
extrémité de la Guadeloupe 8c le commencement
de f i le de Grande-Terre que font licués la ville &r
le port de la Pointe-à-Pitre.
La partie du nord de Tîle de la Guadeloupe pro-
"renient dite , expofée à l’afpedt d’Antigoa, eft
ordée', jufqu’à la diftance d'environ une lieue ,
par plufieurs îlets chargés de bois 8c inhabités,
dont lé plus oriental, voifin auffi de la' Grande-
Terre îk. de la Rivière-Salée 3 fe nomme Vllet-à-
Fajou, 8c le plus occidental, Tête-à-r Anglais.
La Guadeloupe proprement dite e'ft une terre
nfontueufe, qui,dans l'on milieu, elt entièrement
traverfés par une chaîne de montagnes, dont leS
fommets font élevés' jufqu’à huit cents toifes au
delfus du niveau de la mer. Cette île offre les
mêmes formes, le mêrrie afpeêf que préfentent
foutes les autres îles Antilles. On fait’ que cesJ îles
offrent une chaîne de montagnes dirigée à peu
près du nord au fud , 8c dont les chaînons font
féparés les uns des autres par dés canaux de mer
de fix à fept lieues de traversée. Toutes ces montagnes
font efcarpées dans la partie de l’oueft ou
fous le vent, pendant qu’ elles fe réunifient aux
côtes de la mer Ju coté de i’ cflf ou ate vent par des
pentes fort douces » par des plans inclinés, qui fe
prolongent le plus fou vent dans dés' plïinès'.
te s côtes de l’ oueff ou [b us le vent de cés rangées
d’îles font très-faines, & abordables de' très-
près par les plus grands bâti mens.
Le côté du vent ou dé l’eft eft air contraire
celui où fe trouvent des bas-fonds , des écueils &
des récifs. Il eft prouvé par ces détails, que c’ eft
à l’aêtion du vent que cés côtes doivent ces vef-
tiges dTrafeancienne deftruétion.
Le côté du vent de chacune de ces île J eft ordinairement
nommé la Cabèfterre, & ïè côté fous le
vent. , la Baffe-Terre. Cette dernière dénomination
eft en. même tems affe&ée , dans plufieürs de c .s
île s , à la ville ou au bourg fîtué fous le vent.
Ainfi la Guadeloupe a fa ville de la Baffe-Terre,
comme Saint-Chriftophe a la fienne, &c plufieurs
autres liés.
T)u volcan ou. Soufriere djt la Guadeloupe, ainfi que
de [es effets dans lès 'environs de fis cratères.
La plupart dès îles Antilles ont des volcans ou
foufrières, dont les cratères font fi tues fur quelques
unes de leurs montagnes ou pitons. Quelques-
uns ^e ceS volcatis font éteints, pendant que d’autres
jettent encore des flammes ou de la fumée» -
Le plus apparent, le plus aiflif, le fêul même
qu’ on puiffe appeler volcan, eft celui qui a fön
cratère au fommet dès montagnes dë la Guadeloupe.
Il fe trouve dans fa partie méridionale, à
environ deux lieues de la côte , tant du côté du :
fùd que du côté de l’èft 8c de l’oueft.
Le volcan appelé , comme nous l’avons d it, fuî-
vant fufagè du pays, Soufrière, ne jette actuellement
que de la fumée par trois bouches ou cratères
bien diffinéts, lefquels ont changé de placé
& varié en nombre à la fuite de plufienrs vévo-*
lutions qui fe font fuccédëes à des diftances de
tems très-variables.
Il eft rare que l’air foit allez ferein, allez pur
& dégagé de nuages pour qu’on puiffe contempler
fans obftaclts le fommet de cette montagne,
; 8c ceux des autres montagnes environnantes de la
i mêtiie chaîne. Ce n’eft guère que dans la faifon de
j l’ iiivernage ou faifon des pluies qu’ on peut jouir,
j par petits- intervalles, d’un afpeêfc net de cette
. Soufrière 8c de les environs.
: La caufe de eës- difficultés më paroît facile à
i concevoir, ainfi' que celle de la ceffation des obf-
| faciès*.
| On- fait que les vents alifés, qui parcourent
! l Océan atlantique au voifinage de la zone torride
‘ & dus tropiques , foufflent conftamment de la'
| partie' de l ’eft, variant vers le nord-eft 8c lé fud-
‘ e lt, luivant les différentes difpofitions du- folèil
dans la marche annuelle; ‘
Les images & les vapeurs qui les forment, 8c
qui s’élèvent continuellemènt de la mer par l’action
du' folcil fur une auffi vafte étendue d’eau,
voyagent en cédant à l’impulfion des vents d’eft,
j. & rien n’ interrompt leur marche jufqu’ à ce qu’ ils
rencontrent la chaîne élevée dés montagnes dif-
| tribuées dans les Antilles. C’ eft là que ces nuages
i s'arrêtent & s’accumulent plus ou moins, fuivant
; qhe les montagnes font plus élevées, & furtout
lôrfqu'eiles font couvertes de bois vers leurs fom-
) mets.
| Comme cette chaîne de montagnes eft formée
: de chaînons de différentes hauteurs, féparés par
! des canaux ou intervalles ds bras de mer, une
j partie de ces nuages s’échappe par les ouvertures
: de ces canaux., une autre gagne le deffus dés fom-
1 mets les moins élevés 5 enfin une troifième, lorf-
j que les vents foufflent du fud, fe diftribue fuccef-
; fivement dans les autres îles voifines de la vraie
j chaîne 8c plus fous le vent,
i La Guaaeloupe étant plus fous le vent 8c pré-
; fentant une chaîne plus élevée , il ell facile de
: concevoir poûrq'ubi elle arrête ùnè plus grande
‘ quantité de ces nuages. D’une part, la difpofition
. trànfverfale de fes montagnes, les bois dont elles
fôïit prefque partout couvertes vers leurs fommets
} de l’autre, leur hauteur'dans l’atmofphère,
; rte permettent pas à ces nuages de s ’éenapper
librement.
: Ils y foht encore retenus par une forte d’ affinité
avëc lès vapeurs ou fumées qui s’élèvent continuellement,
& eri âffeiz grande abondance, des
trois bouches du volcan, avec lefquelles cés nuages
fe confondent fans difficulté : en conféquence
ils réftent fixes fur cés fommets, & en s'appuyant
fur les pins dés mornes environnans , ils s'y main*-
tjerfnen't partout' à pêu près à la même hauteur,
• 8c fe mbl e n t ann orteer par-là quelque nouvelle' opération
de la nature.
C ’eft en effet ce raffemblement prefque continuel
de nuages autour des fommets de cette chaîne ;1
de montagnes, commençant à la foufrière, qui
alimente les fources des rtuffeaux nombreux, lef-
quels arrofent 8c fertilifent dans tous les fens Tîle 'j
de la Guadeloupe.
Les moufles des rochers, les feuilles des arbres,
•s’imbibent de cette eau, qui découle lentement fous j
forme de brouillards, ou fe précipite en pluies ;j
décidées : de là il réfulte que l’ îlè de la Guade- ,j
loupe eft une des mieux arrofées 8c,,des plus fertiles |
des Antilles. ,
Cette fertilité eft .auffi due en partie aux pro- j
duits volcaniques de la foufrière > car on fait par :.j
expérience, 'que les environs du mont Etna 8c du ;;
Véfuve font très-fertilifés paries.matière,s que ces j:
volcans ont rejetées, lefquelles deviennent, après £
plufieurs années, des terres infiniment productives, |i
•outre la chaleur & l’humidité, autres principes;;,
de végétation que ces montagnes ralfemblent en !
grande abondance. O r , ce n’ eft que dansie tems.
de l’hivernage que des vents plus violens 8c plus :■
irréguliers ont la force fuffifante pour interrompre |
quelquefois ce féjour. prefque continuel des.nua- ;
ges autour de ces fommets,. 8c. pour les diftîper ?
pendant quelques heures, à la fuite de grands vents |
8c de pluies abondantes & fuivies ç\u\ déchargent j
fatmofphère. < 1
La-foufrière eft » comme on l ’a déjà d it , à peu j
près à la diftance d ’un myriamètre des cotes de la ,
mer, qui I’avoifinent, tant au fud qu’à i eft 8c a ^
Toueft.
Le fol de cette partie méridio.nalé .de l-lle., dont,
:1e volcan'eft le centre, porte fcnûbjement.partout
les. marques des .effets de cette immenfe four- ;
Baife.
Dans tous lés endroits, le long des côtes,.où
•l’on déblaie les .pentes des montagnes pour tracer
■ des routes, on rencontre à une certaine profondeur
dès lits de cailloux .roulés, dont les noyaux
-font des matières' fondues : outre, ceja^des amas;
vConfidérableside terres .cendrées volcaniques, J e ;
da nature des. pozzolanes, très-propres à la cqm-
pofition desimortie.rs qui fervent aux conffruèliorjs
au milieu des eaux.
D’ailleurs.ÿdes différens ruiffeaux de toutes les
eaux courantes , dont la marche eft précipitée ,
•ont mis à découvert des roches qui faifoient la
hafe primitive, des.montagnes, ,8c des,débris de,
toute efpèce .de matières pierre.ufès, travaillées'
par des feux fouterrains.
Dans la partie occidentale de l’ ile,. furtout.dans
un canton, appelé Bouiillante>y par abréviation de
Fontaine bouillante r on voit en plufieurs endroits
des eaux chaudes à différens degrés- C ’eft à uu
quart de. lieue du petit bourg appelé Bouillante,
à peu près à l’oueft du fommet de la: foufrière, 8c
à un myriamètre 8c demi.de la diftance du fpyer de
■ ce volcan, qu’on trouve, le long de la g rè v e , ce
qu’on appelle la Fontaine bouillante.
Entièrement fur Je. bord de la mer, s8c à un pied
au deffus d,u niveau ordinaire de fes eaux , on ap-
perçoit une fumée afiez forte fur un très-petit
efpace, même prefque fur un feul point. Il faut
obferver que cette cote étant fous le vent de l’ïle ^
la mer y eft tranquille, 8c ne recouvre pas^ la grève
par l’impulfion de fes vagues i elle eft là comme
dj-ns les rades intérieures, excepté dans les raz de
marées 8c dans jes, tems d’ouragans, qui font.fort
r^res. Ainfi cette fomée , .8c la chaleur qui l'occ.a-
fionne , ne fonr point Çujètes ,à des variations habites
par les invaffons alternatives des lamés qui
ont lieu dans les parties des côtes battues dés
vents. ' .
La grève eft compofée dans cet .endroit,, depuis
le bord.de la mer jufqu’au bourg de Bouillante , de
cailloux roulés , de débris de laves ,8c de mâdre-
ppres.
Au voifinage du lieu d’où la fumée for t, Iqs
cailloux foulés ont de tres-petites dîmenfiops.
La partie de la montagne èfcarpéé, 8c qui a fort
afpqét du côté du.-fud, offre une maffe de lave
d’ une couleur rougeâtre, dans laquelle on diftin-
gue des débris 8c des .filons dë.fpath calcaire, produit
d’une certaine infiltration qu’ont éprouvée
les matières fondues»
Auffitôt qu’on fait un trou dans les cailloux cil
dans les gros fables.dont lagrèye eft compofée,
8c à l’endroit d’où fort, la fumée,.on voit ce trou fe
remplir d’eau >qui bout à gros bouillons. On petit
_y faire cuire des .oeufs dans l’efpaçe d’une minute^
. Cette eau n’a pas d’autre faveur que celle dp l’eau
-de mer médiocrement faleè. La fumée qui s'exhale
de,cette eau bouillante ne fait fentir aucune
odeur fulfureufe pu autre»
De même, lorfaufon creufe des trous dans te
fable gris ou gravier qui.compofe cette .plaèe,
à une certaine diftance du foyer.de la fumée, on
y trouve l’eau très-chaude , mais à un degré inférieur
à celui qu’a l’eau du principal.foyer.
On obferve.partout, le longjde cëtté.côte, dg&
parties de courans dé laves qui ont coulé du fom--
.met des montagnes v o lc a n iq u e s& .qui ont fuivi
.leurs pentes rapides jufqu’ au bord de là ;nier , fie
.dirigeant à peu près de l’eft à l’oueft ou à Toueft-
nord-oueft.
Ces laves , qui datent d’une très-ancienne ép o que,
font recouvertes d’un fol propre à la culture»
,& très-produfitif en général.
Quant à ce-qui concerne ces effets des feux
fouterrains ,, 8c qui datent de. tems uès-éloignes,
on ne peut y trouver la moindre iiaifon avec la
chaleur conftante des,eaux.bouillantes for le bord
de la mer 5 mais il eft évident que ces effets étonnans.
font dus au voifinage du volcan aêluel, 8c à l’ aêliôn.
des matières qui brillent dans le foyer intérieur. '
De la partie de la Guadeloupe, nommée Grande-Terre.
Ce qui vient d ’être expofé montre que la moitié