
dont les tiges font fort appauvries en parcourant
de vaftes déferts au milieu defquels il fe perd beaucoup
de ruiffeaux , & même la rivière affez con-
fidérable de Rio-Dolce. ( Voyeç Tarticle A b so r b
a n t 3 où toutes les eaux perdues dans cette contrée
font indiquées avec foin. ) J’ajouterai ici une
autre confîdération dont je m’occupe à l'article Af-
fluente , & où je compare la gauche de cette
partie du cours du fleuve, chargée de rivières nom-
breufes, avec la droite, qui n’a d’affluentes que
Rio - Pilco - Mayo Se Rio - Verme'jo , que j'ai déjà
notées ci-deffus j ce qui nous fait connoître deux
fortés de terrains de nature differente , dont l’une
reçoit Se rend une quantité d’ eau fort abondante,
Se l’autre n’en donne que dans le voifïnage des
montagnes des Andes, & non dans les plaines du
Choco. Si nous fuivons maintenant le Paraguay à
gauche , nous lui trouverons pour affluence la belle
rivière de Parana 3 qui , dans h partie fupérieure
de fon baffïn, offre un développement de dix-fept
embranchemens, lefquels ont leur naiffance dans
une fuite de montagnes qui fervent d’enceinte à
ce badin 5 puis après un grand faut à Guayra, lequel
fe trouve répété dans quatre rivières latérales,
voifines Se correfpondantes à celles de Marayu, le
Parana préfente la réunion de huit rivières latérales
à gauche, & de douze latérales à droite. Au deflbus
de l’embouchure du Parana, dans le Paraguay , on
trouve à droite fix petits ruiffeaux qui s’y jettent,
puis le long Rio-Salado, quia fon origine dans les
Andes, & qui, après avoir traverfé une plaine dé- -
fe r te , fe termine à des lagunes falées qui communiquent
au fleuve par cinq canaux. Je dois faire ob-
ferver qu’à côté de ces lagunes il y a le Rio-Dolce,
dont le cours, après avoir pris fon origine dans
cinq embranchemens fournis par les montagnes de
Choromonos, & parcouru la plaine deSan-Yago del
Eflero, fe perd dans les lagunes falées de Porongos.
Je n’ai rien trouvé enfuite de remarquable dans
Rio de la Plata, jufqu’ à la rivière de l'Uruguay,
dont le baflîn , fort é tro it, offre une trentaine
d’affluentes d’ une petite étendue, excepté les rivières
Ylbicuy & de Rio-Negro. Je dois faire ob-
ferver, outre'cela, que, jufqu’à la rivière d'Ibicuy,
les effluentes de la gauche tombent dans la tige
fous des angles fort ouverts, au lieu qu’ils font
fort aigus dans la partie oppofée de la droite. En-
fuite, à mefure qu’on approche de l’embouchure
de l’Uruguay, ce n’eft plus la même diftribution
dans les affluentes qui font peu confîdérables, en
conféquence de la longue Se large embouchure de
Rio de la Plata & de fes bancs de fables.
H y d r o g r a p h i e d t l a c o t e o r i e n t a l e d u B r é s i l ,
& d u b a ffl n d u f l e u v e S a i n t - F r a n ç o i s .
En remontant la côte orientale du Bréfîl, au
deffus de la grande embouchure de Rio de la
Plata, on trouve une côte plate, bordée de dunes,
£e 3 dans l’intérieur des terres, deux lacs : celui
de Merim, qui eft fort confidérable Se reçoit fes
eaux.de la lagune du port San-Pedro, laquelle eft
abreuvée par le Rio-Grande, qu’ alimentent deux
rivières dont les embranchemens font renfermés
dans deux enceintes de montagnes qui leur font
communes avec le baffin de l’Uruguay. C ’eft au
port de San-Pedro que commence à courir une
chaîne de montagnes qui s’écartent très-peu de la
côte j auflî les rivières qui dans ce trajet fe rendent
à la mer, ont-elles chacune un cours d’une
très-petite étendue , jjffqu’au cap de Samo-Thome.
C ’ eft là que les trois rivières de Para-lba, de
Spiritu Santo 8c de Rio-Dolce, pénètrent dans l’intérieur
des terres avec quelques embranchemens
. prolongés dans les chaînes de montagnes qui terminent
leurs baflins. Enfuite la même diftribution
de rivières côtières recommence & fe continue jufqu’
à l’embouchure de la rivière de Saint-François 0
Cette grande rivière a , dans l’intérieur des terres,
quatre embranchemens principaux, fort étendus,
qui aboutiffent à différens points de l’enceinte du
baffln de Parana Se au Cerro de Erio , qui fuit la côte
à une très-petite diftance.
C ’eft dans le trajet de la côte qui précède l’embouchure
de Rio de Santo-Francifco, que fe trouvent
la baie remarquable de tous les Saints 8c les
| baxos ou bancs des Abrolhos. ( Voyei^ Abrolhos.)
Vers la partie fupérieure des baflins de Para-
: guay, de Parana Se de Santo-Francifco , font les
fources de trois autres rivières qui coulent parallèlement
vers le Maragnon, Se s’y réunifient} fa-
voir : la Xingu3 la rivière des Tocantins Se YAra-
guaya, qui afflue dans cette dernière. La rivière
des Tocantins, outre un grand nombre d’embran-
chemens à fon origine, paroît chargée d’affluentes
dans tout fon cours. D’ailleurs, j’y trouve notées,
fous le nom de Cachocira, fept chutes St une huitième
à Tta-Boca, fous la dénomination de Cacho-
\ cira-Grande. Ces chutes n’empêchent pas de remonter
cette rivière en partant de Para. Je trouve
de même deux Cachociras femblables dans la tige
principale de la rivière dfe Saint-François : la première
en occupe le milieu, Se la fécondé, affez
près de fon embouchure, fe trouve indiquée par
quatre fauts.
Hydrographie du M a t o - G r o s s o & du plateau de
JYi l l a - R i c a .
C ’eft au milieu du point de partage des eaux,
dont les unes vont dans le Maragnon vers le nord,
& les autres fe rendent dans le baffin de Rio de la
Plata, au midi, que fe trouvent le Mato-Grojfo Se
fon prolongement. On doit le confidérer comme
un des points les plus élevés de ce continent. Si
l’ on fuit, dans les mêmes vues, le plateau qui
verfe les eaux vers les différens points de l’horizon,
autour de Villa-Rica, on reconnoît qu’il a trois
pentes très-remarquables : l’une, déterminée par
le principal embranchement du fleuve de Saint-
François ,*
François ; la fécondé, indiquée par le cours des
deux rivières de Doce & de SpiriturSanto; 8e la
troifïème enfin fe porte vers Rio-Grande, un des
embranchemens le plus prolongé du Parana. J’ajouterai
que c’eft dans ce maflïf élevé que fe fait la
fouille des diamans du Bréfîl.
Je ne quitterai pas cette contrée élevée, renfermée
dans la zone torride 8e expofée aux pluies
de l’équinoxe, fans remarquer q ue , comme les
fources de toutes ces grandes rivières, donc nous
avons préfenté le détail, font fou miles à ces pluies,
ces rivières elles-mêmes éprouvent des crues confîdérables,
Se qui fe foutiennent pendant roue le
tems que durent ces.-pluies. Ainfî, nous fommes
inftruics que Paraguay Se Parana, qui font partie
de §.io de la Plata, le fl-uve Saint-François, la
rivière des Tocantins, Madeire, Purwç Se quelques
autres qui fe jettent dans le Maragnon, débordent
comme le N il, Se fubmergent les campagnes
voifines. Nous expliquerons toutes les circonftan-
ces de ces déboraemens à l’article fuivant des Saï-
fons3 propres aux différentes contrées de l’Amérique
méridionale dans la zone torride.
Si nous jetons les yeux fur la côte occidentale
de l’Amérique, on n’ y trouve que la chaîne des
Andes & de courtes rivières qui fe rendent dans
la mer du fud : comme quelquefois il y a double
rang de montagnes, les embranchemens de ces
rivières font engagés dans leurs intervalles. D’ailleurs
la partie de l’hydrographie qui concerne l’intérieur
des terres appartient aux terrains abforbans3
Se a été décrite à cet article avec des détails inté-
reffans. Il me paroît fuffifant d’y renvoyer.
S a i s o n s des lieux de VAmérique méridionale, compris
dans la çone torride , & furtout du Bréfil.
Si nous obfervons maintenant les faifons dans
toutes tes contrées de l’Amérique méridionale,
renfermée tant au nord qu’au fud de la ligne équinoxiale
, nous trouverons de grandes variations
dans les parties du fud qui comprennent le Pérou
8e le Bréfîl, & qui font tort voifines l’ une de l’autre.
Quoique nous ayons déjà confidéré cet objet
un peu en grand, nous croyons devoir le reprendre
pour le préfenter en detail.
Le Pérou doit être d’abord divifé en pays maritimes,
qui font ceux où régnent les Andes, &
en pays de plaines, qui font au-delà des montagnes
Se toutes fous le même climat. Il y a dans la partie
montagneufe un hiver pluvieux, depuis le mois
d’oétobre jufqu’à la fin de mars, tems où l’on croi-
roit que l’été devroit être établi, à caufe de la
proximité du foleil : au contraire, l ’été y dure
depuis le mois d'avril jufqu’en oêlobre, ée pendant
ce tems on n’y voit peint ces pluies qui
.régnent conftamment en hiver. Ainfî les faifons
céleftes different, dans le Pérou, des faifons terre
ft res.
Dans la partie du Pérou, voifine de la mer, il n’ y
Gcographie-Plijfiçue. Tome II.
a prefque pas d’hiver pendant toute l’année, &
; d ’ailleurs il n’y tombe point de pluies. Mais on y
compte l’hiver depuis le mois d’avril jufqu’en octobre
5 ce qui fe rapporte avec cette faifon céle-fte s
car alors le foleil s’en eft éloigné vers le tropique,
. Se eft en chemin pour y revenir. Quoiqu'il ne
pleuve point dans cette partie du Pérou, i’atmof-
phere y eft chargée de nuages qui interceptent les
rayons du foleil. On diroit toujours qu’il va pleu-
i voir : cependant chaque jour il ne tombe, avant
; midi, qu’une forte rofée, furtout en juin, juillet
& août. Ce tems couvert n’eft pas mal-fainj mais
les nuages fe changent en roféesqui tombent affez
: abondamment pour huraedter les vallées. Quant
aux montagnes, l’ air y eft clair Se pur, de manière
que leurs fourniets ne reçoivent aucune pluie.
Ainfî la partie du Pérou, qui eft fituée le long de
la mer du fud, fe trouve divîfée en larges vallées
Se en bandes ou plages fablonneufes. Les vallées
en font très-fertiles, Se les plages diftribuées entre
ces vallées font fort ftériles.
Il ne tombe point de pluie dans les îles adjacentes
à la côte occidentale de la mer dm fud,
mais elles reçoivent des rofées abondantes.
Cependant à l'île Gorgon, qui eft à 3 degrés de
latitude fud, il pleut pendant huit mois, Se ces
pluies font accompagnées de tonnèrres Se de tempêtes
très-violentes. Mais fon é té , qui eft le tems
de la féchereffe, fuccède aux pluies pendant les
mois de mai, juin, juillet Se août j ce qui eft contraire
aux faifons céleftes.
Il y a quelques-unes des contrées de l ’Amérique
méridionale où il fait un froid confidérable j car
dans la province de P a fto a a u pays de Popay,
dans la vallée d’Artifîna, l’été Se l'hiver y font
fi froids, que le blé ne peut y croître. Dans les
campagnes voifines de Ç ufco, à peu près au milieu
de la diftance qu’il y a de l’équateur au tropique
du capricorne, on eft expofié à de fortes
! gelées, 8c les montagnes y font quelquefois couvertes
de neige.
Il refaire de tous ces faits, que le .Pérou n’eft
pas un pays fort chaud > mais qu’on y jou it, pendant
toute l'année, d’ une température modérée,
excepté dans les plages fablonneufes & dans les
pays de montagnes. Les vallées font en général
d’une température agréable Se fertiles, & pro-
duifent même des grains & des fruits. L’eau qui
les abreuve eft le produit des rofées qui tombent
chaque jour. En été les pluies abondantes, occa-
fîonn.ées par les orages, y caufent des torrens qui
fe précipitent des montagnes | car les pluies confiantes
Se faivies y régnent tout l'hiver. On conduit
l’eau de ces torrens dans les vallées pour les
arrofer, quoiqu'il y en ait piufieurs qui fe trouvent
fufflfamment humectées Se fertilifées par les
1 .rofées' dont nous avons parle.
La caufe de cette diffe ence de faifons dans les
| vallées,& fur les montagnes, Se qui fait qu’il ne
pleut pas dans les plaines,, ne fe préfente pas nan
n