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d ans le s c r a t è r e s , & je puis m êm e c i t e r i c i , p o u r
p r e u v e de mon o p in io n , l ’é ta t d ’Ajironi, qu i e ft
vifibîemeot un cratère, & q u i ne r e n fe rm e q u e
t r o is petites {la ïq ue s d’ e a u . ( Voye^ L a c s v o l c
a n i q u e s . )
AVERSA. La ville à'Averfa , dans le royaume
de Naples, n’eft pas loin de l’ancienne Atella , fi
célèbre du tems des Romains. Averfa eft petite ,
mais jolie & bien bâtie 5 elle eft fituée dans une
plaine délicieufe, & au commencement d’une
grande avenue qui conduit à Naples. La beauté
du climat, la fertilité du terrain , la richeffe de
fes produâions, rendent ce lieu un féjour enchanteur.
A V E Y R O N , département qui tire fon nom
d’ une rivière principale, qui, coulant de l’eft à
l’oueft, le fépare en deux parties-; il répond à
l ’ancienne province du Rouergue, comprife dans.
la Elaute-Guienne. Ses principales rivières font :
le L o t , l’Aveyron, la Viaur, la Truyère & le
Tarn. L’Aveyron & la Viaur y prennent leur
fotirce ; les trois autres viennent du département
de la Lozère, & , excepté la Truyère, coulent
de l ’eft à l'oueft j ce qui fait connoître la pente
générale du fo l, & le paffage de Y ancienne terre à
là nouvelle. Le ciel de ce pays eft beau & pur, mais
la température de l ’air y varie à chaque inftant.
On peut, en très-peu de tems, parcourir quatre
à cinq climats.
Dans un pays aufli élevé que Y Aveyron , les
vents font impétueux taufii arrive-t-il quelquefois
qu’ils enlèvent les toits des maifons, & qu’ ils déracinent
de gros chênes. Le vent du midi eft fi
violent, qu’ il fait prendre ordinairement aux branches
des arbres une direction vers le nord. C ’eft
par ce vent qu’il pleut dans la partie méridionale,
au lieu qu’ il ne pleut que par celui de l’oueft dans
tout lé refte du département.
J’ai déjà dit à l’article A u b r a c , que les montagnes
du Cantal, des Cévenr.es & de h, Caune
l ’entouroient de trois côtés. En conféquence il
n’eft ouvert qu’à l’oueft, où le terrain baiffe &
offre des plaines affez étendues.
Il y a piufieurs mines dans ce département 5
mais les féales qui fôient en exploitation font
celles de charbon de terre & d’alun. Le charbon
de ter-re fe trouve fur plus de dix points dans ce
département ; mais il n’ y a que les mines d’Aubin
dont l’exploitation fait encore d’une certaine importance
: celles-ci remplacent fur les lieux le bois
de chauffcge. Une partie des forges du département
en eft approvifionnée, & on en exporte tous
lésons, par îe Lot & la Garonne, environ cent
douze mille quintaux, poids de marc , pour la
provifion de Bordeaux .'Quant à l ’alun, il en exifte
deux mines : l’une à Fontaynes, près Aubin ; l’autre
à Lavencas, près Saint-Georges : cette dernière
donne environ quinze cents quintaux d’alun .
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poids de marc, & l ’autre n’en donne que trois
c entsencore n’eft-il pas rafiné. L’alun, de Lavan-
cas , un des plus purs qui foientdans le commerce,
eft fupérieur à celui de Fontaynes; mais celui-ci,
fufceptible di’être perfectionné, pourra dans la
fuite entrer en concurrence. Les .débouchés- de
ces aluminières font principalement dans lesdépa*-
temens de l’Héraut, du- Gantai,, & dans l ’intérieur
de celui de Y Aveyron*
Si nous revenons aux environs d’Aubin , nous
y trouverons une chaîne de montagnes qui court
du fud-oueft au nôrd-oueft, fe termine au Lor.
De cette tige fort une infinité' de branches, dans
les intervalles desquelles- font de petits vallons,
arrofés tantôt *par des ruiffeaux, tantôt par des
torrens: le terrain y eft argileux & fchifteux. C ’ eft
à côté que font fituées les mines de charbon d’Aubin,
dont nous avons parlé. Ces maffes énormes
de houille paroiffent ne faire qu’un feul bloc y recouvert
d’une terre formée par la décompofitiom
fucceflive des végétaux. Les montagnes qui renferment
le charbon ont une forme arrondie. Depuis
leur bafe jufqu’à leur fommet, on trouve
cinq ou fîx couches de houille, dont l’épaiffeur
varie à l’infini. Quant à leur incltnaifon ,. on a ©fe--
fervé que l ’angle de quarante-cinq degrés eft celui
: qui la détermine le plus fouvent. Les filons fe pro-
, longent jufqu’à la furface du terrain fous la formé
; d’un fchifte charboneux fd e là cette grande faci—
i lité de fouilles qui a nui à l’extraélion. Chaque
; particulier exploite fans art fa mine, & L’asban-
[ donne dès qu’elle ceffe d’être riche ou qu’elle eft
i inondée par les eaux. On ne dirige les galeries
[ qu’horizontalemént, & jamais au deffous des eaux.
Cette méthode § défeéiueufe eft née de Fa-bon-4
i dance du minéral, & doit néeeftairement en pro-
■ voquer la pénurie dès que l’extraéfion en devien-
! dra plus difficile ; ce qui doit naturellement faire
| recourir aux règles. Alors ces mines, qu’on aura?
j cru épuifées, donneront, par dé nouveaux moyens,
des produits plus abondans & de meilleure qua-
: lité.
i La houille de ces« montagnes offre les trois ef-*
: pèces connues : la- chaude, la- sèche & la greffe. Les
| deux premières y font rares, mais la dernière y
| eft très-abondante.
| Au milieu de ces montagnes on trouve les eaux
I minérales de Cranfac j elles forcent de terre en
plu-fiéurs endroits. Mais il n’y a que deux fources
dont la médecine faffe ufage, la haute & 1zbajfe;
la haute eft fituée fur le penchant d'une colline
anciennement embrâfée, & qui conferve encore
affez de chaleur pour échauffer des étuves qu’on
y a ereufées. Ls-bajfè 3 qui occupe le vallon,donne
des eaux plus douces & d’un ufage plus général.
Les principes communs-à ces deux fources font le
gaz acide carbonique, la> terre magnéfieiîne- & la
terre calcaire en petite quantité, les fulfates de
chaux, d’alumine ce de magnéfie. Ce dernier principe
> qui eft plus abondant que les deux autres,
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paroît communiquer à ces eaux leur vertu purgative.
Le fulfate de fe r , particulier à la fource
haute, y eft en moindre proportion que celui d’alumine.
Ces eaux font célèbres , & méritent leur réputation.
De tous les départemens voifins on y accourt
en foule, & les buveurs y éprouvent pour
la plupart leurs bons' effets.
Au nord-oueft de Cranfac eft fituée la montagne
brûlante de Fontaynes, qu’ on peut regarder comme
le Véfuve en petit volume : fa hauteur eft d’environ
quatre cents pieds. A mi-côte on voit une
grande crevaffe de forme elliptique, dont le grand
axe fe dirige du pied au fommet de la montagne, &
renferme l ’ouverture de dix-huit cratères réunis
fur trois points. Pendant le jour, le feu n’y eft
pas apparent : ces trous paroiffent feulement remplis
de pierres blanches calcinées ou de terres
rouges brûlées ; mais pendant la nuit, le fpeétacle.
elf affez effrayant pour ceux qui ne font pas fami-
liarifés avec ce phénomène. En approchant de
l ’endroit où le feu eft apparent, on fent h terre
réfonner fous fes pas; & lorfque, bravant la fumée
& la forte chaleur qu’on reffent à la plante
des pieds, on regarde dans ces foupiraux, on ap-
perçoit des gouffres de braife crès-jncandefcente.
Les-bâtons qu’on y enfonce, font au bout de.
quelques minutes enflammés, & promptement
brûlés.
Autrefois on exploitoit au pied de cette montagne
des mines de charbon, dont les galeries
étoient ereufées verticalement au deffous de Ma
maffe qui eft livrée à l’ incendie, lequel ne gagne
que dans la hauteur. Le fommet de la montagne
eft cependant cultivé, & le hameau, qui eft à cent
pas du foyer, eft habité par de bons payfans, élevés
& familiarifés avec ce danger ; cependant 1 incendie
fait chaque jour de nouveaux progrès. Le
terrain fitué au deffous des jardins du hameau eft
plein de profondes gerçures, où la chaleur eft fi
vive , qu’on ne peut y enfoncer la main. Les caves
& les rez-de-chauffées font fouvent remplis
de fumée.
Ce n’eft pas le feul endroit où il y ait dès em-
brafemens : on en trouve piufieurs autres dans les
environs, & tous ont été , comme partout ailleurs
, caufés par des accidens ; car quelquefois
les débris de la houille laiffés dans les excavations
des mines prennent fe u , & alors l’incendie fe
communique aux piliers de charbon, qu’ on y laiffe
pour foutenir la voûte, & ne ceffe qu’au bout d'un
grand nombre d’années. Des propriétaires qui
étoient peu expérimentés ont cru fouvent éteindre
le feu en y faifant dériver des ruiffeaux, qui
en augmentent l ’aéfcivité au point d’exciter des
•éruptions de pierres & de matières altérées par le
feu de différentes manières. Tous ces phénomènes.,
que l’on peut fuivre en détail, je les ai vus
& fuivis dans ces contrées.
Auprès de la'montagne de Fontaynes on a établi
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une alunerie fur le principe de celle de L iè g e ,
dont j’ ai décrit les procédés avec grand foin à
l’article A lun. Ce nouvel établiffement promet
d’autant plus de fuccès, qu’on y extrait les principes
fans grandes dépenfes, car ils fe trouvent à
la furface du terrain. Les mineurs fe bornent dans
leurs travaux à emporter les terres alumineufes,
à les leiîiver & à en faire évaporer les eaux.
Cette mine, qui contient encore de la coupe-
rofe, eft fituée au defiïis de quelques charbonières
abandonnées depuis quelque tems, ik dont les
voûtes offrent de belles ftalattites d’alun. L’eau
qui dégoutte de cescriftallifations va former dans
le fond des anciennes galeries, des amas d’eaux
chargées d’alun & de couperofe.
Outre le charbon de terre, l ’alun & la couper
rofe, on trouve encore dans ces montagnes de
l’ocre très-fine, des pyrites, du crifial de roche
& du marbre. Il n’eft donc pas étonnant qu’avec
les premières de ces fubftances rnifes à découvert,
il s’y foit établi tant d’incendies.
Saint-Jean-du-Bruel eft 1a ville la plus avancée
du département du côté du levant. Les montagnes
qui l’entourent ne font, comme nous l’avons
déjà d it, que les prolongemens des Cévennes j
elles renferment de vaftes carrières de fehiftes ,
ayant pour noyau & pour centre de grands maf-
fifs de granit. On en tire de belle &: bonne ai*
doife, de bon plâtre, ainfi qu’une terre graffe,
fine onétueufe, dont on fe fert pour dégraiffer
les étoffes ; & d'ailleurs, on y voit des indices de
mines de plomb & de charbon de terre.
Si de ces régions, qui donnent des produits fi
variés, on dirige fes pas vers l ’oueft, il fe préfente
un vafte défert de plus de trente lieues carrées,
appelé Le Lar-^ac. C ’eft un immenfe plateau
calcaire , s’uniffanc au fud-oueft avec les montagnes
de la Caune, & au fud-eft avec celles des
Cévennes, dominant d’ un côté le baffin du Tarn,
& de l’autre celui de l’Héraut. Ainfi cette contrée
eft limitée au nord par la vallée du Tarn ; au
couchant, par les deux petites rivières du Cernon
& de la Sorgue ; à l’orient, par la Dourbie, & au
fud elle s’avance à plus de fept lieues dans le département
de l’Héraut; mais il ne fera queftion
ici que de la partie fituée dans le département dé
Y Aveyron, qui nous occupe. Sa fuperficie eft pref-
qu’entiérement plane j elle eft trâverfée par la
grande route de Millau à Montpellier. Au lieu dè
colonnes miliaires, on rencontre à droite & à
gauche de gros quartiers de rochers calcaires, qui
offrent de loin des maflifs femblables à des villages.
Ces grands blocs, qui ont tous une forme
carrée, ne font couverts ni de moufles ni de lichen
; leuF fommet eft noir & dur, & leur jbafe
friable & blanchâtre. On ne peut fe diflîmuler que
ce ne foient les ruines & les débris de couches
fupérieures au plan général aétuel, & au mêmfe
niveau que ces pierres ifolées par les déplacemeris
des terres & des lits de pierres- environnans.
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