
ques naturalises,même inftruits,, ont cru & avancé
que ces deux lacs ont été les cratères des anciens
volcans, par la raifon qu’on ne voit point de bouche
au Monte Albano ni aux autres montagnes de
la chaîne dont nous avons parlé. Cependant fi on
eût bien réfléchi fur la marche & les opérations
du feu des volcans, on auroit vu que le Monte
Cavo 8c beaucoup de montagnes de la chaîne ont
été les centres des éruptions qui ont produit tous
ces amas de laves & de matières volcaniques, qui
lemblent, lorfqu’on les examine avec attention,
avoir leur origine dans les points les plus élevés,
& de là s'être étendus fur les pentes de toutes ces
montagnes , comme les courans du Véfuve. Ceci
paroît fi marqué , que les maffes, non-feulement
de laves, mais encore de terres cuites, de tufs
volcaniques, de peperines, femblent avoir eu des
écoulemens plus ou moins étendus depuis certaine
région élevé e, & certainement au deflus de la
bouche des lacs, & s’-être enfuite prolongés dans
une région inférieure. O r , ceci ne paroît pas
avoir eu pour origine aucune partie du balfin de
ces lacs. Comment conçoit-on que les laves & les
matières volcaniques qui forment le Monte Albano
, aient été produites par les cratères qu’on pla-
çeroit dans les lacs , que ques déplacemens qu’ on
fuppofàt s’être opérés dans la (difpofition de
toutes les parties qui environnent le fommet le
plus élevé.
Ceci s’explique par la théorie des culots, qui
ont pris la place des cratères. ( Voye^ cet article.)
Le Monte Albano eft à environ douze milles de
Rome : fa bafe & celle de toutes les parties de la
chaîné environnante peuvent avoir feize milles de
circonférence. Cette malle paroît, ainfi que le Véfuve
, divifée en deux parties principales j 1®. d’abord
ce font deux fommets les plus élevés 5 fa voir:
le Monte Cavo ou Monte Albano, qui paroît
avoir été le principal centre d’éruption j 2°. le
Monte Algidoi enfuite les collines qui environnent
le Monte Cavo3 & qui font entièrement compofées
de terres cuites 8c de peperino, & dont les fom-
mets font nus & dépouillés de tous bois. Le Monte
Porcio3 le Monte Çompatro, le Monte Colonna qui
eft détaché du fommet-principal, 8e la colline fur J
laquelle eft Çivita-Lavigna, font au nombre de
ces grandes collines.
Velletri eft fitué au pied du Monte Albano3 du
côté des marais Pontins, & les matières volcaniques
s ’étendent jufque-Ià.
Marino Rocca ai Papa eft du côté de Rome.
Rocca Priora eft bâti fur le fommet le plus élevé !
des monts Tulculans, vis-à-vis la crête de Monte j
Algido.
Aricia eft fituéentre Albano & Genfano. Les matières
légères, volcaniques ont été lancées par le
volcan du Monte Albano, dans fes éruptions, juf
qu’à Poli , qui eft fitué dans les Àppennins, à environ
huit milles du Monte Çavo.
Le Lago di Rigilla eft au bas de la colline de Colonna.
Il ne faudroit redouter aucune fçrte de fîïp-
pofition , fi l’on plaçoit un cratère dans ce lac : il
en eft de même du Lago di Caftiglione , qui eft fort
éloigné du Monte Cavo ou Albano.
Les carrières de peperino, dont on fe fert à
Rome pour bâtir & pour les impelliciatures, font
à Marino, à l’extrémité de ces courans de terres
cuites dont j ’ai parlé ci-deffus.
La lave noire compacte du volcan deMonte Albano,
qu’on nomme fe k e , fe tire du voifinage de la ville
à’Albano. On fe fert de cette la v e , à Rome &
dans les lieux circonvoifins , pour bâtir, 8c fur-
tout pour paver les rues & certaines routes : on
en fait aufli des ftatues modernes, & on en répare
d’anciennes ftatues de bafalte oriental; Il y a , dans
cette lave d’Albaho , comme dans celle du Véfuve,
du fchorl noir & des grains de cailloux verdâtcîs
& jaunâtres.
On lit dans Tite-Live , que 1 e Monte Albano a
éprouvé des éruptions, dont la dernière dite de
l'an de Rome 540, & il annonce ces événemens
fous le nom de pluies de pierres : 'in Albano Monte
biduum commenter lapidibus pliât. Et ailleurs il dit :
in Monte Albatto haud aliter quant cumgrandinem venti
glomeraiam in terras agunt3 crebri ce eide re coelo lapides.
En allant de Monte Cavo par Genfano, à Rezia ,
on traverfe une colline volcanique, dont la pente
eft fort douces elle décrit une courbe autour d’ une
.partie du plat pays. En retournant à Rome de Marino
, le terrain ne paroît compofé que de terres
^cuites , de débris de pierres-ponces, de fcories--,
de laves, de petits criftaux de grenats dans l’état
farineux , de fchorls 8c de micas feuilletés , de
grains de pierres calcaires ou de chaux , 8c<c.
II fuit de cette obfervation, que, dans les volcans
de l’Etat eccléfiaftique 3 le feu s’eft fait jour
à travers des fommets calcaires, & que les matières
qu’ils ont vomies, ont enféveli les contrées
les plus baltes, & n’ont laifie à découvert que
les collines les plus élevées, & qui n’étoient pas
à portée de recevoir leurs courans ou leurs décombres.
ALBATRE. Cette pierre eft d’un tiffii un peu
moins ferré que le marbre ; elle a outre cela fort
fouvent une demi - tranfparence plus ou moins
nette : fur un fond plus ou moins blanc elle offre
les couleurs les plus vives & les plus .douces en
même tems. D’ailleurs, fi l’on fuit leur formatio
n , on trouve que les agens qui y ont concouru,
leur ont donné les formes dé veines, de bandes
& de zones. C ’eft d’après ces diftributions variées
de différens principes colorés, qu’ en comparant
ces réfultats aux agathes fines , on les appelle albâtres
onyx. 11 y en a de même où font figurées
des parties de végétaux,, qui peuvent autorifer la
dénomination d’albâtres herborifés.
Au reftë, nous indiquerons toutes ces différentes
variétés de cette forte de travail de la
pétrification, d’après l’examen d’une colleéfion
d’albâtres.
d’albâtres fort complète, 8c dont la plus grande
partie vient de l'Italie.
L’albâtre, que l’on doit confidérer comme le
réfultat du tranfport de l’eau 8c de fes dépôts
dans les vides qu’elle rencontre au milieu des
couches de la terre voifines de fa fuperficie, n’eft
le plus fouvent qu’une ftalaétice ou ftalagmite
bien infiltrée : malgré cela l’ albâtre n’eft pas fuf-
ceptible de prendre un poli aufli beau 8c aufli v if
que Celui du marbre, parce qu’il n'a pas en général
uu tiflii aufli ferré. •
On diftingue deux fortes d’albâtres, Xoriental
& le commuai l’oriental eft celui dont'la matière
eft la plus pure 8c la plus fine, la demi-tranfpa-
rence la plus nette, & enfin dont les couleurs
font les plus vives : ces fortes d’albâtres font plus
recherchés que les albâtres ordinaires. Celui-ci
n’ eft pas rare : on en trouve en France & ailleurs
dans prefque toutes Jes grotes: il y en a des maffes
affez abondantes aux enviro.is de Cluny, dans le
ci-devant Mâconnois, mais furtout en Italie aux
environs de Rome, & dans plufieurs provinces
d’Efpagne : ceci appartient à l’albâtre calcaire,
qui ne lé rencontre que dans la moyenne & la
nouvelle terre. Mais les Allemands ont donné le
nom de albâtre à une forte de pierre à plâtré, fin-
guliérement à celle qui eft affez pure & qui a la
couleur du marbre le plus blanc. Cette pierre,
qui eft un vrai gypfe, fe trouve en différentes provinces
d’Allemagne, & en particulier aux environs
de Modane. Cette même mafle fe prolonge
depuis ce village jufqu’au Mont-Cénis, & le baflin
du lac qu’on rencontre fur le fommet de cette
dernière montagne en eft formé en grande partie.
On en a découvert, depuis une vingtaine d’années,
une très-belle carrière aux environs de Paris,
près Lagny, & qu’on exploite avec fuccès : les
échantillons qu’on en extrait prennent un beau
poli. Nous en parlerons plus en détail aux articles
Gypfe & Carnedn,
Mais, nous le répétons, le véritable albâtre,
& furtout celui que nous nommons albâtre oriental3
dont on fait de fort beaux ouvrages, & dont la
plupart des ftatues, des urnes, des vafes anciens
font faits,doit être confidéré comme une fubftance
calcaire, puifqu’il fait effervefcence avec les acides
j 8c pour peu qu’un voyageur foit éclairé,.il
reconnoitra que l’albâtre eft une ftalaétite infiltrée,
& formée au milieu des couches de pierres, calcaires,
dont l’excavation, foit naturelle, foit artificielle,
a donné lieu à ces dépôts fpathiques.
Cat alogue des différentes variétés d* albâtre,
1 confidérées par rapport a leur formation & a leur
conflit ution.
Dans cette nomenclature on emploie fouvent
les mots orientale, vena3 rofa3 falino, fiorito , qui
peuvent avoir befoin d’explication".
Orientale ne lignifie pas précifément qu’un al-
Géograpkie-Phyflque* Tome IL
bàtre a été tiré de l ’Orient, mais qu’ il a de belles
couleurs, vives & franches, & un tiflu net 8c fuf-
ceptible d'un beau poli : ce même mot s’applique
aux pierres précieufes dans le même fers.
Vena eft proprement une ligne un peu large 8c
colorée. Je traduis'ce mot par rubané.
Rofa eft le réfultat d’une ou de plufieurs lignes
colorées qui forment l’enceinte d’ un point. Je le
traduis par rofe.
Salino eft l ’aflemblage de plufieurs grumeaux
entafles pour former un fond grenu, comme une
criftallifation de fel irrégulière, où les élémens
font tumultuairement affemblés : c'eft la bafe de
plufieurs albâtres.
Fiorito, fleuri, eft un affembiage de points colorés,
mêlés de points blancs, & qui forment des
efpèces de tiges.
4 -gatato, agaté. C ’eft fouvent la couleur qui
détermine cette dénomination j mais fouvent aufli
le fond Iamelleux.
D’après ces notions préliminaires, toute la nomenclature
qui fûit, fera plus ai fée à comprendre.
1°. Alabaflro orientale tranfparcnte. Albâtre demi-
tranfparent oriental.
C ’eft le bel albâtre des anciens : on a encore ,
de cette belle matière, des ftatues 8c des colonnes
qui font plaifir à voir.
2®. Alabaflro falino, cotognino3 orientale. Albâtre
à fpnd blanc, falin, couleur jaune cotignac.\
C et albâtre eft d’ un blanc d’ .albâtre, dont les
poètes ont entendu parler lovfqu’ils lui ont comparé
certaines parties dont le blanc fait plaifir :
un fein d’albâtre, par exemple.
3°. Alabaflro falino, cotognino a giaccione orientale.
Albâtre falin veiné, couleur de cotigna'c,
glacé.
Cet albâtre fe trouve à l’extrémité des gros
morceaux du précédent.
4°. Groffo falino orientale. Gros falin oriental.
C ’ eft un dépôt de la même efpèce que l’efpèce
qui précède} mais les lames du falino font plus
marquées.
40. bis. Alab-aflro orientale falino , fiorito a vetta,
Albâtre oriental falin, rubané & fleuri.
C ’ eft un fond falin avec des rubans colorés,
parfemés de points rouges 8c blancs.
5°. Alabaflro fiorito, venato , agatato 3 orientale.
Albâtre fleuri, rubané, agaté, oriental.
6 °. Alabaflro orientale a vena mifehiato. Albâtre
oriental rubané, de couleurs mêlées;
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