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Des g rote s.
Dans les quartiers de la même chaîne, où les
rochers femwent être formés d’une même mafle
de pâte , & qui ne font par conféquent ni par.
bancs ni par blocs, il y a des grotes taillées par la
nature : il y a peu de pays qui n’ait les fiennes, &
dont on ne manque guère d’exagérer les beautés.
On vante fur tout, dans les environs d'Alais, la
grote de Meyrveys & celles de Saint-Hippolyte,
de Saint-Jean-de-Corbez, & beaucoup d’autres
dans lefquelles on a remarqué :
i ° . Qu’il n’y a pas de grotes dans les rochers de
granits, de talcites, ni dans aucune des mafies
qu’on nomme laufe dans les Cevennes. •
• i Q. On ne les trouve que dans les rochers de
marbres, dans les rochers qui font par bants &
par couches, & dans l’intérieur defquels l’eau
louterraine circule abondamment & forme les ré-
fervoirs des grandes-fources. ( Voye^ Grotes, Cavernes.
) C ’eft à ces articles que je traiterai ce qui
concerne les concrétions pierreufes que les grotes
renferment > ainfi je fupprime ici ces détails.
Huitième chaîne.
On ne trouve dans cetre chaîne, non plus que
dans la précédente , que très-peu de coquillages
foflîles : ce font principalement des cornes d’am-
mon mêiées fans ordre dans les blocs de rocher 5
mais il ne paroît pas, ni à la couleur ni au tiffu
de la pierre, qui eft un marbre, qu’ il y ait aucun
refte du teft des coquilles.
. Cette chaîne, qui palfe au deffus d’Alais, à
Andufe & à Saint-Hippolyte, n’ eft d’ailleurs re marquable
que par lés coupures & par fes brèches,
qui ne fe trouvert précifément qu’ à la rencontre
d’une rivière ou d’ un ruiffeau dont les eaux ont
beaucoup de pente, comme defcendant de montagnes
élevées.
: Plus on examine ces interruptions, plus on les
trouve dignes d’attention. Dans cette contrée fut-
tout les plus petits ruiffeaux, comme les grandes
rivières, éprouvent partout un écoulement par
une pente qui n’eft point arrêtée, & qui eft plus
ou moins grande, frelon que le terrain ell élevé au
iieffus du niveau de la mer. Lorfque le cours en
elt traverfë par une chaîne de montagnes & de
rochers, la chaîne eft à coup lûr interrompue dans
cet endroit li la rivière n’a pu fe détourner fur
k s côtés.
- C ’eft ce qu’on remarque à Àndufs &-àSainr-
Hippoivre, où b chaîne fe trouve coupée par
oeux différentes rivières. Mais je renvoie ce que
y ai à. dire à ce fujet à l’article Andufe, où cette
qucltion importante fera uifcucee comme les formes
nu.terrain m’oUtoiifcnt à le fair*. ( Voy<-\ A n -
©use. )
Neuvième chaîne.
\ Cette chaîne a été fuivie fur une étendue d’environ
dix lieues : la bande qu’elle forme, eft remarquable
par une fuite de mines de fer & de terres
jaunes martiales, qu’on aperçoit de loin j auffi fe
diftingue-t-elle des autres chaînes par les minéraux
qtfelle contient, & fur tout par la nature de fon
terrain & de fes rochers. Partout où le terrain
ocreux & les mines de fer difparoiffent, on y
trouve une efpèce de grès dont;le grain eft quart-
zeux,grifâtre, irrégulier, de différentesgroffeurs,
& dont on pourroit fe fervir pour tailler des meules
à aiguiler. Le terrain qui accompagne ces rochers,
qui tantôt font par blocs, tantôt par bancs, paroît
être formé de leurs débris : il eft de même nature,
& iï ne contient , non plus que les rochers, aucune
pétrification du règne animal. On n’a pu y découvrir
le moindre fragment de coquillage foffile,
tandis qu’on en voit communément dans les deux
chaînes voifines, dont le fol efteompofé de terres
limonéufes & de pierres calcaires.
C eft dans cette chaîne que fe trouvent les
mines de vitriol, les carrières de dendrites & de
plantes pétrifiées, dont il a été queftion précédemment.
Je Cuivrai pour le refte les mines dp
charbon de terre, les foflîles qui les accompagnent,
quelques fontaines minérales, & d’autres fources
remarquables par les concrétions pierreufes.
Les mines de chaibon de terre régnent dans
differens endroits de cette chaîne} elles affrètent
toujours ceux dont le terrain ou les rochers font
de cette efpèce de grès dont on a parlé. Les principales
mines de charbon, celles qui en fourniffent
à prefque toute la province du Languedoc, font
aux environs d’Alais..
Les premières font ordinairement par veines, &
reflerrées entre deux rochers au fond d’ un vallon ;
le charbon paroît y être par amas, fans aucune
forme de lit : on ne tire d’abord que de la terre
noirâtre > à mefure qu’on creufe, le grain de cette
terre devient plus ferme, plus noir & plus iuifant ;
c’eft le charbon qu’on emploie pour les fours à
chaux : on ne creufe que des galeries pour en faire
l’extraètion : il coûte moins que celui qu’on emploie
dans les forges, & qui fe tire à de plus
grandes profpndeurs. 11 eft difficile de difiinguer à
1 oeil. ces deux fortes de charbons. Ce n’eft qu’en
les faifant brûler qu’on en reconnoît bien la dif-,
féreuce : le charbon des fours à chaux fe réduit
en une terre rougeâtre, très-friable , au lieu que
celui des for.ges produit, par fa combuftion ,
des maffes dures.qui, fe mêlant avec les feories du
fe r , forment des croûtes noires, fermes, fpon-
gieùfes ,'connues fous le nom de mâchefer
Quoique les mines de charbon foient à l’abri
des,eaux pluviales , elles ne laiffent pas d’être-
quelquefois -humeétées . par des fources bitumi-
n.ufts audi anciennes .que les mines, & elles font,
‘ plus
A LA
plus fréquentes à mefure que les mines font plus
profondes. Les ouvriers affurent qu’il n’y a pas de
meilleur charbon que celui qui eft dans le voifi-
nage de pareilles fources. . 1
- Les mineurs ont à combattre quelque chofe de
plus dangereux que ces eaux : ce front les mofètes
qu’ils nomment touffes, & qui les forcent fou vent
a abandonner un puits ou une galerie. C e n’eft au
refte que dans le tems des chaleurs que la touffe
fe tnahifefte.
Les mines de charbon font toujours accompagnées
, mais feulement d’un feul c o té , de deux ef-
pèces defrchiiftes, connues parmi les ouvriers fous
le nom de fiffe-: on trouve aufli, dans le voifinage,
•des -géodes éü -des: pierres d’aigle.
La première efpèce de fiffe, qu’on appelle aufli
la garde du charbon} parce qu’elle lui eft imme-J
diatement appliquée, &• qu’elle l’accompagne par-!
tou t, eft une pierre bitumineufe, mince, tendre:
& noire, elle ne diffère de Xampdite ordinaire
que parce qu’elle eft pliée ou ondée, & qu’-elle a
• très-fcHivent le poli & le Iuifant du jais travaillé. .
Au deffus de cette première fiffe on en trOuye,
une autre ; dont les couches font plus nombreufes
& plus aplaties.”c’eft Une ardoife feuilletée, tantôt
>noire, tantôt rouflè; elle fe diftingue de la première
par le^ empreintes qu’elle offre de différentes
plantes, les unes étrangères, les autres fort approchantes
des fougères du pays.
Les géodes font fort communes dans cette chaîne}
ils tiennent toujours un peu de la nature du
fer : ob trouve aufli, parmi ces pierres, des oecites
ou pierre s d’aigle, qui ne diffèrent pas des géodes,
car elles font les unes & les* autres naturellement
arrondies & formées de plufieurs couches minces ;
qui fe réparent aifément.
On peut confidérer dans les géode«, de-même
que dans .les pierres naturellement arrondies, ofaj
qui fe font accrues par différentes couches , la
féparabilité ou la facilité qu’elles ont de fe féparef,
parce qu’elles parbiffent avoir confervé une dif-!
tin&ion marquée' les unes des autres} car il eft à
croire qu’elles ont été* appliquées les nues fur les
autres pendant5 qu^il fubfiftoit fur la couche inté
rieure une matière propre à conferver cette dif-
tmdion, comme nous la trouvons dans l’intervalle
des bancs ou des lits horizontaux : outre cela, les
couches font diftinguées dans les géodes, parce.
qu ’elles fe font formées à différentes reprifes.
La même chaîne nous offr e encore deux fortes j
de fontaines, les unes minérales, &fres autres;
pétrifiantes : les fontaines minérales tirent leurs
propriétés des mines de vitriol, de fer & de charbon
qu’elles traverfent} ainfi elles font fainés ou
mal-faifantes, félon la nature des principes quelles
contiennent, & fclon que la dofe en eft plus ou
moins forte.' :
Prefquè toutes les fontaines minérales fe ref-
fetpblent par le fédiment ou l’ocre jaune q uelles'
dépofent fur leur lit. Cependant nous pouvons en-
Géographie-Phyjique. Tome II.
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indiquer deux qui diffèrent des autres, & qui ne
teignent leur lit d’aucune couleur, & donnent
.une eau claire & limpide} ce qui prouve que les
principes dont ces eaux font chargées, font bien
diffouts. , v
Les fontaines pétrifiantes font celles qui forment,
fur le fond des canaux de leurs premiers
débouchés, des tu fs , des concrétions, des in-
cruftations pierreufes fur tous les corps folides
qu’elles rencontrent. On n’a plaeé les fontaines
pétrifiantes dans cette chaîne, que. parce qu’elles
fe trouvent fur les lifières,, ou qu elles font engagées
dans les terroirs .de grès & de gravier }
car d'ailleurs elles frorren.t toujours d’une terre
forte & limoneufe, dont les tufs ont le grain &
la couleur} & ils ne doivent leur accroiffemeot
qu’au limon qui trouble l’eau au tems des pluies,
& à un fuc pierreux féléniteux,!femblaible a celui
qui concourt à la formation des pierres à chaux ou
,à celle des marbre«.
La principale deces fources pétrifiantes eft celle
.de Rujfau .-l eau; en eft très-abondante} elle fait
tourner plufieurs moulins. L?eau de cette fontaine
forme , le long de fon cours, plufieurs fortes de
concrétions : les unes font toujours expofées à
l’air} les autres plongent alternativement dans l’eau
& dans l'air. Les premières doivent leur origine
à l’épanchement de l’eau du canal, qui, coulant
fur les moufles ;, les incrufte & les lie enfemble.
L’încruftation ne gagne que le bas des moufles,
qui eft couvert par les ramifications des fommités.
Ces fommités font vivantes & très-vertes , tandis
que la bafe.de la plante eft inCruftée. A mefure que
les fommités croiflent, l’incruftation s’élève &
fait des progrès.
La moufle eft plus fujète à être incruftée que
les autres plantes, parce qu’elle arrête, par fes
branchages ferrés & entrelacés, le cours de l’eau,
dont elfe fe charge,comme le feroit une éponge.
Parce moyen elle; arrête & retient plus long-tems
<les fucs petrifiansî, à qwi elle préfente des points
d’ appui. Toute la plante en eft continuellement
abreuvée. Il n'y a cependant que la partie qui eft
cachée & qui eft à couvert de l ’aétion du grand
air, qui s’incrufte, & ces concrétions font toujours
plu* tendres & plus lâches que celles qui
font en pleine eau, & qui en font entièrement
couvertes.
On remarque fur ces dernières concrétions ,
<^ui font plus compactes & plps pefantes que les
précédentes! : '
i° . Qu’ il sfen forme très-peu dans le canal, où
l’eau coule rapidement. Depuis près de deux cents
ans que ce canal fubfifte, les concrétions pierreufes
y ont à peine un pouce d’épaiffeur : il n’y
en a même que fur les bords & à fleur d’eau. La
rapidité de l’eau eft certainement un obftacle à la
formation de ces concrétions; elles fe font par
une efpèce deicriftallifation. O r , toute criftallifa-
tion exige que le fluide, qui fert de véhicule aux