
à la circonflance de l'embouchure d'une grande
rivière qui y creufoit pour lois Ton canal , & qui
a continué depuis à couler dans les environs. C e c i'
eft encore une, caufe dont l'influence a pu 4è montrer
dans quelques-unes des interruptions des dépôts
j dont la continuité a difparu dans certains
endroits. ( Voye^ D é p ô t s l i t t o r a u x . )
A n e c d o t e s f u r l e s c ir d o ifie r e s & l e s c h a r b o n s
d e te r r e .
Quoique j'aie déjà compris dans les confidéra-
tions générales , qui ont eu pour objet l'examen
de nos continens , les carrières d'ardoifes & les
minés de charbons de terre, cependant, pour donner
plus de développement à nos anecdotes 8c aux
objets auxquels nous en avons fait les applications,
nous reviendrons ici à ce qui concerne les ardoi-
fie res, comme pouvant être comprifes dans différentes
époques, & figurer parmi les anecdotes les
plus intéreflantcs. Ç ’eft fous ce point de vue que
nous allons en prefcncer les détails que nous fournit
robfervation de leurs diverfes exploitations :
c’eft ce que nous nous propofons de faire dans cet
article. Nous y joindrons les mêmes vues fur les
charbons de terre.
J'ai remarqué d'abord que les lits des mines
d’ardoifes & de charbons étant inclinées contre
les lois de la difpofition des dépôts quelconques,’
c'étoit un indice certain que, depuis l'ordre de
chofes qui avoir contribué à la formation primitive
de ces couches, il étoit furvenu des accidens
qui les avoient déplacées. O r , ces derniers acei-
dens n'ont pu arriver que long-tems après leur
eonftrudtion, & lorsqu'elles avoient déjà pris ,
par une longue afliette & par le travail de l'infiltration
8c de la pétrification , cette confiftance &
cette folidité dont les fraétares & les arraehemens
font des preuves confiantes.
Joignons à ces détails intéreffans cette confidé-
ration, que la plupart des mines de charbon &
des maflîfs d’ ardoifes Contiennent toutes, entre
leurs lits & entre leurs feuillets, des dépouilles
d'animaux marins, mêlées avec des plantes terreftres
, & que tous ces dépôts font aujourd'hui fort
éloignés des mers qui ont produit les uns, 8c des
continens qui ont nourri les autres. Tous les individus
de ces fofltles ont dû être formés le long
des rivages , ou dans des contrées maritimes , ou
dans la mer elle-même 5 & ces dernières eirconf-
tances font encore une nouvelle preuve d’une révolution
poftérieure de beaucoup à leur cooftruç-
t-ion primitive, qui, en changeant la fituation des
mers 8c des continens, a produit- des dérangemens
dans les mines de charbon , en a incliné les. lits,
& a recouvert ce fyftème de couches d'autres lits
horizontaux qui les chargent ou qui les environnent.
Il paroît donc que lés premières opérations de
h nature, qui ont contribué a la conftru&ion des
mines de charbon ? ont- oecafionné dans le même
-tems la fubmerfion totale des lieux où elles fe
font conttruites: outre cela, que, long-tems après
cette fubmerfion, de nouveaux accidens ont fait
reparoître ces terrains fubmergés j mouvemens
qui ont produit l'inclinaifon générale où ils font
aujourd'hui, Sc les fraélures qui s'y rencontrent
fouvent remplies de matériaux plus modernes, qui
ne partent que du dernier féjour des mers.
Les mines de charbon,-iSc finguliérement les ar-
doifières de nos climats tempérés, nous ont con-
fervé en grande quantité des végétaux terreftres
totalement étrangers à nos contrées, & dont les
analogues ne croiffent aujourd'hui que dans des
climats chauds 8c dans des régions très-éloignées
des nôtres. Ces derniers monumens^inconteftabjc s
quant aux lieux primitifs de leur production, nous
apprennent que, depuis la formation des mines de
charbon & des maflîfs de nos ardoifières, le globe
a fouffert une révolution qui a changé fes climats
& les anciens afpeèts du foleil. Ce dernier phénomène
a déjà été expliqué par des phyficiens, qui
y ont foupçonné un rapport avec des torrens des
Indes en Europe ; mais comme on ne peut vo r
fur la terre aucune trace de ces torrens, que nos
principales vallées, qui font les filions creufés pat
les eaux courantes -, n'ont aucune correfpon-
dance avec la route que ces phyficiens font faire
à ceux qu’ ils ont imaginés, il en réfulte donc que
tous les torrens qui ont creufé ces vallées, n'ont
pu contribuer à la conftrudtion.des mines de charbon
8c des maflîfs de nos ardoifières, & de tout
ce qu'elles contiennent, puifque fouvent ces toi-
rens les ont détruits en grande partie , 8c que lés
pays de mines de charbon ont été tranchés 8c
coupés par les torrens, comme tous les autres
terrains.
D'ailleurs, il eft très-vraifemblable que, lors de la
formation des mines de charbon dans nos contrées
d’Europe, dans les Indes 8c à la Chine, dont le fol
fuperficiel ne porte que fur des mines de charbon
fans nombre, n'étoient pas dans une difpofition
plus avancée que notre conftiturion j car, lorfque
les lits de l’Europe fe conftruifoient fous les eaux ,
les, fondemens du fol de l’Afia dévoient être dans
le même état.
Nous ne pouvons donc conclure de la fituatioii
préfente des mines de charbon 8c de leur nature,
que l'exiftence d’une fucceflion de différentes révolutions
qui ont parcouru en même te ms toutes
les contrées où l'on en trouve maintenant.
La multitude dés mines de charbon répandues
dans toutes les parties du monde nous inftruit de
l'univerfalité de ces révolutions, dont nous ne
pouvons avoir les époques ; mais le nombre des
couches 8c des feuillets dont elles font eompo-
fées, peut nous donner au moins quelques idées
fur leur durée, 8e nous faire eenooître que ces déport
ne font pas des effets d'aecidens paffvgers, 8c
qu’ il a fallu des marées fans nombre pour les compléter.
Tous- ces monumens d'ailleurs nous inftrnifent
& nous apprennent clairement que les animaux
qui vivent fur la terre, 8c les végétaux qui y croiffent,
ont exifté pendant ces; révolutions, comme
devant 8c après 5 car nous trouvons, au : milieu des
feuillets d'ardoifes, des analogues d’une, partie des
êtres que nous çonnoiffons préfentement. Leurs
efpèces fubfiftoient donc alors, puifque ceux qui
vivent aujourd'huin'’ont pu defcendre que de ceux
qui ont furvécu à; ces fiècles. Tous les poiffons
tofliles que nous trouvons dans le fein; de ces-mines,
ne font point enfevelis dans la même couche,
ils n'y ont donc été dépofés que les uns après les
autres, 8c fucceflivement; 8c puisqu'ils fe trouvent
à différentes-hauteurs , les uns nous;appren-
nent qu'ils font morts long-tems avant les autres >
8c ceux-ci 3 qu'ils ont furvécu long-tems après-les
premiers.
Il en eft de même de tous les arbres. 8c de tous
les végétaux que produifent encore nos.continens.,
car nous trouvons leurs analogues dans ces maga-
fins des débris 8c des anciennes productions de J a
nature; ils fubfiftoient donc auparavant, , comme
ils ont fubfifté-après que les dépôts ont été formés
dans'leur entier, puifque toutes leurs efpèces fe
font multipliées depuis, & fe font perpétuées juf-
qu'à nos jours. Il en eft fans doute de même des
animaux terreftres : il eft vrai qu'il eft bien plus
rare d'en trouver les dépouilles dans ces mines de
charbon 8c dans les ardoifières j mais enfin, on en
a trouvé quelques veftiges.
La terre étoit donc, avant 8c pendant ces révolutions,
oe qu'elle eft aujourd'hui j, car tout ce
que nous1 venons de dire nous retrace les circonf-
tances de cet état.
Je-crois devoir répéter ic i, mais dans un certain
rapprochement, que les carrières d'ardoifes
& les mines de charbon de terre montrent, plus
qu'aucun autre amas , les dérangemens furvenus
dans les parties folides du globe. C'eft là que les
couches n'ont pu conferver leur pofition naturelle :
toujours fortement inclinées, elles ont pour loi
générale ce qui n'eft qu’une exception dans tous
les autres lieux de la terre j 8c ce qui mérite d'être
fûrtout confidéré lotfqu’on examine les phénomènes
intérieurs qui diftinguent ces contrées de toutes
les autres, c’eft, i ° . que les irrégularités extérieures
y font cependant les mêmes que partout
ailleurs ; qu'on voit à la furface de la terre, des
vallées , des vallons, des angles correfpondans 8c
des efcarpemens, dont l'enfemble n’a aucun rapport
à.la conftiturion 8c à la confirmation intérieure
des couches : preuve que cette organifa-
tion eft antérieure au paffage des eaux courantes.
2°. Lorfque la plupart des couches inclinées ont
éprouvé un changement dans leur pofition naturelle,
elles dévoient être fermes 8c félidés, autre*-
ment les matières- fe feroient mêlées 8c confondues
: on ne verroicpLus le parallélifme parfait des
feuillets d'ardoife , 8c les FraCtures énormes qu’on
rencontre dans c-es-' car-rièfes-j ce qui donne lieu
; de p,enfer qu'avant l'a-ffaifîcment de ces- contrée«-,
[elles étôient reliées long-tems dans-une pofition-'
i horizontale, 8c dans un état fixo & tranquille,, àr
la faveur duquel elles avoient déjà aequis la con-
fifiance qu'elles dévoient avoir lors de leur déran-
, gement. 30. En analyfant la matière de ces cou-
[ ches, on reconnoît une multitude-de productions
marines,, terreftres 8c fluviales , végétales 8c a-ni-
l males : d'où il fuit que les ardoifes &* les charbons
|de terre doivent leur origine Sc ieurs dépôts à d§p
j accidens communs entre Xancienne terre & les mers
;qui en baignoient les côtes. Toutes- ces circonf-1
5 tances peuvent fe reconnoître aifément ; car nous-
'pouvons obferver les maflîfs de Y ancienne terré qui
jfubfiftent encore à côté des amas de fchiftes où-
]réfident les ardoifes , 8c à côté des golfes où l'on-
|a découvert les mines- de charbon de terre. Nous1
; ferons connoître ces détails à l’article C h a r b o n s
[d e t e r r e 8c A r d o i s i è r e s .
j A n •ECD oTEs fur les maflîfs de la moyenne & de la'
nouvelle terre.
l ‘ Je vais maintenant expofer les d:ifpofirions--inté-
frieures que nous indiquent les- formes de conf-
itruélion de la terre où nous avons pu pénétrer :
(elles nous offrent- deux- ordres ; le premier , d#-
maflîfs très-remarquables',.annonçant les lits & les-
ibancs de la moyenne terre, 8c le- fécond le maflîf
plus fuperficiel 8c beaucoup étendu de la nouvelle'
ferre. Pour fuivre les caraélères • de ces- maflîfs , ;
nous devons profiter des avances que nous fait la
nature lorfqu'elle nous préfente-, dans- les croupes
tefcarpées de nos vallées, la coupe de ces deux
ifyftèmes dè dépôts foufmarins.
L Nousrappercevons dans'la moyenne terre, comme
je l’ai déjà d it, des couches remarquables par leur
pofition 8c par la nature particulière des matériaux
: elles font régulièrement conftruites les unes
fur les autres dans une étendue fi confidérable,
qu'elles1 régnent fous des provinces entières, malgré
les grandes vallées qui les féparerrc.
Ces bancs varient entr'eux dans leur épaiflèur :
fouvent elle eft de plufieurs pieds , & c . ; fouvent
auiîi ce font moins des bancs que des lames très-
minces, dont le nombre eft très-multiplié ; mais
ce qui eft remarquable^, c'eft que, dans chaque
banc , l'épaiffeur eft prefque toujours égale, fur
quelqu'étendue qu'il puifte dominer. L’on voit
le fommet des montagnes organifé de même- par
bancs, quelquefois défunis, bvifés, culbutés 8c
. hors de leur pofition naturelle, & ces accidens fe
montrent plus ordinairement dans les collines 8c
dans les montagnes, qu'à de certaines profondeurs.
Ces bancs forment enfin des ondes fenfi-
bles , qui nous indiquent plufieurs comprenions
en divers fens : tel eft le précis de ce qui concerne
leur pofition. Voici maintenant ce que l'on peut
connoître de leur nature.