrondis\ particuliérement le long des
bords du golfe , ainu qu’ ils fe rencontrent au milieu
des-couches. *
I I I . Secondes confdérations fur la conformation
extérieure du pays1 adjacent.
Les dépôts du pays adjacent ayant été Formés
dans le baflin de la mer, comme nous venons de
le faire connoître, ont été mis enfuite à découvert
par fa retraite, & en coaféquence de cette retraite
les vallées des hautes montagnes qui ver-
foient des eaux courante? plus ou moins abondantes
dans ce baflin, lorfqu’il s’ étendoit jufqu au
pied des Pyrénées, auront continué à fournir une
femblable quantité d’eau, laquelle traverfant les
nouveaux dépôts, a erré-d’abord par des courans
vagues fuivant les pentes primitives de la fuper-
ficie nouvellement découverte 8c non encore fil-
i-onnée$ 8e s’y eft creufé des lits particuliers.
Ainlï tout ce que nous avons décrit ci-deffus,
tout ce qu’on peut obferver en parcourant le pays
adjacent 8c même un peu au-delà, eft la fuite de
ce travail continuel de l’eau, qui, par des courans
abondans 8e rapides, par une marche dilatée fuivant
les pentes variées du terrain, a fait des en-
îévemens 8e des tranfports fucceflifs, 8e a creufé
les vallons de tous les ordres.
' II eft aifé de montrer que toutes les formes extérieures
du fol que nous pouvons obferver dans
Je pays adjacent, c’ eft-à-dire i les vallées’princi- ■
pales, les vallons latéraux, les cols, les plaines de
tous les niveaux, font dans chaque contrée 1er ré-
fultat d’une quantité d’eau fort peux fupérieure à .
celle que nous voyons circuler actuellement, tant
dans les hautes montagnes 8c dans les collines fe-
condaires, que dans le plat pays : il faut feulement
envifager tous ces effets comme opérés par des
progrès infenfibles & fur une longue fuite de Aèd
e s , & pour lors les agens connus fuffiront, fans
qu’ il foit néceffaire d’avoir recours à des moyens
& à des cataftrophes extraordinaires. En fuppo-
fant aufli quelques accès peu durables d’ inondations
moyennes qui ont contribué à vider les
matériaux dépofés dans les ralenriffemens des eaux
courantes, on aura toutes les reffources que la
nature a pu employer pour approfondir les différentes
vallées.
IV . Trei/ièmes confédérations fur les anciens depots
de l'Océan, qui fervent de bafe aux différens matériaux
de la compofition fupérieure au pays adjacent.
J’aurois dû commencer par traiter, dans ces
-confidérations, des plus anciens dépôts de l’Océan,
formés pendant fon premier féjour fur le fol du
pays adjacent, & qui fervent de bafe aux féconds
•dépôts, lefquels fe montrent, comme nous l'avons
d it, à la fuperficie de cette belle 8c întéreflànte
contrée > mais comme il a fallu faire une étude
des derniers dépôts, & les décrire avant de parvenir
aux premiers 8c plus profonds, mafqués 8c
couverts en grande partie par eux, j’ai dû adopter
la marche analytique que me diéloit la meilleure
méthode d’ obfervation. C ’eft ainfi que j’ ai obtenu
les réfultats fuivans.
En rapprochant tous les faits expofés ci-deffus,
il me fut facile d’en conclure, i° . que les dépôts
des couches calcaires 8c fchifteules, 8c fur-
tout des pierres de fables farcies de cailloux
roulés, fur lefquelles font établis les matériaux
qui compofenc le pays adjacent, ou contre lefquelles
ils font adoffés, font l’ouvrage d’une ancienne
mer qui d’abord a fait un fort long féjour
dans ces contrées, à en juger par l’épaiffeur
de ces couches > que ces mêrnes dépôts anciens
ont été fillbnnés 8c détruits de mille manières
différentes par les eaux courantes qui avoient leur
origine dans les hautes montagnes, 8c qui ont fait
tout ce travail pendant la retraite de cette ancienne
mer.
C ’eft en conféquence de cette a&ion des eaux
que Ton trouve tant d’inégalités dans les difpolirions
de la fuperficie de cette bafe ,7 telles qu’on
les peut obferver fur les bords ou dans les ronds
de cuve des vallées les plus profondes j quelle y
forme des îles 8c même une lifière entièrement
apparente fur les limites intérieures de ce pays.
Ainfï l’on ne peut douter que ce ne foient les
réfidus de ces deux premières opérations de la nature,
fur lefquels les produits d’un fécond féjour
de l’Océan ont été établis, comme je l’ ai fait
voit bien en détail, ou contre lefquels ils ont été
adoffés, ainfi que je m’en fuis convaincu en vifi-
tant toutes ces contrées. _
Il réfui te donc de tous ces faits, que les difpo-
fitions du terrain, foit à la fuperficie, foit à certaines
profondeurs , ne pouvant être expliquées
dans la fuppofition d’ un feul féjour 8c d ’une feule
retraite de la mer, il eft néceffaire d’en admettre
deux féjours 8c deux ordres de dépôts formés
pendant ces féjours ; outre cela, deux retraites à
la fuite de chacun de ces dépôts, & deux ordres
de vallons creufés pendant que ces deux retraites
ont mis à découvert chacun de ces dépôts.
Ce qui peut venir à. l’ appui de toutes ces fup-
pofitions, c’ eft que,dans la configuration des bords
de plufîeürs vallées, il eft facile de recofïnoître
plufieurs excavations modernes ajoutées à d’anciennes
qui n’avoient été comblées qu’en partie
pendant le fécond féjour de la mer. Et c’ eft ainfi
qu’en déterminant les effets de l’eau qui dépofe,
8c les comparant avec ceux de l’eau qui creufe 8c
approfondit, on peut trouver la folurion de tous
les problèmes intéreffans que nous offre la fîngu-
lière compofition du pays adjacent pris dans toutes
fes dimenfioris. Au refte, comme cette explica-
| tiop fe raccordera par la fuite avec celle que j'en
donnerai • à l'article Pyrénées & à celui Vallées-
Golfes je crois qu'il convient d'y renvoyer ceux
qui prendraient quelque intérêt à l'hiftoire p'nyii-
que de ces parties de nos continens.
V . De la nature & de Vemploi des terrains qui com-
pofent te fol du pays adjacent aux Pyrénées, 6*
particuliérement le baflin de 1 Adour.
La compofition phyfique de la grande langue de
^terre dont les bords font battus à l’ eft par les flots
de la Méditerranée, 8c par ceux de l’Océan au
couchant, eft remarquable par la prodigieufe
quantité de débris de la chaîne des Pyrénées. Le
naturalifte qui confidère la profondeur de, ces *ui-
nes 8c la vafte étendue du mafiif qu’elles ont formé,
eft curieux de faire un fériaux examen de
ces énormes dépôts que la retraite des eaux, dont
une grande partie de cette terre étoit couverte,
a mis au grand jour. Les pierres coquillères qu’on
trouve dans ce pays adjacent, 8c meme fous les
fables des Landes, & leur difpofîtion par couches,
prouvent, comme nous l'avons dit dans le mémoire
précédent, l'ancien féjour de la mer dans
cette contrée. Elle eft devenue une portion de
notre continent par les fédimens fous-marins 8c
par les tranfports des rivières, dans le meme tems
qu'elles creufoient de grandes vallées au fein des
Pyrénées, 8c qu'elles enttainoient un mélangé
confus de pierres 8c de leurs débris. Ainfi toutes
ces différentes .matières s'accumulant peu à peu
au nord de cette chaîne de montagnes, ont eleve
le terrain dans un efpace affez étendu pour réparer
l'Océan de la Méditerranée', : ,
A la defcription des rochers des Pyrenees, on
doit naturellement faire fuccéder celle du terrain
formé des débris de ces monragnes. Dans ce travail
, nôtre attention fera-principalement fixée fur
les amas lés plus coniidérables des débris que les
torrens ont tranfportés au pied de cette chaîne,
en même tems que les eaux pluviales detruifoient
les fommets & les croupes de ces grandes mafies.
Comme l'étendue des décombres eft proportionnée
à la hauteur des montagnes 8c au volume
d'eau qui a charié 8c dépofé les débris dont ils lotit
formés, nous trouvons en confequence les grands
amas de pierres rouiees au pied ae la partie de la
chaîne la plus élevée, 8c qui en occupe le milieu.
C'eft aufli. cette partie qui donne naifiance aux plus
grandes rivières, dont l 'Adour raffemble les eaux.
En fuivant l'examen de ces ruines de la nature,
nous laiderons à côté de nous, vers l’occident,
la région qu’habitent les Bafques, 8c dans laquelle
on ne trouve pas auffi abondamment de ces débris.
Ce n’éft qu’en nous attachant ali cours du Gave,
qui fort des montagnes d’Afpe St d’Offaii, que
l'on peut obferver de grands depots & la fertile
plaine qui s'étend depuis les environs d'Oleron
jufqu'au-delà de Sauveterre., ,
Cette plaine offre partout des débris des montagnes
au pied desquelles oh 1 oblerve j car on y
découvre les mêmes matières dont les Pyrénées
préfentent des maffes continues : ce font des blocs
de granit, des fragmens de pierres calcaires 8c ar-
gileufes, dont les formes font arrondies 8c les
angles ufés par le frottèrent.
Le terrain au milieu duquel réfident ces différentes
pierres détachées & ifolées, eft un mélange
qui provient vifiblement de leur décompofition ,
8c qui, par la différente nature de fes principes, a
répandu partout la fécondité. Quoique ces riches
& anciens dépôts ne préfentent pas une grande
épaiifeui\( effectivement, à quelques pieds au defi-
fous de la furface de la terre, on remarque des
couches marne u fes, argileufes 8c. calcaires, aii
milieu defquelles les eaux du Gave ont creufé le
canal encaiifé où il cou le), il eft vifibie que toute
cette vallée 8c celles qui s’y réunifient, ont été
approfondies par les eaux courantes dès que leur
marche a été fixée dans un lit confiant. Au refte,
il eft évident que l’ouvrage des torrens 8c des-4i-
vières fe préfente ici fous les mêmes formes que
partout ailleurs.
En examinant maintenant les bords du Gave
béarnois, féparé de celui d’Oleron par des coteaux
fort élevés, on trouve qu’ ils font formés en quelques
endroits de bancs réguliers 8c horizontaux
de pierres à chaux blanches, ainfi qu’on les obferve
en particulier à Çofie-Blanque de la Neube. Plus
bas, vers Moncin, ce font des pierres roulées, de
nature filiceufe ; 8c en defçendant^yers Salies, lieu
remarquable par une fontaine falée, on rencontre
un terrain compofé de couches de marnes. Si l’on
porte fes pas jufqu’ à Careffe, non. loin du confluent
du Gave d’Oleron 8c du Gave béarnois, on
retrouvera des maffes de granit, quoique dans un
allez grand éloignement des montagnes. Cette
obfervation fait connoître que cette ancienne roche
eft la.bafe des couches horizontales dont nous
venons de faire mention.
On obferve aufli au village de Careffe, des
mafies d’ophite, de pierres calcaires, 8c de plâtre
renommé par fon extrême blancheur ; 8c entre les
deux Gaves, des maffes très-étendues d’argiles 8c
de marnes fillonnées par un grand nombre de
ruiffeaux.
Toute l’étendue de cette montueufe région,
qui a pour bornes les deux Gaves, étoit anciennement
couverte de forêts qui ont fait place à de
grandes cultures, à-des pâturages 8c à de nom-
breufes habitations difperfées.
Comme parmi les fédimens des coteaux finies
entre les deux Gaves, on découvre rarement des
matières femblables à celles que les torrens tranf-
portent des Pyrénées > on ne peut douter qu’ils ne
doivent leur formation à la mer, 8c ce qui achève
de le prouver, c’ eft leur difpofition par couches,
horizontales } d’ailleurs, ces coteaux ne font pas
cômpofés des mêmes matières. On remarque dans
quelques-uns, des débris femblables à ceux que.
ij les eaux courantes transportent des montagnes ,