
J’ ajouterai maintenant ici une dernière confédération
: c’eft celle qui concerne les pierres non li-
tées> telles que les granits , dont on fait ufage dans
certaines contrées de l’ancienne terre , comme à
Limoges j & c . Je fais par les conftruéteurs de ce
pays , qu’ils ne s’affujettilient pas, dans l’appareil
de ces granits , à une pofition correfponaante à
celle qu’ils peuvent avoir dans la carrière d’où on
les extrait, 8c où l’on ne fuit aucune couche ,
aucun l i t , parce que ces maffifs n’ en montrent
aucun.
Je reviens enfin aux colonnes du Louvre, & je
demande, fi l’on ne pourroit pas être infti uit de
quelles carrières & de quelles couches ou bancs
ont été extraites lesîbelles pierres , encore bien
faines, qui ont fervi d’échantillons pour les colonnes
dont on a faitl’ufage dont j’ai parlé 5. quels font
tes conftru&eurs q u i, ayant fait ces recherches,
ont hafardé cet emploi extraordinaire 5 enfin, quels
feroient les Mémoires du tems où l’on auroit con-
fervé ces anecdotes, d’autant plus remarquables,
dans ces anciennes conftruélions, que , dans les
nouvelles , les colonnes font formées de plufieurs
tronçons établis les uns fur les autres, & appareil-.
Ms fuivant les principes ordinaires.
Dans certaines provinces, & furtoutaux environs
de Vermanton, département de l’Yonne, il
y a des couches de pierres de cos à grain fin , lesquelles,
bien diftinaes dans le fens horizontal, fe
trouvent auffi coupées par des'fientes verticales
très-multipliées. O r , ces échantillons fe trouvent
appareillés naturellement, & de manière qu’en les
' extrayant des couches, qui fe montrent a la fur-
face de la terre,, on peut les placer, fans travail
préliminaire , dans les murs qui offrent un affem-
fylage de ces échantillons, & qui peuvent figurer
jfinguliérement à côté des coitches naturelles qui
font à découvert fur les bords des vallées. ( Voye^
Bancs , C ouches horizontales , où j’expo-
ferai plus en détail toutes les cir,confiances favorables
au principe d’appareil, que je viens de discuter
crès-fuccin&ement. )
APPELDORN, petite ville de Gueldre, entre
Loo & Zutphen., Il y a fur la rivière qui y paffe,
des papeteries dont les ufines font mues par les
eaux courantes, & non par lè v en t, comme dans
prefque tout le refie de la Hollande,
J’ai trouvé, le long de la rivière à'Appeldom,
de i’alliofte en greffes pierres, &,en différentes
places.
J’y ai vu d’ ailleurs, comme à Utrecht , des
pùfmes de bafalte affez. peu réguliers, qui fer-
\ o kn t de bornes & de bordures à des rigoles de
pavés , 8c le long des maifons.
. A deux lieues de Zutphen on commence, à revoir
la continuation des dunes, qui paffent près
& Appeldorn 1 cette chaîne fe dirige vers Doës bourg
é^Derem. Un. peu avant De rem., les quartz & les
a&cses. fragmeus de perses qu’on, teutonne., en.
grand nombre dans les dunes, fe montrent au milieu
des fables : c’eft là auffi que les dunes changent
de direction, 8c courent ae l’ eft à l’oueft., en
fuivant à peu près le canal du Rhin.
J’ai remarqué qu’à Derem 8c, dans les villages,
qui fe trouvent avant 8c après cette pofition, on
voyoit dans les pavés dés granits, des morceaux
de quartz blancs, de quartz grifâtres, avec des .taches
& des bandes blanches, des fçhifies infiltrés,
quelques laves, & même des tronçons de bafaltes
prifmatiques. Tous ces fragmens, la plupart un
peu.ufés par le frottement, fe ramaffent dans les
dunes voifines de Doësbourg 5. ce qui prouve que
ce font des dépôts du même ordre que ceux de
Loo & d’Appeldorn. D’ailleurs, on rencontre dans
ce trajet de nombreux débris de granits 8c de fchif-
tes graniteux : c’eft furtout au. pied des dunes que
font difperfés les fragmens les plus confidérables.
Comme ces dunes fe continuent jufqu’ à Arn-
hem , il n’eft pas étonnant que tous, les pavés de
. cette ville, 8c ceux des maifons ifolées qu’on rencontre
fur la route pie Zutphen à Am hem, foient
compofés de ces mêmes pierres qu’ on a tirées des
dunes voifines.
On ne peut confîdérer les gros fragmens des
pierres dont nous avons, parlé , comme apparte-
nans au fol même des environs des villes dont nous
avons fait mention. Àinfi le profeffeur Brugman a
commis une grande erreur s’il a penfé fur de pareils
monumens, que le fol-ancien de la Frife 8c
de la Drenthe avoit fait partie de l’ancienne terre-
Pour décider cette queftion, il était néceffaire
de remonter le Rhin jufqu’au fol naturel qui. peut
offrir ces gros débris * enfuite, d’après cette recon-
noiffance & cette comparaifon conftatée le long du
canal du Rhin 8c des bords de fa vallée, examiner
attentivement les dunes des environs & Appeldorn y
8c la difpofition des matériaux qui fe trouvent difperfés
au milieu des fables. Peut-on douter, lorf-
qu’on a vu les environs d’Andernadi,que les laves
des environs d "Appeldom ne foient dues à. des transports
qui ont eu lieu depuis cette contrée,; jufqu au
bord de la mer, car il eft inconreftable qu’il n’y a
que le centre de ces matières volcaniques qui ait
pu fournirfurtout ces bafaltes prifmatiques qu’on
voit à Derem, à Appeldorn, 8cc.
APPENZEL, canton fitué. dans le. voifînage du
Rhin., 8c dont, nous allons faire connottre le fol,
à la fuite du territoire des Grifons & de Coire.
En. partant d\Al$eten on monte une montagne
qui n’ eft compofée q.ue de galets & de pierres roulées
de toutes groffeurs : il s’y. trouve des granits,
des fchiftes, des pierres ollaires de différentes fortes.
Sur le revers de cette montagne commence le
canton, à1 Appen^el y qui offre la même compofition.
de galets : laifuperficie.en eft feulement plus couverte
d’une terre argileufeAfur laquelle il y a des*
pâturages & Tde petits bois de.fapiaril.eft d’ailleurs,
rempli de chalets, & d’habitations* au milieu. défiquelles
il n’y a point de terrain inculte. Les pôf- 1
f'eflions font bien clofes, les chemins & les rentiers
bornés, 8c le plus étroits poffible. Tout le pays eft
fort inégal, caron n’y apperçoit que des vallons &
des collines qui vont fe perdre en pente' au lac de:
Confiance.
On voit Trogen devant foi j mais il faut faire tin
grand décour pour y arriver, parce qu’un vallon
profond •& très-rapide oblige à faire ce circuit.
L ’autre montagne fur laquelle ôn paffe pour arriver
à Trogen, eft auffi compofée ae galets, parmi
lefquels il y a une très-granae quantité de graviers
calcaires en couches.
Trogen, chef-lieu du canton d‘ Appen^el 3 eft
bien bâti. La culture & la compofition du pays
font lès mêmes jufqu’ à Vogelinfèck, dernier endroit
de ce canton, c’ eft-à-dfre, mêmes tas de
galets dans de la pierre de fable.
Ce petit pays montuèux eft fitué prefqua l’extrémité
feptentrîofiale 8c orientale de la Suîffe.
Entouré par le Rhimal & les terres de l’abbé de
Gai 13 fa longueur eft à peu près de-dix lieues communes
d’orient en occident, '& fa largeur de fix à
fept iieûes du midi au nord.
Par ce que nous en avons indiqué jüfqu’ic i, c’eft
une mâffe de collines & de montagnes qui s’élèvent
en amphithéâtre, depuis l’extrémité feptentrionale
jufqu’à l’ extrémité oppofée. Sur les confins du
Rhintal on cultive la vigne : la partie qui füccède ,
produit diverfes efpèces de grains & ae légumes,
& donne des fourrages àbondâns de bonne qualité.
A côté font des pâturages d’été '& des montagnes
de rocs élevés : ces dernières, détachées
de la grande chaîne des Alpès, forment un triple
rang, dont les cimes les plus hautes confervent
toujours la neige , & offrent lè s 1 glaciers perpétuels.
On trouve en divers endroits, & jufquefur dès.
montagnes élevées, des pétrifications, & ailleurs
des criftaux minéraux Sc fofliles, 8cc. 5 des grottès
fingulièrês, plufieurs fôurces minérales, trois petits
lacs, dont le plus grand, qui eft l ’Alpfée, a
une lieue d’étendue dans un badin creufé au milieu
d’ un rocher, 8c à une profondeur extraordinaire
> il eft poiflonneux, 8c fournit l’eau de la
fource de la Sitter, torrent principal de la con-
trée. ",
Le climat eft généralement froid, & la température
y eft, comme dans tous les lieux fort ele -;
vés , fujète à des variations affez brufquës : la fin!
de l’année y eft ordinairement'agréable. On jouit
■ alors fur ces hauteurs d’un tems fort férein, pendant
que les plaines de la Turgovié & de la Soùabe
font c'ôûvértès d’épais brouillards. Dans le mois
-de janvier cés vapeurs s’élevant, les montagnes
■ en font ehvelôppéês à leur tour : lés vapeurs s’y
àccumulent, & retardent le retour du printems.
L ’été eft la belle faifon pour ce pays : on n’y foüf-
•fre point des excès de la chaleur. Alors la fraîche ur
des petits vallons, la richéffe des pâturages, l\xcellente
qualité du la it, du miel, des légumes &:
des faits , dés fources lalubres, y attirent les citoyens
de quelques villes de Suiffe, par 1 efpe-
rance de participer à la fanté robufte des habitans,
en refpirant le même air , & en imitant pour quelque
tems leur vie paifible & frugale.
Lors de l’étàbliffement du canton en 1J97, on
y comptoir 2782 hommes en état de porter les
armes dans le diftriét des Catholiques, & 6$ zi
dans celui des? Réformés. Aujourd’ hui on eftime la
population' du premier canton de 13,100 âmes, cc
celle du fécond de 38,000 5 ce qui fait en tout environ
5 1 ,10 0 , nombre furprenant dans un petit
pays de foixante lieues carrées, dont une grande
partie eft occupée par des glaciers perpétuels, des
rochers inacceflîbles, des ravins ou des fonds de
vallées 5 une autre partie par des pâturages d’é té ,
excellens à la vérité, mais qui ne fourniffent point
à la nourriture des hommes dans une proportion
approchante du produit des terres cultivées. L in-
duftrie des habitans fupplée à ces défavantages du
fol. Une propriété affurée, l’affranchiffement de
toutes charges onéreufes ou arbitraires, peut-etre
le feritimlnt flatteur du droit de participer à la
légiflation, développe chez ce peuple frugal &
laborieux tous les rêfforts d’ un génie aftif-, qui
n’eft point enchaîné par des réglemens embarraf-
fans. Leurs' voifins d’ailleurs entretiennent cette
induftrie, & leur fourniffent en échange les denrées
de confommation qui leur manquent : uhe
exportation & une importation toujours ouvertes
amènent chez eux l ’abondance au prix courant des
marchés voifins.
Les deux branches de commerce du canton
font : i° . le bétail, les Cuirs-, les beurres, les fromages,
& c . & cette économie feule occupe à peu
près onze mille perfonnes $ 2°. la filature en lin &
coton, & la fabrication des toiles.
Les hommes font robuftes & bien faits ; ils s’exercent
dès leur jèuneffe à la lutte & à la courfe. On
trouve peu de particuliers fort riches ou fort pauvres,
& l’ aifance eft allez générale, furtout parmi
les Réformés.
Ce canton n’a aucune ville fermée : on y voit
feulement deux ou trois bourgs, & un petit nombre
de villages réunis. Les autres paroiffes font
formées par des habitations éparfes dans les pof-
ïeïfions particulières : ces maifons détachées font
ordinairement vaftes, carrées, élevées, folides 8c
propres. La vie des habitans eft fimple, frugale,
car leur nourriture confifte principalement en pain
gruau, légumes, fruits & laitages.
APURIMA (Pont d’ ) , pont fameux qu’on a
conftruit au Pérou, auprès d’Andaguelafs. 11 fe
trouve dans une montagne une coupure d?environ
cent vingt toifes de large , & d’une grande profondeur
, qu’ une rivière a formée pour s’ouvrir
un débouché ; & comme cette rivière roule fes
eaux avec tant d’impétuofité, qu’elle entraîne de
T t t t ;