
Dans la partie de l’eft de l’îîe on trouva , il y a environ
cinquante ans, à un demi-mille de la mer ? le
fquelète entier d'une baleine , enterré dans le
fable. a
La baie de Southampton 3 au fud de cette île ,
ëft remarquable par l'abondance prodigieufe de
poiffons de toute efpèce qu'elle fournit aux pêcheurs.
La pêche de la baleine rend annuellement
onze à douze cents barils d'huile.
Le pays eft en général coupé de montagnes,
dont la dire&ion elt du nord-elt au fud-oueft ; cependant
au-delà des Alleganys le pays devient
plat & uni : le fol y eft gras & fertile, Sc couvert,
dans fon état naturel, d'érables à fucre, de bouleaux
, de hêtres, de cerifiers, de locuftes & de
1 l’hiver y eft moins rigoureux que dans l’intérieur
des terres fous le même parallèle. La rapidité des
courans, entre l’île Mahatan, Long-ljland St Sta*
ten-Ifland, prévient les obftru&ions des glaces
dans le canal ; & ce n'elt d’ordinaire que pendant
quelques jours des hivers rigoureux, que l'abord
de New-Yorck eft fermé. Il n’y a devant la ville
ni baie ni port; mais le canal d'Eaft-River 3 qui
reçoit des vaiffeaux de toutes grandeurs, eft un
abri fûr St commode. New-Yorck a un défavan-
tage naturel auquel on ne peut guère remédier;
c ’eft la rareté de la bonne eau. La ville ne renferme
mûriers. Dans le voifinage du lac Erié on trouve
le châtaigher St le chêne. Le terrain qui avoifine
ce lac eft affez élevé .au delfus du niveau de fes
eaux ; en conféquence, tous les ruiffeaux qui s'y
jettent ont des chutes propres aux établiffemens
d'ulines de toutes fortes.
- On repréfente le pays qui avoilîne les lacs Cayuga
- & Senega comme étant d’une grande fertilité &
agréablement varié.
A l’eft des Alleganys le pays eft généralement
coupé de hauteurs St de vallées : les hauteurs font
garnies de forêts, dans lefquelles on trouve tous
les arbres-utiles que fournit le continent. Les vallées
qu’on a mifes en culture donnent du lin, du
chanvre, du blé & d'autres grains parmi d’excellentes
prairies.
La partie occidentale & feptentrionale, depuis
les bords de laMohawk jufqu'au Canada,eft cpn-
fidérée comme la plus fertile, de tout l’Etat; c’eft
auflfr celle où les établiffemens fe multiplient davantage.
La'navigation du fleuve Saint-Laurent eft
très-avantageufe à ces contrées, & il en defçend ;
fréquemment à Quebec des radeaux chargés de ;
dîverfes denrées. Cette navigation n’eft gênee que
par les rapides de Saint-John & de Chamblée, qui
permettent même de remonter le courant en céi-
taine faifon.
Dans les parties peu ou point habitées du nord
de l’Etat, les élans, les daims, les ours font très-
communs : on y rencontre aufli des caftors St des
martres. Les canards & les oifeaux d’eau y font
en très-grand nombre; & le poiflon, principalement
dans le comté de Clinton, eft fort abondant.
D a n s la rivière de Savanak il n’eft pas rare de voir
un pêcheur prendre, avec le harpon & le cerceau,
quatre à cinq cents faumons dans une journée :
ce poiffon falé fait une excellente provifion pour
l’hiver. New-Yorck, capitale de l’ É ta t, eft fituée
à l’extrémité fud-oueft de l’île de Mahatan, au
confluent de la rivière d’Hudfon & de YEaJl-
Jtiver : elle s'étend le long des bords de celle-ci
l'efpace de mille lïx cents toifes. La fituation de
cette ville eft agréable & faine : la fraîcheur occa-
fionnée par les brifes de mer & le voifinage des
faux tempère les chaleurs de l’é té , St le froid de
qu'un petit nombre de puits; St ce qu'il
y a de remarquable, c'eft que la même pompe
fournit la très-grande partie ae l’ eau qui s'y con-
fomme. On a calculé qu’on en tiroit journellement
cent dix & , dans certains jours d’é té , jufqu'à deux
cent feize muids, fans qu’ il y ait jamais au fond
du puits ni plus ni moins de trois pieds d’eau.
Nous finirons par rappeler ici quelques faits curieux
d'hiftoire naturelle. On trouve, dans le voifinage
de Saratoga, une eau minérale gazeufe ; la
fource fort de terre par une ouverture de neuf
pouces, & s'élève en jet d’eau à cinq ou fix pieds
de hauteur; elle eft à la température commune
des eaux de fource ; mais le gaz qu'elle contient
a une force expanfive , capablé de rompre ltfc
vaiffeaux de verre où on la renferme.
On voit dans le comté-de Montgomery uù
torrent rapide, qui s'eft frayé une route fouter-
raine pav-deffous une colline dont la bafe a trente-
cinq toifes de diamètre. La voûte de cette galerie
naturelle pâroît être d’une pierre fort blanche.
Dans l’arrondiffementde Wilsborough, ail comté
de Clinton, fur les bords du lac Champlain,iirt
morceau de rocher, recouvert d'un terrain boifé,
paroît s'être détaché d’un promontoire qui en eft
diftant de vingt pieds, St dont la tranche exté^*
rieure fe rapporte parfaitement à celle de la petitê
MB . . ■ V itP :
D'après les rapports des millionnaires occupés
de la çonverfion des fanvages, il paroît, que la
totalité des fix nations fe réduit à fix mille trois
cent trente individus. Çes reftes de races nom-
breufes St redoutables habitent encore dans l’oueft
de l'Etat de New-Yorck. Les Mohawks font, en
grande partie, fixés fur Grand-River y dans le Haut-
Canada. Les Seneca occupent deux villages fur
l’Allegany. On trouve quelques Delawares fur Buf-
falo-Creek. Enfin, les Stokbrige.s St les Mohegans fe
font établis fur le lac Oneida. Les Cayuga, les Onei-
da, les Onondaga habitent encore, en périt nombre,
les environs des lacs de même nom. Ce qui fé
paffe à ce fujet en Amérique prouve que les peuplés
civilifésont, pour étendre leurs forces, leurs
richeffes, leur population, des reffources qui manquent
aux faUVages. Il n'eft donc pas étonnant que
les uns éprouvent de grands accroiffemens pendant
que les autres diminuent, de manière à fé
détruire entièrement. ^
A M E
New-Jersey eft borné à l'eft par la riviere i
d'Hudfon St la mer ; au fud, par l’Océan ; a 1 ouelL I
par la rivière St la baie de Delaware ; au nord.,
par une ligne tirée depuis l’embouchure de la rivière
de Mahakamac, jufqu'à la rivière d Hudfon.
Une ligne de montagnes, qui appartient a la
grande chaîne des Alleganys, ht une partie de l éperon
de cette grande chaîne nommee Kittatiny 3occupent
le nord de l’ Etat deNew-Jerfey. Le centre
,de l’ Etat eft agréablement varié de coteaux St de
vallées fertiles, & la partie du fud eft uniformément
baffe, plate & fablonneufe. On eftime qu'un
quart de la fuperficie de New-Jerfey eft occupé
par ces fables fteriles: en y crtufant des puits on
yen trouve à e viron cinquante pieds. Les bords
de la baie de Delaware font couverts, en grande
partie, de marais falans., qui donnent de bons
pâturages d’é té , mais où les mouftiques font fort
incommodes aux hommes St aux animaux. Le poiffon
& les huiires font d'un très - grand fecours
pour la fuhfiftance des habitans deJa cote. Les
montagnes produifert le chêne., 1 hicory St le châ-
taigner. L'érable à fucre eft commun eh Suflex,
fur les bords de la Delaware. Quelques comtés
font extrêmement fertiles, St toutes les efpèces
de grains y font cultivéès avec fuccès : les prés &
les pâturages furtout y ont une grande valeur dans
-les parties qui font à portée des marchés de Philadelphie
& de New-Yorck pour le tranfport des
beftiaux. .
L'objet le plus important de 1 induxtrie des na-
.bitans, ce font les fers que fept differentes mines
leur fourni fient en prodigieufe abondance. Il fort
annuellement des forges établies , particuliérement
fur la chute de la Paffaik à Patterfon, quarante
neuf mille fix cents quintaux de fer en barres,
en fil, en faumons ou en uftenfiles de fer fondu.
Plufieurs comtés, St en particulier celui de Bergen,
renferment des mines de cuivre, qui font
affez abondantes même en cuivre natif.
Dans la parcie du pays, qui eft baffe St fablonneufe,
on a trouvé , en creufant des puits, des coquilles
d'huitres d’une grandeur extraordinaire.
• Dans le comté de Monmouth, près de la mer,
après une crue d'eau qui avoit rongé le rivage ,
• on découvrit les os d'un très-grand animal qui
par la forme de fes dents, paroiffoit avoir été;
carnivore : une de fes dents molaires avoit cinq
pouces de hauteur, cinq de longueur, & deux &
demi de largeur. Les os d'un animal femblable.
ont été découverts depuis dans le comté de Glo-
cefter, à trois ou quatre pieds de profondeur.
Pensilvanie. Les bornes de cet Etat font, à
l ’eft, la rivière de la Delaware, qui le fépare de
New-Jerfey; au nord, l'Etat de New-Yorck; au
nord-oueft, le lac Erié ; à l’ oueft, le territoire
de l’oueft St une partie de la Virginie; au fud,
une autre partie de la Virginie., le Mariland &
l’Etat de Delaware.
A M-E '585
Une portion confiderable.de la Penfiivanie eft
un pays de montagnes. Quoique la direction générale
de la chaîne des Alleganys foit la même que
dans les Etats du fud , 1e prolongement qui s etend
dans cette province, n’ a pas la même régularité: il
en fort plufieurs, qui diffèrent en hauteur, en
étendue, en direction, St qui traverfent, fous
dive.ifes dénominations , les comtés de Bédfort,
Huntington , Cumberland , Franklin, Dauphin,
Bucks & Northamptom Quelques - unes de ces
montagnes admettent la culture jufq.u à leur fom-
met, St les vallées qui les féparent font, pour la
plupart, couvertes d'un fol riche, propre à toutes
fes cultures. En fe rapprochant de la mer & des
parties méridionales de l'E tat, le pays devient
moins montueux & alfez généralement plat.
Les pétrifications marines fe rencontrent très-
fréquemment dans ces montagnes. Quelques-unes
des gorges, qui offrent des fauts , des rapides ou^
Amplement un cours refferré, font garnies de blocs
roulés, furtout du côté de l ’aval ou de la mer,
jufqu’à plufieurs milles de diftance : une de ces
gorges, d'un mille de large, nommée t!u Wmdgapy
dans les montagnes de Kittatini, eft confiderée
comme ayant fervi au débouché d une maffe d eau
i.énorme, contenue au-delà de cette chaîne de
montagnes, laquelle maffe a gagné, par cette
ouverture , le canal de la Delaware , -place dans
la même chaîne, plufieurs milles a i eft Sc cent
pieds plus bas. L’ouverture du IVindgap, maintenant
à fe c , porte des marques du travail des
eaux. Enfin, on ne peut douter que la plaine .qui
eft au deffous des dernières chutes des eaux courantes
ne foit un fol fa&ice ; car en creufant des
puits dans le voifinage de Philadelphie, on trouve
fouvent, à plus de vingt pieds de profondeur,
des glands, des feuilles & des branches d’arbres
bien confervés.
Le fol de la Penfiivanie eft de trois qualités
bien diftin&es ; une partie peu confidérable eft
affez ftérile. Les bonnes terres forment la plus
grande partie du pays, & les terres très-fertiles
font dans une proportion affez forte.
L'agriculture embraffe toutes les productions
qui font propres aux Etats du nord & du centre :
la culture du froment furtout , du chanvre, du
lin, de l'orge, & c . y prend chaque jour de grands
accroiffemens. ,
Les mines des métaux utiles fe trouvent dans
prefque toutes les parties de l'Etat. Malgré la
prodigieufe étendue des forêts , le charbon de
terre commence à devenir un objet d'attention. A
Viomeng , près de la fource du Schuilkill & dans
toute l'étendue du pays qui fépare les fources de
la branche de l ’oueft de la Sufquehanna de Pitt-
bourg, les mines.de charbons foftiles fonten.grande
abondance. La fabrication du fucre d'érable doit
recevoir des encouragemen$confidérables,car l'a r -,
bre qui le fournit fe trouve dans plufieurs comtés
de l’intérieur & de l'oueft par forêts entières.