
Panama, en fe foutenant cependant à une hauteur
confidérable, & offrant dans certains endroits des
tetes volcaniques , & entr’autres la montagne de
Popocatepec.
Du royaume du Mexique cette chaîne fe continue
au nord 8c à l’eft de la Californie ; enfuite
elle tourne tellement à l’oueft, qu’elle ne laide
que peu d’efpace entr’elle & l’Océan pacifique,
& fouvent des branches détachées de cette chaîne
vont former des promontoires faiîlans fur le bord
de la mer. Le capitaine Coock a fuivi cette chaîne
& fes appendices dans fa vifite de cette partie de
la cote occidentale de l’Amérique feptentrionale.
Une plaine riche en bois & en prairies-j couverte
de buffles, de cerfs, de daims de Virginie,
d'ours & d’une grande variété d’autres animaux,
occupe une prodigieufe étendue, depuis le grand
lac du Canada jufqu’au golfe du Mexique, & en
tirant vers l’eft jurqu’à l’autre grande chaîne des
.Apalaches, qui font les Alpes de cette partie de
l ’Amérique feptentrionale.On peut fuppofer qu’ elle
commence vers le lac Champlain & le lac Georges,
& qu’elle jette plufieurs branches qui s’avancent
obliquement jufqu’ à la rivière de Saint Laurent
a l ’e lt, s’élevant enfuite au-delà du canal de ce
fleuve, pendant que d’autres branches s'étendent
en décroiflant graduellement jufqu’ à la Nouvelle-
Ecolfe.
D’un autre c ô té , la principale chaîne vient paf-
fer à travers la province de la Nouvelle^Yosck,
où elle eft diftinguée par la dénomination de h autes
terres, & fituées à quarante milles de l’Océan i
atlantique; enfuite, à mefure qu’elle fe prolonge i
vers le fud, elle s’éloigne de la mer. Cependant,
dans la Caroline méridionale & dans la Virginie,
eft compofée de plufieurs chaînes parallèles,
divifées par de larges vallées, & généralement ornées
d’une grande quantité de forêts. Ces chaînes
parallèles s’élèvent graduellement de l’eft à l’oueft,
jufqu’à la chaîne centrale, d’où elles redefcendent
& fe trouvent placées à des niveaux inférieurs vers
l’oueft, dans les plaines immenfes qui appartiennent
au baflin du Mifliflipi.
La chaîne centrale eft d’ une malfe & d’ une élévation
confidérables : toutes enfemble, ces chaînes
embraflent une largeur de foixante-dix milles.
C ’eft à travers ces chaînes que de larges & nom-
breufes rivières fe font ouvert des prdfages multipliés,
& qu’elles les coupent perpendiculairement,
tant pour verfer leurs eaux dans l’Océan atlantique
, que dans le golfe du Mexique par le Mif-
fiffipi. Ces mêmes rivières procurent auffl tous
les avantages d’une navigation animée aux pro- .
vinces qu’elles arrofent. .
Au-delà de la branche des monts Apalaches, \
appelée Monts fans fin, il eft une plairre d’une
étendue trèsyconfidérable & prefqu’auffi élevee
que les montagnes elles-mêmes , 8c connue fous
la dénomination des hautes plaines y c’eft une terre
extraordinairement fertile : elles commencent à la ]
1 rivière de Mohock, s’étendent prefque jufqu’au
lac Ontario, & vers l’oueft elles 1e lient aux vaftes
plaines de l’O h io , d’où elles s’étendent à une
diftance inconnue le long du bord occidental du
Mifliflipi : de vaftes rivières y prennent leurs four*
c e s , & coulent de là vers tous les points de l’ho-
rizon, c'eft-à-dire, dans le lac Ontario , dans la
rivière d’Hudfon, dans la Delaware 8c la Sufque-
hanna.
La marée de la rivière d’Hudfon remonte très-
loin dans fon lit profond Ôc même jufqu’à une très-
petite diftance de la fource de la Delaware, qui,
après un cours précipité fur une longue defcente
interrompue de« teins en tems par des rapides ^
rencontre la marée affez près de fon embouchure
dans l’Océan.
Une grande étendue de baffes terres fituées
entre le pied des Apalaches & la mer, furtouc
dans la Caroline & dans la Virginie, paroiflent
appartenir à la nouvelle terre : en mille endroits
on trouve une luite d’éminences compofées de
coquillages , & , dans toutes les plaines, des lits
de lemblables dépouilles des animaux marins, mais
qui n’appartiennent pas à la mer voifine a&uelle:
le tout eft recouvert d’une couche épaifle de
glaife & de marne, 8c enfin au deffus fe trouve
un lit de terre végétale rrès-produéfcive.
Il ne faut pas pour „cela confidérer cette partie
de l’ Amérique comme ayant été récemment abandonnée
par l’Océan ; car il n’ eft pas douteux que
I cette nouvelle terre a été mife à fec en même
féms que les pays d’une même compofition, d’une
même faéhire, & fitués aux mêmes niveaux que
celle-ci en Europe, &c.
On ne doit pas confondre non plus les vaftes
plaines du Mifliflipi avec ces parties de la nouvelle
terre; car dans les premières on trouve toujours],
en creufant, du fable & des coquilles de mer
exactement lemblabks à celles qu’on trouve dans
la mer aûuelle, furies rivages près de Penfacola.
Ainfl ces dépôts appartiennent a la mer aétuelle,
& non à l ’ancienne difpofition de l’Océan Jorfqu’il
formoit la nouvelle terre par fes dépôts. Ce n’eft
que d’après ces principes qu’on peut prononcer
fur l ’époque de la formation de certaines parties
de la furface de la terre, de leur découverte par
la retraite de la mer, & enfin de leur habitation
par les hommes 8c par les animaux. Ainfiles plaines
de la Caroline &r de la Virginie font en état de
recevoir des habitans depuis un aufli long tems
que les plaines de la nouvelle terre, qui font en
Europe 8c en A fie , l'Amérique ayant été certainement
découverte en même tems.
La matière qui compofe les hautes montagnes
d’Amérique eft de même nature que celle dont
font formées les montagnes du nord de l’Afier
c’eft le granit compofe de feldfpath, de quartz,
de mica ou de fchorl noir & ferrugineux. Près
de la rivière de Saint-Laurent, cette pieire forme
la bafe de toutes les éminences qui font, quant
à la partie fupérieure, une-fuite de couches &
de lits de pierres calcaires, feuilletées ou d’une
certaine épaifleur. En defçendanc des montagnes
de granit on trouve à leur pied des lits de pierres
à chaux, remplis de cornes d’aminon & de différentes
efpèces de coquillages, particuliérement
d’une petite efpèce de pétoncle, avec plufieurs
débris de coraux & de madrépores de diverfes
efpèces. Les couches de pierre calcaire fe montrent
aufli près de la bafe des différentes parties
de la chaîne centrale des Apalaches.
C'eft dans des fortes de pierres graniteufes que
fe trouvent les mines de plomb & d’argent du
Canada, comme elles fe trouvent dans les parties
feptentrionales de l’Afie.
Au refte, l’Amérique feptentrionale n’ a pas été
encore examinée & décrite méthodiquement 8c
d’après certains principes par des phyficiens &
des naturaliftes. La révolution de l’Amérique,
jointe aux lumières des Anglo-Américains, nous
donne les plus grandes efpérances que cette riche
& intéreflante contrée fera la mieux connue de
toute l’Amérique, & furtout mieux que toutes les
pofîeflions efpagnoles.
AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE.
I. L’Amérique feptentionaleanglaife comprend :
La Nouvelle-Bretagne.
Le Canada.
La Nouvelle-Ecoffe.
La Nouvelle-Bretagne ou le pays fitué
aux environs de la baie d’Hudlon, communément
appelé pays des Efquimaux, comprenant aufli le
Labrador, eft bornee au nord par des terres inconnues
8c la Mer glaciale ; à l’e ft, par l’Océan
atlantique; au fud, par le fleuve Saint-Laurent 8c
le Canada, 8c à l’oueft par des terres inconnues.
Les montagnes de ce pays, fituées vers Je nord,
étant continuellement couvertes de neiges, les
vents de cette région , les trois quarts de l’année,
y caufent, dans l'hiver, un degré de froid que
l’on n’éprouve dans aucune autre partie du Monde
à la même latitude.
Dans tout ce pays, la partie la plus fréquentée
& la plus connue offre beaucoup de rivières, de
détroits, de baies, de caps, & lurtout des lacs,
ou groupés avec les rivières, ou ifolés.
Les principales baies font celles d’Hudfon & de
James, 8c les détroits, ceux d ’Hudfon, de Davis
& de Belle-Ifle.
Quant aux rivières, nous indiquerons d’ abord
ici celles qui fe jettent dans la pointe méridionale
de la baie de James, 8c dont le cours eft femé
affez bizarrement de lacs.
Je trouve, en premier lieu , !la. rivière Albany,
qui a deux embranchemens ,lelquels prennent leur
origine dans deux lacs; viennent enfuite les rivières
Berray,.Menfi-Sipi & à'Abitibis, qui fe jettent
dans un même golfe : la dernière fort des lacs
du Labyrinthe & des Abitibis. Puis la rivière de
Franchman, formée de la grande décharge du lac
des Mifiajfins 8c du trop plein du laC Nemiskau.
Je dois ajouter ici que le lac des Mifiajfins en
réunit deux autres dans fa partie méridionale, 8c
reçoit au nord une rivière qui a plufieurs embran-
chemens femésde petits lacs, & dans l’inte rval le
defquels il y a un groupe de lacs ifolés.
Enfin la lixième rivière qui fe jette dans la baie
de James eft celle de Slïïde, qui reçoit avec un
autre canal la décharge de huit lacs grands & petits,
8c enfile'par autant de ruiffeaux, dont un a
plufieurs chutes.
En parcourant maintenant le pays compris entre
le grand lac Aftchikounipi & le fleuve Saint-Lau.-
■ rent, on trouve plufieurs rivières qui ont pour
centres des lacs avec des affluentes plus ou moins
alongées, qui fortent d’autant de petits lacs : outre
cela, plufieurs lacs ifolés font difperfés dans les
vides de ceux qui abreuvent les rivières. Il pa-
roïr en général que ces rivières, toutes d’un cours
affez irrégulier, ont pour égouts ou rendez-vous,
d’un c ô t é l e lac Aftchikounipi, 8c de l’autre
l’embouchure du fleuve Saint-Laurent.
Ainfi , par exemple , le lac Aftchikounipi reçoit
trois lyftèmes d’eaux courantes, femés de lacs
enchaînés, qui occupent une grande partie de la
Nouvelle-Bretagne ; ils ont pour principes des lacs
affez confidérables : un de ces fyftèmes a pour
centre le h c Piretibi, qui verfe également, & vers
le nord , & vers le fud. Le dernier produit du fud
eft une rivière qui, avant de fe rendre au fleuve
Saint-Laurent, éprouve fept à huit chutes.
Si nous parcourons maintenant les rivières que
reçoit l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, nous
y rencontrerons la rivière de Sagenai. Ce fyftème
d’eaux courantes, très-remarquable, a pour centre
le lac Saint-Jeany qui reçoit trois grandes rivières
femées de lacs 8c de chutes, & dont Sagenai eii
proprement la décharge avec beaucoup de chutes.
J’ajoute ici qu’à l’oueft des embranchemens du
h c Saint-Jean eft un fort grand baffin où font difperfés
plufieurs lacs liés enfemble, fans ord re,
par un égal nombre de rivières. C e baffin eft fermé
exa&ement par des montagnes qui courent depuis
le nord jufqu’au fud, en paflànt par i’oueft : il
n’ eft ouvert que du côté de l’eft. C'eft aufli par-là
que tous ces amas d’eau communiquent par une
rivière avec les embranchemens du lac Saint-Jean.
On trouve aufli fur les limites du pays des Efquimaux
le lac Ach&uanipi, entièrement ifo lé , qui
eft l’égoùt de cinq rivières qui y affluent. En partant
de là & fe portant vers le fud on voit une
longue fuite très - nombreuse de flaques d’ eau
ifolées.
Je reviens maintenant au bord de l’embouchure
du fleuve Saint-Laurent, & , en partant des trois
rivières dont j’ai déjà parié, je reconnoisque preC
que toutes les rivières qui y affluent, 8c qui font
en très-grand nombre, prennent naifiance dans