rennes ne réufliflent pas mieux lorfqu’elles font
tranfportées dans certaines provinces de la Suède
& du Danemarck $ voifines de la Laponie.
Nous ajouterons meme quei’hommë fupporte
plus aifement le grand froid, lorfqu’il n*eft pas
exceflif, que le grand chaud > c’eft pour cette
raifon qu’on a regretté, pour les François, le
Canada, quoique plus froid que les contrées lés
plus feptentrionales de la Françe, parce que le
commerce dans le nord de l'Amérique éprouvoit
une moindre perte d’hommes que dans les îles du
golfe du Mexique.
Le furet} le rat, la fouris.
Les furetsrj» qui ont été apportés d’Afrique en
Europe, ou ils ne peuvent fubfifter fans les foins
de 1 homme, ne fe font point trouvés en Amérique.
Nos rats 8c nos fouris étoient inconnus dans ce
nouveau continent. Ces trois animaux y ont paffé
avec nos vailTeaux, 8c ils y ont prodigieufement
multiplie.
Le cavia ou cochon d'Inde.
Le cochon d'Inde eft un pe it animal originaire
des climats chauds du Bréfil & de la Guinée, qui
ne laine pas de fubfifter 6c de produire dans les
climats tempérés, & même dans les pays froids,
pourvu qu on ait foin de le mettre à l’abri du froid
6c de 1 humidité.
Le lapin.
Le lapin , originaire des pays chauds-, ne fe
trouvoit autrefois, en Europe^que dans la Grèce
& l’Efpagne. Il s'eft depuis naturalifé dans des
climats plus tempérés , comme en Italie, en
France, en Allemagne ; mais dans les climats du
nord on ne peut l’élever que dans les maifons. Il
aime au contraire le chaud exceflif, & il fe trouve
dans toutes les parties méridionales de l ’Alie & de
l’Afrique. On le trouve aufli dans nos îles d'Amérique,
où il a été tranfporté d’Europe, & où il
a très-bien réuffi.
Le cochon.
L’efpèce du cochon, quoique fort abondante &
fort répandue en Europe, en Allé & en Afrique,
ne s’eft point trouvée dans le Nouveau-Monde ;
mais elle y a été tranfportée par les Efpagnols,
qui ont jeté des cochons noirs dans le continent &
dans preftjue toutes les grandes îles de l’Amérique
: ils s y font multipliés & font devenus fau-
vages en beaucoup d'endroits.
Le chameau.
| Le chameau paroît être originaire d’Arabie, car
c eft non-feulement le pays où il fe trouve en
plus grand nombre, mais c’eft aufli celui auquel il
eft plus approprié. Dans les fables brûlans du dé-
fert j le chameau eft pour ainfi dire le feul animal
f qui puifle fubfifter 8c lutter contre l’horrible tour-
i ment de la faim 8c de la foif. Quoique naturel
1 aux pays chauds, cet animal craint cependant les
climats où la chaleur eft exceflive. Son efpèce ne
peut fubfifter ni dans la zone torride ni dans les
climats doux de la zone tempérée. Elle paroît confinée
dans une zone de trois ou quatre cents lieues
de largeur, qui s’étend depuis la Mauritanie juf-
qu’à la Chine. On a inutilement eflayé de multiplier
les chameaux en Efpagne : on les a vainement
tranfportés en Amérique i ils n’ont réuffi ni dans
l'un ni dans l’autre climat j 8c dans les grandes
Indes on n'en trouve guère au-delà'de Surate &
d’Ormus.
Le renne & l'élan.
Il paroît, par d’ anciens témoignages, que le
renne 8c Y élan exiftoient autrefois dans les forêts
des Gaules & de la Germanie, 8c qu’ il s’en trouvoit
même encore, il y a quelques fiècles, dans
les hautes montagnes des Pyrénées. Le climat de
la France étant autrefois beaucoup plus humide &
plus froid, par la quantité des bois 8c des marais,
qu’il ne l’eft aujourd’hui, il n’eft pas invraifembla-
ble que ces animaux aient pu y fubfifter j mais il
eft certain qu’ ils ne fe trouvent a&uellement que
dans les pays feptentrionaux , Y élan en deçà, 8c le
renne en delà du cercle polaire en Europe 8c en
Afîe : on les retrouve en Amérique à de moindres
latitudes, parce que le froid y eft plus grand qu’en
Europe. Le renne n’en craint pas la rigueur, même
la plus exceflïve-: on en voit au Spitzberg; il eft
commun en Groenland 8c dans la Laponie la plus
boréale, ainfi que dans les parties les plus feptentrionales
de l’Afie. Le renne du Canada ou caribou
eft, comme tous les animaux du Nouveau-Monde,
plus petit que dans l’ancien continent. Lorfqu’on
lui fait changer de climat, il meurt en peu de
tems. Ainfi la Nature femble avoir configné cette
efpèce dans la région des glaces & des neiges.
Le buffle.
Le buffle, originaire des climats les plus chauds
de l’Afrique 8c des Indes, n’a été tranfporté &
naturalifé en Europe que vers le feptième fîècle.
Cet animal, inconnu des anciens, eit actuellement
très-répandu en Grèce 8c en Italie, où il eft devenu
domeftique. Les Marais Pontins & les Maremmes
de Sienne font, dans ce dernier pays, les endroits
qui nourriffent le plus de buffles , 8c qui leur font
plus favorables.
Les buffles fauvages habitent les contrées de
Afrique & des Indes qui font arrofées de riviè-
es, 8c où fe trouvent’de grandes prairies.
Les buffles du Tonquih font grands 8c robuftes;
ceux de la côte du Malabar font prefque tous
fauvages. Aux îles Philippines ils font fauvages &
paillent en croupes. Les buffles du Cap de Bonne-
Efpérance font plus gros que ceux d’Europe, 8c
font d’un rouge obfcur.
Le
Le boeuf.
Le boeuf domeftique tiré fon origine d’une race
de boeufs fauvages qu'on trouve encore dans la
Mofcovie, 8c qu’on appelle aurochs. Ceboeuffo\,\-
vage ne diffère de notre taureau commun, qu’en
ce qu'il eft plus grand & plus fort y mais on ne
peut douter qu’il ne foie de la même efpèce,
puifque de jeunes aurochs, enlevés à leur mère 8c
élevés , ont produit avec les taureaux 8c les vaches
dômeftiques.
La race de Yauroch ou de notre boeuf d’Europe
occupe les zones froides 8c tempérées, 8c ne s’eft
pas étendue au-delà de l’Arménie 6c de la Perfe
en Afie, & au-delà de l’Egypte & de la Barbarie ’
en Afrique j mais dans les contrées du Midi, aux !
Indes , aufli bien que dans le refte de l'Afrique, 3
& même en Amérique, on trouve une race de •
boeufs-qui ont une bofle furie dos , le poil beaucoup
plus long, {dus doux, plus luftré que nos
boeufs.. Ces boeufs à bôffe fe nomment Bifons ,• ils
font, plus légers à la courfé, plus propres à fup
pléer au fervice du cheval ; ils ont le naturel moins
brut 6c moins lourd ,' plus d’intelligence & de
docilité que nos boeufs ,• mais ces différences, qui
fe remarquent entr’eux, ne font que des variétés
accidentelles , o'ccafionriëés par l'influence du climat,
la qualité dp la nourriture. & l’éducation j 8c
ces différences n empêchent point qu’on ne doive ■
regarder ces boeufs comme de la même efpèce que
les nôtres, puiiqu’ils fe mêlent & produifent
enfemble.
Le boeuf d’Europe , tranfporté dans l ’Amérique
méridionale , y a multiplié plus qu’en aucun lieu
du monde. A Buenos-Ayres, 8c à quelques degrés
encore au-delà, ces animaux rempliflent tellement
le pays, que perfonne ne daigne fe les approprier j
les chafleurs les tuent par milliers, & feulement
pour avoir leur peau 8c leur graifle.
La chèvre.
bouc fauvage, reffemble entièrement 8c exactement
au bouc domeftique, par la conformation , l’orga-
n.ifation, le n a tu r e ls les habitudes phyfiques.
Tout porte a croire que le bouquetin eft la tige
male, 8c le chamois la tige femelle deTefpèce des
chèvres ; en effet, ces animaux ont tous deux les
mêmes habitudes, les mêmes moeurs 8c la même
patrie j ils diffèrent peu par les formes 5 enfin.
Pris jeunes & élevés avec les chèvres dômeftiques,
ils s’apprivoifent aifément , s'accoutument à la
domefticité , vont comme elles en troupeaux, 8c
-reviennent de mêmé à l ’étable j feulement le bouquetin
non apprivoifé ne fe mêle jamais au troupeau
des chèvres dômeftiques, comme fait le cha-
mois. Ce grand nombre de relfemblances extérieures,
joint à une parfaite confo-mité des par-
-ties intérieures , nous paroît décifif en faveur de
1 identité d’efpèce dans ces animaux. • - $
Géographie-Phyfique. Tome I I „
Le bouquetin 8c le chamois ne fe trouvent que
dans les déferts, 8c furtout dans les lieux efearpés
des plus hautes montagnes. Les Alpes, les montagnes
de la Grèce 8c celles des îles de l’Archipel
, font prefque les feuls endroits où l’on rencontre
ces animaux.
L’efpèce de la chèvre domeftique eft beaucoup
plus répandue que celle de la brebis, 8c l ’on trouve
des chèvres femblables aux nôtres dans plufîeurs
parties du monde. On voit en Guinée, à Angola
8c fur les autres côtes d’Afrique, une chèvre
à laquelle on a donné le nom de bouc de Juda, 8c
qui ne diffère de la nôtre qu’en ce qu’elle eft
plus petite, plus trapue 8c plus graffe.
En Syrie 011 trouve une chèvre appelée chèvre
d’Angora , à oreilles pendantes, à poil très-long 8c
très-fourni. Dans le même pays, ainfi qu’en Egypte
6c aux Indes orientales, on rencontre la chèvre
mambrine ou chèvre du Levant à longues oreilles
-pendantes.
- Les chèvres ont été tranfportées en Amérique,
6c ne fe font multipliées que dans les contrées
chaudes ou tempérées.
La brebis.
Le mouflon paroît être la fouche/primîtive de
toutes les brebis, auxquelles il reffemble plus
qu’aucun animal fauvage 5 il eft plus grand, plus
v i f , plus fort 8c plus léger qu’aucühe d’entr’ elles j
il a la tête , le front, les yeux 8c toute la face du
béliers il lui reffemble aufli par la forme des cornes
8c par l’habitude entière du corps : enfin, il produit
avec la brebis domeftique ; 8c la feule difeon-
venance qu’il y ait entr’eux , c’ eft que le mouflon
eft couvert de poil au lieu de laine ; mais la laine
n’eft pas un cara&ère effentiel, ce n’eft qu’une
production des climats tempérés, puifque dans
les pays chauds les brebis fo n t,t° utes couvertes
de p oil, 8c que dans lés pays très-froids leur
laine eft encore aufli groflière , aufli rude que le
poil.
On trouve le mouflon dans les montagnes de
Grèce, dans les îles de Chypre, de Sardaigne, de
Corfe 8c dans les déferts de la Tartarie.
Notre brebis, telle que nous la connoiflons, ne
fe trouve qu’en Europe 8c dans quelques parties
tempérées de l’Afie ; tranfportée dans les pays
chauds, elle perd fa laine Sc fe couvre de poil :
elle y multiplie peu , 8c fa chair n’a plus le même
goût. Dans les pays très-froids, elle ne peut fubfifter
; mais on trouve dans cés mêmes pays.froids ,
8c furtout en Iflande, une race de brebis à plu-
fieurs cornes, à queue courte, à ’ laine dure &
épaiffe, au deflbus de laquelle exifte une fécondé
fourrure d’ une laine plus douée, plus fine 8c plus
touffue.
qui eit fort chargée de graifle. Dans Je Levant,
T