
fud par les terres du nord-eft de l’Acadie. Nous
lui conserverons le nom du golfe du grand fleuve
du Canada , qui vient y verfer lès eaux, 8c qui a
contribué dans le même te ms à creufer ion baflin.
En continuant de Cuivre la côte orientale de
l’Amérique , on rencontre la baie frarpaife, qui eft
abreuvée par la rivière Saint-Jean & plu fleurs autres,
& bornée au fud-eft par i’Acadie. Cette baie
fe prolonge jufqu’ à Bofton, où Ton en trouve une
femblable; enfuite vient la baie de Rhode-lflund,
bornée au nord par N ew -Y o r ik , & au fud par
Long-Ifland. Enfin, nous terminerons ces indications
par-les£afe.î de De aware 8c de Chcfapeak , 8c
les deux founds d‘ Albe-Marle 8c de Pamtigough.
On peut remarquer en general que cette côte
eft fort chargée de dentelures, & qu’elle en doit
une grande partie aux eaux courantes de l’inté
rieur des terres, dont l’aétion m’a paru combinée
avec celle des vagues de l’Océan, à laquelle
certains géographes fe font bornés fans plus grand
examen.
Je.pafle maintenant au grand baflin, au milieu
duquel les Antilles ou îles du vent, enfuite les
îles fous le vent, puis les grandes îles de Cuba, de
la Jamaïque, de Saint-Domingue , de Porto-Ricco &C
les Vierges font difperfées. Leur diftribution fur-
différentes lignes paroît annoncer les progrès de
l’ approfondiflevncnt de c e baflin, qui comprend
plufieurs golfes. Dans le nord-oueft eft celui du
Mexique, d’ une grande étendue j dans le fud-eft eft
la baie ou le golfe de Honduras, & dans le fud eft
de ce dernier on voit le golfe.de Tierra-Firme.
i Le golfe du Mexique a fon débouché particulier
vers l’Océan atlantique, le long des côtes méridionales
de la prefqu’île de la Floride. Ce qui le
prouve d’ une manière inconteftable, ce font les
courans de la mer autour des îles de Bahama, &c
l ’état de ces îles hachées 8c coupées par Es dé-
bouquemens très-fenfibles que fui vent nos navigateurs.
Jè confidère d’ailleurs ce grand baflin comme
.borné.d’un.côté par.un continent, & féparé, de
l’autre, de là maflè de l ’Atlantique par plufieurs
chaînes d’îles qui ouvrent entr’eljes plufieurs if-
fues,. plufieurs communications de la mer intérieure
avec la grande mer. Cette marche des eaux
dé J’oueft à l ’eft doit avoir été favorifée d ailleurs
par les eaux que der grands -fleuves y verfent : tels
font le Mifliflipi, le ,Rio-Sâlado, rÔrénpque, &c.
La partie inférieure de la côte orientale de l’A mérique,
prolongée jufqu’au Cap Horn , ne préfente
que des baies très-etroires , quelques,embouchures
de fleuves, ouvertes & profondes; quel
ques ports, & l’ouverture du détroit de Magellan.
Ainfi nous ne citerons ici que les embouchures de
l ’Orénoque, du fleuve des“ Amazones,,de Rio de
.la Plata & de la: baie de tous les Saints.
Après avoir franchi la pointe du Cap Horn &
remonté le grand Océan, fi l ’on fuit la côte occidentale'de
ce vafte continent, on trouve près de
l’équateur deux enfoncemens dans les terres, le
golfe de Guayaquil 8c la baie de Panama, & en pouffant
jufqu’au Tropique du Cancer on rencontre
la mer Vermeille ou de Californie, éntre la prefqu’île
de Californie & la lifière occidental5 du
Mexique j mais ce feroit bien improprement que
l ’on quaiifieroit de m*r un bras étroit, plus large
à fon entrée que fur une grande partie de fon étendue,
& qui fe prolonge, comme nous l’avons d it,
entre le.xontin-.-nt & une étroite prefqu’ile , fur
une longueur d’environ deux cent vingt lieues ,
8c une largeur moyenne de trente. Ainfi la dénomination
de golfe de Californie nous paroît lui
convenir beaucoup mieux que celui de mer.
L’Amérique eft féparee de l’Afie par le détroit
de Bering. C ’eft par ce détroit que le grand Océan
boréal communique avec 1 Océan glacial arétique,
enfuite les côtes du notd-oueft de l’Amérique fep-
renm’onale forment avec celles de l’ancien conti-
' tient ci’Afie un grand baflin circulaire, borné ait
fud par la chaîne des il-s Aleutiannes, qui lai fient
entr'elles plufieurs partages plus où-moins ouverts
avec la grande mer. ( Voyeç Aleutiannes. )
Nous le nommerons baßin du Nvrd ou baßin 'de Bering
, car c’ eft dans une île de ce baflin que fes
cendres repofent.
Ce baflin renferme dans fon enceinte , 8c au
nord-oueft, le golfe d'Anadir, qui doit porter ce
nom parce que le fleuve d’Anadir y décharge fes
eaux par une large embouchure qui a contribué
beaucoup à l’a grand i fie m ént de ce golfe.
Au fud du baßin de Bering, l’Océan s’eft fait jour
dans les terres du côté de .l’A fie , à travers la longue
bande des îles Kuriles, qu’il a féparées, & a
formé la mer intérieure d'Okotsk ou de Kamtschatka,
laquelle renferme dans fon enceinte trois golfes,
dont deux au nord préfentent chacun une corne :
la corne qui eft vers l’oueft eft le golfe d lngiga ; la
fécondé corne, à l ’e ft, eft appelée le golfe de Pen-
gina,du nom du fleuve qui a fon embouchure dans
!a partie la plus feptentrionale de ce baflin. En
troifîème lieu, on voit un enfoncement qui s’étend
au fiid-oueft > c ’eft le golfe de Lama, ainfi nommé
par les Tatares Tongufes. Cette mer intérieure
-reçoit quelques fleuves, nommément celui d’Amur
ou Sughalien, & je ne doute pas qu’ils n’aient contribué
à fort approfondiffement.
En defeendant vers le fud, on trouve la mer de
Tartarie, dont le baflin fe prolonge vers le Nord
par la Manche ou. le canal de la Peroufe.
PE s. bas , toujours au fud , on voit la mer de Corée
\ qui offre au nord-oueft les golfes de Pékin , de
Lenton 8c de Hunckin.
En fuivant la même ligne, toujours vers le fud,
on rencontre la merde Chine, dans laquelle on peut
parcourir les golfes de Canton, de Tonkin, de C&m-
boya 8c de Siam, qui font en grande partie l’ouvrage
des eaux courantes de l’ intérieur des cerres.
Je remarquerai maintenant.ici que la mer de Corée
pénètre fort avant dans le continent par fa pa tie
nord-oueft,
nord-oueft, & y forme un golfe profond, qui s’étend
d’abord au nord, & fe porte en même tetns
dans l’oueft. C ’eft à fon extrémité intérieure que
fe trouve l’embouchure du fleuve qui baigne la
ville de Pékin, capitale de l'empire de la Chine :
c’eft le golfe de Pékin que nous avons indiqué précédemment.
.. Je laiffe à part les groupes d’îles qui fe trouvent
à l’e ft, & je me porte vers l ’oueft , où je
rencontre le grand golfe de l'Inde, dans la partie
feptentrionale .duquel je diftingue deux golfes particuliers,
féparés par la prefqu’île de 1 fndoftan ;
favoir : à l’orient de la prefqu’ile , le golfe du Bengale
ou du Gange ; à l’occident, le golfe d'Arabie
o:.i du Sinde, dans l ’enceinte duquel font deux
petites mers intérieures, la Mer-Rouge 8c le golfe
perfique, ce dernier golfe étant en grande partie
l’ouvrage de deux grands fleuves réunis j mais il
eft plus difficile de déterminer l’origine du premier.
J'ajoute à ces qualifications deux petites
baies, celles de Surate 8c de Pegu, lefquelles fef-
tonnent les cotes des deux premiers golfes, mais
à des points voifîns de 1 embouchure de plufieurs
fleuves.
Si nous partons maintenant à la côte orientale
de l ’A frique, nous verrons qu’elle n’a pas été expo
fée à une certaine adtion de l’Océan , car elle
rfeft-pas dentelée par des enfoncemens auffi marqués
que les côtes de l’Afie, dont nous venons
de nous occuper. Effectivement , excepté Es îles
des environs de Madagafcar, qu’on pourroit con-
fidérer comme ayant été détachées de cette côte
par l ’effet des courans connus, on n’ y voit guère
que quelques petites baies 8c des embouchures de
fleuves de moyenne étendue : telles font les baies
de Zeyla , des Nègres , de Monba^a , de Quiloa , de
Sofala , de Lauren^o-Marque^, de Natal, de Lagoa ,
de Formofe, de la Table, &c.
Je remarque-d’ ailleurs que les rivières qui arro-,
fent cette côte ont leurs embouchures'aux envi rons
des baies que nous venons d’indiquer.
Quand on a contourné l’Afrique par le fud pour
entrer dans l'Océan atlantique, & que l’on remonte
vers l’équateur, le continent fe creufe entre
l î Cap Negro & celui de Las-Paimas , & éprouve
deux enfoncemens : le premier, fitué entre le Cap
Negro 8c celui de Lopo-Gohfalves, peut être nommé
golfe de Congo ; le fécond, placé entré le Cap
de Lopo-Gonfalves 8c celui de Las-P aimas , a reçu
le nom ;de golfe de Guinée.
En s’élevant vers le vingtième parallèle, on
voit le golfe d'Arguin, & de cette hauteur jufqu’au
tfente-fixièrne parallèle nord, où finit l’Afrique
& où commence l’Europe , on rencontre le détroit
de Gibraltar & l’ouverture de la Méditerranée
, fur l’origine de laquelle nous ne dirons rien
içi.
En partant de cette ouverture & en remontant
vers le nord, on trouve un grand enfoncement
entre le Cap Finiftère & l’île d’Oueflant, extré-
G éograpkie-P hyfique. Tome IL
mité occidentale delà France.Nous le nommerons;
golfe de France (finus gallïcusf C ’eft ici que les côtes
de France préfentent un contour de cent trente
lieues, qui offrent aux armées navales & aux vaif-
feaux du commerce les ports de Breft, de l’Orient,
de Vannes , d’Oionne, de la Rochelle , de Rochefort,
deSaint-Jean-derLuz, & c .& lesîles deBelfe-
Ifle, d’Y eu , de Ré & d’Oléron. a
La pointe qui termine ce golfe du coté du nord y
lui eft commune avec le canal qui répare la France •
de l’Angleterre, & qu'on nomme la Manche-;
On fort de ce canal par le détroit de Calais ; de
ce détroit on paffe dans un grand golfe., qu’on doit
nomiîiér golfe britannique, A foixante lieues dans
le nord-eft du détroit de Calais, l’Océan a fait
une petite irruption dans les terres noyées de la
Hollande, & a formé dans l'intérieur une baie fermée,
qu’on doit confidérer comme la baie dAmf-
terdam. .
La côte orientale du golfe britannique donne entrée,
vers fon milieu, à l’Océan atlantique fepten-
trional, qui paroît avoir pénétré dans les terres
par le Cattegat, lequel communique aux trois golfes
de la Baltique, & leur fert de débouché : ces golfes
font ceux de Livonie, de Finlande 8c de Bothnie.
Les régions qui terminent l’ Europe au nord ne
préfentent d’aùtre enfoncement de l’Océan dans
les terres, que le golfe de Lapponie, qui eft connu
fous le nom de Mer-Blanche : fe furplus ne nous
offre que le golfe du N o r d formé avec la terre de
la Nouvelle-Zemble & celle des Samoièdes. Au milieu
de ces parties de mer on trouve trois petits
golfes l ’un à l’embouchure de la Pecsora, le fe- ;
cond à l’embouchure de Y Obi le troifîème à
l’embouchure du Jenifea. Plus loin, vers l’eft, on
ne trouve de dentelures qu’aux autrès embouchures
des fleuves, parmi lefquelles je ne diftinguèrai
. que celles de la Lena 8c de la Jana,
Réflexions fur ce périple.
Je n’ai compris dans ce périple , que les anfes,
les baies , les golfes -, les mers intérieures ou baffins,
qui font diftribués fur les côtes des deux conti-
nens, & qui offroient des enfoncemens baignés
par l’Océan.
Je n’ai pas cru devoir embrafler dans cet examen
les grands golfes ou méditerranées, parce que je
renvoie à leur article particulier à difeutér ce qui
a pour objet l ’origine & l ’approfondiffement de
leurs baflins;
Je reviendrai d’ ailleurs , dans de nouveaux périples,
aux détroits, aux caps, aux îles, & furtout
aux archipels. Au moyen des divers rapprochemens
de toutes ces formes, je me propofe de compren-
! dre tous fes détails géographiques, élémentaires
I & phyfiques qui peuvent nous intérefler à la fur-
iface du Globe, fous deux rapports également im-
portans : d’abord, fous celui des eaux courantes
de l’intérieur, enfuite fous celui de l’Océan, qui
N n n n