
ptwvoietvt devoir de mène leur origine & leur
ppfition qu'à des événemens antérieurs à la formation
des:vallées.
S i , au lieu de nous borner à contempler le jeu
des eaux d’un petit ruifleau, nous élevons notre
vue vers des objets plus grands, plus majeilueux s
fi nous confidérons le cours d’ une grande rivière,
les coteaux qui bordent fes plaines & fes prairies,
l'amont Sc l’ aval de fa vallée , nons retrouverons
partout le même travail, 8e furtotit la meme d-if-
tribution des dépôts. Ici c’ eft une contrée qui
defcend par une pente infenfible ; la couleur des
terres, lesgrains dont elles font enfemencées, m’ en
indiquent la nature & la fertilité s elles ont été dépotées
ainfi par les eaux à mefure que celles-ci ont
palfé de l’état torrentiel à l’état pluvial , & fur-
tout dans les abris qu’elles ont trouvés à l’extrémité
des plans inclinés.
Là j'apperçois lé même fpeétacle que la ravine
ou le ruifleau m’ a offert en petit dans les endroits
où ils démoliffoient. Je trouve cjue la rivière coule
au bas d’une côte efcarpée qui s'élève à pic &
borne même mon horizon : le 1 terrain y eft fec 8e
aride , nu & dépouillé de terres, couvert de débris
de pierres où le feul vigneron peut quelquefois
trouver fon avantage : on fent bien que vis- i
à-vis font les plans inclinés dont il a été parle ci-
•• Si je porte enfuite mes vues au-delà des limites
de cette v allée, en franchifTànt les coteaux qui la
bordent, 8e que j’examine toute l'étendue du pays
qui y verfe les eaux fur les côtes, je trouve que
cette étendue eft circonfcrite par les lignes des
fommets particuliers qui les féparent des vallees,
latérales. A quelque diftance que ces fommets latéraux
d’une vallée foient, non-feulement 1 un de
l'autre, mais encore de la vallée, il eft facile de
jeconnoître qu’un des deux fommets a ete plus
expofé que l ’autre au cours direél des eaux . quelquefois
un de ces fommets a ce défavantage juf-
qu’à la mer ; quelquefois les deux fommets le
partaient l’ un après l’autre , 8e alternativement ,
comme il arrive fur les bords fmueux du ruifleau
que nous confidérions tout à l’heure : ici ce n eft
point un finage ou une contrée bornée qui rend
fenfible l’étendue du travail des eaux, foit torrentielles,
foit fluviales; ce font des provinces entières,
où l’on trouve ces mêmes effets toujours uniformes
& conftans depuis les fommets les plus élevés juf-
qu’aux mers. Les contrées des provinces qui ont
été expofées à recevoir les dépôts des terres fertiles
, font d’ une excellente culture. Ailleurs, où
les fables & les terres fèches 8e arides ont été
portés, font des contrées défiles & pauvres. On
remarque , dans les premiers pays , que g g g #
leurs fommets tout eft couvert d’ une grande epaif-
feur de bonne terre, tandis que dans les féconds
d'on ne voit que des lits forts minces d'une terre
pierreufe, gravéleufe & fabloneufe. Nos plus belles
contrées doivent leurs avantages à l'effet- dés eaux
courantes, 8c nos pays ftérites leurs défavantages
aux mêmes agens.
Sur le cours de la Marne»
Les eaux courantes de la vallée de la Marne
prirent d'abord leur direction vers le nord , en
fortant du fommet général des environs de Lan-
gres ; enfuite elles éprouvèrent un détour qui modifia
leur cours vers Toueft. Dans toutes leurs démarches
, ces eaux ont dépofé les bonnes terres
fijivant qu'elles fe font trouvées fur leur route ,
& les parties qui en ont été dépouillées font celles
qui ont été lavées par les torrens. Ces eaux ayant
reçu 3 vingt à vingt-deux lieues plus bas, une
autre direction par la rencontre d’autres courans
qui fe précipitoient des fommets occidentaux de
la M eufe, ont parcouru les finages élevés d'Am-
i brières, de Haute-Fontaine, Hauviile , & des
Arzilliers, où font les fommets la plupart mitoyens
entre la vallée de la Marne & celle de 1 Aube. Le
revers de ce fommet, qui regarde la Marne , eft
circulaire 3 fec & peu fertile , parce que les eaux
n'ont pas trouvé beaucoup de terres en démoliftant
les couches & les lits pierreux. 11 n’en eft pas de
même du revers oppofé qui regarde la belle vallée
de l'Aube : c'eft un pays bien plus fertile , rempli
de vafes, de marais & d'étangs. La plaine du Per-
thois, qui eft une contrée très-fertile de la ci-
devant province de Champagne, fe trouve fituée
dans la partie de la vallée de la Marne, qui fait le
coude ; elle eft toute formé« de fables & de vafes
que les eaux courantes dépofoient fur le revers
qu’elles étoient contraintes d'abandonner , & qui
s’alongeoit jufqu’aux pieds des côtes où elles fe
portoient.
Laréfiftance que les terrains , depuis Ambrières
jufqu'aux Arzilliers , oppofoient aux eaux courantes,
les a déterminées à fe porter contre les
fommets de l’autre contrée oppofée , mitoyenne
à la vallée de l’Aifne, qu'elles ont rongée & côtoyée
de très-près depuis Notre-Dame-de-l’Épine
près de Châlons, jufqu'au rendez-vous commun de
i plufieurs courans vers l'emplacement qu'occupe
Paris. L'impulfion ou la pente du terrain qui fixoit
la marche du courant de la Marne fi près du fommet
mitoyen de l'Aifne, faifoit qu'il s'éloignoit aullt
conftamment des fommets mitoyens de l’ Aube &
de la Seine. Le revers feptemrional eft extrêmement
court : l'on n'y voit que des côtes hautes & fèches,
des contrées arides & fabloneufes, auffi peu propres
aux grains, qu’ elles font, en certains lieux,
favorables, par leur nature pierreufe & par leur
expofition , à la production d’excellens vins ;
mais il n'en eft pas de même du revers méridional,
qui eft extrêmement alongé , très-gras
&. fertile en grains, en fruits, en pâturages, &
couvert fur les fommets de beaucoup de marais &
d’étangs.
Sur les formes du b afin de la Seine , & des rivières
tu convoi fines.
Ne tenons plus nos regards renfermés entre les
fommets d'une feule vallée, telle que la Marne;
confidérons du même coup d'oeil un de ces baftins
du premier ordre, qui en contienne plufieurs. En-
vifageons, par exemple, toute la fupeificie des
terrains qui fourniffent leurs eaux a la Seine.
Etendons même notre vue fur toute la France»
pour nous rendre compte de la diftribution générale
des eaux courantes qui circulent dans les principales
vallées.
Sur toute la fuperficie du terrain qui verfe fes
eaux dans le baflin de la Seine, font toutes vallées
dont les eaux courantes ont une marche uniforme,
parce qu'elles font parallèles entr'elles & coiilent
fur les. mêmes pentes, Toutes les vallées font réparées
par des fommets particuliers qui descendent
tous du fommet général. On peut aufîi envifager
cette fuperficie comme découpée par des filions,
dont les parties las plus profondes font tracées &
indiquées par le cours particulier des rivières , &
les plus élevées par les lignes des fommets latéraux.
Tous ces filions étant courbés pour la plupart,
il a dû arriver, lorfque les premières eaux torrentielles
ont couru (ur cette étendue de terrain,
qu’il y avoit une côte qui étoit expofée au choc
des eaux qui tomboient du fommet général pendant
qu’ une autre côte étoit abandonnée. En
conféquence du cours confiant de ces eaux, il a
dû en.réfulter des faits correfpondans , & les ob-
fervations fuivantes vont le confirmer parfaitement.
; .
La planche de notre Atlas reprélente en particulier
la Seine, la Marne, l'A u b e , avec les principales
rivières qui s'y jettent : ajoutez à cela plufieurs autres
fleuves & rivières des pays limitrophes. Les lignes
ponctuées marquent exactement les fommets
& la fuite des points de partage où les eaux fediftri-
buent dans les baftins des rivières oppofées. On y
voit bien clairement que toutes ces rivierès, après
avoir reçu par Ve revers du fommet général un
courant dirigé vers le nord , ont été déterminées
vers le couchant par une pente propre au continent
de la France. Il eft arrivé de là que tous les revers
des fommets qui regardent le midi, ont été dégradés
& raccourcis par la chute des eaux courantes
qui avoient une tendance au nord, & que les revers
qui regardoient le nord ont été talongés & enrichis
par une fituation plus favorable. Cette uniformité
fi exaêle & fi générale dans prefque toutes les
contrées de la France, eft un phénomène qui ne
peut manquer d'être admiré1, & dont le détail
paroîtra certainement fingulier. Cette carte fait
voir comme l’Oife s’ eft jetée fur les fommets de
la Somme, en évitant ceux de 1 Aifne ; comme
l’Aifne s'eft jetée fur ceux de la Meufe & de
l’Oife en s'éloignant de ceux de la Marne; comme
la Marne s’eft jetée fur ceux de l'Aifne en fuyant
ceux de l’Aube & de la Seine * enfin, comme
l'Aube & la Seine fe font jetés fur ceux de la
Marne en defcendant du fommet général.
La Haute-Seine, l ’Yonne & les rivières qui s’y
rendent, ne font pas entièrement dans la même
fituation , parce que leurs vallées font afiez directes
& perpendiculaires à la ligne du fommet
général ; en forte que les eaux ne fe font pas portées
vers un côté plutôt que vers 1 autre ; mais fi
cette diftribution ne s'y diftingue pas, la carte
détaillée des montagnes & des fommets ou des
points de partage de ce pays en feroit connoitre
bien d’autres. Il n’en eft pas de même dès autres
contrées de la France, où les eaux courantes ont
fuivi une marche circulaire. Les eaux fe font toujours
rapprochées du fommet extérieur au cercle
qu'elles ont décrit. C'eft ainfi que le Loing s eft
jeté fur les fommets mitoyens de la Loire & de la
Beauce, en évitant ceux de l'Yonne ; que l ’Eure
& la Rilie en Normandie, que i’Huigne & le Loir
dans le Perche & le Vendômois, ont été fou^
mis à la même lo i , quoique leurs courbures
foient tournées dans un fens oppofé a celui des
courans ci-deflus.
| Si l’on confidère tout le pays qui porte fes eaux
i à la Seine, pays qui eft renfermé entre les fommets
de la Somme, de la Meufe, de la Saône &
de la Loire comme une feule vallée , on y verra
que les pays les plus fertiles & les plus chargés de
bonnes terres, contenus dans cette grande enceinte
, fe trouvent fur le revers méridional de
cette grande vallée, parce que les eaux courantes
ont non-feulement évité ce revers, mais étoient
portées par la pente du terrain fur l’autre; en
forte que les vafes légères s'échappoient toujours
hors du courant & vers les lieux les plus calmes &
les plus tranquilles , lieux qui forment aujourd'hui
la Beauce & le pays Chaurain , la Normandie 6z
quelqu.es autres contrées des environs, toutes
renommées par la bonté du ten pir , qui même ,
fur leurs fommets particuliers, font couverts d'une
grande;épaiffeur de terre végétale. {Voye% la carte
du baftin de la Seine dans l’Atlas, avec la del'crip-
tion qui y eft jointe. )
Tout le terrain qui verfe fes eaux à la Loiret,
fait également admirer Cette uniformité. Ge fleuve,
femble aujourd'hui, côtoyer avec une fingulière
affe&ation, les fommets qui le féparent des eaux
de la Seine, parce qué^ les eaux qui tombèrent da
fommet de l'Auvergne & du Limoufin fe jetèrent
fur le revers .feptenttional, détruifirent les terrains
les plus ayancés qui couvroient le Berri., la
Sologne, le pays dé Blois, la Touraine, &c. &
les raccourcirent par ce moyen dans tout leur
contour.
Par les déblais immenfes de tous ces terrains, il
s’eft formé une excavation confidérable, qui des
pays circonvoifins paroît d’une grande profonr-
I deur > ce qui eft extrêmement fenfible lorfqu’o*